Manon David Club – Wonder Jazz

Après avoir longtemps officié au sein du Groupe Obscur au chant et à la basse, Manon David se lance désormais dans des explorations en solitaire. Né de l’envie d’exorciser la période de la pandémie qui avait mis nos vies en suspens, son EP Wonder Jazz déborde de l’énergie que l’on avait dû alors contenir.

Crédits photo : Maud Pelletier

Alliage de chanson française, de jazz, de fusion, de funk… le disque aux multiples inspirations trouve dans la diversité une homogénéité qui lui est propre. Tandis que la voix de Manon glisse sur les mesures avec clarté et entrain, on ressent un plaisir jubilatoire à se laisser porter par une ligne de basse qui slappe et groove, des claviers qui étincellent et une batterie qui rythme de manière syncopée les titres. Si Manon est à l’initiative des chansons, Vincent Audusseau (aux synthés) Charly Saulay (à la batterie) – ses deux acolytes qui forment le « Club » de Manon David Club – ont eu toute latitude à revisiter et s’approprier leurs partitions. 

Extra time qui ouvre Wonder Jazz, nous plonge dans le son de Manon David Club. Un large spectre musical qui se teinte par moments des reflets de chansons que l’on pourrait croire issues des années 70. Les paroles sont souvent suggérées. Elles gardent – en elles – une part de mystère. On peut alors chercher leur signification sous-jacente ou au contraire les laisser à notre propre interprétation. Et si le thème abordé dans la chanson est profond – Extra time, ce temps dont on aurait aimé disposer pour profiter un dernier fois encore d’un être cher, disparu – il existe un côté flamboyant dans la composition. On le découvre sur ce premier titre. Il nous accompagnera – sous différentes formes – tout au long du disque.

Avec leurs atmosphères jazz-rock, Rockwood et Tornado Shelter nous emportent dans les arabesques sonores formées par les courants ascensionnels qu’elles génèrent. Changement de style sur Manteau de Nuit. Joliment construite, la chanson qui commence comme une balade prend lors des refrains, un envol libératoire.  

Les paroles des chansons de Manon David Club sont parfois écrites pour être portées par la mélodie. Dans Ricky Lee, elles disparaissent progressivement pour laisser place à un final instrumental étourdissant où les instruments répondent les uns aux autres, dans des solos rocambolesques.

Très 80’s, la partition de saxophone qui débute Maudeville ne préjuge en rien du reste du morceau. Chanson fractionnée avec des passages doux, très doux et d’autres à faire exploser son cardio. Suite à cette débauche d’énergie, la Chanson de Fin qui conclut l’EP apporte un moment de respiration, doux et mélancolique. 

Avec ses sept titres, Wonder Jazz est fait des fils qui ont servi à broder la pochette de son album. Dissemblables, ils s’entrecroisent pour former un ensemble cohérent dans une profusion d’énergie et de créativité. Une envie de partager ses pensées, ses sentiments pour qu’ils puissent ainsi se libérer et nous échapper.