Les clips de la semaine #190 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la seconde partie de notre 190ème sélection.

Solann – Petit Corps

Avec sa voix aussi légère, cristalline, que chaude et réconfortante, Solann est l’artiste à suivre. La jeune chanteuse s’est fait connaître sur les réseaux sociaux. Elle y reprend des reprises au ukulélé, dont un partagé avec Zaho de Sagazan. Solann vient de sortir son second single Petit Corps. Le label Cinq7 vient de signer la chanteuse. Ainsi entourée, Solann a sorti un second clip, produit et travaillé. La réalisatrice Sarah Jacquier parvient à capter toute l’intensité de morceau avec sa caméra. Les plans changent selon les changements d’ambiance musicale. L’identité énigmatique de celle qui se présente comme une « sorcière réconfortante » est retranscrit. Solann évoque son rapport tumultueux à son corps, entourée de velours, satin et de serpents. Le premier Café de la danse de Solann se tient le 30 janvier 2024, de quoi bien commencé l’année !

Choses Sauvages – Pression

Quelques mois après Mort de peur, Choses Sauvages revient avec Pression, une chanson dans laquelle le groupe plonge dans des sonorités new wave et techno pour nous faire danser sous couvert d’anxiété. 

Encore une fois, Choses Sauvages nous hypnotise avec des boucles de synthés et de basse tout droit venues des années 80. La voix de Felix au vocodeur résonne comme ces petites voix qui nous mettent la pression, en chantant « Comment s’aimer sans céder à la fatigue / De vouloir sans arrêter réparer / Ce qui n’a plus raison de vivre ». Le clip est pensé de la même manière, avec une colorisation digne des meilleurs jeux vidéos sur Famicom AV, où se mêlent des illustrations qui figuralisent autant la musique que les émotions qu’elle suscite sur des fonds de trompe-l’oeil. 

Cette musique et son clip réalisé par Philippe Bauséjour sont une merveille qui feront taire ton tonton aigri qui dit que la new wave et le punk sont morts depuis longtemps à ton prochain repas de famille. 

La Parade – Solastalgique

La solastalgie est une forme de souffrance et de détresse psychique ou existentielle causée par les changements environnementaux. Une attaque de l’esprit qui met les émotions sur pause, qui trouble, qui bloque l’existence.

La Parade décide de faire un morceau qui attrape cette sensation, qui la capture dans une basse qui groove et un texte poétique. Un moyen d’échapper à la peur et à la violence des sentiments qui assaillent, cinq petites minutes pour essayer d’aller mieux, pour penser aux autres, pour percer des trous dans les nuages et retrouver un peu de bonheur et de répit.

On se laisse donc bercer par cette douceur réparatrice, cette tendresse des mots et cette chaleur du son qui nous entourent comme un bouclier face au monde.

La vidéo de Victor Herault & Lenz Oner, séparent le groupe et l’héroïne de la vidéo avant de les rassembler dans un rêve qui fait du bien. On alterne entre la vie enfermée, l’espace libérateur et des images d’archives qui montrent à leur manière la détresse mentale d’une télé qui zappe encore et toujours comme une pensée qui ne s’arrête jamais.

Nach – Cadeau d’adieu

Après Piano-voix, la chanteuse Nach reprend son piano pour la sortie d’un prochain album : Peau neuve. Deux clips l’illustrant sont sortis. Le dernier s’intitule Cadeau d’adieu, comme pour évoquer la fin cycle avant la renaissance. Peau neuve et Cadeau d’adieu ont en commun d’avoir été tournés dans le désert du Sahara. La réalisatrice Diane Moyssan a filmé au Kodak le clip de Cadeau d’adieu. La scène principale représentant Nach jouer au piano prend une dimension d’autant plus intimiste. La chanson aborde ce que l’on retient d’une relation amoureuse qui prend fin. Nach chante : « Pour ne pas retentir, le mal, les confusions, l’épisode fatal ; il me semble que cette mélodie puissent nous redonner vie »

Nation of Language – Sightseer

1 mois après la sortie de leur 3ème album Strange Disciple, et pour clôturer une tournée européenne très attendue, le trio New-yorkais Nation of Language dévoile le clip du magnifique titre Sightseer.
Tout est dans le titre, Sightseer, comprenez « Touriste » en français. Le clip suit Ian Richard Devaney, chanteur et guitariste du groupe, errer dans sa propre ville comme le ferait un touriste. Le regard vide, l’esprit ailleurs, seul le corps est présent et déambule sans véritable objectif. L’absence est lourde, pesante, et la ville ne semble qu’aggraver le problème. Les immeubles frôlant le ciel s’imposent et nous écrasent, rendant nos problèmes minuscules. Et il y a cette présence suggérée, cette fille qui semble avoir laissé son empreinte dans cette ville, des souvenirs communs qui marquent chaque lieu traversé. 

« Maybe I’ll have to feel this on my own« 

Etranger dans sa ville et dans son propre corps. Sighseer invite alors à marcher pour se retrouver soi-même, trouver des réponses, se sentir vivant.

Lirose – So High (feat. Donna La Mulatta)

Après son passage remarqué au MaMa, et que nous attendions (Lirose notre chouchou du MaMa), Lirose dévoile le clip de So High, en featuring avec la chanteuse Donna La Mullatta ! 

La connexion semble évidente tant leurs voix se conjuguent avec simplicité pour délivrer un morceau porteur d’espoir. Et pourtant la tâche n’était pas évidente, mélanger les langues dans une même chanson nécessite une alchimie certaine, et c’est justement ici que Lirose, accompagnée de Donna, nous montre sa richesse : mélanger les inspirations, les styles musicaux pour créer quelque chose à son image, un melting pote de musicalités et d’émotions.

On retrouve toujours Lirose au sein du prestigieux programme Rappeuses en Liberté, et on attend avec impatience son EP-Podcast Que Du Love prévu pour cette fin d’année 2023 !

Declan McKenna – Nothing Works

Un mois après la sortie de son titre Nothing Works, Declan McKenna vient de dévoiler son clip dans lequel deux vies semblent se confronter. D’un côté, un Declan McKenna pêcheur, en pyjama dans son lit. De l’autre, dans son rêve, un personnage charismatique et envoûtant qui enflamme la piste de danse d’une boite de nuit. Ce titre énergique est une nouvelle réussite pour le britannique grâce à un rythme effréné, sur lequel nous n’avons pas le temps de rependre notre souffle. Encore une fois, les paroles traduisent un message primordial sur le fait de se sentir bien et étant soi-même. 

Ce nouveau single, tiré de son prochain album qui doit sortir en février 2024, alimente notre envie de pouvoir découvrir ces nouveaux morceaux.

Bombay Bicycle Club – Turn the World On

Il y a plusieurs semaines, on avait découvert Turn the World On, cinquième titre du sixième  album intitulé My Big Day de Bombay Bicycle Club qui sortira le 20 Octobre. Un album joyeux, produit par leur frontman Jack Steadman au Church Studios qui propose de multiples collaborations très attendues notamment avec Damon AlbarnNilüfer Yanya, ou Holly Humberstone. Cette semaine sort le clip de Tekken 2, une collaboration surprise avec l’icône 

funk et R&B Chaka Khan, avant dernier titre de l’album. “J’ai vraiment aimé la chanson” a révélé Chaka Khan au The Guardian, “et le message est vraiment aligné avec ma philosophie ». Jack Steadman, leader de Bombay Bicycle Club a raconté que cette rencontre musicale improbable est arrivée grâce à  Damon Albarn de Blur qui collabore également sur un titre de l’album.

Alors Tekken 2 – De quoi ça parle?? Tekken 2 fait référence au jeu vidéo des années 90. Cette chanson est encore personnelle et se centre sur les souvenirs d’enfance de Jack Steadman et les sentiments « d’unité et de communauté » dans les salles d’arcade qu’il fréquentait beaucoup. Un titre plein de fraîcheur et très upbeat mais qui prend vie dès les premières notes de Chaka Khan. Le clip est joyeux et donne envie de danser. Jack Steadman nous embarque dans son passé en nous partageant ses occupations d’ado en Angleterre dans les années 90: bord de plage, salle d’arcade, chiller en plein air avec ses potes. Chaka Khan est toujours aussi pétillante et éthérée, ce qui donne à cette chanson une certaine synergie avec deux univers musicaux qui s’entremêlent bien.

PinkPantheress – Capable of love

Après avoir dévoilé le surprenant Mosquito quelques semaines plus tôt, PinkPantheress revient avec un nouveau single,Capable of love, annonçant par la même occasion la sortie de son premier album, Heaven Knows,  le 10 novembre. Une phrase bien trop longue que l’on pourrait résumer en un mot : enfin !

Le morceau s’accompagne d’un visuel monochrome légèrement plus cinématographique qu’à son habitude, qui la met en scène dans une univers explicitement inspiré par Alice au Pays des Merveilles. On l’y retrouve accompagnée d’une valise, dont elle se sépare peu à peu du contenu, allant de lettres manuscrites à un micro-ondes, qu’elle jette au sein d’un mystérieux tunnel qui semble tout droit sorti du film d’animation, à travers lequel elle finit elle-même par se laisser tomber. La chanteuse atterrit dans une mystérieuse allée parsemée de portes aux inscriptions toutes plus obscures les unes que les autres, avant d’en arriver au bout et de découvrir le nom inscrit sur la dernière : Heaven Knows.

Outre le tout nouvel esthétique sombre et poétique qui l’accompagne, la singularité de Capable of love parmi la discographie de la chanteuse réside dans sa durée inhabituelle. Trois minutes, une première pour PinkPantheress que l’on avait jusqu’alors uniquement retrouvée sur des titres plus courts, et que l’on est quelque peu soulagés de savoir capable de nous tenir en haleine sur une durée plus longue. En somme, un morceau et un clip efficaces, et une impatience exponentielle de découvrir Heaven Knows dans un peu moins d’un mois.

M. Ward – engine 5

Extrait de l’album supernatural thing sorti il y a quelques mois, on a découvert le clip de engine 5. Un morceau composé par le musicien américain M. Ward, à la fois rythmé, entraînant et qui jongle à merveille entre l’ancien et le nouveau. Un des enjeux de l’album est là. 

L’univers de ce morceau, chanté en feat. avec les sœurs suédoises First Aid Kit, est dépeint dans un clip étonnant et singulier. Voilà une animation riche et colorée, qui donne assurément le sourire ! Sur la course de engine 5, un camion au titre éponyme, les sirènes sont activées et les voix des trois musiciens retentissent. Le clip est aussi entraînant et loufoque que les paroles. Les dessins, parfois de styles graphiques différents dialoguent les uns avec les autres comme un collage. L’écran grésille. Flash d’images, comme si on était projeté dans un vieux jeu vidéo ou devant une télé cathodique. Le pari est réussi. 

SAUVANE – I Don’t Hurt Anybody But Me

D’un air mélancolique, et quelque peu rêveur, on se laisse porter par les belles images de I Don’t Hurt Anybody But Me. Le clip est signé par SAUVANE, une musicienne toulousaine au style folk et expérimental. La jeune artiste, également sensible au monde de l’image, réalise ses propres clips. 

I Don’t Hurt Anybody But Me nous ouvre les portes d’un imaginaire mystérieux, et presque inquiétant. On perçoit deux émotions ambivalentes. Ce clip se situe à mi-chemin. Il existe cet équilibre poétique, sur le fil, entre une certaine souffrance, des songes tourmentés, et une infime douceur. SAUVANE devient la muse du peintre. Presque étranglée, ou du moins ensevelie par ses propres cheveux qui poussent comme une plante grimpante, elle demeure pourtant extérieure à la scène, spectatrice. On est saisi par son regard, où se reflètent ces émotions différentes, ces contrastes. 

Jaakko Eino Kalevi – Drifting Away

Esthétique éthérée et mots délicats : c’est une invitation à l’évasion que nous propose le musicien finlandais Jaakko Eino Kalevi dans ce clip aux allures de live vintage – en témoigne la pochette du single où figure le croquis d’une cassette. Ici, la mer se fond dans les plans qui défilent, comme le souvenir pas si lointain d’une douceur inouïe.

La voix de l’artiste couplée au saxophone et aux guitares, transcrit cet imaginaire apaisé et old school, nous laissant profiter quelques instants de ces toutes dernières images de l’été. C’est un troisième single qui nous baigne dans une lumière avenante.

Chaos Magic, son septième album studio sera disponible le 17 novembre prochain chez Domino Records. 

Ferielle riviera

Sorti comme un murmure mélodique le 12 mai dernier, le premier EP de Ferielle révèle un trésor intitulé Riviera. Telle une tisserande d’émotions, elle a créé une ballade à la fois mélancolique et dansante, évoquant le parfum salé de la mer Méditerranée et les échos d’une romance perdue.

Ce titre est une histoire qui se dévoile à travers des notes vibrantes et des paroles poignantes. C’est l’histoire d’un amour qui a brillé comme un éclat d’été sur la côte méditerranéenne, mais qui s’est éteint aussi vite qu’une bougie dans le vent. Les paroles, simples mais percutantes, décrivent l’amertume de la trahison et la résilience de l’âme qui se relève après avoir été déçue.

La vidéo, habilement dirigée par Yehoshua Sejour, présente un tableau visuel de cette histoire. Les émotions traversent les écrans, faisant de chaque spectateur un témoin silencieux de cette danse complexe entre l’amour et la désillusion.

Riviera n’est ni un hymne à l’amour éternel ni un chant de désespoir. C’est plutôt un regard lucide sur les réalités complexes des relations humaines. Ferielle, avec sa voix envoûtante, chante les déceptions, mais aussi la force qui émerge de ces expériences. C’est un rappel que même après les épreuves, la vie continue et que l’amour, malgré ses détours douloureux, demeure une force puissante qui nous guide vers demain.

Riviera ne se contente pas d’être une chanson populaire parmi d’autres. C’est un miroir dans lequel beaucoup se reconnaîtront, un rappel poignant que les relations, tout comme les vagues de la mer, connaissent des hauts et des bas. Et tout comme l’eau qui dort finit par se réveiller, chaque cœur brisé trouve éventuellement la force de battre à nouveau.

gglum SPLAT!

gglum revient sur la scène musicale avec SPLAT!, un uppercut émotionnel direct au cœur. Après l’éclat de son album : Weak Teeth en juin 2022, l’artiste nous offre un retour en fanfare, brut et sans fioritures.

Les mots sont des lueurs de vérité, lancés avec la force d’un poing serré. Pas de détours ici. Les paroles sont chargées d’une frustration palpable, criant l’agacement face à l’instabilité des relations humaines. «You fucking let me go then let me in, It’s getting old, Take it on the chin,» gglum murmure avec une intensité crue, capturant le désarroi de celles et ceux qui ont été laissés pour compte.

L’image récurrente de ce titre est percutante. Comme le son d’une réalité dure et froide heurtant chaque personne croisant le chemin de ce titre. Les références à l’auto-sabotage «Cutting up your cards, Self sabotage» sont terre à terre, dépeignant les luttes internes que beaucoup connaissent trop bien. «Under pressure, I swear just get it together,» gglum lance ce cri silencieux que tant d’entre nous ont ressenti dans les moments de tension.

SPLAT! n’est pas une chanson enjolivée avec des métaphores complexes. C’est une plongée à bras-le-corps dans les eaux troubles des relations humaines. C’est un rappel brutal que, parfois, la vie ne fait que nous éclabousser sans avertissement.

Le retour de la musicienne est un hurlement honnête dans le tumulte de la vie moderne. Pas besoin de vernis ou d’artifices ici. Juste des émotions à l’état brut, lancées à pleine puissance. Une chose est sûre : gglum n’a pas fini de nous démontrer son talent, et elle est prête à nous rappeler que même dans le chaos, il y a de la beauté.

Distractions – Plaisance

Qu’on adhère ou non à l’univers de Distractions, il est honnête de dire qu’il fonctionne. Pour votre chroniqueuse du dimanche pourtant, ça ne partait pas nécessairement bien, entre auto-tune et texte essentialisant (envers « les filles », une « Chinoise »… ). Le divorce n’est pas consommé pour autant, car à l’oreille et à l’œil, il faut l’admettre. C’est accrocheur.

Il y a dans le clip à géométrie (variable) de Plaisance, une dynamique pop assumée et catchy, qui s’accommode bien de l’esthétique façon Wes Anderson sur VHS. Le contraste est intéressant et original, et constitue un vrai plus pour cet air entêtant qui gagnerait à d’enjoliver de paroles plus actuelles. Mention spéciale pour le synthé, en synergie avec le côté rétro Vintage de l’ambiance gymnase.