Walter Astral : « En fait, on était en train de créer un truc qui n’existait pas vraiment »

Le duo enivrant Walter Astral a retourné le cerveau de tous ceux qui les ont vu en live. Comme des sorciers ils ont su faire une entrée fracassante et hypnotisante dans la conscience de chacun du public. Sélectionnés pour les Inouïs du Printemps de Bourges, on leur prédit beaucoup de bonnes choses pour la suite. Avec un seul single, Le Feu, sorti sur les plateformes musicales, Walter Astral a déjà conquis nombre d’entre nous. Nous avons rencontré Tristan et Tino pour leur toute première interview pour ce projet. Attention, vous risquez d’être éblouis !

LFB : Bonjour !

Ensemble : Bonjour !

LFB :Comment allez-vous ?

Tristan : Très bien

Tino : Très bien, fatigué mais là c’est quand même une super période.

LFB : C’est sûr !

Tino : La dopamine est présente dans nos corps (rires) !

LFB : Surtout avec hier, le premier concert de votre projet Walter Astral.

Tristan : C’était chouette, j’ai passé un excellent moment, c’était magique quoi, un peu sur le nuage tu vois. 

Tino : On ne pouvait pas rêver mieux, aux Inouïs du Printemps de Bourges, au FGO qui est une salle franchement fantastique au niveau de la lumière et du son donc c’est royal quoi. On est rentré vraiment pour le premier live au top. On pouvait pas mieux faire.

LFB : Avez-vous fait d’autres scènes avant ?

Tino : Ensemble c’est la première fois qu’on joue. J’ai fait un featuring pour une track de Zaspero, donc le projet Tristan qui s’appelle Velvet Woman ou à deux reprises, j’ai fait un feat en live et quel bonheur ! 

LFB : Donc toi Tristan ton projet solo c’est Zaspero ?

Tristan : Oui, c’est plutôt de la house et je chante dessus et avant j’étais dans Ovhal 44 qui était un groupe techno où on était en duo et on faisait un live spatial etc donc j’ai eu quelques expériences de scène involontaires.

LFB : Et toi Tino ?

Tino : Et moi je suis dans Polycool et White Sense. Donc deux groupes de pop Polycool plutôt pop psyché, on connaît bien la Face B avec Polycool et on vous aime. Et ouais, donc l’expérience scénique en groupe est radicalement différente de la formule Walter Astral. Mais cela dit moi ça m’avait manqué, en dehors de mes feats, où je venais de temps en temps, ça faisait presque deux ans que je n’avais pas joué.

LFB : Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Tristan : On s’est rencontré il y a très longtemps. Il y a 10 ans via ma meilleure amie et tu étais amoureux d’elle à l’époque. On est allé à Berlin ensemble et je crois que c’est là où tu as découvert la musique électronique.

Tino : (rires) 

Tristan : Après on se connaissait en tant que copain, on se voyait en soirée. Là pendant les confinements, on était tous les deux en peine de cœur et je l’ai invité dans ma maison de campagne où habite mon père parce que j’avais fait mon petit studio de d’enregistrement là-bas donc je lui ai dit de venir passer du temps et faire du son. Et en fait, on s’est retrouvé à vivre là-bas. 

Tino : Depuis un an et demi, on a dû passer six mois là-bas, on a compté !

Tristan : C’était énorme le temps qu’on avait passé tous les deux à faire du son.

LFB : Donc un peu reclus ?

Tino : Ouais, on avait une petite baraque quoi. En fait, on avait une petite maison, l’ancienne maison d’un ermite. Ah non…

Tristan : D’une femme qui vivait avec son énorme chien qui était apparemment très gentil. Il avait son studio dans un coin, moi le mien dans l’autre et puis au fur et à mesure, on a commencé à proder ensemble.

LFB : Donc c’est deux projets solo qui se sont liés ?

Tristan : Ouais c’est ça, au début sous forme de jam et on a eu le banjo qui est un petit peu notre instrument totem. C’est un banjo de mon papa qui sonne grave comme une casserole.

Tino : Qui a fait toutes les ferias (rires)

Tristan : Les cordes n’ont pas été changées depuis, il a un son particulier. En gros, Le Feu est né au moment où on a essayé de gratouiller l’instrument.

LFB : Et donc cette maison se situe dans le Berry

Ensemble : Oui exactement.

Tristan : C’est chez mon papa.

Tino : Qui a une très belle petite maison près de Sincere.

Tristan : Dans un hameau les uns à côté des autres tous encore en construction, on a un peu sur un truc qui est fait de brics et de brocs.

LFB : C’est un petit peu de là que vous puisez aussi un petit peu les inspirations de la nature et des éléments ?

Tino : Ah ouais !

Tristan : Je pense que ça a beaucoup joué, c’est pas un truc que j’ai conscientisé. Mais je pense que le fait d’être au calme au milieu de la forêt, de se faire des ballades quand on voulait ça aidait. 

Tino : C’est aussi un rythme de vie. C’est un truc qui casse carrément notre notre rythme habituel parisien ou tu coupes des bûches pour faire ton feule soir. D’où la naissance de Le Feu. Tu vis avec un autre modèle. La vie est rythmée différemment. Déjà en fait pouvoir être étonné, dans la ville, moi je suis de moins en moins étonné alors que dans la forêt, tu peux tomber sur un animal, tu peux trouver un insecte fun, cueillir un champignon. 

(rires)

Tino : Donc, il y a le rapport à la nature mais c’est vrai qu’on ne l’a pas du tout conscientiser quand on a fait les chansons.

LFB : Vous aviez un lien avec la nature avant ?

Tino : C’est Tristan qui a pensé à ce concept des éléments.

Tristan : On a commencé avec le feu. Je me suis dit que ça marchait bien avec le banjo, il a une sonorité très acoustique par rapport à la musique que je fais, qui se rapproche un peu plus des éléments. On a fait le feu, celui qui a suivi c’est l’air et puis après du coup on s’est dit que c’était la thématique !

LFB : C’est quelque chose que vous allez continuer après ?

Tristan : Bah on va arriver un peu à la fin de la liste là…

Tino : Le papier mâché, toutes les matières, le coton, le tissu textile. (rires) On va se laisser surprendre par la suite.

Tristan : Entre nos deux projets respectifs on avait créé des univers, des histoires, autour du projet. Je me souviens que tu avais fait un grand dessin avec un grand séquoia et on avait mis tout ce qui nous faisait kiffer à l’intérieur et donc du coup je pense que de cet univers là, se sont créés des personnages comme dans notre clip les hommes bougies, je pense que l’on pourra raconter leur histoire. On aime bien ce délire magique clairement. On parle de sorciers souvent, il y a toute une grande famille de sorciers, de sorcières de dieux vaudou, de mythes vikings…

LFB : Avec le banjo on retrouve aussi des sonorités orientales, c’est quelque chose que vous avez voulu intégrer ?

Tino : Moi je sais que c’est une gamme qui me touche de ouf. Je trouve que selon comment elle est jouée, elle peut être mystérieuse comme joyeuse comme un danger. Je trouve que ça regroupe beaucoup d’émotions juste avec ces quelques notes qui suivent, ces quelques intervalles. En fait, ce qui est fait entre deux notes, ça crée cette émotion méga ambivalente.

On avait pas du tout envie d’employer le banjo comme un truc country justement, on avait envie de le détourner au max. Ce qui nous a séduit tout de suite avec cet instrument c’est les cordes rincées. On s’est dit qu’on allait l’utiliser, comme un espèce d’instrument celtique utilisé il y a des millénaires. Les gammes orientales sont utilisées par des groupes que l’on surkiffe. Par exemple King Gizzard, Altin Gün

LFB : Il y a un contraste entre la musique électronique et la musique plus traditionnelle du banjo, comment est apparu ce mélange ? 

Tristan : Moi je suis vraiment fan de ce style de musique là. Je trouve que Tino va apporter l’aspect psyché, les sonorités pop. Je trouve que l’acide est tout ce qui est techno sont hyper hypnotiques et les deux ensemble peuvent donner un truc qui reste psyché qui est cohérent quoi. Je savais pas que ça allait marcher quand on écrivait. 

Tino : Quand on écrivait, on se demandais ce qu’était notre réf ? En fait, on était en train de créer un truc qui n’existait pas vraiment. Enfin je ne suis pas en train de me jeter des fleurs, mais quand même on était même parfois un peu perdu. On prenait ce petit bout de truc-ci avec ce petit bout de truc-là, on avait pas vraiment de réf sur laquelle s’appuyer, pour pouvoir se projeter sur la chanson c’était 100% de la création.

Tristan : Il y avait un ping-pong entre moi qui voulais faire des morceaux très techno qui doivent rester dans la transe très longtemps et lui qui est beaucoup plus pop, genre : “mais là on devrait faire un break grave pop où ça part avec des voix mais après on fait un gros break de 4 minutes, où c’est que de la techno”.

LFB : D’où vient le nom Walter Astral, quelle est son histoire ? Pour Astral on peut voir l’aspect magique, voyage, stellaire, mais Walter ?

Tino : Walter c’est un peu ce boug, ce druide, ce magicien.

Tristan : J’avoue que Walter je trouve ça super parce que je suis fan de Walter Anderlecht qui est un organiste brésilien qui fait de la musique d’ascenseur extraordinaire. 

Tino : Il y a un côté personnage de bande dessinée, ce côté héros. Il pourrait avoir une chemise avec son nom d’écrit ici (sa poitrine). Mais on a cherché comme n’importe quel groupe notre nom pendant longtemps. On était dans ce délire de, c’est marrant un groupe qui a un nom. Admettons si on s’appelait Benoît Hamon tu vois, on va voir Benoît Hamon en concert mais en fait il y a deux gars, c’est bizarre. Voilà, on voulait jouer sur cette blague. (rires) Non mais je ne vais pas dire que c’est un lion dans le ciel qui nous a dit “vous allez vous appeler Walter Astral !” (rires)

LFB : Quel est le conte que vous aimez le plus, qui vous a le plus touché ?

Tino : Barbe Bleue, il m’a toujours terrifié si on va dans l’horreur. C’est une histoire fucking vraie.

LFB : Quel est votre meilleur souvenir de concert en tant que public ?

Tristan : Pour le coup, c’était très calme, c’était Mathieu Boogaerts, chanteur de pop français que j’aime beaucoup. Il avait fait un concert où on pouvait s’entendre toussoter, c’était très bas et du coup ça avait créé une ambiance où on était tous très proches les uns des autres, c’était hyper intimiste. 

Tino : Rien à voir, c’est exactement l’inverse. Justice pour le release party de Audio Vidéo Disco au Gibus. Autant dire que c’était sur blindé sur suant et que c’était incroyable. A l’époque j’étais en stage dans un truc de musique, j’avais reçu l’album avant. Personne n’avait entendu et là j’attendais toutes les chansons. Il faisait tellement chaud qu’il pleuvait de la transpi condensé sur les murs en haut, c’était dinguement rock-and-roll, c’est un des plus rock que j’ai vécu je pense. Voilà, deux ambiances.

LFB : Mais encore une fois vous vous complétez grave. 

Tino : Il y a un artiste qui s’appelle Pendleton Ward qui est incroyable qui a un peu justement et ultra inspiré de tous les contes traditionnels et il a fait une série animée qui s’appelle Over the Garden Wall qui est une sorte de condensé de tout ça avec un travail graphique qui est vraiment lourd. En plus de ça c’est de la magnifique poésie.

LFB : En live vous faites ce AUM, pourquoi, d’où ça vient ?

Tino : On est des hippies quoi !

(rires)

Tristan : Le morceau qu’on joue s’appelle L’air, quand j’ai commencé à composer je me suis enregistré en train de faire un AUM pour accorder tout le morceau sur ce AUM là. Je voulais avoir quelque chose qui tourne en rond comme dans la musique indienne où c’est classique. 

Tino : Ça fait grave partie de notre imaginaire aussi, t’es allé en Inde, tu fais du yoga. 

Tristan : Ma mère est prof de yoga donc on fait des AUM très souvent avec elle.

LFB : Il y a quelque chose de très méditatif avec votre musique.

Tino : Alors moi je ne vais pas méditer sur nos tracks mais…

Tristan : Il pourrait y avoir des morceaux qui aillent plus dans ce sens

Tino : 430 Hz de miracle tone (rires)

LFB : Avec la musique électro et aussi la techno on se met dans une transe.

Tino : Ouais dans une bulle carrément.

Tristan : Oui c’est vrai, ce n’est pas la même manière d’y arriver, mais c’est ça.

LFB : Merci !

© Crédit Photo : Eva Duc