Les clips de la semaine #102 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face a vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la seconde partie de la sélection numéro cent deux des clips de la semaine.

Abel – Comme jeté à la mer

On ne va pas se mentir, on jette toujours une oreille intéressée aux artistes d’Un Plan Simple. Il y a quelque chose de rarement décevant chez le label parisien qui offre une approche de la musique comme on l’aime : diverse et presque romantique, qui laisse la part belle à de vrais propositions musicales.

On n’allait donc pas manquer la naissance d’Abel, petit nouveau de même pas 20 ans qui dévoilait cette semaine son premier titre, Comme jeté à la mer.

Comme beaucoup de ces contemporains, le jeune homme vit dans le doute d’un monde où l’avenir est de plus en plus flou. Avec ce premier titre Abel couche ses peurs pour mieux les dompter.

Il y fait état de d’une sensation étouffante qui va et qui vient, des sentiments d’abandons et de vide et des échos extérieurs qui ne rassurent rien.

Mais malgré tout, il ne cède pas à la fatalité et continue de chercher encore et encore cette lumière qui brisera la nuit. (et qu’il semble avoir trouvé avec la musique)

Visuellement, Vittorio Bettini sublime ces sentiments de solitude et d’abandon en plaçant Abel au coeur de la mer, celle qui l’effraie et qu’il utilise de manière métaphorique. Dans des décors sublimes, le garçon semble se faire face et affronte ses peurs comme pour s’offrir une seconde naissance.

La suite s’annonce belle et on suivra l’histoire d’Abel avec beaucoup d’intérêt.

Tedax Max – Sirènes

À l’image de ses deux projets sortis cette année, le lyonnais Tedax Max est en forme olympique. Cette semaine, il est venu rappeler que Forme Olympique : Middle Season est toujours disponible en sortant le visuel d’un de ces titres : Sirènes. Pour se faire, il a confié la réalisation de ce clip à Boris Stakhanov avec qui il a l’habitude de collaborer.

C’est dans l’obscurité nocturne que le futur roi du 69 évolue, capuche et casquette sur la tête, il se fait discret mais frappe fort avec un rap chirurgical et un art de la punchline singulier. Sans en faire de trop, il fait le job tout en amenant une nonchalance se dégageant de son attitude face à la caméra, donnant l’impression que pour lui, c’est trop facile.

Arrivant parfaitement à faire le pont entre plusieurs générations d’auditeurs de rap, la musique du lyonnais devrait continuer son expansion, faisant de Tedax Max l’une des sensations de cette année et des années à venir. 

Théophile – OATE

Derrière le titre OATE se cache l’acronyme : On A Tous Envie. Théophile nous invite à lâcher prise à suivre tant nos envies que nos besoins. Faisant suite et clôturant une trilogie formée des titres Jamais Jamais et Illusions,OATEest un titre à la fois profond, sincère et dansant. Pour comprendre cela, il suffit de regarder le clip réalisé par SEB & HUGO : on suit la journée d’un danseur assez âgé. Le décalage est tel qu’il renforce l’idée de lâcher-prise, de vivre sa vie qu’importe le regard de l’autre. Il y a un assez léger, naïf et plaisant, qui contraste avec une certaine dureté dans les paroles : “Ils détournent les yeux du ciel. Où flottent les oiseaux sans ailes. Qui découvrent leurs ambitions. Dans la peau d’un p’tit garçon. Chacun doit avoir la chance” On A Tous Envie nous rappelle l’importance si vite oubliée de rester ancré, accroché à l’instant présent; au fait de vivre tout simplement.

Mansfield.TYA – L’Acqua Fresca

Dans la lignée du splendide Auf Wiedersehen, la formation Mansfield.TYA renoue l’alliance avec le réalisateur Nicolas Medy pour conter les amours interdits. Loin des abbayes, mais pourtant toujours dans cette atmosphère médiévale et gothique, on est emmené dans une prison. Quoi de mieux qu’un bagne des amours interdits pour évoquer ses sentiments. Issu du mystique album Monument Ordinaire, le morceau L’Acqua Fresca évoque l’amour pur au point d’en être presque spirituel : “Comme tout est silencieux, Je refais des prières (…) Je vis d’amour” Alors qu’une certaine cruauté est présente dès le début du titre : “J’ai tatoué un couteau, Sur mon biceps droit, Pour découper le ciel, Et égorger les dieux.” L’amour et la violence sont à leur paroxysme. La sensualité et le désir ne sont alors que décuplés à travers le clip. Les corps se caressent, les mains s’approchent des cous avec tendresse, alors que le temps semble figé, porté par le vent et le bruit des vagues. 

Scuffles – Encore plus fort

Parfois, il y a des lieux où on se sent immédiatement chez nous. Et l’appartement de l’héroïne du nouveau clip de Scuffles semble être de ceux là. Entre les photos de Vin Diesel et Paul Walker, la collection de Fast & Furious , le déodorant de Brut et les boules au fromages, ce haut lieu de bon goût semble avoir été entièrement taillé pour nous.

Surtout comme elle, on a tendance à laisser nos apparats de sérieux à l’entrée de chez nous pour enfin devenir nous mêmes et balancer à haut volume Encore plus fort le nouveau single de Scuffles. Parce que le nouveau titre du duo est un parfait banger synth-punk totalement addictif dont on reprend le refrain dès la première écoute.

Un bon gros défouloir comme on les aime et qui nous donne envie de tout casser autour de nous. Peut-être que comme dans le clip, si on dit suffisamment leur nom, le duo débarquera chez nous pour foutre un gros bordel et partir dans une nuit sans fin à base de sueur, de grosse basse qui claque et de fête sans trêve ?

Allez, on tente l’expérience : « Scuffles, Scuffles, Scuffles !« 

Zélie – Sous tes draps

Après une formation de danseuse qui l’aura amené à fouler les planches du conservatoire, Zélie s’est lancée dans une nouvelle aventure musicale. A 19 ans, la jeune artiste à déjà un spectre de compétences artistiques assez large, tout comme ses inspirations qui bien qu’ancrées dans la variété française font le pont entre plusieurs générations d’artistes allant, par exemple de Christophe à Iliona. Alors qu’elle s’est fait connaitre avec une reprise d’un morceau de Jok’air, elle se lance dans le grand bain et dévoile aujourd’hui son troisième titre composé par ses soins et accompagné d’un visuel réalisé par Jeunes Joueurs pour La Sucrerie. De sa voix cristalline, elle envoûte le public. Une atmosphère hypnotique bien reproduite à travers le clip. Visuel dans lequel on peut également la voir danser, une vraie touche à tout !

Hervé – Rodéo

Hyperactif, allant à mille à l’heure dans tous les sens comme sur un Rodéo, le chanteur Hervé nous partage le souvenir de la scène avec son dernier clip. Elle nous avait manquée depuis des mois, voire peut-être plus. Alors, Hervé réalise lui-même son clip enchaînant les instants de concerts et de festivals. Quoi de plus sincère et authentique, à l’image de l’artiste. On aperçoit le musicien grimper, sauter, jouer les bêtes de scène. Coup de poing. L’image colle à la peau du morceau. Il y a quelque chose de bestiale, de sauvage, d’instable et d’insaisissable dansRodéo. A l’instar de l’amour décrit dans les paroles : “Cette vie, c’est pâle, c’est fade, sans toi. J’vaux pas mieux qu’un autre. J’vaux pas mieux qu’ça. J’veux pas mieux qu’toi. Pas juste un rodéo avec ce qu’il reste de nous.”

NAFE – Ivre

C’est le moment de parler élégance et style avec Nafe qui nous conte l’ivresse du love, à travers un flow, une attitude.
Autrice, compositrice et interprète, Nafe nous présente aujourd’hui Ivre, un morceau où l’évocation d’une danse nocturne et d’un amour disparu, les tourments d’une histoire passée qui pavent encore les songes du quotidien viennent accompagner les images si élégantes de l’artiste qui s’oublie et s’enfonce dans l’ivresse du souvenir.

Cette ivresse on la retrouve dans le flow, dans cette voix qu’on absorbe comme une liqueur avant de nous laisser nous évaporer dans l’instru et dans les décors, soleil couchant, néon rouge qui teinte la peau couleur écarlate, et une attitude à faire pâlir l’ivresse elle même.
Nafe envoute par son talent et son style, on en redemande.
Ivre est un petit bijou à écouter et regarder sans modération, aucune.

LA CHICA – 3 & HOY

La Chica nous livre aujourd’hui un clip pour deux morceaux issus de La Loba, son EP si personnel et si touchant qui n’avait pas manqué de nous faire chavirer l’année dernière.
3 est un titre pour son frère, sa soeur et elle même, dans lequel se dessine cette alternance entre tendresse profonde pour un être cher et la violence et le déchirement que provoque le manque, c’est ce clair obscur qui pave le chemin des survivants, l’ombre qui les entourent et les dépassent mais toujours cette lueur bien présente qui les guide vers un lendemain bien meilleur.
Dans le clip on accompagne La Chica dans ce chemin mystique empli d’émotions avant de switcher vers le second morceau Hoy pour une danse de la sororité, aussi magnifique et poignante que le message du morceau dédié à son frère afin qu’il puisse partir en paix, se détacher de cette terre et s’élever dans cette autre dimension qu’est la mort.
Le piano et la voix sublime de La Chica accompagnent ce voyage vers l’autre monde de la plus belle des manières avec une clôture qui prend aux tripes avant de laisser place à cette constante aussi vide et pourtant si présente, le silence …

Valoy – Heureux dans la vie

Le musicien Valoy est Heureux dans la vie au point de nous le prouver au travers de son dernier titre. Connu pour être entre autre parolier pour Fishbach, Valoy compose une musique postpunk et électronique sur laquelle il pose avec délicatesse une voix presque mécanique. Le rythme est dansant, nous faisant plonger dans l’univers du musicien, entre dance et cold wave. A l’instar de Dominique A, l’artiste rend hommage à Philippe Pascal dans un premier album dont la sortie est prévu pour décembre.

BRNS – Get Something

À l’occasion de la sortie de leur nouvel album Celluloid Swamp, les Bruxellois de BRNS nous présentent un nouveau clip accompagnant la plage titulaire du disque : Get Something. Un morceau qui en envoie plein la tronche comme ils savent si bien le faire, qui crie pour se faire entendre et qui établit immédiatement l’ambiance d’un opus. Côté image aussi d’ailleurs ça envoie dans une fête foraine psychédélique et presque cauchemardesque par moments, comme un grand huit qui deviendrait fou et qui ne voudrait plus s’arrêter. Ça s’écoute fort et c’est dans la plus pure tradition de BRNS, donc on adore déjà.

Pi Ja Ma – Should I Call U Baby

Qui a dit qu’une rupture ne pouvait pas être tendre ? Avec son nouveau single, Should I Call U Baby, Pi Ja Ma nous montre que dans ce genre de situation, l’amertume n’a vraiment pas lieu d’être.

Quelques mois après la sortie de Bisou qui teasait les prémices d’un futur second album aux couleurs pop et acidulées, l’artiste aux milles et un talents revient avec un morceau dont on arrive déjà plus à se séparer. Avec Should I Call U Baby, Pi Ja Ma chante les idéaux brisés d’une romance qui s’avère vouée à l’échec, le tout sur fond de mélodies rafraîchissantes qui dédramatisent ainsi cet amour déçu.

Dans son clip réalisé par Sharon Hakim, on la retrouve à l’aube, tentant naïvement de joindre celui qui habite ses pensées sans en avoir forcément le mérite. Sans surprise, elle tombe alors sur sa messagerie, encore et encore. L’histoire se poursuit au sein d’un immeuble où chaque habitant vaque à ses occupations et où la vie, malgré ses innombrables tumultes, continue. Une vie au sein de laquelle Pi Ja Ma se mêle, où habillée de son (déjà) iconique costume rose, elle tend vers le lâcher-prise tout en dansant entre bulles de savon et boules à facettes, le sourire aux lèvres.

Et maintenant que ce tube est nôtre, il nous tarde encore plus de découvrir la suite qui s’annonce probablement tout aussi colorée. Vite !

Parcels – theworstthing

Chaque jour qui passe nous rapproche de la sortie du deuxième album de notre boys band Australien favori : Day / Night. Un double album ambitieux et dont les promesse prennent de l’épaisseur à mesure que les singles sont révélés et que l’on découvre les facettes de l’identité de cet opus. Après la pop chantante, la folk dansante et même des passages très progressifs, on part aujourd’hui vers une chanson extrêmement mélancolique, theworstthing, qui fait écho à ce que l’on avait pu connaître avec clockscared il y a déjà quelques années. Un côté plus sérieux et solennel qui reprend les protagonistes qu’on avait découverts dans le clip de somethinggreater. Prequel ? Sequel ? Difficile à dire mais le clin d’œil est là et peut-être que la tracklist saura nous éclairer sur ce point. Toujours est-il que l’impatience grandit et que l’on attend le 5 Novembre prochain avec excitation !

BODEGA – DOERS

STOP! On s’arrête ici.

Terminus et désolé les autres clips de la semaine ! Mais nos lecteurs en veulent pour leur temps de cerveau disponible.

Voici le clip de DOERS  des New-Yorkais BODEGA.

Après leurs albums Endless Scroll (2018) et  Shiny New Model  (2019), ceux qui ont vraisemblablement choisit les nouvelles technologies comme muse et/ou comme cible, ne dérogent pas à la règle, cette fois ci encore. Une main articulée dans des bureaux vides accompagne des sans-visages ne décollant pas de leurs écrans. Ce titre résonne comme une alliance entre éloge et critique de la Big Apple. « This city’s made for the doers. The movers shakers. Not connoisseurs… » Ces nouveaux trublions de la scène Rock made in NYC n’ont pas finit de faire parler d’eux. Tout ce qu’on demande.

Des thématiques contemporaines sur des guitares overdrivées et des lumières vertes à en faire pâlir des BTS audiovisuels. Maintenant qu’on a votre attention, allez mater ça.

Sortie du prochain album  Broken Equipment  le 11 mars.