On a fait connaissance avec Ravage Club

On le sait, le Nord est une grosse terre de rock’n’roll. Après avoir changé plusieurs fois de nom, être passés de l’anglais au français, Ravage Club s’impose de plus en plus comme une belle promesse de la scène francophone. Alors qu’ils seront ce soir à l’International, on est allés enquêter à Rock en Seine pour en savoir plus sur Claudia et Vinz.

Crédit : Guillaume Métier

La Face B : Salut Ravage Club, comment ça va ?

Claudia : Hyper bien !

Vinz : On est contents, on est comme des gosses !

Claudia : On peut pas aller mieux là !

La Face B : Ca se passe comment, un concert à Rock en Seine ?

Claudia : Bah c’est trop de la balle, les gens étaient trop gentils en fait !

Vinz : On se disait qu’au début on n’allait avoir pas grand-monde et qu’on allait devoir foutre les chansons de merde, en mode « Vas-y on verra bien ! ». Et les gens ont été chauds, ils étaient hyper réceptifs, ils étaient trop cools. On s’est faits porter ! Le moral était au beau fixe direct, quoi !

Claudia : Ouais une belle énergie des deux côtés.

La Face B : J’ai vu ça, c’était un vrai bonheur.

Vinz : Et puis bon, forcément, si y a des gens qui kiffent des groupes qui sont des idoles pour nous, au moins j’imagine qu’ils vont être à peu près raccord aux groupes qu’ils écoutent en attendant, quoi…

La Face B : Je vous ai connus sous plusieurs noms, et je me demandais quel déclencheur vous avait amenés à Ravage Club ?

Vinz : Le français ? Parce que le français c’était une évidence. On pouvait pas garder ce nom-là. Et surtout, c’était l’occasion de repartir de zéro et de se dire que c’était un peu un brouillon. Après avoir essayé, échoué, essayé… Là, on met les choses au propre et on repart avec ce nouveau projet, ce nouveau nom, et c’est surtout le français qui est la nouvelle ère…

Claudia : On se sent beaucoup plus nous-mêmes depuis qu’on chante en français en fait… C’est une évidence.

Vinz : C’est le moment où on a assumé vachement plus. De toute façon, on n’a plus le choix et on y va, on arrête d’avoir des masques devant les yeux…

La Face B : Ca se ressent dans les titres, il y a une espèce de libération j’ai l’impression…

Vinz : Ouais, grave !

La Face B : Qui vient, finalement, de « comprendre » humainement ce que vous pouvez raconter.

Claudia : Ouais, complètement ! Après, tu vois c’est toujours du rock à l’anglaise qu’on fait, mais c’est vrai que quand on chante les textes, on les vit vraiment. Vincent aime bien dire dire : quand je dis « Bière » je sens la bière couler dans mes veines, alors que quand je dis « Beer », je vois une bière, ce n’est pas pareil.

Vinz : Je comprends le concept de bière, alors qu’en le disant en français, je la ressens dans les veines en quelque sorte.

Claudia : C’est un sentiment plus direct encore.

Vinz : On se sent vachement plus là, quoi. Mais nous-mêmes, c’est pas notre langue maternelle. On se disait c’est con, ils le feront 100 fois mieux que nous, tous les anglais.

Claudia : On n’est pas bilingues.

La Face B : Finalement c’est ça, le fait de chanter en français, ça vous a permis de péter une espèce de plafond de verre imposé par le fait de chanter dans une langue que tu ne comprends pas à 100% quoi.

Claudia : Oui, c’est ça carrément…

Vinz : Grave. Et puis, bon, en plus, Claudia qui est littéraire et qui a grandi là-dedans, c’est surtout elle qui s’occupe des paroles. C’est hyper triste de la foutre dans une autre langue alors qu’elle a beaucoup de bagage.

Claudia : Je me sens beaucoup plus épanouie là, ouais. C’est beaucoup plus excitant, parce que j’adore jouer avec les mots. Alors là, c’est un terrain de jeu assez fou !

Vinz : Pour les jeux de mots… C’est pour se marrer quoi, le but c’est de se marrer, donc autant se marrer plus. (rires)

crédit : Guillaume Métier

La Face B : Comment on trouve le juste milieu entre la poésie et l’énergie ?

Claudia : Bah ça, c’est un travail de tous les jours !

Vinz : Ouais, un gros taf où je l’emmerde beaucoup sur les sonorités. Et au bout d’un moment, faut un point d’entente…

Claudia : C’est ça… Faire rebondir les mots entre eux beaucoup en fait. J’écoute pas mal de rap, ça m’inspire pas mal pour ça et en français, j’adore Bashung, j’adore Deportivo… Utiliser les images un peu éclatées pour pouvoir dire ce que t’as à dire sans… Je n’aime pas les textes qui sont trop directs, ça me parle moyennement. Je préfère utiliser les images un peu dans tous les sens, comme ça me vient.

La Face B : C’est marrant que tu dises ça, parce que c’est un peu ce qu’on ressent aussi, un côté à la fois très rêveur et très surréaliste, qui est attaché malgré tout à une réalité, à un certain humour aussi qui ne dit pas le truc…

Claudia : Le fait de jouer avec les mots tu veux dire, par rapport à l’humour ? Ouais, bah c’est ce qui me passionne, de trouver l’expression que je peux détourner. Et donc on essaie de faire que ça sonne quand même, mais sans dire trop de la merde…

Vinz : On voulait garder exactement l’énergie qu’on avait quand on était en anglais et tout le travail, ça a été de mettre exactement cette énergie-là, mais en français. Donc ça a pris du temps pour décanter, et maintenant, jamais on ne pourra retourner en arrière…

La Face B : Ce qu’il y a de marrant, c’est que l’anglais revient des fois quand même, comme des petites réminiscences…

Claudia : Il y a des titres qu’on a gardés d’avant parce qu’on les aime beaucoup, et qu’il y a une énergie en live avec ces morceaux.

Vinz : Il y a des chansons qu’on a modifiées, pour lesquelles on a dégagé complètement tous les couplets, et on s’est dit : on en retrouve qui n’ont rien à voir, on ne va pas être dans la traduction.

Claudia : Ca modifie les lignes de chant de changer de langue. Tu lis des lignes de chant de la même façon, mais tes chansons modifient la mélodie.

La Face B : Et toi, ça te booste au niveau de la composition ?

Vinz : En soi, j’ai l’impression de faire toujours la même chose, quelque part. Mais les chansons prennent vraiment une dimension, une histoire racontée, un thème, quelque chose qui parle beaucoup plus. D’où ce fait tout simple de l’histoire de la bière, voilà. On en revient toujours à l’alcool. (rires)

Claudia : Forcément, on vient du Nord. (Rires)

Vinz : Ça alimente encore plus le réservoir !

La Face B : Justement, tu vois, tu parlais de sensations, je trouve qu’il y a aussi de presque petits courts-métrages, des trucs très imagés, comme des espèces de nouvelles en fait, et je me demandais, puisque tu parlais de Bashung, qui était quelqu’un de très littéraires mais aussi justement très visuel, en quoi le cinéma et la littérature vous influençaient dans votre musique ?

Claudia : Bah, tout le temps en fait. Tu vois, genre tu regardes un film, d’un seul coup il y a une phrase qui est dite, ça va te donner une idée de début de paroles, ou même de refrain… Un titre de film…

Vinz : Ou même une atmosphère…

Claudia : On se sert beaucoup du cinéma en fait, même dans nos clips… Y a eu un premier cli, Iggy Pop où on raconte un peu l’histoire de deux malfrats… Visuellement, on comprend deux malfrats qui se barrent en voiture, avec leurs armes…

Vinz : Symboliquement, on prend notre liberté pour utiliser nos guitares…

Claudia : Ouais, c’est ça. Et en fait, il va y avoir tout une suite de clips comme ça qui vont retrouver les mêmes personnages et c’est vachement inspirant d’avoir une cohérence totale sur l’image, les paroles, les gens qu’on est… Finalement, c’est des personnages mais c’est des gens… Enfin, la liberté qu’on prend en étant des gangsters qui prennent la fuite, c’est un peu la liberté qu’on prend en faisant du rock.

Vinz : Ces deux-là, ils vont se retrouver dans le prochain clip qu’on tourne dans une semaine ou dix jours, un truc comme ça… Dans une casse auto, où on est avec tout le crew, c’est la zone d’entraînement, le repaire un p’tit peu… On va délirer, on va beaucoup plus loin…

Claudia : Inspirés par tous ces films des années 1990, le clip sera beaucoup inspiré de Dobermann. Ca va être marrant, c’est bien barré…

Vinz : Là, on a plus de budget, un truc à la Dobermann, on n’en a rien à faire de péter des trucs…

La Face B : Vous allez pas vous torcher avec les Cahiers du cinéma ?

Claudia & Vinz : Non (rires)

La Face B : Et justement, puisqu’on parle de visuels, est-ce que vous pouvez me parler de l’importance de la couleur dorée et de la couleur noire dans votre musique…

Claudia : Ah le jaune et le noir… C’est une ligne directrice, si tu veux.

Vinz : L’incandescence, mais toujours avec une pointe de sobriété et d’élégance, on va dire… La discrétion folle.

Claudia : C’est les couleurs que prennent les rues quand le soir tombe… Le noir et les lampadaires, tu vois, jaune et noir.

La Face B : C’est quoi votre futur pour Ravage Club, à part le clip dont vous venez de me parler ?

Claudia : L’EP qui sort en novembre, 3 morceaux supplémentaires qui vont sortir, donc 5 en tout… dont une petite surprise, une reprise en français d’un titre américain à la base, donc sacré défi, mais cool. Et ouais, bah voilà, sortir cet EP, le promouvoir sur scène le plus possible quoi…

Vinz : Et un maximum de concerts, inch’allah…

Claudia : Ouais carrément. C’est ce qu’on kiffe le plus.

Vinz : C’est ce qu’on veut faire avant tout.

La Face B : Si vous pouviez vous offrir duo avec un artiste présent cette année à Rock en Seine, ça serait qui ?

Vinz : Bah… Peut-être Fontaines D.C ?

Claudia : Moi j’dirais Arctic Monkeys hein…

Vinz : Ah ouais forcément… Les Arctic Monkeys ouais… C’est ceux qu’on connaît le mieux…

Claudia : C’est un peu grâce à eux qu’on est là.

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