Rencontre avec Jenny Lee et Stella de Warpaint

Après plusieurs années d’absence, Warpaint est revenu sur le devant de la scène début mai avec un quatrième album : Radiate Like This. Un album qui porte définitivement bien son nom, envoyant des vagues d’émotions et de douceur avec un style toujours si distinctif. Nous avons eu le plaisir de nous poser quelques minutes avec Jenny Lee et Stella avant leur passage à La Cigale pour leur poser quelques questions sur ce nouvel album.

Crédit : Charles Gallet

English version below

La Face B : La première question que je pose toujours aux gens est comment allez-vous aujourd’hui ?

Jenny Lee : Bien, peu de sommeil mais bien.

Stella : Très bien.

LFB : Comment vous sentez-vous après la sortie de Radiate Like This ?

Jenny Lee : Je me sens soulagée. Oui, un sentiment de soulagement. Nous avons fait ce disque. Le processus a duré environ trois ans, donc ça fait du bien de le laisser sortir dans le monde. Ouais…

Stella : Ouais. C’est comme transmettre le… comme donner un cadeau à quelqu’un en fait. Comme si maintenant c’était en leur possession, ils peuvent faire ce qu’ils veulent avec. Oh, je connais ce chien !

Jenny Lee : (au chien) Oh Hello !

Stella : On est très distraites ! Ok… C’est comme si vous passiez trois ans à chercher un cadeau pour quelqu’un, un cadeau d’anniversaire, et puis finalement il est là. C’est le moment de le lui donner et tu te dis : « Ok, je peux me détendre maintenant. » C’est en possession de quelqu’un d’autre.

LFB : J’ai une question bizarre, car vous avez dit que vous avez commencé l’album en 2019 ? Avez-vous le sentiment que le COVID a été quelque chose de positif pour vous en tant que groupe, une façon de travailler différemment et de redémarrer le processus avec Warpaint ?

Jenny Lee : Oui, je pense que oui. Je pense que c’était bien d’avoir cet espace. Nous étions toutes dans des endroits différents, différentes villes, différents pays. Et je pense qu’en général le monde s’est arrêté. J’ai l’impression que c’était un temps de réflexion, un temps d’introspection. …. (parlant à un chien) Eh bien, bonjour mon ami… Les choses étaient beaucoup plus calmes. Je ne sais pas. C’était bien pour moi. J’en avais vraiment besoin.

Stella : Ouais, je pense qu’il y avait du positif et du négatif. En général, c’était assez frustrant de ne pas être ensemble lorsque nous avions des décisions créatives à prendre. Donc tout s’est vraiment ralenti. Mais il y a aussi un côté positif à ralentir quand on est épuisées par une tournée. Vous savez, quand il n’y a même pas la possibilité de partir en tournée ou de devoir travailler, tout le reste s’arrête. Donc tu es obligé de réfléchir. Il y a du positif et du négatif, c’est sûr. Sans aucun doute. Le rythme plus lent était le thème dominant.

Jenny Lee : Oui.

LFB : C’est comme si vous aviez eu le temps, en tant que groupe, de créer l’album et de sortir de l’obligation cyclique de faire un album, de le promouvoir, de partir en tournée. C’est comme le Groundhog Day du musicien. Je pense que vous avez eu le temps de, non pas mûrir, mais de penser à ce que vous vouliez faire et c’est tout (rires).

Stella :  Oui, absolument. Ouais.

Oui, je pense que lorsque tu sors de cette sorte de, comme tu l’as dit, relation cyclique avec la promotion, les tournées et les enregistrements, alors tu peux choisir sagement comment recommencer, ou arriver à dire qu’on ne veut pas faire ça ou qu’on préfère faire ça. Maintenant, Emily a un bébé et elle est en tournée avec nous. Donc tu dois juste faire les choses différemment. Et c’est un rythme plus calme, généralement parlant. Et c’est de notre propre initiative. Parce qu’on s’est rendu compte que retourner dans cette sorte de promotion furieuse, cet état d’esprit, n’est pas la chose la plus saine et la plus durable.

LFB : Et donc l’album s’appelle Radiate Like This et je pense que c’est exactement ce qu’il fait. Il envoie des énergies qui ont un impact sur l’auditeur, tout en en créant de nouvelles en lui. Penses-tu que cet album est un moyen d’envoyer des énergies aux gens ?

Jenny Lee : Oui ! Je pense que oui. Je pense que c’est ce qui arrive généralement quand on crée quelque chose, n’importe quel type d’art. C’est aussi ouvert à interprétation, ce qui donne l’impression qu’il s’agit un projet interactif ou, je ne sais pas… comme si tous pouvaient être impliqués aussi. Je veux dire différemment de comment nous avons été impliquées mais, je ne sais pas… Un bel échange d’énergie lumineuse.

Stella : Je pense qu’en général, c’est comme ça que les gens l’ont reçu, ce qui est vraiment bien. C’est agréable de savoir que la couverture et le titre du disque semblent résonner avec les gens d’une manière positive et semblent vraiment correspondre à la musique qui est sur le disque. C’est un sentiment agréable.

Jenny Lee : Oui.

LFB : Et avez-vous pensé au côté mystique et presque médicinal de l’album ?

Stella : Le côté mystique et médicinal de l’album ? Est-ce que nous y avons pensé ? Mmm…

Jenny Lee : Pas jusqu’à maintenant !

Stella : Je dirais que l’album parle de nos propres expériences de vie, de la découverte de la spiritualité, de nos révolutions personnelles et de nos révélations.

Jenny Lee : Et nous avons emmené tout ça sur la table et avons transformé ça en art.

Stella : Oui. Exactement.

LFB : Cet album est aussi plein d’amour, mais d’une manière plutôt ambivalente. Quand on l’écoute, on a l’impression que toutes ses facettes sont traitées ; on a même l’impression par moments que c’est une drogue qui peut vous sauver et vous détruire en même temps.

Jenny Lee : C’est presque comme une drogue ? La musique ?

LFB : Non, l’amour.

Stella : Oh love !

LFB : L’album parle beaucoup d’amour, mais de toutes les facettes de l’amour. Pas seulement les positives mais aussi les négatives…

Jenny Lee : Comme si c’était si intense, les sentiments d’amour. C’est vrai. Tu penses que c’est ça ?

Stella : Est-ce que quelqu’un a dit ça en particulier, c’est comme une citation ?

LFB : Non, c’est mon sentiment. Quand j’écoute l’album, ce n’est pas que l’amour est tout le temps présent dans votre musique, mais d’une certaine manière, dans l’album, il y a une noirceur particulière à l’amour, comme quelque chose qui peut détruire les gens et en même temps les sauver.

Jenny Lee : Tout à fait. Je te comprends. Je veux dire, le cœur brisé.

Stella : Oui comme Hard to Tell You. Ça ressemble à une chanson d’amour, mais ça ressemble à l’autre côté de l’amour ou à une autre partie du continuum, qui pourrait être la douceur. Oui, il y a un côté mélancolique.

LFB : Quelle est votre position sur l’amour à ce stade ?

Jenny Lee : Où en sommes-nous avec l’amour ? Mm…

Stella : Ca fait tourner le monde.

Jenny Lee : Ouais, c’est vrai.

LFB : Pour moi, chaque album de Warpaint a une humeur spécifique, celui-ci aussi. Quelle était pour vous l’humeur lorsque vous avez créé Radiate Like This ?

Jenny Lee : Quand nous avons créé l’album ? Il y avait beaucoup beaucoup beaucoup d’humeurs ! (rires)

Stella : Et même beaucoup d’humeurs dans chacune d’entre elles (rires).

Jenny Lee : Des subdivisions d’humeurs.

Stella : Même dans une seule chanson, il y a parfois plusieurs humeurs, tu sais.

Jenny Lee : Nos quatre humeurs aussi.

LFB : C’est une combinaison…

Stella : Oui.

Jenny Lee : Nous vivons en monarchie ! Non, en matriarcat en fait (les deux rient).

LFB : Avez-vous le sentiment d’avoir atteint une certaine maturité avec cet album ? Et de quelle manière vos autres projets, à côté de Warpaint dans la vie, l’ont-ils nourri ?

Jenny Lee : Comme si d’autres projets extérieurs y avaient contribué ? Oui, je pense que oui. Je pense qu’il est important pour nous toutes, en tant qu’individus, d’exercer notre créativité, notre voix et notre vision par nous-mêmes, au moins pour l’avoir, je ne sais pas…

Je veux dire, ce n’est pas nécessaire, mais je pense que lorsque ça arrive, lorsque nous nous mettons autour de la table, j’ai l’impression que nous sommes moins enclines à contrôler la situation et à laisser les choses se dérouler naturellement. Je ne sais pas, c’est moi personnellement. Si je fais sortir ma voix ailleurs, je me sens plus ouverte à l’idée d’être dans un groupe et de collaborer avec d’autres personnes.

Stella : Oui, je pense que si tu es capable de te satisfaire, dans ta vie en dehors du groupe, que ce soit dans tes amitiés, tes relations, ta vie créative en dehors du groupe, alors tu arrives dans le groupe comme une personne plus heureuse. Et je pense que c’est une chose vraiment utile en général, comme travailler sur soi et s’assurer que l’on prend soin de soi et que l’on est heureuse. Tu essaies de mener une vie équilibrée. Tu peux parfois arriver dans le groupe, et ça peut parfois être une situation stressante ou complexe. Et il suffit de l’aborder avec un peu plus de légèreté et un peu plus d’ouverture en général.

LFB : Et donc tu penses que c’est comme l’album de la maturité de Warpaint ?

Stella : Oui, peut-être.

Jenny Lee : Tu sais, en ce moment, oui, je dirais que nous sommes les plus matures que nous ayons été. Je ne sais pas si nous sommes les plus matures que nous serons, mais nous sommes les plus matures à ce jour ! (rires)

LFB : Warpaint a presque 20 ans, quel regard portez-vous sur cette aventure ?

Jenny Lee : Je dirais que ça a été wild. C’était une aventure folle. Et je pense aussi que cela semble tellement naturel à ce stade. J’ai l’impression que nous avons vécu tellement de choses ensemble. On s’est aussi élevées physiquement l’une l’autre et on a appris beaucoup de choses sur nous-mêmes, sur l’autre, sur les relations qui… Ouais, c’est comme si c’était mes bras, tu sais, c’est comme…

Stella : Ca fait partie de toi.

Jenny Lee : C’est une partie de moi, exactement.

Stella : Tu en es reconnaissante.

Jenny Lee : Oui, absolument. J’en suis très, très, très reconnaissante.

Stella : Tu es reconnaissante pour tes bras.

Jenny Lee : J’ai besoin de mes bras, ils sont utiles…

LFB : En France, nous parlons beaucoup du patriarcat, de la masculinité toxique dans la musique. En tant que groupe de femmes, avez-vous vu une évolution depuis le jour où vous vous êtes formées ?

Stella : Oui, définitivement une évolution. Je pense que la visibilité est la principale différence, mais aussi les conversations que les gens ont. Quand nous avons commencé, du moins quand j’ai commencé à jouer dans le groupe, et que nous avons commencé à tourner dans le monde entier, chaque interview était : « Qu’est-ce que ça fait d’être dans un groupe de filles ? » et « Qu’est-ce que ça fait d’être une femme musicienne ? ».

J’ai l’impression que c’est moins nouveau maintenant, et que c’est moins important, parce qu’il y a tellement d’artistes féminines étonnantes, de groupes féminins ou d’artistes féminines vraiment fortes qui dominent le monde de la musique, qui ne sont plus une jolie nouveauté. Et donc c’est moins un gadget, pour les journalistes en particulier.

Les questions sont plus en phase avec ce que l’on se demande aujourd’hui, par rapport à « qu’est-ce que ça fait d’être une femme qui joue de la guitare ? de la batterie ? ou de la basse ? » et « ça doit être tellement bizarre de jouer dans un groupe avec d’autres femmes ». Tu sais, toutes ces choses semblaient si étrangères à beaucoup de gens, même lorsque nous avons commencé, ou lorsque j’ai commencé à jouer dans le groupe il y a 12 ans.

Maintenant, je pense qu’en général, il y a une plus grande volonté de parler de la complexité de la dynamique sexuelle, du patriarcat et du matriarcat, et de tout ce genre de choses, et de la façon dont ça affecte la culture, et de comment ça a affecté la culture et les gens qui n’avaient pas de voix pour s’exprimer à l’époque.

Maintenant, les femmes sont autorisées à, vous savez, elles peuvent dire ce qu’elles pensent, pas « autorisées » mais je veux dire, il y a plus d’une culture d’honnêteté et …

LFB : …et de respect…

Stella : … et de transparence et de respect ! Parce que les femmes, du moins dans certaines positions, ont la capacité de dire ce qu’elles pensent et de dire qu’elles ont été lésées dans une situation, et à l’époque c’était délicat à bien des égards. Par exemple, une femme qui dénonçait une transgression était traitée de folle ou d’hystérique ou quelque chose comme ça, ou…

Jenny Lee : ou vraiment émotive…

Stella : ou vraiment émotive, du genre ne travaillez pas avec elle, cette actrice ou autre, parce qu’elles sont folles. Et maintenant, c’est comme si c’était moins important. Je suis sûre que c’est encore important, mais je pense qu’il y a plus de conversation. Il y a plus de transparence dans ce monde en général.

LFB : En même temps, en Amérique maintenant, des hommes veulent encore essayer de contrôler le corps des femmes. Il y a encore un long chemin à parcourir…

Stella : On a parfois l’impression de revenir en arrière. C’est très frustrant. Mais je pense que c’est l’Histoire. Elle a toujours évolué par vagues comme ça, parce qu’il n’y a jamais de voix dominante ou d’opinion dominante. Il n’y a jamais un seul groupe politique qui mène la conversation. Ce sont toujours des partis ou des opinions qui s’affrontent.

LFB : J’ai encore deux questions : après cette pause de la scène, ressentez-vous une excitation particulière à l’idée de remonter sur scène avec Warpaint ?

Jenny Lee : Oui, bien sûr. Nous l’avons testé la semaine dernière. On a fait des petits concerts pour des magasins de disques ou autre, pas dans le magasin de disques lui-même mais dans leurs salles, et c’était vraiment bien de jouer pour les gens. Et c’était bien d’être sur scène. Juste se perdre dans la musique.

Stella : Donc c’est le premier vrai concert que nous avons joué en trois ans.

LFB : Et donc, j’ai une dernière question : avez-vous des coups de cœur récents à partager avec nous ? Musique, films, livres… ?

Stella : Je lis en ce moment un très bon livre de Rebecca Solnit intitulé Les Roses d’Orwell. C’est ma recommandation.

Oh et Severance, la série Severance. J’adore.

Jenny Lee : Je ne sais pas. J’essaie de réfléchir. Je n’arrive pas à me creuser la tête pour vous recommander quelque chose.

Stella : Je dirais, en musique le disque de Floating Points/Pharaoh Sanders (Promises,2021). Très bon. Un peu de télé. Un livre. Un peu de lecture…

Jenny Lee : Merci beaucoup pour ton temps. Merci.

English version

La Face B: The first question I always ask people is: how are you today?

Jenny Lee: Good, a bit sleepy but good.

Stella: Very good.

LFB: How do you feel about Radiate Like This being out?

Jenny Lee : I feel relieved. Yeah a sense of relief. It’s been about three years we’ve been making that record, so it feels nice to just let it out into the world. Yeah…

Stella: Yeah. It’s like giving a gift to someone basically. Like now it’s in their possession, they can do whatever they want with it. Oh, I know that dog!

Jenny Lee : (to the dog) Oh Hello!

Stella: We’re very distracted! Okay… It’s like if you spend three years shopping for a gift, a birthday gift, and then finally it’s there. It’s time to give it to them and you’re like, “Okay, I can relax now.” It’s in someone else’s possession.

LFB: I have a weird question, because you said that you started the album in 2019? Do you feel that COVID was something positive for you as a band, a way to work differently and to reboot the process with Warpaint?

Jenny Lee : Yeah, I think so. I think it was nice to have that space. We were all in different places, cities, countries. And I think in general the world pretty much shut down. I feel like that was a time for reflection, an introspective time…. (talking to a dog) Well hellooo my friend… Things were a lot calmer. I don’t know. It was good for me. I definitely needed it.

Stella: Yeah, I think it had its positive and negative aspects. On the whole, it was pretty frustrating to not be with one another when we had creative decisions to make. So everything really did slow down. But there’s also a positive side to slowing down when you’ve been burnt out on tour. You know, when there’s no not even the possibility of going on tour or having to work, like everything else shut down. So you’re forced to reflect. So it’s positives and negatives for sure. Definitely. The slower pace was the dominant theme.

Jenny Lee : Yeah.

LFB: It was like you had time for you as a band to create the album and like get out of the cyclical obligation of : make an album, promote it, tour. It’s like groundhog day for a musician. I think you had the time to, not mature, but think about what you wanted to do and that’s it (laughs)

Stella:  Yeah, absolutely. Yeah.

Yeah, I think when you come out of that kind of, like you said cyclical relationship with promoting and touring and recording, then you can choose wisely how to start up again. Or to say « we don’t want to do this », or « we would prefer to do this ». So now Emily has a baby and she’s on tour with us. So you just have to do things differently. And it’s a calmer pace, generally speaking. And that’s all of our own design. Because we just realised going back into this furious promotional headspace is not the healthiest and most sustainable thing for us.

LFB: The album is called Radiate Like This and I feel it’s exactly what it does. It sends out energies that impact the listener, while creating new ones in them. Do you think of this album as a way to send energies to people?

Jenny Lee: Yeah! I think so. I think that usually happens when you make anything I guess, any kind of art I believe. Also it’s open for interpretation, which feels kind of like almost like an interactive project or I don’t know… feels like you can be involved as well. I mean differently than we were involved but, I don’t know… A nice light energy exchange.

Stella: I think in general, that’s how people have been receiving it, which is really nice. It’s nice to know that the cover and the title of the record seem to resonate with people in some kind of positive way and seem to really match the music that’s on the record, which is a nice feeling.

Jenny Lee : Yeah.

LFB: And have you thought about the mystical and almost medicinal side of the album?

Stella: Mystical and medicinal side of the album? Have we thought about it? Mmm…

Jenny Lee: Not until now!

Stella: I would say the album I think is just sort of about our own experiences of life and discovering spirituality or having personal revolutions and revelations…

Jenny Lee: And bringing them to the table and putting that into the art.

Stella: Yeah. Exactly.

LFB: This album is also full of love, but in a rather ambivalent way. When you listen to it, you have the impression that all its facets are treated. You even have the impression at times that it is perceived almost as a drug that can save and also destroy you at the same time.

Jenny Lee: It’s almost like a drug? The music?

LFB: No, love.

Stella: Oh love!

LFB: The album talks a lot about love, but all the facets of love. Not just the positive ones but also the negative ones…

Jenny Lee: Like it’s so intense, feelings of love. That is true.

Stella: Did somebody said that in particular, it’s like a quote?

LFB: No, it’s my feeling. When I listen to the album, it’s not that love is in your music all the time, but in some way on the album there is a particular darkness to love, like something that can destroy people, and at the same time can save them.

Jenny Lee: Totally. I hear you. I mean, break your heart.

Stella: Yeah, like Hard to Tell You – it feels like a love song but it feels like the other side of love, or another part of the continuum, which might be like, sweetness or I don’t know. Yeah, there’s a melancholy side to it.

LFB: And where do you stand with love at this point?

Jenny Lee: Where do we stand with love? Mm…

Stella: It makes the world go round.

Jenny Lee: Yeah, it does.

LFB: For me each album of Warpaint has a specific mood, this one too. What was for you the mood when you created Radiate Like This?

Jenny Lee: When we created the album? There were many many many moods! (laughs)

Stella: Even many moods within each (laughs).

Jenny Lee: Subdivision moods.

Stella: Even in a single song there are sometimes multiple moods, you know.

Jenny Lee: All four of our moods as well.

LFB: It’s a combination…

Stella: Yeah yeah yeah.

Jenny Lee: We live in monarchy! No, matriarchy really (both laugh).

LFB: Do you feel that you have reached a certain maturity with this album? And in what way did your other projects, beside Warpaint, feed it?

Jenny Lee: Like did other outside projects contribute to the band? Yeah, I think so. I think it’s important for all of us as individuals to exercise our creativity and our voice and our vision on our own, at least to have it, I don’t know…

I mean, it’s not necessary, but I think that when it happens, when we come to the table, I feel like we’re less inclined to control the situation and sort of let things unfold in a natural way. I don’t know, that’s me personally. If I’m getting my juju out somewhere else, I’d feel more open to be in a group setting and collaborating with other people.

Stella: Yeah, I think if you’re able to just satisfy yourself, in your life outside of the band, whether it’s through your friendships, your relationships, your creative life that’s outside of the band, then you come into the situation a happier person. And I think that’s a really helpful thing just in general, like, working on yourself and making sure that you’re taking care of yourself and that you’re happy. You’re trying to lead a balanced life. Then you can come into the band, which can sometimes be a stressful or complex situation, and just approach it with a little more lightness and a little more openness in general.

LFB: And so, do you think it’s Warpaint’s maturity album?

Stella: Yeah, maybe.

Jenny Lee: You know, at this moment, yeah, I would say that we are the most mature that we have been. I don’t know if we’re the most mature that we will be, but we are the most mature to date! (laughs)

LFB: Warpaint is almost 20 years old, how do you look back on this adventure?

Jenny Lee: I would say it’s been wild. It’s been a wild adventure. And also I think it just feels so natural at this point. I feel like we’ve just been with each other through so much. We’ve also physically raised each other in ways and we’ve learned a lot about ourselves about each other about relationships that… Yeah, it just feels like my arms you know, it’s like…

Stella: It’s part of you.

Jenny Lee: It’s part of me exactly.

Stella: You’re grateful for it.

Jenny Lee: Yeah, absolutely. I’m very, very, very grateful for it.

Stella: So grateful for your arms.

Jenny Lee: So like I need I my arms, they’re useful.

LFB: In France we talk a lot about patriarchy, about the toxic masculinity experienced in music as a women’s group. Have you witnessed an evolution since the day you’ve first started playing?

Stella: Yeah, definitely an evolution. I think visibility is the main difference but also just conversations that people are having. When we started – or at least when I started playing in the band, and we started touring around the world, every interview was: “how does it feel to be in a girl band?” and “how does it feel to be a female musician?”.

I feel like that’s a lesser novelty now, and it’s less of a big deal, because there are so many amazing female artists or female bands or really strong female artists that are dominating the world of music, that are not just this cute novelty anymore. And so it’s less of a gimmick, to journalists especially.

The questions are more in line with what you’re asking these days, versus “how does it feel to be a woman playing guitar? playing the drums? or playing bass?” and “must be so weird to be playing in a band with other women”. You know, all that stuff felt like so foreign to a lot of people, even when we started, or when I started playing in the band 12 years ago.

Now, I just think in general, there’s more of a willingness to talk about the complexity of sexual dynamics and the patriarchy and the matriarchy, and all that kind of stuff, and how it affects culture and how it has affected culture and how it affected people who didn’t have a voice to speak up back in the days. Now women are allowed to, you know, they can speak their mind, not “allowed” but I mean, there’s more of a culture of honesty and …

LFB: …and respect…

Stella:  … and transparency and respect! Because women, at least in certain positions, have the ability to speak their mind and to say that they’ve been wronged in a situation, and back in the day that was sensitive in many ways. Like a woman who would speak out against any kind of transgression would then be called crazy or hysterical or something like that, or…

Jenny Lee: or really emotional…

Stella: or really emotional, like don’t work with her, that actress or whatever, because they’re crazy. And now that’s just like, it feels like it’s less of a thing. I’m sure it’s still prominent, but I think there’s more of a conversation. There’s more transparency in that world in general.

LFB: At the same time in America now, old men still want to try to control women’s bodies. There’s still a long way to go…

Stella: It feels like we’re going backwards sometimes. It’s very frustrating. But I think that’s History. It’s always moved in waves like that, because there’s never any dominant voice or dominant opinion. There’s never just one political group that’s leading the conversation. It’s always warring parties or warring opinions.

LFB: I have two more questions: after this break from the live scene, do you feel any particular excitement to be back on stage with Warpaint?

Jenny Lee: Yeah, for sure. We’ve been testing it out for the last week. We’ve had smaller shows for record shops, or whatever, not in the record store but in their venues, and it’s been really nice to play for people. It’s been nice to be on stage, and to just get lost in the music.

Stella: So that’s the first real proper show that we’ve played in three years.

LFB: And so I have a final question: do you have any recent favourites to share with us? Music, movies, books…?

Stella: I’m reading a very good book at the moment by Rebecca Solnit called Orwell’s Roses. That would be my recommendation.

Oh and Severance, the show Severance. Love that.

Jenny Lee: I don’t know. I’m trying to think. I can’t rack my brain right now for any recommendation.

Stella: I’ll say musicwise the Floating points/Pharaoh Sanders record (Promises,2021). Very good one. A bit of TV. A book. A bit of reading…

Jenny Lee: Thank you so much for your time. Thank you.

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