Zoo Baby, Le nourrisson bestial du Québec

C’est un cœur dans une cage, un corps emprisonné dans les tumultes raisonnés de la vie. Zoo baby sort un premier album éponyme. Il aime la musique lo-fi et la douceur de son projet musical nous berce dans un environnement libéré de toute pesanteur. On vous propose d’écouter son travail, sans le disséquer, on va le mettre à poil.

Pour s’abstraire de la froideur technique, on peut recourir à une simplicité émouvante. Avec sa pop sucrée qui ne se prend pas la tête, il propose un set classique du rock. Xavier Dufour-Thériault, de son vrai nom, connaît bien le milieu. Agité par les guitares en overdrive depuis l’âge de 18 ans, il a quitté sa ville natale, Chicoutimi au Québec pour conquérir Montréal et vivre de sa passion. Vibrant au son du punk, il ne se cantonne pas seulement à la flamme rock, il rêve de funk, de pop et tous ces genres vont nourrir l’artiste qu’il est devenu aujourd’hui. S’il n’est pas encore très connu en France aujourd’hui, il l’est déjà au Québec pour avoir été guitariste et chanteur dans le groupe Gazoline (2 albums entre 2014 et 2016).

Vous vous demandez sûrement d’où vient son nom étrange. Il faut remonter à ses débuts, Zoo Baby était déjà son nom de scène lorsqu’il jouait de la basse pour Xavier Caféine (six albums entre 1997 et 2013). Comme souvent dans le travail du compositeur canadien, il faut y voir un mélange, il a tout simplement croisé deux films : Zoolander (2001) et Cry-Baby (1990).

Un amoureux de l’amour

La légèreté affichée nous invite à pavaner. Difficile de ne pas penser à un cocktail sur une terrasse avec la charmante compagnie d’un être que l’on désire. Il est amoureux de l’amour plus que des femmes : voilà le personnage essentiel qui se dégage de son univers enivrant (Par tes yeux). Il fait cohabiter différentes envies comme vivre dans l’indépendance des sentiments, s’attacher à une personne en souhaitant garder une autonomie. Les contradictions qu’il relève nous concerne tous.

Vous allez vite comprendre que l’amour est le fil conducteur de l’album, il est exploré sous toutes les coutures. Il s’exprime sous le prisme de la douleur avec le troisième titre Cauchemar en cauchemar.

Une musique organique sous les tropiques

Le soleil s’invite dès les premières notes de l’album (Une métaphore pour l’amour). La production est léchée, soignée. Zoo Baby a créé un album avec 12 titres qui s’enchaînent avec une limpidité exquise. C’est absolument sans prétention.  À l’heure où l’on remplit les créations de synthés omniprésents, il suit une composition classique qui groove avec même des solos de guitare au son saturé (Pomme). Il nous sort de l’aspect trop standardisé des créations musicales sous logiciel. Si les textes démontrent une forme de désinvolture (Limonade), le chanteur sort les notes de ses tripes. Sa technique vocal reste humble, elle s’élance avec une vérité simple . Quand il utilise un vocoder c’est à l’honneur de la production musicale : jamais atone, toujours enluminée. Les mélodies sont accrocheuses sur un style qui varie entre la ballade rutilante, le rock apaisé et la pop énervée.

Les vertus de la nonchalance

Le dandy de Chicoutimi a bien grandi depuis l’époque où il restait dans sa chambre à écouter les Beatles avec sa sœur. Systématiquement comparé à Julian Casablancas des Strokes pour sa dégaine débraillée et sa voix éraillée sous auto-tune, il a su créer sa patte avec une authenticité touchante (Paralysie du sommeil). Zoo baby n’est probablement pas le double maléfique ni même malicieux de Xavier Dufour-Thériault. Il y entre les deux qu’une pochette d’album sur laquelle un homme verse une larme. La nonchalance qui se dégage de l’artiste est loin d’être l’expression d’une indifférence à autrui. Ses intentions sont directes (Juste se prendre) et parle sans détour de l’affection.

Le premier opus de cette personnalité solaire va combler nos attentes de good vibes. Parcourir l’album de Zoo Baby c’est se lancer dans les tourments des sentiments avec le sourire aux lèvres. Vous pouvez vous y jeter à corps ou à cœur perdus car comme le résumait si bien Fréderic beigbeder : L’amour est le problème des gens qui n’ont pas de problèmes.