Les clips de la semaine #123 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de la sélection numéro 123 des clips de la semaine.

CORPS – DÉFONCÉ

Le mois prochain, CARNIVORE, le premier album de CORPS, fêtera son premier anniversaire. Le garçon le plus DÉFONCÉ de la pop française a donc décidé de marquer le coup et reviens nous hanter avec un clip pour l’un des titres les plus fort de son album.

DÉFONCÉ c’est une plongée cauchemardesque dans l’esprit et les fantasmes d’un être à part. Tout ici est voué à la provocation, au choc et à la sidération. Un titre brutal, une production qui nous bouscule et une histoire où l’amour et la violence se mêlent pour notre plus grand malaise. Comme dans des montagnes russes, CORPS nous entraine au cœur de l’horreur, de ce personnage qui semble avoir perdu tout goût à vivre et qui décide de plonger son existence dans l’horreur, et potentiellement dans le mensonge.

Logique alors que la caméra de Marion CASTERA nous entraine dans un commissariat de police, en pleine garde à vue. Ici, CORPS raconte, explique, possède l’histoire qui se déroule, les mots prennent leur ampleur grâce au calme relatif de ce que la caméra montre et une danse de possession agit alors entre le « criminel » et les policiers qui lui font passe. Les mots de la confession glisse sur l’écran et nous percutent plus que des images avant que le tout ne bascule dans la folie la plus pure.

On vous laisse découvrir tout cela, en espérant que cette fois youtube n’aille pas censurer le tout.

Concernant CARNIVORE, il est enfin disponible en vinyle et vous pouvez le commander par ici.

BOLIVARD – JE DANSE

Lui aussi nous avait pas mal manqué, Bolivard le garçon en noir et blanc est de retour avec un titre qui nous prévient sur ses intentions : Je Danse.

Enfin c’est ce qu’on pourrait penser au premier abord, mais ça serait mal connaitre le héros de chez Cookie Records. Avec sa tête de droopy perdu au cœur de la vie, Bolivard nous fait danser sur le fait de ne pas aimer danser. Et comme on le comprend, notamment cette aversion à peine masquée des boites de nuit. Alors pour faire passer la pilule et s’échapper d’une situation intenable, Bolivard se noie dans son whisky et part enflammer le dancefloor.

Au diable les soucis, le regard des autres et nos propres blocages, l’auteur de La Vie fait une nouvelle fois mouche avec sa guitare imparable, ses rythmes fous et son humour tout en finesse. Parce qu’au fond, on est un peu tous comme Bolivard et on se retrouve avec bonheur dans ce superbe titre et son illustration visuelle.

Au coeur d’un club hors du temps, Antoine Waterkeyn filme cette soirée entre réalité étrange et onirisme bienvenue. On suit les aventures de notre musicien favori, entre rêve, cauchemar, double classe et jolie fille qui ne le regarde pas. On plonge dans cette soirée qui devient de plus en plus fou et par conséquent de plus en plus folle.

Alors si toi aussi tu es le roi des roulades éthyliques, viens danser avec Bolivard et nous.

P’tit Belliveau – RRSP/Grosse Pièce

Ca y est, notre héros d’Acadie a enfin dévoilé son nouvel album. P’tit Belliveau a dévoilé ce vendredi son album, un homme et son piano, et c’est tout ce qu’on esperait, voir même bien plus que ça.

Une plongée dans l’a tête d’un garçon qui mélange tout avec bonheur, qui rêve, qui rit, qui danse, qui pleure et qui nous fait ressentir tout cela. La preuve avec ce morceau en deux partie RRSP/Grosse Pièce. Entre la country, le rock, la disco, le rap et la pop aux envolées lyriques, P’tit Belliveau ne choisit rien et c’est ça qui est bien. On se retrouve avec un sourire d’une oreille à l’autre alors que notre tête ne peut s’empêcher de remuer frénétiquement, à l’écoute des petites histoires toutes simples de ce garçon pas comme les autres.

Et pour accompagner ce morceau en deux temps, Vincent Bilodeau nous offre un clip animé en deux temps, d’abord dans le quotidien calme et redondant de notre héros qui va changer complètement lors de la rencontre avec un génie. Entre la construction d’une lampe géante et une envolée à dos de chien géant, l’innatendu et le rêve prennent la place du calme et de la réalité et nous entraine dans un monde remplit d’étoiles.
Typiquement tout ce dont on a besoin en ce moment.

Sonbest – Blow

Le vent de fraîcheur qui s’abat sur le rap francophone depuis ces derniers mois ne semble pas s’estomper. Au contraire, il ne fait que s’intensifier, prenant peu à peu des allures de tornade que les plus férus diggers semblaient avoir préparés. Dans ce marasme de nouveaux rappeurs aux esthétiques et flows aussi variés que travaillés, cette dernière semaine aura été celle de la sortie d’Immersion II projet de Sonbest qui se clôture avec fracas sur Blow. Un morceau où les mélodies effrénées du rappeur viennent se confondre aux 808 grésillantes d’Amnezzia. Une saturation qui se retrouve à l’écran dans une réalisation signée SwimTheDog qui s’est donné sur le montage et les effets visuels pour retranscrire avec minutie l’ambiance du titre. Dynamique, envoûtant, psychédélique, il ne manque pas d’adjectifs pour qualifier ce clip. Encore une belle porte ouverte dans l’univers de Sonbest qui commence à prendre une direction plus qu’intéressante, aussi bien dans ses visuels que dans ses choix musicaux. 

Nicolas Maury – Prémices

Nicolas Maury se fait poète, chanteur, avec Prémices, dont le titre fait un écho aux débuts musicaux de l’acteur. Sur le plan musical Nicolas Maury s’entremêle à Olivier Marguerit, qui compose Prémices, comme il avait pu le faire pour les musiques du film Garçon chiffon de Nicolas Maury. Si ce film en question évoquait un amour passionné, possessif, cette fois-ci c’est un amour doux, songeur et apaisé qui est évoqué.

Un désir aux frontières du mystique, du mystère et de l’invisible à entendre cette phrase de l’auteur : “Une chanson d’assoiffé de l’amour et ce qu’il contient d’impressions toujours recommencées d’éternité”. Alors, pour donner corps à cela, il y a une musique tout en rondeurs avec un piano, des violons qui nous élèvent, accompagnés d’une mélodie répétitive et rassurante.

Quant au texte, bien que Nicolas Maury évoque une prison, c’est en prisonnier délibéré, volontaire, qu’il se fait. Car il est question d’une évidence dans une rencontre, des retrouvailles : “Où étais-tu passé ? Ça fait tellement longtemps, que je te cherche partout, mon délicieux amant”. Un amour qui (nous) grandit : “Je sens quelque chose en moi, pousser comme une fleur, arrose- moi de ta voix et viens cueillir mon coeur.” En somme, les prémices d’un bel amour qui fleurit déjà sous la caméra de GIANT. Le clip est une mise en abyme de l’acteur en chanteur.

Comme le symbole d’une transformation, d’une concrétisation. Alors, dans une image lumineuse en noir et blanc, on aperçoit Nicolas Maury interpréter sa chanson, entrecoupé de moments de douceur, de tendresse et d’amour. Des larmes de perles coulent sur nos joues tant ce projet est à la fois précieux et merveilleux. 

Lesram Ft Alpha Wann – Rotation

Au début de la dernière décennie, Paris abritait une multitude de collectifs de rappeurs. Après une arrivée en groupe, ils se séparent souvent, affinant chacun de leur côté le style de rap qui leur sied le mieux pour être encore plus fort une fois qu’ils se retrouvent pour partager le micro. Si les « grands frères de L’Entourage ont accompagné les débuts d’un autre collectif, celui du Panama Bende, c’était avec le cœur mais aussi les oreilles. Les années sont passées et pourtant, le respect reste mutuel, en témoigne cette récente collaboration entre Lesram (ex-Panama Bende) et Alpha Wann (ex-L’Entourage, ex-1995). Rotation c’est la rencontre de deux fin techniciens, deux amoureux du rap et de ses rimes mais aussi de deux hommes qui savent user de leur alchimie pour raconter ce qu’ils observent de leur deux yeux. Brut, authentique, un rap qui ne fait pas de détour et touche le centre de la cible du premier coup. A l’image du lifestyle des deux artistes, le clip de NATAS3000 se déroule entre le Pré-Saint-Gervais, secteur de Lesram et le quatorzième arrondissement de Paris cher à Alpha Wann. Si cette collaboration ne devait tenir qu’en une phrase ça sera celle-ci :

« Rapper avec nous, suicide »

Personne ne pourra dire qu’il n’a pas été prévenu. 

ADA ODA – NIENTE DA OFFRIRE

Est-ce qu’on a besoin de comprendre un titre pour l’apprécier ? Chez La Face B, on pense que non. La musique c’est une affaire d’émotions, d’intentions et d’échanges entre l’auditeur et l’artiste. Et à ce petit jeu, Ada Oda a clairement tout bon !

On ne parle pas un mot d’italien mais l’énergie du groupe belge (et oui, tout cela vire au kamouloux européen) est si immédiatement accessible et réjouissante qu’on ne voit aucune raison pour ne pas se plonger à pleine tête dedans. Une basse folle, un côté lumineux qui frappe le cœur, un chant frondeur et possédé et tout cela nous donne un post punk solaire qui nous rappelle très clairement les regrettés CSS.

Pour accompagner Niente Da Offrire, Colin Doner fait retomber le groupe en enfance et les entraine dans une aire de jeux pour un grand moment de non sens, d’humour et d’amour. On regarde ces adultes au milieu de ces jeux d’enfants et on les envie clairement, une pulsion assez dingue nous prenant de plonger dans l’écran pour aller les rejoindre, secouer la tête, danser et vivre aux eux.

Ada Oda, probablement notre futur groupe préféré de 2022.

Djado Mado – Sous la pluie

Écrire des articles, diffuser de l’information c’est bien, mais concrétisé tout ça dans la vraie vie c’est encore mieux. Fort de sa jeune expérience, le média Cul7ure s’est vite émancipé de la sphère internet. Premièrement avec Osmoze, un magazine papier, riche par sa direction artistique bien dans son époque et des articles de fond alliant la nouveauté et à la riche histoire du rap. Ce qui, au final, résume assez bien la ligne éditoriale du média. Cette dernière va prendre vie sur Seta, future mixtape initiée par l’équipe de Cul7ure. En guise d’avant-bouche a été dévoilé cette semaine un premier extrait, Sous la pluie de Djado Mado et pour l’accompagner, un visuel signé Jody a été dévoilé. Un rendu en noir et blanc qui accompagne parfaitement la mélancolie émanant du récit véhiculé par le rappeur. Une symbiose qui lance le grand départ d’une nouvelle aventure pour un média qui, pour sûr, ne s’arrêtera pas de si tôt de propager sa passion pour cette Cul7ure.

GGGOLDDD – Spring

GGGOLDDD ne cesse de nous surprendre. Après l’excellent Why Aren’t You Laughing (2019) les voilà de retour avec leur nouvel album This Shame Should Not Be Mine, paru le 1er avril chez Artoffact Records. Focus sur le dernier clip, Spring. Le morceau s’ouvre sur les mots « I didn’t see it coming ». Endormie sur un lit qui ressemble à une stèle mortuaire, parée de fleurs et vêtue d’une longue robe blanche, une jeune femme semble attendre. Les saisons passent, la végétation change. Rien ne se passe. Jusqu’à son réveil et ses grands yeux bleus qui nous fixent. La voix envoûtante de l’artiste se pare de synthétiseurs pour une montée explosive, où les guitares témoignent de l’urgence de vivre.

A travers ce clip, et plus généralement l’album, le groupe néerlandais revient sur l’agression sexuelle subie par la chanteuse, Milena Eva, il y a de ça plusieurs années. Ce morceau témoigne de son état émotionnel juste après le viol et elle en parle très bien sur les réseaux sociaux ; cet état de choc, réaliser que le monde continue d’avancer, qu’il se passe un cataclysme mais juste en soi, que personne ne le voit. Spring arrive comme un soulagement, un besoin de panser ses plaies. Cette vidéo rappelle La Belle au bois dormant, ce conte de fées où la princesse attend désespérément qu’un beau prince vienne la réveiller. GGGOLDDD fait un beau pied de nez aux stéréotypes patriarcaux et rappelle qu’un baiser doit toujours être consenti.

Un disque fort et émouvant qui traite de reconstruction et de résilience. Comment poser les mots sur un tel traumatisme et affronter la réalité. Cette prise de conscience se fait pour l’artiste pendant le confinement, un moment où il est impossible d’échapper à son passé. C’est ainsi que ce disque est né. Aujourd’hui, Milena Eva pose en armure sur la pochette de l’album, une manière de révéler ses failles et leurs poids.Bouleversant.

Blanche Dezert & Thomas Baignères – Neptune

Dans une ambiance néo-gothique, Blanche Dezert et Thomas Baignères,en featuring sur le nouveau titre de Blanche & The Wolves Neptune, incarnent un duo flamboyant. Sur fond de mélodie obsédante, cet hymne rock francophone et retro déploie une énergie libératoire… La diaphane Blanche et le dandy un tantinet vampire Thomas Baignères déambulent tantôt sous l’éclat crépusculaire d’une lune pleine, tantôt dans une fête dionysiaque battant son plein dans une église. La mise en images, réalisée par Lucas Hauchard et Léonard Porche assistés de Merlin Ferret, n’est pas sans rappeler La nuit du chasseur de Charles Laughton, où deux enfants perdus tentent d’échapper à leur sombre destin dans une nature tantôt salvatrice, tantôt maléfique… Les autres protagonistes,  pris dans un bal déchaîné d’inspiration cabaret et performés par différents acteurs dont Nicolas Ullmann, Guillaume Nothin ou encore Houria Yahi, achèvent de composer une pièce rock’n’roll maîtresse, à découvrir d’urgence…

Sessa – Gostar do Mundo

Sessa nous invite à la méditation avec Gostar do Mundo. Le titre annonce Estrela Acesa, album qui sortira le 24 juin. Le moment parfait pour vous languir à l’ombre d’un arbre, la mélodie douce de Sessa dans les oreilles, afin de se réfugier de la chaleur estivale. Sessa est un musicien brésilien, sa musique est empreinte de la culture musicale brésilienne mais également d’une esthétique beaucoup plus contemporaine. La poésie de ses paroles chanté en portugais nous transporte dans une dimension apaisée où l’on profite d’un monde où il n’y a que du positif.Le clip accompagnant le morceau a une dimension plastique, avec du relief apporté par le grain d’un papier rugueux ou de de l’effet pastel utilisé pour recouvrir de dessin la vidéo de base. Vidéo à l’effet vintage où Sessa est accompagné de sa guitare recouvert d’effets et de graphismes au style enfantin.Gostar do Mundo est une invitation à prendre la vie du bon côté, où l’amour seul à régner. 

Lous and The Yakuza – Kisé

Le retour de Lous and The Yakuza était tant attendu, au point de se demander qui s’est ? Car il faut avouer que la rappeuse nous a conquis en 2019 avec Dilemme, puis en 2020 avec la sortie de Gore. Cette fois-ci il est encore question de conquête avec le titre Kisé. L’artiste déclame : “Pas que le soir, on finisse dans le tracca

T’es mon territoire, faudra s’battre pour t’avoir.” Lous and The Yakuza évoque son rapport aux autres, à la confiance et presque au pouvoir. Le rythme est autant entraînant que puissant. A l’instar d’un clip réalisé par Wendy Morgan, qui nous plonge dans des nuits chaudes et urbaines. Lous and The Yakuza sera le 4 juin au festival We Love Green

Ko Shin Moon feat Cem Köklükaya – Eski Dostum

Le duo Ko Shin Moon nous avait habitués à nous faire voyager aux quatre coins du grand Orient. Cette fois-ci, on pose nos valises sur les plaines d’Anatolie avec le titre Eski Dostum, en collaboration avec l’artiste turc Cem Köklükaya. Un musicien que l’on connaît entre autres pour sa participation musicale au film Djam de Tony Galtif. Fidèle à son univers artistique, Ko Shin Moon, en particulier Axel Moon, crée une atmosphère digne des années 1970-1980 avec un clip réalisé avec un fond vert, sur lequel des motifs psychédéliques sont projetés. Un aspect qui colle aux influences musicales du groupe. Eski Dostum est un bonbon acidulé, voire acide tout court, nous plongeant dans un état de transe par ses guitares psychédélique et ses rythmes répétitifs tels des mantras. Sensation garantie ou remboursée.