Les clips de la semaine #92

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Tout de suite, l’épisode quatre vingt-douze des clips de la semaine.

Nina Savary – That’s just the way I Want to Be

C’est une ballade enchanteresse que nous offre Nina Savary cette semaine. Après Second Guessing et Par Millions, la musicienne nous présente un peu plus son premier album à venir avec That’s just the way I Want to Be. Cette reprise de Blossom Dearie, figure de la scène jazz US des années 60 et 70 qui traversait alors une phase expérimentale psychédélique, est une hymne planante solaire et libératrice dont les paroles parlent d’amour et décrivent cette sensation de bien-être et de plénitude que l’on ressent alors, en parfaite harmonie avec les éléments : “That’s just the way I Want to Be / When I’m with you / Just like the stars / That shine from far / With quiet light / To guide the way / To darkest night”.

La vidéo réalisée par Raz Ullah (musicien pour Art Of The Memory Palace et Jane Weaver) à l’esthétique PC/Glitch art montre la musicienne chanter cheveux au vent dans la nature avec un ciel bleu radiant. Un morceau dreamy et envoûtant qu’on ne se lasse pas d’écouter en ces belles journées d’été.

That’s just the way I Want to Be apparaîtra sur le premier album de Nina Savary, intitulé Next Level Soap Opera qui sortirale 24 septembre sur Tin Angel Records.

Zuukou Mayzie Ft The Pirouettes – Skr Skr

Si vous résumez, Zuukou Mayzie à son appartenance au 667 et à ses ambiances majoritairement sombres, voilà un morceau qui vous fera découvrir une toute autre facette de cet artiste qui a plus d’un tour dans sa chapka pour vous surprendre. Sur Skr Skr et son ambiance pop colorée, le Mayz a invité le duo The Pirouettes dans un clip réalisé par le Z lui-même accompagné de Kevin Elamrani-Lince et Jordan Elamrani.Respirant la bonne humeur, le morceau est accompagné d’un visuel qui se fond dans la même ambiance. Au programme, Zuukou invite ses spectateurs à partager, en bas de sa cité, un barbecue. Sans prise de tête, les plans se succèdent avec lenteur, immergeant simplement mais efficacement celui qui le regarde dans son ambiance. Une convivialité bien sentie qui au vue de l’univers du morceau aurait pu vite tomber dans le cliché niais pop. Zuukou en a voulu autrement et prend à nouveau à revers les codes en asseyant les siens.

Taur Half Somewhere

Préparez-vous à prendre la voiture de nuit cette semaine avec Half Somewhere de Taur. Le compositeur et interprète rennais a sorti son premier album en mai dernier. Après 3 EPs remarqués, il s’est imposé grâce à une pop efficace accompagnée d’une voix élégante. L’album, composé de 15 titres, est signé chez Polydor, il s’inscrit dans la lignée de son travail précédent. Les mélodies sont complexes et suffisamment ciselées pour nous entraîner dans une vision onirique du monde.

Après Materials et Stay pour illustrer son premier opus. Il nous emmène cette fois-ci dans un roadmovie nocturne où l’on suit une femme jusqu’au petit matin. Il a été réalisé par Alizée Riemens, Margot Berard et Emma Boudon, tous issus des Gobelins.

Mathieu Artu, de son vrai nom, fait de son premier album une belle promesse pour nous évader cet été.

Parcels – Free (live session)

Vous aviez aimé la version studio ? Vous aimerez la session live ! Toujours pas d’annonce supplémentaire pour le meilleur groupe du moment mais la certitude qu’ils n’ont rien perdu de leur groove et de la précision de leur jeu. Au milieu d’un parking de leur Australie natale, ils nous jouent leur dernier tube devant des passants parfois incrédules (peut-être n’ont-ils pas l’habitude de voir de jeunes gens en veste de costume verte à carreaux ou de claviériste jouant sur une table à repasser). En tout cas, on tient là une pépite digne des films de Wes Anderson, chantant la liberté à pleins poumons dans un monde encore empêtré dans une crise sanitaire à l’échelle du globe. Une vraie bouffée d’air frais gorgée de soleil Australien, prête à conquérir le reste de la population qui n’est pas (encore) fan de Parcels.

Global Network – Monster

Toujours issu de leur nouvel EP Peaks, le duo Parisien Global Network continue sa balade visuelle en mettant à l’image Monster sous la forme  d’une version revisitée de la Belle et la Bête, chacun des membres du duo incarnant l’un des protagonistes. Avec beaucoup de kitsch, de second degré et une mise en scène digne de Dune (l’original, avec le costume incroyable de Sting et ses effets visuels d’époque). Côté son, ça donne un morceau complètement bipolaire avec un côté pile très calme, doux et sensuel et un côté face brutal et angoissant. Bref, de quoi danser comme un·e énervé·e et enchaîner avec un solo toutes les 30 secondes. Ça passe très bien avec ce court-métrage qui poursuit l’esthétique visuelle avec de gros partis pris de la part du duo et ça, forcément, on aime.

BADBADNOTGOOD – Signal From the Noise

Déjà 5 ans que l’on attend le cinquième album de BADBADNOTGOOD. Les Canadiens ont beau avoir sorti quelques morceaux entre deux, ça n’étanche pas complètement la soif de morceaux sombres et maîtrisés comme ils savent le faire. Ça tombe bien, cette semaine paraissait Signal From the Noise, premier extrait de Talk Memory à paraître en Octobre, morceau fou long de 9 minutes accompagné d’un court-métrage hypnotisant (à moins que ce ne soit l’inverse). On y suit les déboires d’un personnage énigmatique au casque littéralement scotché sur les oreilles et qui tentent tant bien que mal de se frayer un chemin dans une société qui persiste à sembler ne pas vouloir de lui. La réalisation est impressionnante et on a du mal à détourner les yeux de la production tant elle captive. Côté son, on alterne passages contemplatifs et séquences plus énervées, avec la densité habituelle du son du quatuor qui pioche tour à tour dans le jazz, le hip hop et tout un tas d’autres références. Déjà un morceau incontournable.

Swedish House Mafia – It Gets Better

Véritable référence de la musique électronique du début des années 2010, le trio suédois composé d’Axwell, Steve Angello et de Sebastian Ingrosso se séparait en 2013 pour voguer vers d’autres projets. 5 ans plus tard et avec un live surprise à l’Ultra Music Festival de Miami, le groupe annonçait son retour en grande pompe.

Jusqu’à vendredi, aucun morceau n’était sorti. C’est maintenant chose faite puisque les Swedish House Mafia ont dévoilé It Gets Better, premier titre de leur album sortant en fin d’année. Si le trio s’était démarqué à l’époque avec des mélodies « progressive house » comme Don’t You Worry Child ou Save The World, le style proposé par ce nouveau titre est bien différent. Les sonorités pleines d’espoir laissent place à un univers assez sombre, expérimental.

Cette ambiance est parfaitement dépeinte par le clip d’Alexander Wessely. On y voit des individus, non identifiables qui se meuvent en rythme. Cette danse semble créer la vie et provoquer le réveil du trio.

Si l’on devait analyser ce clip, on pourrait dire que les suédois ont voulu montrer à leur public qu’outre leur volonté commune de travailler de nouveau ensemble, c’est l’obstination des fans qui a été déterminant. Si ce retour est marqué par un changement notable de style, il n’en est pas moins réussi. Vivement la suite !

Ucyll & Ryo – Seum

Issu de l’EP, Le jour d’après qui a laissé entrevoir une refonte progressive de l’univers musical du duo Ucyll & Ryo, Seum en est le premier extrait clipper. Pour cela il a fallut compter sur l’aide d’un autre duo, de réalisateurs cette fois en la personne de Simon Steward et Ismaïl Roby. Si l’univers musical tend à s’ouvrir à des sonorités un peu différentes de ce que proposais leur album Amour Hotel, ils n’en perdent pas leurs ambiances nocturnes et leurs phrasés planant. Envoutant ce titre accompagné de son visuel plonge le spectateur dans une virée de nuit à travers les rues parisiennes. Les deux artistes prouvent à nouveau leur alchimie avec des passes-passes d’une nouvelle ère, montrant à nouveau leur envie de se démarquer et de proposer une musique singulière voire en avant sur son époque.Une évolution intéressante qui invite un peu plus à plonger dans ce que peut proposer ce jeune duo. 

NIKI DEMILLER et DIDIER WAMPAS – Hyper Bipolaire (Burn-out)

Le temps est de plus en plus effréné, il faut être toujours de plus en plus rapide et performant pour ne pas finir sur le banc de touche. Alors, nombreux sont les artistes qui ont pu décrier la société de consommation et de production. En particulier dans le rock français à l’instar de Noir Désir. Mais peu évoquent les conséquences psychiques. Alors, Niki Demiller et Didier Wampas modifient ce constat avec leur titre Hyper Bipolaire (Burn-out). Au travers de ce clip réalisé, on aperçoit un homme au bord de la crise de nerf, surmené de travail jusqu’au point de craquer. Ainsi, l’image devient presque surréaliste, au bord de la folie. Un clip qui colle aux paroles. Sur une mélodie rythmée, acidulée et infusée dans les sixties, on peut entendre un texte qui dénonce tantôt avec gravité tantôt avec une fausse légèreté.

KLEM H – Liberty

Tout le monde rêve de liberté et d’indépendance, mais peu sont ceux capables de mettre des mots sur cela. De décrire cette notion de liberté. Avec sa chanson Liberty, l’artiste Klem H tente d’en dresser le portrait. Pour elle la liberté n’est pas qu’un simple mot, c’est une sensation, un besoin, une possibilité de faire ce que l’on veut, ce que l’on souhaite. Par exemple, aller au soleil, au bord de la mer comme sur ce clip violacé et réalisé maison. La musicienne montre alors qu’elle a plusieurs cordes à son arc. C’est elle aussi qui signe la musique. Avec un synthétiseur, on reconnaît des sonorités pop et électronique,  se rapprochant de certaines musiques de clubs des années 1990. Comme un appel au souvenir de cette époque, comme au souvenir de la liberté si fragile. 

Jérémy Frérot – Fais-le

Besoin de soleil et d’ondes positives ? Alors ce nouveau single de Jérémy Frérot est tout ce qu’il vous faut. Fais-le est l’un des titres du dernier album du chanteur, Meilleure Vie, sortie en février dernier. 

Si les instrus se veulent globalement plus chaleureuses sur ce deuxième album solo de Jérémy, celle de Fais-le se distingue non sans une certaine singularité. 

Dans ce morceau, le chanteur explore de nouvelles sonorités vocales, avec un parler chanter aux allures rétro. 

Fais-le, titre qui nous incite à suivre nos rêves les plus fous et à réaliser tout ce que l’on désire au plus profond de nous, se veut être une chanson libératrice ! 

Un élan que suit Jérémy lui-même, en exécutant la même chorégraphie que les danseurs de ce clip haut en couleurs dans les rues de Paris. 

Si Jérémy Frérot a pu faire circuler un bus londonien dans les rues d’un Paris ensoleillé, alors vous aussi, vous pouvez voir grand et réaliser vos envies ! 

Théodore – Palala

L’écurie Blue Sky à souvent le flair pour dénicher des artistes prometteurs et les accompagner dans leur développement. Théodore c’est leur récente signature et à nouveau, il est difficile de ne pas déceler un potentiel intéressant chez ce mystérieux rappeur. Palala c’est son premier clip et il a été réalisé par Hustler Game. Tourné dans son pays d’origine du Congo, le visuel dépeint avec neutralité la vie d’un pays trop peu connu par ici. Déambulant dans les rues du pays, le rappeur entame son morceau aux sonorités afro avec un flow qui fait directement mouche. Envoutant, ce dernier n’est pas uniquement là pour le style mais raconte des thèmes plus sombres comme un passé plongé dans des affaires de drogue. Étonnamment cette dualité est bien gérée par l’artiste qui incorpore une dynamique dure à une musicalité légère. Un mélange détonnant qui rend vite addict et questionne déjà sur la suite de ce qu’il peut proposer. 

Bekar – Mon cœur et ma tête

Le rappeur nordiste vient de sortir un nouvel EP intitulé Mira. Il y a peu, il avait sorti un premier clip tiré de ce projet, celui de Fenêtre sur mur. Vendredi, jour de sortie de l’EP, il a décidé de l’accompagner du visuel de Mon coeur et ma tête, suite du précédent clip. A la réalisation se retrouve le même duo de réalisateur : Charles Stalhberger et Vincent Groen.
Si le premier clip se penchait sur la vie d’un jeune homme avant qu’il connaisse des problèmes avec les forces de l’ordre pour des affaires de drogues. Ce second visuel relate la confrontation direct avec les agents de police. Par ce biais Bekar met en avant les difficultés à lier les envies du coeur et celle de la tête mais également la dureté de contenir sa rage quand tout semble partir en fumée. La réalisation est maitrisée, faisant ressortir un scénario particulièrement bien ficelé où cohabite story-telling et plan où le rappeur performe. En filigrane se trouve incorporé certaines clin d’oeil au premier clip, donnant corps à ces deux parties qui en compte peut-être une troisième. 

Iron Maiden – The Writing on the Wall

Six ans qu’ils nous avaient délaissé et que les aficionados de grosses guitares s’impatientaient. Il faut croire que le covid a eu du bon niveau actualité musicale, puisque c’est cette fois ci c’est Iron Maiden qui revient sur le devant de la scène ! Après des semaines de teasing et de nombreux indices disséminés de part et d’autres, le groupe présente un véritable court métrage d’animation typé années 80 aussi engagé que délirant. Les chevaliers de l’apocalypse chevauchent ici des Harley Davidson, les dirigeants de nos pays sont tirés par des citoyens affamés, et une barrière physique sépare les puissants des démunis. Il n’en faudra pas plus pour que la rébellion version super saiyan se lance dans un combat épique afin de remettre le monde à zéro. Et de croquer la pomme….

Sika Deva – Kenzo

Tête intéressante en puissance dans ce rap game, Sika Deva dévoile un nouveau titre avec Kenzo. L’artiste a décidé de l’accompagner d’un clip mis en image par Mims. Il a tout de même voulu garder la mainmise sur une partie du visuel, signant une co-réalisation avec le réalisateur. Tournant dans un unique endroit, un hangar, SikaDeva enchainent les diverses ambiances sans perdre du regard la caméra. A l’aise avec cette dernière, il dévoile aussi une assurance à toute épreuve sur l’instrumentale de Yeeshy et Kiddy. Maniant les mélodies avec brio, son flow entrainant happe directement. Le visuel ne trahit pas les ambitions de grandeur de l’artiste, qui montre qu’il excellerait dans le train train quotidien d’une superstar. En attendant, il continue de travailler et de creuser son chemin avec un rap en anglais qui pourrait rapidement toucher la scène francophone.