Veik et Beach youth : La rencontre – partie 1

Comme un signe du destin, les canneais de Veik et de Beach Youth ont sorti leurs premiers albums respectifs à une semaine de décalage. On leur a donc laissé carte blanche pour une interview croisée un peu loufoque en deux parties. Tout de suite, c’est Beach Youth qui interviewe Veik.

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Beach Youth : Première question sérieuse : Est ce que vous êtes Gilet Jaune ?

Veik (collectif) : Oh ça …

Boris : Est ce qu’on est Gilet Jaune ? On ne peut pas dire qu’on est gilet jaune car on n’a pas participé au mouvement initial ni manifesté de manière régulière. Après il y a certaines revendications auxquelles on adhère d’une certaine manière … C’était quoi la vraie question ?

Beach Youth : Est-ce que vous portez des gilets jaunes ?

Boris :  ça nous est arrivé pas mal de fois en tournée. On a eu pas mal d’accidents

Vincent : Je me suis pris une porte de voiture à vélo une fois. J’aurais du porter un gilet jaune mais je ne l’avais pas.

Boris : Conclusion : Il faudrait porter plus souvent des gilets jaunes.

Beach Youth : Plus sérieusement, on trouve que votre album est beaucoup moins froid que vos sorties précédentes. Il y a plus d’ironie et de détachement. Qu’est ce qui s’est passé ?

Boris : Belle analyse (rires). Sincèrement, on voulait que la musique nous ressemble davantage. On est des gars plutôt sérieux mais aussi on se marre beaucoup et on voulait que la musique soit à l’image de ce qu’on est ensemble.

En plus de ça, il y a des groupes qu’on s’est mis à écouter et qui nous ont nourri pour l’album. Des groupes américains de la scène No Wave qui je trouve marient bien ces deux aspects là : ce côté expérimental, sérieux assez dark avec des manières de faire de la musique dansante, notamment Indoor Life.

On a pas mal fait chier Vincent avec ça, Adrien et moi avec de la space music, cosmic music et de la disco… je me suis même fait un trip à acheter de la musique de l’Est ce genre de choses.

Ça ne nous a pas forcément influencé pour le disque mais on a bien emmerdé Vincent avec ça en soirée.

Beach Youth : Si on vous proposait de voyager dans le temps et de sortir votre album soit à Düsseldorf en 1974, à New York en 1977, à Manchester en 1981 ou à Caen en 2021, vous choisiriez quoi ?

Veik : Bah à Caen en 2021.

Beach Youth : Sans hésitation ?

Veik : Sans hésitation.

Boris : La nostalgie en musique c’est cool de s’en inspirer mais ça peut être aussi quelque chose de dangereux. Donc ouais Caen 2021 … Quoique 2022, comme ça on pourrait faire des concerts.

Beach Youth : On a remarqué que pas mal de médias français critiquaient votre accent depuis vos débuts. Qu’est ce que vous avez à leur dire maintenant que vous êtes signé par un label  londonien ?

Boris : Honnêtement ? On s’en fout. J’aurais toujours un accent en français quand je chante et au final ça ne dérangera que les français …

Vincent : Honnêtement, on a jamais eu de réflexions sur ça outre manche.

Adrien : Peut-être des petits commentaires Youtube et encore …

Boris : Pour avoir vécu dans des pays anglophones, on m’a toujours dit que j’avais un accent allemand (rires).

Vincent : Outre Rhin ça se passe très bien aussi (rires).

Boris : On a comparé ma voix à Nico (chanteur de Gomina qui a produit l’album ndlr) dans la manière de chanter et j’étais plutôt flatté. On va donc dire que j’ai un accent allemand. Donc les français n’aiment pas les accents allemands.

Beach Youth : Sur Life Is A Time Consuming Experience le texte évoque une vie qui manque de sens. Boris tu évoques notamment les « bullshit jobs ». Quelle est votre vision personnelle de la professionnalisation en tant que musicien ?

Boris : En fait ces paroles là ne sont pas liées au métier de musicien. J’avais utilisé ce terme parce que je l’avais lu dans un article de David Graeber (anthropologue et économiste ) avant son livre et que le concept soit vraiment popularisé par les médias.

Le morceau m’a aussi été inspiré par le film Boyhood qui m’a pas mal touché … Ce morceau c’est une échelle de vie et de temps, ça commence par les jours, les semaines etc …

Pour en revenir sur la question de la professionnalisation, moi je n’ai pas d’avis la dessus, les gars sont sans doutes plus concernés. Moi j’ai fait le choix de ne pas vivre de la musique.

Vincent : Professionnalisation je ne sais pas trop non plus. J’y mets énormément d’énergie mais je ne m’imagine pas un jour aller faire de la musique pour autre chose que du plaisir.

Je ne suis pas forcément à l’aise avec ce terme même si je cherche à être intermittent. Donc si je peux bouffer grâce à la musique c’est cool mais je ne me vois pas non plus faire ça toute ma vie et faire de la musique pour des choses qui me touchent moins ça ne m’intéresse pas trop. Je préfère trouver un taff à côté et faire ce qui me plaît.

Boris : Je ne sais pas si je réponds pour eux, mais le fait de se professionnaliser en tant que musicien c’est plus des moyens pour arriver à des fins.

C’est à dire pouvoir faire de la musique et pas le faire à l’envers et dire « je fais de la musique pour vivre ».

Tant que c’est dans ce sens là, on est raccord.

Adrien : Vous avez très bien résumé la chose.

Beach Youth : Qui a fait les cris sur Chullachaqui ?

Adrien : Ben tu l’as dit, c’est le chullachaqui.

Vincent : Ah merde, il nous a balancé.

Boris : Faudra couper tout ça.

Vincent : C’est effectivement le Chullachaqui qui a poussé les cris. Il est passé pendant la semaine de studio, tu pourras en parler au producteur il s’en souvient bien. (rires)

Boris : C’était un jeudi soir dans la nuit.

Vincent : Il y avait toujours un micro allumé au cas où il passerait.

Beach Youth : Vincent, est ce que ton bras cassé a joué un rôle dans le son de l’album?

Vincent : Alors c’était des doigts que je me suis cassé mais pas du tout car c’était bien après l’enregistrement de l’album.

Boris : Il y a eu une première session fin 2018, une autre en 2019 et on a finalisé les voix et le mix en 2020.

Beach Youth : On a une annonce à vous faire. On connaît un peu Denis et on vous a inscrit à Koh Lanta et vous avez été présélectionné. On voulait savoir votre stratégie pour aller jusqu’aux poteaux ?

Vincent : C’est beau ça. Boris je te laisse parler, tu connais ça.

Boris : Ouais je connais bien le sujet. Je te dirais stratégie profil bas. Mais moi je pense que je ne passe pas la réunification (rires). J’ai une personnalité trop clivante. Par contre Vincent c’est un gros candidat. Il a un surnom dans le groupe, on l’appelle notre lubrifiant social. Dès qu’il y a un truc à demander, on passe par Vincent. Moi les gens ne peuvent pas m’encadrer mais lui il a un espèce de flegmatisme naturel.

Adrien : Il peut désamorcer tous les conflits, je pense.

Vincent : Sauf nos propres conflits en interne.

Beach Youth : Toi Boris tu passes pas le premier conseil ?

Vincent : Si il se la joue anguille ça peut passer, mais il faut vraiment qu’il se retienne.

Adrien : Mais à un moment, il faut qu’il prenne le lead aussi. On a besoin d’hommes forts

Beach Youth : Et toi Adrien ? T’as des points forts ?

Adrien : Moi je suis un suiveur, je n’ai aucune personnalité. Je suis les gens forts et ça me va très bien. (rires)

Boris : T’es pas très actif sur le camp.

Adrien : J’ai pas de ressources, je suis un flemmard …

Vincent : Non Non Non. T’es un besogneux et ça peut te permettre de finir sur les poteaux.

Beach Youth : Dernière question pour cette première partie : C’est qui le grand du groupe ?

Veik : Ah …

Vincent : On peut pas trop répondre à cette question . Le vrai Legrand du groupe c’est Adrien mais le grand c’est moi.

Beach Youth : On va jouer au jeu du vrai faux. On va vous dire des affirmations vous concernant et il va falloir nous dire si c’est vrai ou si c’est faux.

Première question : Le Château Guitar, vin qui donne le nom à un de vos morceaux, est mis en bouteille par Boris lui même ?

Boris : C’est faux. On boit que du vin nature et c’est du vin biologique. On boit que du vin sans intrants.

Vincent : C’est un bordeaux, on n’en boit pas beaucoup …

Boris : Les Mets Chai à Caen, caviste de ouf. Bisous à Jean Charles.

Beach Youth : Le tempo de Political Apathy a été calé sur le BPM de votre machine à laver ?

Boris : Et ouais … Le premier confinement ma machine à laver a lâché, le tambour a fumé et la nouvelle fait une mélodie dingue … Et on s’est calé la dessus.

Beach Youth : Boris, malgré son talent face au but, n’a jamais remporté le tournoi de foot de la route du rock ?

Vincent : Je crois que c’est vrai. Mais en même temps il fait pas forcément équipe avec les meilleurs. Quand je vois les photos …

Boris : Grosse faiblesse au niveau du gardien sur l’équipe de la route du rock. Mais on perd pas espoir.

Beach Youth : Votre pochette a été honteusement volée dans un bouquin sur le mouvement Dada ?

Vincent : Et bien … c’est faux ! Ça a été découpé dans des bouquins mais c’est une œuvre originale de mon papa retravaillé par Nicolas Ridou qui est un graphiste et qui a retravaillé, colorisé et donné du grain à tout ça.

Boris : Je crois qu’on a eu la pochette de l’album bien avant que l’album soit fini. J’avais parlé de l’idée d’avoir un collage aux gars et Vincent m’a dit que son père faisait du collage et on a eu une vraie connexion avec celui-ci qui résumait bien les thématiques de l’album.

Beach Youth

Beach Youth : C’est à Kiev que vous avez trouvé le nom du groupe ?

Boris : Entre autres.

Vincent : C’est coincé entre Kiev et nos faiblesses les plus profondes

Beach Youth : Adrien est le claviériste du groupe ?

Veik : Non.

Adrien : Je me pose la question parfois (rires).

Boris : C’est la pierre angulaire. C’est le besogneux du groupe.

Beach Youth : C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures ?

Vincent : C’est vrai.

Boris : C’est vrai mais ça ne nous concerne plus trop (rires).

Beach Youth : Vincent a cassé son bras en sortant d’une projection de Star Wars car il faisait le jedi sur son vélo ?

Vincent : Exactement vrai. Je sortais du pathé, de star wars, un peu énervé de tout ça et j’ai fait une embardée. Mine de rien le X-wing, ça laisse des traumas.

Beach Youth : Boris ne porte que des sous-vêtements noirs ?

Boris : C’est faux regarde.

Adrien : Il est plus bariolé dans ses sous-vêtements que pour le reste.

Beach Youth : Dernière affirmation : D’après le texte d’une des chansons de l’album, le vaccin pfizer contiendrait une puce qui permet de parler avec de l’écho tout le temps comme Boris quand il chante ?

Boris : C’est vrai, c’est dans Château Guitar.

Vincent : Il y a des nano-particules dans le vin qui permettent d’activer le vaccin. (rires)

Retrouver l’ADN de Veik ici