Les clips de la semaine #189 – partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la deuxième partie de notre 189ème sélection.

Lisa Ducasse – Valparaiso

Lisa Ducasse nous emmène au Chili et plus précisément à Valparaiso. Son dernier clip rend hommage à cette ville portuaire colorée, qu’elle a pu visiter par le passé. Elle lui confie alors ses souvenirs : « Sur tes escaliers de bois, Tu croiseras mon corps d’enfant / Je t’ai aimé Valparaiso, Et le vent dans tes tanières » Pourtant le clip de Valparaiso ne montre pas des images d’illustration de ce lieu.

Le réalisateur Arthur Morard met en image un paysage difficile à identifier, entre la mer et la forêt, comme s’il s’agissait d’un espace imaginaire. Le fil conducteur du clip est une petite ville en bois, que transporte Lisa Ducasse. Comme si cette dernière portait avec elle ses souvenirs d’une ville pour ne pas l’oublier. Des souvenirs qui l’emplissent de nostalgie, tant Valparaiso semble habité par la poésie, l’émotion qui bouleverse et rend le souffle court. 

Stéphane Milochevitch – Flirt à la frontière

En ce dimanche ensoleillé, pourquoi ne pas prendre la route ? Et quitte à se faire un road-trip, autant se le faire avec Stéphane Milochevitch.

On compte les jours qui nous séparent de La Bonne Aventure, son nouvel album, et pour nous faire patienter, il nous offre Flirt à la frontière.

Et on est clairement dans le petit monde bien connu de Milochevitch, celui qui nous plait tant. Toujours cette façon d’écrire comme un flot ininterrompu, des textes poétiques et mystérieux où les mots flottent rapidement dans nos esprits. Flirt à la frontière, c’est l’amour inconnu, des héros de western, une route que l’on trace pour fuir, le soleil à l’horizon.

Musicalement là aussi c’est terrain conquis. Moins aride que son précédent album, c’est une musique plus ronde qui rappelle certain de ses classiques que Stéphane Milochevitch nous offre, le genre de titre dont les choeurs se gravent automatiquement dans nos esprits.

Visuellement, c’est la course que filme Anne-Laure Etienne & Emmanuel Chevilliat. Une course en arrière, ou le souffle ne se fait jamais court, comme un cycle sans fin que l’on revit en avant comme en arrière.

Brillant, comme toujours.

Nikola – Au bord de la mer

La beauté sans concession des thèmes abordés par Nikola ne se dément pas avec son nouveau titre, Au bord de la mer.

Explorant les douleurs complexes de l’exil et de l’héritage, le chanteur rend un hommage vibrant à la terre de ses ancêtres ; tourné au Monténégro, le clip alterne scènes domestiques et intimistes et échappées belles en solitaire. Loin d’apporter une réponse simpliste aux questionnements antagonistes qui l’assaillent (« J’suis né trop loin d’mon pays / J’me sens si triste loin d’ma terre »), le jeune auteur-compositeur pose un regard brûlant sur ces courants contraires qui composent les identités plurielles. 

Un titre qui devrait connaître un bel écho en ces temps de crispations, et ouvrir la voix à une réflexion possible pour ceux qui, comme lui, partagent cette sensation d’appartenance (ou d’étrangeté) à une double-culture.

Abel – Jeunesse Éternelle

Pour dire ce que c’est que le deuil, de survivre à ceux qui succombent à une vingtaine qui en a beaucoup trop vu, bouquet au poing façon Banksy, le chanteur Abel fait le choix de l’épure.  

Avec Jeunesse Eternelle, secondé par Nicolas Despis à la réalisation et au montage et Pauline Foussat-Noennecà la lumière et la régie, il aborde avec pudeur et poésie cette douleur si singulière. Entre regrets, sensation d’injustice et colère de n’avoir rien su, sa nonchalance, dansée sur fond de banlieue pavillonnaire où les drames ordinaires ont la même brutalité qu’ailleurs, apporte ce qu’il faut de distance et d’élan pour basculer du côté de la lumière. Un titre poignant.

Elliot Cooper – Sacred One

Le multi-instrumentiste Elliot D. Cooper (anciennement Elliot Dahan) est de ces artistes qui se font rares pour mieux surprendre. Son clip Sacred One co-signé par la talentueuse Mathilde Cartoux à l’image et aux couleurs, a tous les ingrédients pour marquer les esprits.

Caméscope 90’s au poing, le duo nous introduit d’emblée à son univers indie made in Lanzarote, U.S.A. La succession de plans entrecoupés de courtes ellipses, le défilement des nuages sur un paysage désert où se découpe la silhouette lointaine du chanteur n’est pas sans rappeler Gerry, de Gus Van Sant. Si tous les codes du western sont réunis, ils sont maniés avec brio, suggérant des arcs narratifs sans jamais basculer dans le kitsch.

Les clins d’œil aux références personnelles du couple d’artistes ancrent la musique d’Elliott dans un renouveau folk loin d’être passéiste, à la façon de l’harmonica, nuancé par une mélopée lumineuse un tantinet psyché. Comme son homologue et frère de timbre et de chœurs Elliott Smith, D. Cooper semble se distancer de cette contre-culture américaine aussi fascinante que mystifiée, et n’en garder finalement qu’une certaine vision de la beauté – intemporelle.

Les violons additionnels de Frédéric Pradel parent l’ensemble d’une aura de grâce ; dans sa solitude extrême entre errance et perdition, conjurée seulement par la certitude de l’amour sacré vers lequel il tend, le chercheur d’or nous laisse rêveurs. Au terme de son épopée de 3’31, l’envie demeure de jeter une oreille à ses titres antérieurs… et de guetter ceux à venir.

I Me Mine – Ricochet

Attachez-vos ceintures, on attaque très vite avec I Me Mine. Le trio nous a concocté un nouveau morceau qui fait taper du pied et secouer la tête. Ricochet et sa mise à l’image nous emmènent à la rencontre de deux personnages dont les rencontres font des étincelles sous formes de battles de dance, comme s’ils n’osaient pas de dévoiler l’un à l’autre et préféraient maintenir une forme de distance pour se protéger.

Les plans et le montage sont inspirés, et on se prend au jeu, tant le talent des deux comédiens accompagne joliment la pop à cent à l’heure du groupe. Une jolie découverte pour accompagner votre dimanche et la semaine à venir.

Deelee S – Amiri Freestyle

Deelee S continue de faire vivre son projet 3 fois avec un nouveau visuel. Réalisé entièrement en 3D par @air.z.studio, ce clip capte bien l’essence du jeune toulousain. Effectivement, de par ses variations de flows et sa production frénétique signée YoungHslimeAmiri Freestyle est une belle démonstration du rap de Deelee S

En plongeant dans une ride à 200 à l’heure sur les routes d’une corniche rappelant les tracés californiens, il se déplace dans un coupé vert assorti à sa SnapBack. Tandis que Deelee se joue des percussions de la production, le réalisateur s’amuse avec la plastique du visuel pour dynamiser ce dernier. 

Tout en reprenant les influences américaines qui peuvent infuser chez l’artiste et en y ajoutant un côté décalé, ce visuel capte bien toute l’essence du rap de Deelee S.

Leo SVR – Maniac

Leo SVR semble avoir fin en cette rentrée, après avoir envoyé le clip de Serpent & Scie, il y a deux semaines, il livre déjà un autre visuel pour accompagner la sortie de son nouveau morceau, Maniac. Travaillant toujours avec @ervin_tm à la réalisation, cela lui permet d’ancrer toujours un peu plus son univers visuel, ce qui se ressent sur cette dernière production. 

Issu de la région lyonnaise et plus précisément du village de Saint-Vincent-de-Reins, il joue de cette imagerie, en ancrant ce nouveau visuel dans la cuisine d’un troquet rustique. Derrière les fourneaux, le rappeur s’active remplissant des bouteilles de soda portant le nom de SVR EFFECT. Une manière subtile d’annoncer un futur projet ? En tout cas c’est ce que vient confirmer l’écran de fin avec une date encore secrète, laissant comme seule certitude que c’est pour ce mois d’octobre. Alors si vous êtes amateur d’un rap brut et qui va droit au but, il faudra être à l’affût pendant ce mois… 

Rosalie du 38 – not alone

Producteur, c’est en s’amusant à brouiller les frontières entre rap et musiques électroniques auprès d’artistes comme La FèveZoomy ou encore Femtogo que Rosalie du 38 s’est imposé. Cette semaine, il a divulgué RELOAD son premier projet en solitaire. Sur les 5 Tracks où se mélange productions propres et collaborations se trouve not alone qui a été mis en image par Jules Harbulot.

Morceau rappelant les heures dorées de la French touch et du label Ed Banger, il s’en inspire également dans la réalisation (cfr les collaborations de Justice avec Romain Gavras par exemple). Prenant place dans un métro, on y voit un jeune homme écouteur sur les oreilles danser au rythme de la progression du morceau. Les plans serrés viennent conférer un certain décalage au clip s’intéressant à chacune des personnes présentes dans cette rame.

Ces dernières semblent troublées par la danse du jeune homme et leurs réactions vont du rire gênant aux regards noirs. Le spectateur tout comme le danseur n’en ont que faire de ces jugements tant le morceau est captivant, jusqu’au moment où la caméra recule et avec elle, le son se baisse pour n’être plus que le frémissement de ces écouteurs au volume trop élevé. Et c’est à ce moment que l’on peut comprendre, l’étonnement de ce public pris au dépourvu. 

Tiwo – Sans le vouloir

Certain.e.s ne le savent peut-être pas, mais la Belgique possède aussi son littoral. Alors certes, ce dernier est bien moins attrayant que les plages méditerranéennes ou les spots de surf de la côte Atlantique, mais il a son charme. Appelant plus à la mélancolie qu’à la dolce vita, on comprend mieux pourquoi Tiwo y a ancré une partie du clip de son dernier single, Sans le vouloir réalisé par autrix visuals et the o films.

Sous un magnifique coucher de soleil teinté de rose, il conte le récit douloureux d’une histoire passée. Son flow mélodique commence par se poser sur un piano triste que ce dernier se voit égayer par une rythmique bien plus entraînante, comme si l’espoir de jour meilleur venait de faire son apparition sur la production de NarB.

Entre la plage et le béton, le jeune rappeur traîne sa solitaire mélancolie pour un résultat hypnotique. 

Nuit Incolore – Sors de ma tête 

Révélé grâce au succès de son single Dépassé, Nuit Incolore prépare la sortie de son premier album pour le mois de novembre et continue de nous teaser ce projet avec un nouveau morceau : Sors de ma tête

Les mélodies pop-électro de ce nouveau titre s’imprègnent du côté sombre tout droit issu du texte pour donner un nouvel élan à l’artiste, qui choisit cette fois d’aborder la thématique très personnelle de l’angoisse. Nuit Incolore se compare ici à un « naufragé » qui fait face à un océan d’angoisses dans sa vie quotidienne. Comme tous ses textes, celui-ci a été écrit avec le cœur et l’ambition certaine de trouver dans sa musique un exutoire : « Sans un phare, sans boussole / J’lutte pour ne pas sombrer / ». 

Sors de ma tête s’accompagne d’un clip réalisé par François Chatain où l’on retrouve la poésie et l’éternelle métaphore qui fait tout le style de Nuit Incolore. Éclairé par une pleine lune presque aveuglante, le chanteur se met en scène aux côtés d’un mystérieux personnage aux allures de double maléfique tapis dans l’ombre dans lequel il retrouve ses angoisses et auquel il tente d’échapper. 

Le premier album de Nuit Incolore sera disponible le 10 novembre, un projet à savourer au cœur de l’automne et dont on a hâte de vous parler.

Charlène Darling – Tout s’efface 

Tout s’efface, mais pas le talent de Charlène Darling qui dévoile cette semaine un nouveau titre qui figurera sur son deuxième album à paraître le 3 novembre prochain. 

Charlène Darling nous transporte à nouveau dans son univers décalé et intimiste avec Tout s’efface. Dans ce nouveau morceau, la chanteuse nous met face à notre propre condition humaine parfois fragile en nous parlant d’amour, mais surtout de l’isolement auquel on fait face, parfois. Comment se sortir de là ? Comment quitter le schéma de vie que l’on s’est créé soi-même et qui n’est pas toujours sain ? Comment ne pas perdre la tête et arrêter de fumer des cigarettes seul.e chez soi quand on a besoin des autres ? 

Reconnaître que l’on s’est perdu.e et que l’on peut avoir besoin de l’aide de quelqu’un pour remonter la pente n’est jamais simple, et pourtant Charlène Darling en parle tout simplement dans ce texte sincère et touchant. 

La chanteuse se met en scène seule dans son appartement, face à la caméra qui filme les bons comme les mauvais moments passés avec ses propres pensées et ses envies de se libérer. 

GROS COEUR – Ventre Volcan

Ventre Volcan, un titre définitivement évocateur. GROS COEUR s’est emparé de nos plateformes d’écoute préférées avec son premier album, nommé Gros Disque, sorti le 6 octobre. 

Avec une instru originale et percutante mise en avant et des voix presque sourdes qui murmurent à nos oreilles, GROS COEUR signe un projet original qui va ravir les fans de rock psyché. Avec des riffs de guitare électriques déments, le groupe nous électrise littéralement et nous transporte dans un tourbillon d’émotions transmises par la musique. 

Le titre Ventre Volcan prend tout son sens lors de l’écoute, tant les mélodies nous font passer d’un état de calme à une furie sourde qui sort directement de nos tripes. 

Le clip, à base de boule à facette détournée et de lumières chaudes projetées sur les membres du groupe, nous laisse deviner les silhouettes des musiciens dans un univers coloré et décalé plein de mystères. Mystères que l’on espère décortiquer, notamment lors de leur passage au Crossroads Festival le 9 novembre prochain. 

Sleater-Kinney – Hell

Avec l’annonce d’un nouvel album, Sleater-Kinney sort Hell le premier single tiré de celui-ci. Le titre est accompagné d’un clip en noir et blanc réalisé par Ashley Connor, et montre la cinéaste américaine Miranda July passer d’euphorie à tristesse, d’extase à la colère… autant d’émotions qui nous traversent et nous prennent parfois au dépourvu. Un titre fort et sombre, qui apparaîtra sur Little Rope, le 11e album du groupe de Carrie Brownstein et de Corin Tucker formé en 1994 à Olympia, Washington. La sortie est prévue pour le 19 janvier sur Loma Vista

The Smashing Times – Saturday Night and Sunday Morning

C’est l’histoire d’une théière qui se met une cuite un samedi soir et jardine avec la gueule de bois le lendemain matin. Une histoire banale somme toute, celle relatée dans le clip de Saturday Night and Sunday Morning, le nouveau single de The Smashing Times. Il s’agit du troisième single du groupe de Baltimore signé sur K Records dont l’album, This Sporting Life, est prévu pour le 3 novembre. Si vous les avez ratés au Paris Popfest (ou y étiez-vous ?) courrez écouter leur freakbeat psychédélique. 

PÉPITE — L’été

Foi de Pepito, il n’y a plus de saisons ! Et même si sorti sur l’incontournable label Microqlima, il est fort probable que le titre écrit par Thomas et Edouard fasse encore remonter de quelque degré le climat automnal qui tarde à venir. L’été vient se rappeler à nos souvenirs. Une balade mélancolique (sans être doucereuse) telle qu’ils savent si bien les composer.

Mise en images par Juliet Casella et Thibaut Herouin Caesar (MetronomyRight on time c’était également eux) L’été de Pépite se métamorphose en un attrape souvenirs de la saison passée. La photographie légèrement surexposée et les tons complémentaires – jaune et bleu – concourt à leur faire revivre ces moments. Peut-être au travers d’un échappatoire façon Monde de Narnia où pour passer entre les mondes une baignoire ferait office d’armoire.

A noter que s’il est indiqué qu’aucun poisson n’a été maltraité sur le tournage, rappelons néanmoins à Edouard qu’il est également interdit de ramasser les coquillages (bon, si ce n’est qu’en songe cela peut passer). En bien tout rêveur !