Weezer ressort les guitares avec Van Weezer

On va être honnête, on avait un peu laissait Weezer de côté comme un chien qu’on abandonne sur le bord de la route un matin d’été sur la route des vacances. Un peu honteusement, en oubliant d’un claquement de doigt tous les bons souvenirs qu’on avait avec lui. Et puis, et puis une pandémie, et surtout un sublime Ok Human, nous aurons remis sur la route du quatuor californien. Alors c’était avec confiance, et un quand même un petit soupçon de crainte, qu’on a glissé Van Weezer sur notre platine. Et une nouvelle fois, on ne boudera pas notre plaisir à l’écoute de ces 10 titres qui rajoute une bonne dose de Guitar Hero à la pop de Weezer.

Parfois l’époque est l’amie idéale d’un album de musique. Sortir un album au bon moment, dans la bonne ambiance, le fera voir de manière différente. On le dit car on en est sûr, Van Weezer a choisi le bon moment pour venir nous titiller les oreilles. Annoncé et teasé depuis 2019 déjà, ces 10 nouveaux titres de Weezer aurait sans doute eu la joie de passer inaperçu si le monde n’avait pas subi ce qu’il a subi.

Déjà, sans pandémie, il n’y aurait probablement pas eu Ok Human et le groupe n’aurait pas eu un retour de hype bien mérité qui les as vu, une nouvelle fois, se relever tel des phénix. Cet album aurait pu enterrer le groupe, mais il a rappelé au monde à quel point Cuomo et sa bande étaient capable de nous offrir des titres mélodieux, chaleureux et superbement troussé. Plus que tout, alors qu’on était tous enfermé avec nous même, tout cela nous a rappelé une chose essentielle : on est tous un peu comme River, des nostalgiques qui vivent la plupart du temps dans leur souvenirs et regardent avec tendresse les gamins qu’ils étaient et la musique qu’ils écoutaient.

Cela tombe particulièrement bien, car cette fibre nostalgique habite encore, et toujours, la musique de Weezer. On pourra bien leur reprocher, on pourra très bien dire que les paroles sont parfois complètement crétines et que le groupe continue de jouer dangereusement avec la ligne jaune du bon goût, toujours est-il qu’il faut avouer une chose assez évidente : Van Weezer est l’album dont on avait tous besoin en ce mois de mai 2021.

Généreux, efficace, d’une urgence et d’une immédiateté folles qui forcément nous file le sourire et qui, évidemment, nous invite à multiplier les écoutes.

Et pourtant, une nouvelle fois rien n’était gagné d’avance. En bon pourvoyeur de concepts à la con, Weezer nous vendait ce nouvel album comme un hommage au métal/hard rock de son adolescence de Aerosmith à Black Sabbath en passant évidemment par Van Halen et un soupçon de Journey ici et là. Des grosses guitares donc, des solos et surtout un goût prononcé pour les pochettes dégueulasses à base d’éclairs, de couleurs criardes et de gros logos de l’espace qui tache.

Un programme qui aurait de quoi faire peur à tout amateur de musique. Et pourtant, nouveau petit miracle, le deuxième donc en cette année 2021.

Parce qu’une nouvelle fois, Weezer s’amuse. Le groupe a désormais presque 30 ans de carrière derrière lui et peut s’autoriser à peu près tout (et parfois vraiment n’importe quoi). Et contrairement à ce que le concept de départ pouvait laisser penser, ces dix morceaux sont bien ce qu’on attend de Weezer : une power pop rentre dedans et radieuse. Seulement, elle s’orne ici et là des apparats du hard rock de papa, frôlant parfois le plagiat (coucou l’introduction de Blue Dream) mais cherchant avant tout à transformer le tout à un exercice ludique qui se fondra avec bonheur dans une discographie qui ressemble de plus en plus à un rollercoaster avec ses très hauts et ses très bas.

Mais ici, on est plutôt sur le haut de la courbe avec un album resserré à une trentaine de minutes, permettant à la fois d’éviter l’ennuie et les redites et d’explorer dans un torrent sonore dingue tout un tas d’émotions, que ce soit les singles évidents que sont I Need Some Of That ou All The Good Ones la lourdeur de Blue Dream et 1 more hit, la fureur enfantine de Hero et Sheila Can Do It ou le côté doux amer de Beggining of the end alors que le groupe achèvera de nous surprendre en douceur avec la douceur pleine de tendresse de Precious Little Girl.

Le tout, et il est important de le noter une nouvelle fois, est bien aidé par la plume de Cuomo. En plus de ses mélodies accrocheuses et ingénieuses, nous offre une nouvelle fois une palette de morceau entre deux temps, que ce soit l’exploration de son adolescence, une lettre d’amour ou même des sujets plus sérieux comme la toxicomanie, le bonhomme semble une nouvelle fois s’ouvrir comme jamais.

Vous l’aurez compris, on ne boude absolument pas notre plaisir à l’écoute de Van Weezer. Les californiens ne vont pas révolutionner le monde, et ils en ont bien conscience. En attendant, il déroule une musique qui n’a comme unique prétention de nous faire chanter et sourire. Et quand ça fonctionne comme ici, c’est absolument énorme. Alors, comme le petit chien qu’on aura pas laissé plus de trois minutes sur le bas côté (vous avez vraiment cru qu’on avait pas de cœur ?), on reprend Weezer avec nous car comme ils le disent si bien : We Need Some Of That.

Prochaine étape ? Quatre albums inspiré des quatre saisons. On a hâte. Vraiment.

Vous pouvez retrouver notre chronique de Ok Human ici.