Les clips de la semaine #189 – partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la première partie de notre 189ème sélection.

Les Louanges – Facile

On aime tous les chansons tristes. Qu’elles soient là pour nous maintenir dans nos sentiments négatifs ou nous rappeler tout ce qu’on a laissé derrière nous, les morceaux de ce genre sont un « mal nécessaire » qu’on apprécie énormément.

Dans Crash, Les Louanges nous livre un exemple du genre avec Facile. Un morceau de rupture à la simplicité désarmante qui se transforme en décharge émotionnelle intense pour ceux qui l’écoutent. Avec des mots simples et une production parfaite, le Québécois nous livre une petite merveille mélancolique qui est devenue l’un des titres favoris de son public.

Mais derrière le morceau, il y a l’artiste, qui revit de manière régulière ces sentiments et tourments parfois très intense, qui offre une communion étrange avec son auditoire.

Cette idée est parfaitement mise en image par Soleil Denault. Utilisant intelligemment la même colorimétrie entre les images de studios et les souvenirs de live, la réalisatrice crée ce parallèle saisissant entre les moments de scène et la solitude qui envahit l’artiste une fois le retour à la réalité revenu.

Grimé en clown triste, Vincent Roberge de son nom au civil traine sa peine et son cœur un peu cassé avec lui. C’est beau, poétique et parfaitement connecté au réel de l’artiste, celui que l’audience ne voit jamais vraiment puisqu’on idéalise parfois trop ceux que l’on aime.

Une manière parfaite de terminer l’aventure de Crash avant de découvrir la suite qui s’annonce bien plus solaire selon Les Louanges.

VIOLET INDIGO – TOXIC

Quelques mois après un See You Now plus électronique, Violet Indigo fait un retour remarqué du côté de la soul avec l’excellente Toxic. Il faut dire que la jeune femme n’a aucun soucis à mêler les genres musicaux pour notre plus grand bonheur comme elle nous le confiait récemment lors de notre rencontre.

Avec ce nouveau morceau, Violet Indigo pousse le curseur du groove et nous pose une question intéressante : Et si on était tous un peu toxiques au fond ? Une idée qu’elle traite sur le ton de l’humour et du rythme en se plaçant du côté sombre de la ligne, nous racontant , à travers son morceau, tout un tas de moments où elle s’est révéle plus machiavélique que jamais.

Dans le superbe clip de Grégy et Joseph Maur, elle pousse encore plus loin l’idée, dans ces images au grain très américain. C’est drôle, enjoué et au final, on se reconnait un petit peu dans le morceau de Violet Indigo.

Pour découvrir le reste, on vous donne rendez vous déut novembre pour la sortie de son nouvel EP.

Chilly Gonzales – Nos Meilleures Vies (feat. Teki Latex) 

Lorsque Chily Gonzales a annoncé les participations à son French Kiss, un en particulier a fait briller nos yeux : Teki Latex.

Désormais DJ, on ne savait pas trop à quoi s’attendre de la participation de Teki. Après écoute, ces deux-là nous offre un morceau au titre prophétique, puisqu’il nous fait vivre nos meilleures vies d’amoureux de musique.

On y retrouve tout ce qu’on pouvait attendre de cette collab : de l’amour et de la tendresse, de l’amitié et de l’humour, le piano de Chily, la plume de ces deux garçons et bien sûr le retour de Teki au rap. Le titre de deux garçons biens dans leurs vies, qui place leur ego tout en le polissant légèrement. Un morceaux pour ceux qui les aiments et pour eux aussi, un bonheur communicatif.

Et pour les accompagner, Gary SONG & Omar PIECHURSKI posent leur caméra au cœur de leurs meilleures vies. On suit donc nos deux hédonistes dans un grand moment de plaisir, passant de restaurant en restaurant pour profiter des meilleurs plats, un petit cacolac pour faire passer le tout. On suit donc les deux comparses, on les voit profiter, la caméra transformant la nourriture en quelque chose de presque érotique qui nous met clairement l’eau à la bouche.

Une façon parfaite de vivre nos meilleures vies avec Chily et Teki. Allez, on met sur repeat histoire d’en profiter encore un peu.

AnNie .Adaa – MENTALITY + RECOVERY

C’est toujours avec l’intensité qui lui est propre qu’AnNie .Adaa a dévoilé ce vendredi son nouveau (double) titre MENTALITY+RECOVERY. Toujours accompagné de ses deux acolytes Jim et Jesza, que l’on retrouve avec lui à la production du morceau, mais également au mix et au mastering pour ce dernier, l’artiste y scande sa hargne habituelle, mais cette fois-ci sous une forme moins brute. Des pistes vocales saturées et une production plus expérimentale, qui vont contre toute attente de pair avec un son que l’on sent plus mature et réfléchi. 

Ce retour s’accompagne d’un visuel qui s’avère plutôt être un court-métrage, réalisé par L’Enfantôme, dont on avait déjà pu admirer le travail sur le clip de Leçon2Princess de Babysolo33, ou dans un autre registre sur celui de pierrot de lazza gio. AnNie .Adaa ypartage le premier rôle avec un groupe d’enfants déguisés, dont on suit quelques aventures quotidiennes au fil du clip, entre farces bon enfant et déambulations anodines dans leur village. Des plans emplis d’une innocence touchante qui alternent tout au long du visuel avec un second plan très sombre du rappeur, seul dans une zone industrielle. Sans réelle trame narrative, c’est plutôt la colorimétrie vintage chargée en nostalgie et le contraste frappant entre image et son qui font le charme du clip.

On constate chez AnNie .Adaa une réelle évolution artistique tant dans les visuels que dans les sonorités de cette nouvelle sortie composée de deux parties bien distinctes. Une première marquée par le rap hargneux empli de détermination caractéristique du rappeur, suivie par une outro qui nous révèle une facette étonnamment bien plus mélodieuse et planante. Une dualité que l’on prend plaisir à découvrir, et que l’on espère retrouver par la suite.

Parcels – Thefeat (Live from Le Palace, Paris)

Parcels investit Le Palace, célèbre club parisien des années 80 connu pour ses soirées avec Prince, Mike Jagger ou Serge Gainsbourg et depuis tombé en désuétude, pour un nouvel album live revisitant les titres du groupe, mélangeant EDM, trance et techno. 

Après une version dance de leur titre Reflex, présent sur l’album Day/Night, Parcels revisite le titre The Fear. Ce titre à la fois tout et rien d’un titre Parcels, et c’est ce qui rend si indispensable ce nouvel album live. Rythme techno hypnotique, nappes de synthés aériennes et cette voix transcendante de Jules qui nous plonge dans un état second et nous fait totalement lâcher prise. 

Le clip nous offre une expérience de club immersive. L’obscurité presque totale est percée par la lumière des projecteurs qui teinte les silhouettes de différentes couleurs. Tout est au ralenti, en suspens, et nous invite à nous concentrer sur nous-mêmes et libérer nos sensations.

Trainfantome – Spin

Trainfantome (autrefois en solo) est de retour avec Spin, nouvel extrait clippé de l’album Thirst qui sortira le 27 octobre prochain chez Howlin’ Banana, Influenza et Flippin’ Freaks.

La vidéo, qu’il réalise avec Clovis Le Pivert, met en évidence un homme enfermé entre quatre murs qui semble devenir fou. Devant sa machine à écrire et des objets désuets, face aux pierres et aux végétaux, il tente d’écrire. Sans succès. Et si l’inspiration se trouvait ailleurs ? Marcher, redécouvrir la sensation du soleil sur sa peau et se retrouver… face à la mer. Les vagues et les coquillages. Alors, danser et sourire. Peut-être que ce n’était qu’un doux rêve. Peut-être pas. Le revoilà devant des feuilles blanches qui se noircissent à vue d’œil. L’inspiration est revenue.

Avec SpinTrainfantome libère les mots écorchés et se balade entre le grunge et la pop. Explosions et accalmies s’emmêlent tandis que la voix se fait aussi chaude que forte. C’est doux, c’est beau, et ça sort bientôt.

MUET – Le cinéma

MUET c’est le nouveau projet de Colin Vincent qu’on connaît de IAROSS. Nouveau nouveau ? Le garçon avait expérimenté un autre projet solo en parallèle appelé Volin qu’il a finalement abandonné au profit de MUET. Sa poésie électronique, expérimentale, laisse une grande place aux modulaires et autres bidouillages technologiques savoureux. Il faudra attendre le 10 novembre pour découvrir le premier album Le Pic de Tout chez Upton Park.

Le duo qu’il compose avec Maxime Rouayroux reprend ici le classique de Claude Nougaro Le cinéma, on adore ! Tout en noir et blanc, le clip est dans une esthétique épurée. La question du désir qui passe dans un regard et défile le film à toute berzingue. Tendre la main, espérer une réciprocité… La beauté des visages qui se cherchent, qui s’effleurent et une infusion de sensations – ici représentées en négatif -. Evan Lunven donne corps aux mots du toulousain dans un clip d’une beauté sans grands artifices : efficace.

Omega Violet – Le Phare 

Ambiance casanière pour Omega Violet. Le trio nous embarque dans un environnement très teinté d’étrangeté comme qui dirait un brin lynchéen. En fil rouge, une main gantée de la même couleur qui vient semer la zizanie. La folie se propage dans le groupe.

Premier single du groupe, Le Phare s’avère être un morceau aussi énigmatique que son clip. Un peu OMNI (objet musical non identifié), il navigue entre une chanson et un univers rock progressif mais pour sûr très indie rock. Une hybridité mystérieuse ; c’est sans doute ce qu’il faut retenir d’Omega Violet et de son album à venir en mars prochain Hic Sunt Leones.

Ravage Club – Cherry Bomb

Est-ce qu’on a encore besoin de vous présenter Ravage Club ? On les rencontrait à l’occasion de leur passage à Rock en Seine édition 2022. Les boulonnais nous parlaient de leur premier EP sorti en novembre dernier – qu’on a chroniqué ici – en évoquant une adaptation frenchy d’un titre américain : Cherry Bomb des Runaways. Et celui-ci s’offre désormais un clip.

Virée à deux en plan séquence sur un bateau jaune qui n’est pas sans rappeler celui de l’EP. Vinz et Acidula Crèvecoeur s’éclatent comme des gosses. Ça crapahute à bord de l’embarcation au milieu d’une base nautique désertée et ça se prélasse. Pilotage automatique enclenché, on se surprendrait à faire la bringue avec eux et tant pis si ça tangue par ici et par là. La bombe est lâchée, à vous de jouer !

Et psst, dans le cadre du MaMa ils seront sur la scène de la Boule Noire, le jeudi 12 octobre, on vous y retrouve ?

Sofiane Pamart – Noche

Le pianiste français le plus connu et reconnu du moment est sans aucun doute aussi l’artiste le plus prolifique. En seulement quelques années, Sofiane Pamart est devenu incontournable. Premier pianiste à remplir des Bercy, le monde du rap on se l’arrache pour faire partir de cette aventure. Les featurings se transforment parfois en albums complets, c’est le cas avec Scylla par deux fois, Dabeull ou jusqu’à très récemment YG Pablo mais c’est aussi en solo avec Planet et Letter que l’on a pu prendre toute la mesure de son génie. C’est donc avec beaucoup de joie que l’on reçoit le clip de Noche, première pierre d’un troisième disque solo.

On le sait, l’artiste aime les voyages. Jouant aux quatre coins du globe, c’est dans les paysages et les différentes cultures qu’il puise son inspiration. Le voyage était déjà le maître mot de Planet et l’on en retrouve le parfum ainsi que l’esthétique contemplative de Love issu du deuxième album. Aujourd’hui, nous plongeons, bien que le clip soit en noir et blanc, dans les couleurs orangées d’Anatolie, dans l’incandescence rouge de la braise, dans la lumière blanche qui perce le fond de la nuit.

Affaire à suivre.

ĠENN – The Sister Of

C’est avec plus qu’un clip, un court métrage que ĠENN nous envoie les premières images du tout nouvel album sorti ce vendredi 6 octobre, intitulé UNUM. On avait déjà pu écouter Night and Day et Calypso et l’on se doutait déjà de la belle mutation du quatuor féminin qui a gagné en maturité. Certes, il n’y a pas si longtemps on dansait sur Duda Dance, les temps changent et l’on ne se plaindra pas de se faire surprendre de cette manière. ĠENN nous propose aujourd’hui un nouveau son profond empreint de gravité et de douceur face à l’angoisse.

The Sister of et son clip nous plongent dans une ambiance glaçante. Mise en valeur par les superbes techniques cinématographiques lourdes d’émotion, celle-ci s’en trouve d’autant plus justifiée quand on sait que le tournage du clip s’est fait en pleine guerre ukrainienne. 

TheFrenchKris – La Fumée

Après Nos rêves bizarres, son dernier projet sorti en juin, TheFrenchKris est de retour avec le titre et le clip de La Fumée. Un nouveau titre très personnel, qui marque une évolution dans la musicalité du jeune parisien.

« Je ne me suis jamais sentie aussi vide et remplie d’émotions… »Sont les mots utilisés par l’artiste lors de la sortie de son nouveau single sur Instagram. La fumée est peut-être l’un des morceaux le plus intense et intime de sa discographie, puisqu’il rend hommage à un ami dernièrement décédé. Une inspiration sincère, où TheFrenchKris voyage entre un sentiment de nostalgie, de solitude, mais surtout d’espoir. Il combine son texte avec un clip très esthétique et plein de sens, comme un dernier au revoir, une liberté qui signe, peut-être, la fin d’un deuil compliqué.

Avec La fumée, TheFrenchKris s’enfonce un peu plus dans ce style indie-electro-pop qui lui va si bien. Il peut être fier de cette nouvelle production, qui va au-delà d’un simple titre.

Voyou – D’amour et d’insouciance

Voyou continue de nous faire découvrir les chemins encore inexplorés de ses Royaumes Minuscules, titre de son dernier album paru en début d’année. Comptine naïve et séduisante comme il sait les composer, D’amour et d’insouciance se pose telle une ode résolument optimiste à la vie et aux petits plaisirs qu’elle suscite (pour peu que l’on prenne le temps de les remarquer). L’ennui peut être le creuset dans lequel notre imaginaire va puiser son inspiration pour métamorphoser notre quotidien. Et ainsi, « le soleil s’invite à ma fenêtre et change la poussière en paillette ».

Pour illustrer D’amour et d’insouciance, Alice Moitié – toujours aussi talentueuse – s’est mise en quatre pour démultiplier les avatars d’un Voyou coiffé de sa casquette rouge. Ce clip collaboratif dont les images proviennent de partout dans le monde renforce l’universalité des pensées du musicien. C’est beau et touchant de s’apercevoir qu’il suffit de pas grand-chose – juste d’un peu D’amour et d’insouciance – pour faire beaucoup.

VONFELT – Je pars

Attention, petite pépite musicale à découvrir. Structure narrative très forte – à mi-chemin et en grand écart (ou peut-être pas) entre Odezenne et Serge Gainsbourg – sur laquelle s’appuient des lignes mélodiques électro prenantes et des chœurs aux contours chimériques. Je pars nous emporte dans l’imaginaire de Vonfelt, un monde onirique tissé de mouvements et de ressentis. Loin d’être linéaire malgré son apparence, le morceau se réorganise au fil des envolées sonores et des impulsions allégoriques. Une liberté dans la création qui élargit le champ des possibles et donne aux compositions de Vonfelt toutes leurs spécificités.

Pour illustrer cette fugue musicale – car elle pourrait en être une – Kinemus (duo d’animateurs berlinois composé de Michelle Brand et de Toby Auberg) mêle 2D et 3D afin d’orchestrer les lignes de fuite qu’ils érigent à partir de traits lumineux et de touches colorées. On retrouve dans les images les élans qui conduisent la chanson. « Je trace, je fuse – volutes à volonté »

Amay LaoniDémesurée

Amay Laoni revient avec Démesurée, une chanson aux sonorités pop, qui prône l’envie de vivre tous ces petits moments de vie qui semblent parfois illusoires, dont on oublie trop souvent l’importance. Écrite et composée avec Étienne Chagnon et TERRIER, le clip mélange des images d’Amay habillée de blanc sur fond beige, et de plans des choses les plus simples, des plantes qui vivent, des oiseaux, des écrans de fumée, ou encore des archives de Loïe Fuller dans sa robe de danse serpentine. C’est certainement le clip le plus simple de l’autrice-compositrice-interprète, mais aussi le plus abouti et le plus proche de ce qu’elle semble vouloir pour sa musique. 

Vanille – Quand la neige tombe

Un clip tout en noir et blanc, la nature et une rivière. Pour la chanson qui clôt son album La Clairière, Vanille nous vient avec un clip au plus proche des inspirations qui lui ont permis de l’écrire. Elle qui se projetait au bord d’une rivière lorsqu’elle donnait vie à ses chansons, la voilà parcourir la rivière dans une barque, en sortir pour s’asseoir au milieu des arbres, et parcourir la clairière pour finalement s’endormir dans une grange au milieu des animaux. On peut imaginer que ce clip qui arrive plus d’un an après la sortie de son album est une sorte de conclusion à cette jolie histoire, mais que la suite n’en sera que plus belle !