Veik et Beach Youth : La recontre – Partie 2

Comme un signe du destin, les canneais de Veik et de Beach Youth ont sorti leurs premiers albums respectifs à une semaine de décalage. On leur a donc laissé carte blanche pour une interview croisée un peu loufoque en deux parties. Tout de suite,la seconde partie avec Veik qui interroge Beach Youth.

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Partie 2  : Beach Youth par Veik

Veik : Salut Beach Youth, ça va ?

Beach Youth : ça va oui

Veik : Salut les gars ! Vous vous sentez comment après la sortie de votre premier album Postcard ?

Simon : On est libérés et contents qu’il puisse être écouté, ça fait tellement longtemps qu’on attend qu’il sorte. Ça fait du bien.

Veik : Est-ce que vous en avez déjà marre des chansons qui sont dessus ?

Simon : Oh non ! Pas moi en tout cas.

Félix : Je ne sais pas, c’est même pas moi qui joue dessus (rires). Je plaisante elles sont cools, je les adore.

Gautier : Il y en a qui sont quand même anciennes pour lesquelles il y a moins d’excitation mais en même temps on n’a pas le droit de les jouer donc …

Simon : J’ai cru que vous alliez nous poser la fameuse question de ce que ça faisait de faire de la musique en temps de Covid …

Veik : Alors … il nous reste que deux questions du coup …(rires) Puisque vous dites être libérés, est ce qu’on peut dire que vous êtes aussi délivrés ?

Simon : On peut le dire oui

Veik : Plus sérieusement, on aimerait bien savoir comment se passe la composition des morceaux dans votre projet ?

Gautier : Vas y Étienne

Étienne : Non vas-y toi.

Gautier : Bon alors c’est moi qui fait tout. Je fais tout à la trompette et après on remet ça à la guitare.

Non en fait c’est Étienne qui compose dans sa chambre les bases des morceaux. Il nous les propose et on a un avis très critique où on lui dit ça c’est à chier et ça c’est pas mal …

Etienne : Souvent c’est très méchant, ils prennent la clé USB et ils me la jettent à la gueule en me disant «  ça bof quoi ». (rires)

Gautier : Après on retravaille les morceaux en répétition en les faisant tourner pas mal de fois. Ensuite chemin classique, on fait des pré-prods et on bosse avec quelqu’un qu’on a choisi et qui modifie tout (rires).

Concernant les textes, c’est toujours Simon qui les écrit et qui se greffe sur le yaourt d’Étienne.

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Veik : Donc mélodiquement, c’est vraiment essentiellement les lignes de guitare et les thèmes d’Étienne ?

Etienne : Oui.

Veik : Vous parliez des textes. En terme d’écriture vous vous y prenez comment ?

Simon : C’est juste moi. Parfois je me base sur le yaourt d’Étienne où il y a des mots qui ressortent. Si ça ne m’inspire pas, je pars sur mon idée, ce que permettent les mélodies puisqu’elles sont déjà écrites. Il y a un certain nombre de pieds à respecter et je me greffe là dessus.

Quand je dois écrire un morceau, je regarde mes notes sur iphone jusqu’à ce qu’il y ait quelque chose de bien.

Veik : Toujours dans ce sens donc, mélodie puis texte ?

Simon : Toujours oui.

Veik : Dans les chansons vous semblez aborder des thématiques qui relèvent du niveau interrelationnel. Est-ce que tu te nourris essentiellement de tes expériences personnelles pour écrire ou est-ce que tu vas piocher ailleurs ?

Simon : C’est vrai que souvent les chansons sont à la deuxième personne comme si elles s’adressaient directement à quelqu’un.

Plus récemment, notamment sur cet album, j’écris sur des choses qui ne me sont pas forcément arrivées pour diversifier un peu.

Mais ce qui s’est passé pour quasiment chaque chanson c’est que les choses que j’avais imaginé se sont réalisées 6 mois après. Donc je dois avoir des talents de devin.

Veik : Vous croyez au karma un peu ? À l’alignement des astres ?

Simon : Carrément.

Veik : Au cosmo tellurisme ?

Simon : Moi je lis dans les entrailles des poulets parfois le soir.

Félix : Et t’en bouffe pas ?

Simon : Non non. Je les ouvre et je les jette.

Félix : Simple lecture quoi. Moi je les bouffe perso (rires)

Veik : Je trouve qu’il y a une certaine mélancolie dans votre musique. Des-fois l’imagerie ne pousse pas vers cette mélancolie mais en tout cas il y a cette douceur autant dans les textes que dans les mélodies et les thèmes. Est ce que vous avez l’impression d’être attiré par ça ou c’est impossible à prévoir ?

Étienne : Moi personnellement ce n’est pas du tout précis. Sur un moment je peux très bien être super joyeux et partir dans de la musique triste et inversement. Donc il peut peut-être y avoir quelque chose de curatif.

Simon : Ce qui est beau dans la pop c’est de jouer des contrastes. Si Étienne amène une chanson super joyeuse, j’ai envie de faire un titre un peu triste dessus et inversement. C’est un peu ça la recette.

Veik : On avait une question sur le son et le processus de fabrication de ce disque. Pour avoir un son ricain comme le votre vous nous conseillez d’aller en Californie ou dans la Creuse ?

Simon : Dans la Creuse complètement.

Veik : Vous pouvez nous en dire un peu plus sur la manière dont vous avez enregistré l’album ?

Simon : On l’a enregistré avec Nico Bruscq qui a un studio analogique dans la Creuse qui s’appelle le Capitola Analog Studio. Sauf qu’on l’a forcé à enregistrer en numérique, donc il était pas content.

Félix : Il n’a pas dû se laisser faire.

Simon : Ah non non, on a bataillé.

Veik : Qu’est- ce que tu entends par enregistrement numérique ?

Simon : Avec un ordinateur. Lui il aime bien enregistrer à l’ancienne justement mais nous on a enregistré avec un ordinateur, tout en gardant des défauts qu’on peut trouver sur la bande en temps normal. Il a peut-être repassé des choses sur des bandes sans nous le dire.

Veik : Il y avait une plus grosse marche sur la production aussi.

Simon : C’est une question d’être sûr de soi ou pas. On n’a pas une assez grande assurance pour se dire qu’on enregistre sur bande, tous ensemble dans la même pièce. On aime bien avoir cette sécurité de pouvoir retoucher à des choses ensuite.

Veik : Et vous vous êtes servi de cette sécurité ?

Gautier : Ouais quand même. Quand on est arrivé dans la Creuse, les morceaux n’étaient pas tous complets. Et passer par l’ordi permet de rajouter facilement des pistes et ça aide pour terminer les titres, rajouter des couches.

Simon : Un autre avantage à la Creuse comparé aux États Unis c’est qu’il n’y a aucune distraction. On était obligé d’enregistrer l’album. En Californie on aurait peut être été à la plage …

Gautier : Ou fait plein de soirées.

Veik : Est ce que la problématique de budget est entrée en compte dans le choix de la bande ou pas ?

Simon : Ah non pas du tout, vu qu’on est plein aux as, on s’en fout.

On a plein de tunes mais on est quand même vachement radin, donc on a privilégié le numérique.

Veik : Je pense qu’on aurait fait pareil (rires). Ça permet d’introduire la prochaine question. On se demandait justement qui fait quoi. On a compris que Simon tu t’occupes de l’écriture, Etienne qui travaille aux Etats Unis. Félix toi tu viens d’arriver … Gautier toi qui es là depuis le début, on parlait du côté radinerie j’ai cru comprendre …

Gautier : C’est un peu moi ouais. On a de l’argent, mais j’interdis la dépense. En fait on se partage les tâches. Étienne compose, Simon s’occupe de la communication, et tous les autres trucs chiants, les problématiques de subvention etc… c’est pour moi.

Simon : Tous les trucs administratifs avec des chiffres et des tableaux excel , c’est Gautier.

Etienne : C’est un peu notre papa depuis des années.

Veik : Vous nous aviez demandé si on était des Gilets Jaunes, on peut vous demander si vous êtes des entrepreneurs ?

Gautier : Moi j’ai la fibre entrepreneuriale … (rires) Non pas du tout, on serait très nuls parce qu’il faut investir et moi je n’aime pas dépenser l’argent.

Simon : Par contre on est organisés. C’est peut-être notre seul côté entrepreneurs. Communication horizontale.

Veik : On est sur une organisation rigide quoi.

Simon : ouais.

Veik : Je vais rebondir sur les questions que vous avez posé sur l’épisode 1. C’est Adrien Melchior qui vous a fait cette superbe pochette et accompagné sur la direction artistique globale. Vous pouvez nous en dire un peu plus ? C’était facile de bosser avec lui ?

Simon : Très facile. Il était très content de travailler avec nous, car il avait déjà travaillé avec d’autres groupes à Caen et c’était la première fois qu’il était payé. Donc il était très très satisfait (rires).

Veik : Comment avez- vous fait pour le payer si Gautier ne veut pas lâcher des sous ?

Plus sérieusement, vous pouvez nous en dire un peu plus sur le contenu artistique et esthétique qui n’est pas anodin et sur les labels avec qui vous avez travaillé.

Gautier : Pour Adrien au début c’était juste pour faire la pochette et il nous a proposé de se balader sur Google Earth, de prendre des images de ça et de les travailler à sa façon. Donc c’était cool et ça a donné la pochette.

Après il a décliné ça en plusieurs visuels avec un visuel par single qu’on peut retrouver sur internet et dans le livret du CD.

Comme on a trop aimé travailler avec lui, il nous a aussi fait des clips, des sessions live … Ce qui a donné un package visuel cohérent puisque tout est fait par la même personne.

Simon : On l’a exploité au maximum.

Veik : On voudrait parler de vos projets personnels, Vestes et La Mante. Est ce que vous n’avez pas peur que ça vienne perturber l’équilibre que vous avez dans Beach Youth ?

Simon : Ça fait déjà longtemps qu’on a ces projets persos et ça nous fait du bien car ça nous permet chacun de notre côté d’aller au bout de nos idées personnelles. Aussi on compose tous les deux en français dans nos projets respectifs.

Etienne : Il y a cette question de ne pas rester frustré dans cette esthétique qui est Beach Youth. Moi par exemple c’est des morceaux que j’avais fait écouter aux gars il y a un petit moment et c’était pas la même esthétique. Donc c’est vraiment s’affirmer la dessus et proposer autre chose.

Veik : Pour finir, on va aussi jouer avec vous au jeu du vrai ou faux avec certaines affirmations. La première question est pour Etienne et Gautier. Est ce que c’est vrai que cette année vous vous êtes pris plus de petits ponts par moi (Boris) que vous avez de spectateurs à vos concerts ?

Gautier : Moi ouais, c’est sûr.

Étienne : Moi aussi.

Gautier : Zéro spectateur pour au moins trois ou quatre petits ponts.

Étienne : Ouais pareil, au moins.

Veik : Félix, on m’a dit que tu étais arrivé dans le groupe uniquement pour la thune. Et on voulait savoir si tu avais réussi à en grappiller à Gautier ?

Félix : Ouais. Je lui bourre la gueule, je le provoque … Arrive un moment où il est à moitié endormi sur une chaise avec une bouteille et c’est là où j’attaque.

Veik : Tu emploies une stratégie particulière ?

Gautier : Quand je suis dans cet état là, il me chatouille et souvent direct, ça marche.

Félix : Y’a l’argent qui tombe.

Gautier : C’est vicieux, très vicieux.

Veik : Et quand tu t’en rends compte, ça se passe bien ?

Gautier : Comment lui en vouloir ?

Simon : Parce que nous on a jamais touché à l’argent, c’est Gautier qui garde tout.

Veik : Est ce que votre projet est toujours financé par l’entreprise Lesieur ?

Simon : Ah (rires)… d’où le nom de Louis, notre ancien bassiste.

Veik : On a une question pour toi Simon. Est-ce que c’est de ta faute si Jérémie Niès ( chanteur et guitariste de Kim Novak et Talma Suns était le prof de guitare de Simon, ndlr) a arrêté de faire de la musique ?

Simon : C’est pas faute de lui demander tous les ans de s’y remettre. C’est vrai qu’il manque mais bon, l’élève dépasse le maître. C’est ce qui arrive dans toutes les disciplines.

Veik : Étienne est ce que c’est vrai que tu as abandonné ta carrière de footballeur pour faire de la musique ?

Étienne : Ouais c’est vrai, j’aurais pu. On m’a proposé un contrat à 120 000 à

Moi le foot j’adore ça mais moi c’est le Stade Malherbe ou rien donc j’ai dit, je continue la musique.

Gautier : On en parle de plus en plus d’Étienne à Malherbe …

Étienne : Je voudrais pas trop qu’on en parle non plus.

Simon : C’est en pleine négociation.

Gautier : En tout cas j’ai donné le RIB de l’asso pour te payer au SMC

Veik : Le prochain hymne du SMC on a entendu dire …

Simon : Là on est sur du vrai.

Veik : D’ailleurs, c’est vrai que si Caen est autant en difficulté cette année c’est parce que vous n’allez plus au stade ?

Étienne : C’est sûrement vrai parce que dans un stade pareil, le douzième homme peut faire la différence .

Simon : C’est pas l’arbitre le douzième homme ?
Étienne : Le douzième homme c’est lui, c’est moi, c’est vous les gars.

Retrouver notre chronique de Postcards ici et la scène caennaise vu par Simon ici