Les clips de la semaine #164 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 164ème sélection des clips de la semaine.

Allô Fantôme – La Rue des Joyeuses Entrées

Pour bien commencer la semaine, on s’envole direction le Québec. On avait découvert Allô Fantôme l’an passé aux Francos de Montréal et on avait été surpris par la profusion musicale et le talent du gang de Samuel Gendron. Le voilà de retour cette semaine avec un nouveau titre , La Rue des Joyeuses Entrées.

Et le pouvoir de fascination est toujours là, l’attraction pour sa musique aussi. Il faut dire que dès les premières secondes cette nouvelle tune nous entraine dans un univers à la fois chaleureux et inquiétant, entre ambiances cinématographiques et chœurs fantomatiques.

Ces ambiances et ce sentiment d’être un étranger dans un monde qui nous veut du mal se retrouvent parfaitement retranscrits dans le clip de Charlotte Pominville. On y suit Allô Fantôme dans une fête un brin weird, qui se transforme rapidement en une sorte de culte masqué où le héros se retrouve victime, emprisonné et mis au pilori avant que sa tête ne roule sur le sol comme il le demande si justement dans son morceau.

Bref La Rue des Joyeuses Entrées permet d’étendre un peu plus l’univers musical si particulier de Allô Fantôme et on espère que très rapidement, il pourra franchir les portes de la France. Si ce n’était pas le cas, ça serait un beau gachis.

Ouai Stéphane – On A Tous Le Droit (Liane Foly Cover)

On savait déjà que Ouai Stéphane avait la folie en tête. Mais mué en gai rossignol, ou peut-être en merle moqueur, il nous surprend une nouvelle fois en reprenant, avec le brio qu’on lui connaît, un des titres phares de Liane Foly. On a tous le droit, les paroles écrites par Gérard Presgurvic résonnent que l’on soit prisonnier de sa chambre d’adolescent ou affranchi, parcourant les berges de la cité alsacienne baignées par la lumière du petit matin.

Mais ne vous trompez pas. Sous ses airs fragiles et dans son pull à col roulé façon ministre des Finances, Ouai Stéphane s’est mis en marche vers un destin qui le mènera loin. On hésite encore entre une participation à l’Eurovision 2024 ou une candidature aux prochaines élections pour la présidence de la république électronique. Il est vrai qu’avec Dombrance, nous aurions deux sérieux prétendants. 

Zaho de Sagazan – Tristesse

À l’aube de son premier album, La Symphonie des éclairs, Zaho de Sagazan dévoile une nouvelle pépite à son image : un clip creepy et décalé, brillant, ô combien fantaisiste et espiègle. À l’évidence, elle s’impose définitivement comme une artiste complète, à l’univers bien marqué, marquant avant tout.

Dans cette mise en scène théâtrale, elle revêt un ensemble noir et blanc, couleurs qui s’affrontent comme la dualité de la vie, la tristesse et la joie. Un rouge à lèvres rouge sang fait ressortir son teint pâle de créature mystique et vampirique.

Le regard est happé par son jeu, jamais ne se détache de sa gestuelle hypnotisante, ses expressions de plus en plus prononcées et absorbantes.

Elle nous regarde dans les yeux, on la regarde sans cligner, fascinés par sa présence, par sa prestance et la maturité de son propos.

Zaho de Sagazan a sa place sur toutes les scènes. Sa pop électrisante, ses textes habités de sentiments profonds, s’affirment à travers une image tout aussi déchainée, sans demi mesure. Jamais. Son album promet un florilège d’émotion et de frissons.

ML – Ressaisis-toi

Savoir tourner la page suite à la perte d’un être cher peut parfois être une phase éprouvante et remplie de mélancolie. Pour son nouveau morceau, ML met un bon coup de poing tout en légèreté à ce rude palier de deuil.

Depuis la sortie de son premier EP en mai 2022, l’artiste belge continue d’extérioriser de fortes émotions à travers Ressaisis-toi. Ce morceau est un message à l’intention de son grand-père, ayant perdu sa femme après plusieurs décennies de vie commune. Rien qu’avec le titre de la chanson, nous sommes déjà secoués et plongés dans l’ambiance avant même de l’avoir écoutée. C’est avec un son pop, dansant, tout en douceur et adressé à son grand-père, qu’ML passe le message, s’adressant par la même occasion à elle-même, de ne pas se laisser abattre et submerger par ce chapitre difficile. Savoir cesser de se remémorer ses souvenirs pour tenter de revivre à travers eux ces émotions du passé, de peur que sans eux, nous devions affronter une nouvelle vie inconnue. Cette nouvelle vie, ML veut parvenir à la saisir afin de ne plus en avoir peur et ainsi avancer vers le commencement d’une nouvelle page.

Les images accompagnant Ressaisis-toi sont très représentatives dans leurs plans et leurs couleurs du thème qu’aborde ML dans la chanson. Nous pouvons observer un plan principal où la musicienne se retrouve dans un vestiaire entourée de casiers, ce qui pourrait exprimer l’enfermement dans ces souvenirs, représenté ici par les différents casiers. Ce plan principal est entrecoupé d’autres plans, cette fois-ci plus colorés et dynamiques dans leur rendu. Théo Le Sourd réalise pour ce titre des images solides et efficaces tout en y apportant une touche d’évasion et d’espoir.

ML met en place dans sa discographie un morceau simple et inspirant, ce qui laisse présager une belle promesse pour ses projets à venir.

FYRS – A Big Dream

Un rêve, ça peut s’oublier au réveil comme ça peut vous animer toute une vie durant. Ce qui est bien en plus dans les rêves, c’est que chacun·e à le(s) sien(s). Ils peuvent être très grands ou plus modestes, mais il faut toujours se souvenir de ne pas les oublier.

Dans son nouveau single, FYRS nous enjoint à ne pas perdre les nôtres tout en nous parlant du sien : devenir artiste. Grandir et ne pas oublier (voire réaliser) ses rêves, voilà ce qu’on peut souhaiter à toutes les personnes qui peuplent ce monde. A big dream, c’est un titre sans équivoque et aux accents simples mais extrêmement percutants.

Côté images, on est dans la continuité de Love you terribly avec des couleurs et une animation un peu enfantines (mais attention, sans être simpliste pour autant) qui collent très bien à l’univers du chanteur. Bref, l’album de FYRS arrive bientôt et on l’attend avec impatience.

Jim Legxacy – old place

Depuis son premier clip sorti il y a plus ou moins un an, le londonien Jim Legxacy ne quitte plus le réalisateur fidel. A eux deux, ils ont pu développer une esthétique qui appuie la direction musicale prise par l’artiste depuis the day i broke my bike. Cette dernière combine une voix cristalline qui envoie des mélodies chaleureuses inspirées par le r’n’b sur des productions assez froides aux influences électroniques. Un mélange hypnotique qui se retrouve sur le dernier single de l’artiste : old place

Les visuels viennent apporter à cette ambiance une certaine énergie qui contraste avec les mélodies de l’artiste et se conjugue à merveille avec les notes électroniques insufflées à sa musique. Souvent tourné en milieu urbain, c’est dans un métro que ce dernier prend place. Grand sourire et équipe à ses côtés, le visuel ne cache pas ses influences issues du rap, premier amour de Jim Legxacy

Au final, c’est pour notre plus grand plaisir que tout se mélange avec minutie et amour aussi bien à l’image que dans nos oreilles. 

TRENTE ∞ CARNETS

On a tous des petits secrets, des artistes qui ont un potentiel infini et qu’on attend de voir exploser, de prendre la place qu’ils méritent.

Cette semaine, TRENTE a dévoilé son nouveau titre CARNETS, c’est aussi le nom que portera son premier album prévu pour juin. Comme toujours avec Hugo, on est frappé par la brutalité qui jaillit de sa douceur. On écoute et on se retrouve emporté dans ses mots et ses maux, ses émotions et ses sentiments. CARNETS est né de la découverte de vieux carnets de notes, ils se transforment en morceau qui porte en lui le deuil, la mélancolie, le passé et le futur.

Comme de retrouver un ancien ami perdu, de regarder ceux qui sont partis où d’imaginer ce que les gens penseraient du nous du présent.

Le tout navigue sur des notes parfois dissonantes, parfois tendre, portée par un pont aussi planant que crève cœur. CARNETS est un morceau en perpétuel évolution, surprenant, intense, attachant et qui nous fout les poils. La liste des compliments est longues, mais elle est totalement méritée au vu de la musique de TRENTE.

Comme toujours, il accompagne son morceau d’un clip qu’il réalise lui même, mélangeant dessins, bout de carnets, souvenirs vidéos et plans étranges dans lesquels ont suit un bonhomme rose en promenade, dans un cimetière ou caché dans le réel.

TRENTE reste cet être attachant et humain, on l’aime un peu plus à chaque morceau.

arøne – tempête

Une douce voix et une énergie équivoque, c’est l’étonnant et détonnant mélange qui peut se cacher sous la musique d’arøne. Après s’être dévoilée musicalement à travers les 9 titres de son EP conséquences, elle en dévoile un extrait vidéo réalisé par ses soins. L’extrait choisi représente bien le contraste qui alimente sa musique : des mélodies fluettes sur une instrumentale ultra rythmée drum’n’bass.

Avec un peu de pudeur, elle parle de relations amoureuses oscillant entre le manque et une certaine confiance en elle.  Pour appuyer cette brève incartade dans son quotidien, elle décide de mettre ce dernier en visuel grâce à un caméscope chargé de grains et rehaussé par une post-production reprenant les codes actuels.

En découle une maîtrise des contrastes intéressante qui donne envie de suivre sa future évolution. 

Y La Bamba – Collapse

Collapse nous invite à danser, danser de manière intuitive en suivant sa volonté, et non celle des nombreuses voix parasites qui nous entourent. De cette danse, Luz Elena Mendoza Ramos du groupe Y La Bamba, y reflète sa carrière d’artiste avec un regard fier et libre.

En tant que musicienne et productrice queer latino-américaine, la chanteuse est passée par de nombreux refus, la vulnérabilité et la résignation. Devoir accepter les directives d’autres producteurs lui disant quoi chanter et dans quelle langue.Pourtant, autant d’embûches qui ne l’auront pas empêché de devenir l’artiste, compositrice et productrice qu’elle est aujourd’hui. Luz Elena Mendoza Ramos mène désormais la danse et son single Collapse porte un message : “fuck the rest

Collapse est le deuxième extrait de Lucha, nouvel album du groupe Y La Bamba prévu pour le 28 avril.  

Empty7 – Averse/Nuit

Depuis septembre, Empty7 fait parler sa musique à raison d’un nouveau single clippé par mois. Pour février c’est Averse/Nuit que le Suisse a dévoilé. Sur une production progressivement entrainante de 99 il continue d’imposer un univers chargé en mélancolie et espoir. Pour leur donner du relief, il joue des mélodies et apporte un contre pied avec son image de rappeur cagoulé. 

A l’image du titre du morceau, le visuel réalisé par O.U.T Studio et le rappeur lui-même navigue entre une ambiance nocturne et un bord de lac avec comme point commun : une fine pluie.  Des éléments simples mais utiles dans l’accompagnement du récit émis par Empty7.

De plus en plus à l’aise avec sa voix et devant la caméra, l’évolution du Suisse devrait continuer à se confirmer au cours de ses prochaines sorties. 

Yves Tumor – Heaven Surrounds Us Like a Hood

Yves Tumor continue d’annoncer son retour avec la sortie du clip du single Heaven Surrounds Us Like a Hood. Ce dernier fait partie de son prochain album Praise A Lord Who Chews But Which Does Not Consume, à paraître le 17 mars prochain chez Warp Records. Le titre met en avant une imagerie comme usuellement très colorée et pleine de visuels imaginatifs. On y voit l’artiste californien accompagné de son groupe interpréter le morceau dans un décor jonché de couleurs vives. Filmée de manière très fluide et dynamique, la vidéo témoigne de la créativité débordante usuelle de l’artiste.

On peut notamment noter la figure de la ritournelle en forme de pomme apparaissant pendant le pont du morceau comme illustration d’une telle inventivité. En parlant de ce dernier, il témoigne une nouvelle de combien l’œuvre d’Yves Tumor est originale et imprévisible. À partir de ce moment précis, Heaven Surrounds Us Like a Hood bascule dans une verve mélodique et nostalgique. Cette partie se voit imagée de vidéos de lui enfant et d’autres accompagné de ses compagnons de groupe.

Avec ce nouveau titre, l’originaire de Miami nous donne de quoi patienter pendant encore un peu plus de deux semaines. En attendant la parution de Praise A Lord Who Chews But Which Does Not Consume, le 17 Mars prochain, voilà l’occasion de patienter grâce à cette nouvelle dose d’Yves Tumor. Rendez-vous à la moitié du mois !

Falling Asleep – Vandalism feat. TORIENA

On le sait, la scène underground japonaise regorge de talent qui n’arrive pas forcément toujours jusqu’à nos oreilles. Pour certains d’entre eux, on en perd même la trace mais cela occasionne parfois de belles surprises. Alors qu’on les avait un peu perdu de vue, les japonais de Falling Asleep ont sorti leur deuxième album Heaven’s Where Our Souls Belong par surprise ce vendredi. Ils en ont profité pour clipper le redoutable Vandalism en duo avec Toriena, figure du ravepunk nippon. 

Si le disque en entier touche beaucoup de genres du metalcore à la pop, on est clairement ici sur sa facette la plus noire et violente. De la techno sombre à souhait mélangée aux riffs typiques du metalcore, un peu comme ce qu’on peut retrouver sur les derniers albums de Northlane ou leurs compatriotes de Paledusk. Le tout illustré par une vidéo aux influences goth et cyberpunk, on a là un clip à ne pas mettre entre toutes les oreilles. A vos risques et périls donc!

Shygirl – Heaven ft Tinashe

Si il y a bien une collaboration que l’on ne pensait pas nécessaire jusqu’à ce qu’on la découvre et qu’elle nous paraisse immédiatement évidente, c’est bien celle entre Shygirl et Tinashe sur le remix de Heaven. Les deux divas nous offrent un hymne à l’acceptation de soi couplé à une autotune envoûtante parfaitement maîtrisée à l’occasion de l’annonce de la version deluxe de l’album de Shygirl, qui sera disponible en avril.

Les esthétiques extravagantes des deux artistes se marient parfaitement dans le clip accompagnant le morceau, au sein duquel on les découvre en véritables déesses virtuelles alternant successivement entre hologrammes et silhouettes 3D, entourées d’un décor paradisiaque rappelant le titre du morceau.

Des visuels utopiques soignés et impressionnants, tout droit sortis d’un rêve, comme on en a l’habitude avec Shygirl pour qui ils représentent une réelle plus value à sa musique.

Ha The Unclear –Growing Mould

Cette semaine, nous vous faisons découvrir le groupe néo-zélandais Ha The Unclear et leur titre Growing Mould issu de leur Ep Handprint Négative. C’est plus une recommandation plus que chaleureuse que je vous fait de vous jeter sur cet EP.

Tout d’abord par ce que Michael Cathro et sa bande viennent de cette ville de Dunedin qui est la capitale rock de cette partie du monde. Deuxièmement parce que tout y est exquis, que ce soit le rythme, la voix magnifique de Michael, les chœurs, ou encore ce délicat texte de rupture, tout y est brillant.

Ce titre s’accompagne d’un clip composé d’une multitude d’idées graphiques, un peu comme une mise en page de revue. Tour à tour s’enchaîne jeu de typographie, alignement d’image et graphisme de ligne et de point que l’on retrouve jusqu’aux objets comme les transistors. Bref ce titre est un délice, l’EP l’est tout autant, voici un groupe à suivre de très près.