Les clips de la semaine # 102 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face a vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la première partie de la sélection numéro cent deux des clips de la semaine.

Météo Mirage – Bloqué

On l’attendait, la voilà qui arrive. Cette vague d’effervescence musicale inspirée d’une expérience (presque) commune : le confinement. Il s’agira ensuite de le faire avec talent, et pour le coup Météo Mirage s’engouffre dans la brèche avec brio. Bloqué, c’est évidemment dans un petit appart défraichi, envahie par l’ennui, bouffé par la peur du lendemain même si on a l’impression de vivre un jour sans fin.

Pour l’occasion, le groupe s’essaye à des sonorités qu’on ne lui connaissait pas, avec un titre solaire et dansant porté par une rythmique funk. La voix se fait plus saccadée, bien qu’elle ne perde en rien son sens du drama. Les mots s’étirent toujours au moment opportun, et s’envolent avec classe. Languissantes, désabusées, les paroles se transforment ensuite en un refrain ultra entrainant mené peu à peu par les accents de la basse. Pointe de nostalgie sur rythmique dansante, Météo Mirage est toujours aussi percutant que charmant.

On appréciera d’admirer les cinq gars bloqués cette fois ci sur un tarmac d’avion. Filtre vintage, sous titres rétros, coucher de soleil, ils vaguent chacun dans leur bulle à leurs occupations. Jeux, rasage, alcools, des gestes répétitifs effectués dans le détachement total. Bloqué dans la routine.

Parquet Courts – Homo-Sapiens

Le collectif de Brooklyn a décidé un troisième clip extrait de son septième album Sympathy For Life, sorti ce vendredi 22 octobre. Un choix étonnant tant il n’est pas représentatif de l’ensemble de l’opus et reste dans la lignée des premiers albums : brut et percutant. La piste nous remémore la rage et la folie de la mouvance punk new yorkaise des années 1970. Andrew scande avec mépris la décadence de la pire des espèces : l’humain. Il n’y qu’à observer le bassiste Sean Yeaton déguisé en noble de la French touch du XVIIIe siècle dans ce studio de musique. Un clip très épuré mais une caméra dynamique qui suit l’intensité des riffs de Homo-Sapiens.

La chronique de l’album et l’interview du groupe est à retrouver très prochainement sur La Face B…

BLOWSOM – Médicament 

Après la sortie de son EP 1901 – PART I en juin dernier, et plusieurs live sessions postées sur Instagram qui ont embelli nos journées, BLOWSOM vient de sortir Médicament, son premier morceau en français. 

Tous les ingrédients propres à l’univers de l’artiste sont réunis. Avec des sonorités pop et un rythme entraînant, ce titre ne quitte plus nos écouteurs depuis qu’on l’a découvert. Autant vous dire qu’on est vraiment fan de BLOWSOM

Et que dire du clip ? Toujours avec une approche un peu décalée (et ses fameuses lunette rouges), l’artiste semble tenter de prolonger une relation amoureuse qui est destinée à prendre fin. On le retrouve donc en pique-nique, en balade à moto ou en diner en tête-à-tête avec une peluche qui, bien sûr, reste figée. Face à un tel mutisme, BLOWSOM finit par souffler les bougies et mettre fin à cette histoire. 

Swedish House Mafia – Moth To A Flame 

Après avoir annoncé les dates de leur tournée mondiale (qui passe d’ailleurs par Paris), les Swedish House Mafia ont dévoilé vendredi leur nouvelle collaboration avec The Weekend.  

Teasé depuis quelques semaines, le morceau tient toutes les promesses de ce à quoi on pouvait s’attendre avec cette association. La voix du canadien s’accorde à merveille avec la production électronique entraînante du trio suédois. Plus on écoute ce titre et plus le charme opère. 

Côté clip, c’est toujours Alexander Wessely qui est à la réalisation et il faut dire que l’esthétisme de sa production rejoint celui de ses deux premiers clips sortis en juillet dernier. Les quatre artistes se trouvent confrontés aux personnages indistincts présents dans Its Get Better.  

On se répétera peut être mais vivement la sortie de l’album ! 

Emma Beko – sadguitar_v777.wav

L’artiste Montréalaise Emma Beko poursuit son parcours à mi chemin entre la musique hip-hop et rock. Sur le titre sadguitar_v777.wav elle aborde volontairement une esthétique grunge aux accords de guitares lacérés, et aux lyrics entrechoqués. Dans ce clip, qu’elle a elle-même réalisé, Emma Beko fait le choix de nous plonger dans la dimension intime de son écriture.

Partant d’un écran FaceTime, en passant par des virées entre ami•es, et des extraits vidéos sombres tournés de nuit, elle nous laisse l’opportunité de traverser son environnement et les pensées qui la préoccupent. Le côté DIY assumé de l’image et du montage se fond particulièrement bien dans les thématiques de découverte et d’interrogations sur soi qu’elle exploite ici, comme une conquête multidimensionnelle d’une mélancolie inhérente. 

Robert Robert – Quand je veux je dors

On reste du côté de nos cousins du Canada pour le prochain clip et on retrouve la personne aux deux prénoms : Robert Robert.
Le québécois a dévoilé récemment SILICONE VILLERAY un album sur lequel il associe son sens innée de la rythmique qui tue à des histoires, beaucoup d’histoires.
Et parmi elles, il y a Quand je veux je dors. Une ode à l’oisiveté ? Pas vraiment. Plutôt un combat contre un monde qui cherche à nous broyer, à nous transformer fatalement en ce que nous ne voulons pas être.

Dormir devient alors un acte de rébellion, un moment de paix loin d’un quotidien qui souvent nous saoule, en attendant de trouver une porte de sortie, une place dans ce monde ou l’on se sentira parfaitement bien.

Pour Robert Robert, attention surprise, cela fut la musique. Même si celle-ci ne l’empêche pas de dormir partout et tout le temps, elle lui offre l’opportunité d’être lui même et de voyager. La preuve avec la vidéo qui accompagne le titre en mode carnet de route, où l’on suit le band en tournée un peu partout, entre concerts, bêtises enfantines et … sommeil.

Avec ce titre, Robert Robert nous offre le petit bonbon idéal pour contrer la déprime et le froid automnal. On l’écoute et on se laisse envahir par sa douce chaleur, laissant parfois le sommeil nous emporter avec lui.

Car comme l’artiste nous le dit si bien : le sommeil c’est la santé.

Sopico – Tout va bien (Ou presque)

Après les cascades en altitude de Slide, Sopico a voulu se lancer un nouveau challenge dans sa nouvelle réalisation vidéo. Mais comme le titre le laisse présager, tout ne s’est pas passé comme prévu et en ressort ce visuel sous forme de making-off racontant les péripéties de l’artiste aux 1000 guitares. Car oui après les vibes électriques et sombres de Slide, le morceau Tout va bien est bien plus doux et acoustique, il a donc pris une autre guitare qui donne un grain collant avec ce qu’il voulait proposer. Sur la ballade acoustique proposée par Sopico, défilent les images et explications de ce qui devait être le tournage du clip associé au morceau. Finalement, il en résulte un moment de sincérité où l’artiste parle et montre directement à son public comment il peut travailler ses visuels. A travers ces moments de travail, on peut voir combien il est investi et pointilleux dans son art, ce qui se ressent dans son récent album, Nuages.

Animal Collective – Prester John

Le retour événement de la semaine a un nom qui commence par un A… et ne vient pas de Belgique.
En effet, après cinq ans d’attente, et des beaucoup de spéculations, les américains d’Animal Collective annonce enfin la sortie de leur nouvel album studio, Time Skiffs, pour le mois de février prochain.

Pour célébrer cela comme il se doit, le quatuor en profite pour nous offrir un premier single merveilleux, Prester John. Comme toujours, on se laisse embarquer en une seconde dans les ambiances classieuses et oniriques d’Animal Collective. Un morceau de plus de 6 minutes, doux et planant, porté par des harmonies vocales assez dingues et une vibe qui nous offre le trip merveilleux qu’on espérait de la part du groupe.

Pour accompagner le morceau, Jason Lester nous entraine avec le groupe dans une forêt faite de merveilles en mouvement, ou les couleurs et les textures sont en mouvement permanents. On y voit des rappels colorimétriques aux quatre éléments ainsi qu’un certain rendu visuel du bon gros trip sous acide, le tout en parfaite adéquation avec les émotions véhiculées par le morceau.

Un retour en fanfare pour Animal Collective qui depuis bientôt 20 ans continue de sublimer et de surprendre au cœur de la scène indépendante américaine.

La Fève – Mauvais Payeur

Les plus avertis des auditeurs de rap auront déjà pu entendre l’aisance et le flegme de La Fève sur son projet en commun avec le producteur Kosei. Jusque là rattaché à une scène dite « underground », son nom circule de plus en plus et une attente autour de lui commence à se créer. Finalement, cette dernière fut bénéfique, à la sortie de Mauvais Payeur nombre d’auditeurs étaient au rendez-vous, curieux de savoir ce que ce jeune rappeur fougueux allait leur proposer.

Du clip de Walone à l’instrumentale de Demna en passant évidemment par la performance du rappeur, autant dire que ça vole haut ! Ce qui frappe directement c’est son attitude, assis ou debout sa nonchalance est au rendez-vous donnant une impression de facilité à un rap pourtant plus que complexe. Malgré le noir et blanc de l’image, La Fève arrive à crever l’écran en variant les flows et les gestuelles avec une maitrise déroutante.

Un single et un clip qui apparaissent sûrement comme le début d’une ascension qui risque bien d’être fulgurante, mais de toute façon ce n’est pas à lui qu’il faut le dire : 
« Nouveau che-ri, ancien mauvais payeurPas de frayeur, mes G savent que j’suis le meilleur (bounce)« 

Ambitieux et confiant en sa formule, il attend le bon moment pour s’asseoir à la table des plus grands et ça pourrait arriver plus vite que prévu.

Enfant Sauvage – Time To Fall

L’épopée sonore et visuelle d’Enfant Sauvage continue cette semaine alors qu’il dévoile Time To Fall, second single de Petrichor, attendu pour le 19 novembre, et deuxième partie de sa trilogie de clips.

Guillaume Alric, de son nom au civil, poursuit donc cette exploration intime, utilisant les souvenirs de son propre vécu pour les transformer en force créatrice. Si l’on retrouve une vraie aisance esthétique dans la réalisation, on sent une envie, une pulsion : celle de raconter des moments de vie, comme ils ont été vécu. On sent ce désir de sincérité, associé à une apétance forte pour l’idée cinématographique.

Le clip est un exemple du genre, beau, intense, bourré à d’idées de réalisation avec cette caméra en mouvement permanent, ces corps qui dansent, qui disparaissent pour mieux revenir dans le champ, qui habitent l’écran de manière presque magnétique.

Car au delà de l’esthétique, c’est une histoire qui se joue sous nos yeux. Celle de deux âmes qui se rencontrent, deux corps à l’unisson avant que le chaos de la vie, et des autres, ne viennent un temps les percuter.

On en oublierait presque la musique et pourtant Time To Fall tape aussi fort dans les oreilles. Une montée en puissance, intense, humaine et dansante, hypnotique par moment. Le morceau nous donne envie de croire aux lendemains, à l’envie de retrouver une part de pureté dans le monde.

Bref, une nouvelle fois Enfant Sauvage à tout bon et on a hâte de découvrir la dernière pièce du puzzle.

P.R2B – Rayons Gamma

Pour accompagner la sortie de son premier et magnifique album, P.R2B nous fait découvrir de la plus belle des manières la chanson qui a donné le nom à son album Rayon Gamma. Dernière-née d’un long processus de création, Rayons Gamma a été composée après avoir vu le film de Paul Newman De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites. Ce film sorti en 1973 a permis à Joanne Woodward d’être lauréate, cette année-là, au festival de Cannes du prix d’interprétation féminine.

Rayons Gamma, est une ode à la résilience. Ces rayons gamma, dangereux en cas de forte exposition peuvent aussi, bien utilisés, nous être bénéfiques. Il existe dans cette dualité, la possibilité de créer du beau même dans un environnement défavorable et inopportun. Le parallèle avec la crise sanitaire que nous vivons est simple à faire « La city dort depuis 6 mois -Dis c’est vraiment n’importe quoi -Ce qu’on vit, dis-moi ». A garder en nous cet espoir qui nous permet de réagir « La lumière se fait et je – voudrais qu’on court jusqu’à elle – faire l’amour et puis tout recommencer ».

La vidéo porte, en elle, cette envie d’aller de l’avant. La caméra est tourbillonnante et les images faites de contre-plongées et de contre-jours jouent les oppositions comme pour redonner une vie après un long sommeil forcé. Allez écouter Rayons Gamma, allez danser dessus et laissez-vous enfin vivre.   

Lesram – Wesh Enfoiré #5

Si vous ne connaissez pas encore Lesram et ses schémas de rimes implacables, il n’est pas encore trop tard pour prendre le train en marche puisque le rappeur du Pré-Saint-Gervais (93) vient de livrer une 5ème livraison de sa série de freestyles Wesh Enfoiré avec Jawad Adjoudj à la caméra. Dans un souci de sincérité, il continue à distiller ce rap chirurgical depuis son lieu de vie, sa cité logée en banlieue parisienne. Avec ce 5ème opus, il prouve à nouveau la maîtrise de son phrasé et offre à son public une nouvelle occasion de découvrir son quotidien. Fruit de son écosystème, c’est animé par ce dernier qu’il rappe, inspiré directement par ceux et celles qu’il côtoie au quotidien. Sincère et à l’aise dans son domaine, sa maîtrise du rap épatera à nouveau ceux friand de technique. 

« Trop têtu, on comprend que quand on voit l’fond, j’suis bien entouré comme un convoi d’fondsOn est discret dans la masse, on doit s’fondre, envoi l’son, dans la street, on voit sombre« 

José – José José José !

José ? Si on vous parle de José R. Fontao, le chanteur de Stuck in the Sound, cela aiguisera (Pop pop pop) sans doute un peu plus votre curiosité et titillera votre système auditif.  Depuis un an, avec un premier EP Dada et un premier album Primeiro Disco sorti en début d’été, José nous distille une pop jouissive, aux saveurs portugaises.  José José José ! est le quatrième extrait de son album à être mis en image.

On retrouve son frère, David Fontão, derrière la caméra – il avait déjà bidouilloeuvré le clip de Dada – pour une balade sur le parvis de la bibliothèque François Mitterrand, teintée par de multiples nuances de jaune moutarde (survêtement, voiture, peintures murales, lunettes, …). Nous retrouvons lié à cette couleur le jaune solaire illustrant la bonne humeur qui exhale de la chanson et aussi, associé au condiment, le piquant qui relève, encore davantage, cette mélodie addictive. Mais ne vous inquiétez pas, cette moutarde ne vous montera pas au nez. Elle ira directement chatouiller vos oreilles pour vous faire sautiller. C’est simple, agréable, entraînant, nous adorons.