Les clips de la semaine #132 – partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la sélection numéro 132 des clips de la semaine.

Johnny Jane – Kleenex

Et si 2022 appartenait à Johnny Jane ? Il faut dire que de notre côté, le bonhomme s’est taillé une place énorme dans nos oreilles avec le merveilleux Hier Soir (la moitié des écoutes Spotify, c’est nous). Et voilà que le garçon enfonce le clou avec Kleenex.

Un nouveau tube tout simple, une production qui fout les poils, un chant nonchalant, le tout pue la facilité, mais surtout la sincérité. Parce que voilà ce qui nous émeut tant : derrière cette image détendue se cache un cœur qui saigne, qui pleure et qui nous entraine avec lui. Johnny Jane chante l’amour de manière moderne, sensible et humaine. Les mots sonnent juste car ils sont vrais, intimes et vécus. Le tout se concrétise donc en une petite pastille imparable qu’on se passe en boucle encore et encore en dansant légèrement et en pensant à tous nos amours perdus.

Et cette idée universelle autour de ses propos se retrouve dans le clip de Clovis P. Plutôt que de prendre le rôle principal, Johnny Jane joue ici les seconds rôles, laissant la « lumière » à une jeune femme en robe de mariée partie pour une ride nocturne et destructrice. Un coeur brisé de plus qui hurle intérieurement sa peine dans l’indifférence générale dans des rues désertes, alors que des images plus lumineuses, en forme de souvenirs asns doute, la ramènent à des instants plus joyeux vécus en duo.

Comme quoi, peu importe le côté, on est tous amené à être le kleenex de quelqu’un un jour ou l’autre.

Bibi Club – La nuit

Passer une semaine sans parler d’un artiste québécois ? Impossible !

Après les avoir découvert en concert à La Boule Noire, on vous parle aujourd’hui de Bibi Club, qui vient de dévoiler La Nuit, nouveau titre de Le soleil et la mer, premier album attendu pour la fin du mois d’août.

Une ritournelle pop et onirique qui nous raconte des histoires d’ombres la nuit, des enfants perdus qui vivent des aventures magnifiques une fois le soleil couché et qui retournent se cacher quand celui-ci repointe le bout de son nez flamboyant. Des nappes synthétiques, une histoire naïve et tendre, et nous voilà embarqués en pleine fête avec ces bambins débrouillards.

Une fête faite loin de la lumière que l’on retrouve dans la vidéo de Léa Taillefer. Un long travelling à contre-jour qui permet de découvrir au fur et à mesure les jeux qui se déroulent derrière la chanteuse Adèle Trottier-Rivard, dans un château fait de draps et de figures enfantines. C’est beau, c’est doux, on en demande encore.

Météo Mirage – Libre

La bromance est un thème suffisamment rare dans la musique française pour qu’on le souligne quand il apparaît, surtout quand il est traité à la manière des très bon Météo Mirage.

Dans le cadre de la sortie de la compilation Hotels Amour, et en attendant leur date à la Boule Noire le 22 juin, les parisiens dévoilent Libre.
Plus qu’une histoire d’amour et d’amitié, ce nouveau morceau est un appel au lâcher prise, à la fête et aux bienfaits des potes. Un coup de foudre instantané qui unit Alexis et Max et qui est la sève même de Météo Mirage. Sur un rythme enlevé qui fait trembler nos pieds, Alex chante cette histoire qui a tout changé pour lui, qui lui a permis de se trouver lui-même et de se libérer grâce aux autres.

Et c’est aussi ce qu’ils racontent dans la vidéo qu’ils réalisent eux-mêmes. Une longue soirée pleine de sourires, de fêtes, de potes, qui ne devrait jamais terminer. C’est beau, c’est joyeux et c’est rempli d’amour, on ne peut que vous conseiller d’entrer dans la danse.

Morjane Ténéré – You’re Not That Strong

Ce qui frappe à la première écoute de You’re Not That Strong, c’est cette voix qui nous embarque en quelques notes, en quelques mots. Morjane Ténéré, lauréate du programme WomenBeats, nous subjugue et nous entraine dans cette histoire de prise de pouvoir et de libération.

Entre la folk et le blues, elle nous offre un morceau qui monte en tension et en émotions, qui nous serre le coeur et fait monter les larmes avec une facilité déconcertante. On écoute et on vit ce que Morjane a à nous raconter, on l’écoute grandir et briser les chaînes qui l’entravent, inversant la balance du pouvoir pour enfin reprendre le chemin de son existence. Des thématiques propres à ce genre musical, mais qui prennent encore plus d’ampleur lorsqu’elles sont ainsi portées par la grâce et la sincérité injectées dans le morceau.

Cette idée se retrouve parfaitement dans le clip réalisé par Emilien Marret. Dans une tenue traditionnelle et comme « emprisonnée », Morjane Ténéré retire au fur et à mesure ses oripeaux et ses « chaînes », pour retrouver au fur et à mesure une vision d’elle qui lui ressemble plus.

Viagra Boys – Punk Rock Loser

Si vous ne l’aviez pas encore remarqué, sur La Face B, on est des gros-gros fans de Viagra Boys. Les suédois ne cessent de nous enchanter, et on est clairement ravi de les voir déjà donner un petit frère à l’excellent Jazz Wellfare.

Le nouvel album s’intitulera Cave World et continue de se dévoiler cette semaine avec ce nouvel extrait joli intitulé Punk Rock Loser. Dans ce morceau à l’ambiance très « détendue », Sebastian Murphy semble faire l’éloge de sa vie de grand déglingué, dans laquelle il passe son temps à picoler, se droguer et claquer sa tune dans divers paradis artificiels. Une sorte de lettre ouverte sur fond de grosse basse et de refrain entêtant dans laquelle il raconte qu’il ne changera jamais et qu’il restera ce mec trash et complètement taré, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Cette image décalée de sauvage magnifique, il l’égratigne légèrement dans la vidéo de SNASK. Transposé dans le far-west, il devient un cowboy perdu qui cherche plus que tout à se trouver une contenance et à paraitre cool, ce qui semble clairement voué à l’échec. Heureusement, malgré tout cela, il reste « détendu », comme lui-même le dit si bien.

OjosPeligrosa

Ojos débarquent cette semaine avec la version studio de Peligrosa, qui faisait jusqu’à présent déjà bien trembler les murs en live. On ressent dans ce titre plus que bouillant un goût jubilatoire de libération et de colère bien placée qui fait changer la peur de camp : en français et en espagnol, le duo vient remettre les pendules à l’heure sur une instru survoltée. À l’image de leurs précédentes sorties, Ojos viennent ici viser très juste et prouvent encore une fois que ce qu’iels ont dans le ventre est puissant. Toute cette effervescence est bien évidemment accompagnée d’un très chouette clip : valerian7000 s’est attaqué au morceau avec une réalisation captivante façon Windows. Peligrosa nous a bien remué et c’est visiblement loin d’être fini : ce nouveau morceau est annonciateur d’un nouvel EP que l’on découvrira avec grand plaisir dès l’arrivée de l’automne. 

i300 x Gambino La MG – Alysha

Assaisonnée à toutes les sauces depuis son avènement, la drill n’est plus le phénomène de ses débuts, mais est devenue un sous-genre du rap comme un autre, révélant de temps à autre un titre venant se démarquer, comme Alysha, rencontre entre le collectif i300 et une des pointures du genre : Gambino La MG. Un morceau débordant d’énergie qui frappe par l’alchimie entre les rappeurs et l’efficacité de ses gimmicks. A l’image du clip réalisé par Orvs et des codes de la drill, la collaboration ambiance, sans oublier d’apporter une part d’obscurité. Cette dernière est portée à l’écran avec des moments plus « street », entrecoupés de scènes dans une résidence luxueuse ; toutefois, peu importe l’endroit, l’heure est partout à la fête et aux gestuelles remplies d’énergie.

Une connexion réussie qui ne manquera pas d’égayer l’été des amateurs du genre. 

Easy Life, Kevin Abstract – Dear Miss Holloway

Après le succès de life’s a beach, les britanniques d’easy life sont de retour accompagnés de Kevin Abstract pour dévoiler le premier extrait de leur futur album, prévu pour le 12 août. Nommé Dear Miss Holloway, ce titre renoue avec l’ADN de leur musique : des sonorités indie et un timbre de voix léger accompagnent agréablement les histoires qu’ils ont à raconter. 

Cette semaine, c’est celle de Miss Holloway, prétexte pour parler d’un amour impossible, celui qui se déroule dans l’imaginaire mais qui peine à prendre vie dans la réalité. Une sorte de rêve qui prend une forme cartoonesque sous la direction de William Child, avec une légèreté assumée, qui se retrouve donc également dans le visuel, et qui rappelle les douces heures du collège et ses petits mots qui circulent en cachette, contenant parfois les secrets les plus doux. 

Tout ne se passe pas toujours comme prévu, le clip ne l’omet pas non plus, ce qui lui permet de se charger en ironie, donnant un charme indéniable à ce retour d’easy life

Lola Marsh – Love Me On The Phone

Le groupe de Tel-Aviv fondé il y a bientôt dix ans n’a pas pris une ride et nous le fait savoir avec un rafraîchissant retour dans le passé… assez lointain. Dans Love me on the phone, composé par Yael Shoshana Cohen, Gil Landau, Ido Ohayon et produit par Ido Ohayon et Gil Landau, la choré maîtrisée du duo Lola Marsh se déroule sur un plateau de tournage d’un autre temps.

La caméra balaye différents décors, des ébats passionnés de deux amoureux à lunettes à grosses montures planqués derrière le stand habillement, au buffet qui n’a rien à envier aux images du célèbre 70’s dinner party. L’esthétique délicieusement rétro et facétieuse se pare d’une mélodie entraînante et anachronique qui a tout d’une supplique pop… qui vous restera, décidément, longtemps en tête.

Gael Faure – L’oeuvre de nos vies

Dans L’œuvre de nos vies extrait de son nouvel EP L’eau & La peau, Gael Faure nous embarque dans un road-trip dénonciateur où nécessité fait loi.

Réalisé par Kathia Saul, mettant en scène Barbara Kilian et Gael Faure, le clip nous invite à bord d’une voiture 80’s façon 37°2 le matin pour suivre une Betty contemporaine au regard d’acier régler ses comptes à l’ensemble des maux du siècle, assistée d’un Gael à la voix profonde et calme. Nous enjoignant au grand réveil, les deux protagonistes évoluent dans des plans sublimant tour à tour notre addiction aux écrans, l’isolement, le lobby pharmaceutique surpuissant… tous, jetés à bas par une conscience éveillée, dans l’heure d’or des routes de campagne traversées à vive allure.

Les paysages sillonnés font écho aux paroles, autant de mantras à garder précieusement : « C’est devant nous que ça se passe / Maintenant que ça se joue (…) Va falloir commencer par changer tout ça / Peut-être devoir tout repenser / De nos vies, de nos choix ». Vers un salutaire un retour à la terre.

Écran Total – Live session PART I – Track: Écran Total

Voilà deux ans que la pop entêtante et subliminale d’Écran Total nous surprend et nous questionne : de l’hybridation technologique à la place de l’individu dans la société, le propos, toujours, se mâtine de poésie… Le groupe revient avec une live-session chamarrée aux protagonistes masqués, dans une totale ambiance cyberpunk. Le clip, produit par Schaerbeek Love Records et réalisé par Écran Total et Fabien Trotel, s’inspire de Blade Runner 2049. On y retrouve deux personae holographiques évoluant dans une gamme chromatique irisée, nous suggérant une vision de l’avenir entre protection et isolement, et nous interrogeant sur notre devenir cyborg. 5 minutes et quelques d’un basculement dans l’univers futuriste et maîtrisé du groupe, dont on attend impatiemment le passage au Petit Bain le 25 août !