Viagra Boys : post-punk is not dead

Le groupe suédois Viagra Boys, quintette d’irréductibles post-punk, a sorti le 6 mars 2020 son cinquième EP. Une grande surprise car cette sortie n’était pas annoncée au préalable. Après un album en 2018, Street Worms, Viagra Boys opère un retour frappant avec quatre titres (seulement) sur Common Sense.  

Visuel de l’EP Common Sense

Quatre titres, c’est tout ce que nous offrent les suédois de Viagra Boys. Cela dit, un EP aussi court nous laisse le temps de l’appréhender et de le comprendre. Ceci fût peut-être l’un des projets du groupe, en dévoilant cet EP surprise.

Le post-punk, c’est osé et un peu vintage, une sorte de pari qui au final importe peu à celui qui produit ce qu’il aime. C’est un peu l’esprit de Viagra Boys, et on retrouve cela dans leur EP, et notamment dans le premier titre Common Sense, du même nom que le recueil. Un morceau étrangement entraînant sur les premières notes, dans lesquelles on pourrait peiner à retrouver le post-punk typique. La suite du morceau ne laisse cependant pas de place au doute, les Viagra Boys sont restés les mêmes d’un album à l’autre. Common Sense est une chanson qualifiable d’inquiétante pour la santé mentale du groupe, étant donné le fond autodestructeur qui s’en dégage.

Les Viagra Boys font pourtant preuve d’un grand esthétisme nihiliste dans les trois chansons suivantes. De quoi nous prouver qu’ils ont encore toute leur tête et n’ont pas perdu pieds. Lick the bag est un titre reflétant purement toute une réflexion anarchique et chaotique sur la drogue. Il semble que ce morceau soit le plus remarquable de l’EP, tant dans l’interprétation par le chanteur Sebastian Murphy, que dans la composition musicale.

C’est pourtant le dernier titre, Blue, qui me laisse scotchée (probablement à cause de mon romantisme, je vous l’accorde…). Blue arrive comme la chute de cet EP, mais aussi d’une certaine réflexion que Viagra Boys nous propose de suivre dans ces quatre titres. S’ouvrant sur un « Oh Baby » mélancolique avec la voix cassée et abîmées du chanteur, la chanson est un véritable exutoire de la souffrance connue dans une relation. Une reconnaissance de ses erreurs qui ne laisse pas indifférent sur cet air doux et nostalgique qui réveille les souffrances enfouies de qui l’écoute.

En somme, Common Sense est aussi bien une surprise dans sa parution inattendue que dans son contenu. Le style et l’identité de Viagra Boys reste inchangée, telle une recette infaillible, mais les textes deviennent plus intimes. Une rumeur court comme quoi cet EP annoncerait, dans son premier titre, de grands projets (comme un album) pour Viagra Boys. À La Face B, on a bien envie de croire à cette rumeur !