Noussin : Force, Funk et Amour par Vaudou Game

Depuis quelques années, Vaudou Game est devenu un élément incontournable de la scène musicale en France et ailleurs. Le groupe mené par Peter Solo est une machine à danser autant qu’à penser. C’est une nouvelle fois le cas avec Noussin, un album aussi réjouissant dans la forme qu’un brin pessimiste dans le fond. Décryptage.

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Peter Solo, le leader de Vaudou Game, est un calcul mathématique à lui tout seul. L’équation est simple et limpide : mi-showman, mi-chaman, l’artiste togolais utilise ses titres pour nous ensorceler de la plus belle des manières et nous faire passer des messages importants à travers ce qui nous attire le plus : le divertissement.
C’est la plus grande force du groupe : faire passer en douce des messages sur l’état du monde, sur nos petits travers et les grands bouleversements à venir à travers une musique qui mêle avec bonheur le funk, le rock et l’afro-beat. Car qu’on le veuille ou non, le monde et ses tourments nous entoure et il serait idiot de l’ignorer même dans un pur exercice de distraction.

Le monde, aura impacté Noussin dès le départ. Confiné, le groupe aura transformé ce qui devait être un EP en album. Surtout, par la force des choses, il aura inséré un élément jusqu’ici plutôt discret dans la musique de Vaudou Game : le synthétiseur. En l’absence d’une section de cuivre et avec la volonté impérieuse d’enregistrer dans des conditions live et de façon totalement organique, l’élément de remplacement est devenu le cœur de l’album, transformant la couleur et les sonorités de Vaudou Game, les entrainants sur des terres parfois plus rock et presque psychédélique, notamment sur l’excellente Camisole qui nous rappelle par le meilleur des Clash ou sur l’excellente Bella qui s’offre un groove incandescent pour une déclaration d’amour superbe à notre planète terre.

Pour le reste, la musique du groupe reste cette terre d’accueil aussi improbable qu’imparable. Dès Zorromi, nos jambes sont prises de mouvements incontrôlés qui remontent lentement et contaminent doucement notre bassin, nos épaules pour finalement atteindre nos têtes. Cette sensation ne nous quittera presque pas sur les presque quarante minutes que durent Noussin, à l’exception de Tell Me ou l’amour se fait déclinant et le chant plus désespéré et la crépusculaire et très jazzy Yome qui cloture l’album et voit réapparaitre les sessions de cuivre si chères à Vaudou Game.
Pour le reste impossible de résister aux machines à danser que sont Be My Wife, Mon Canapé, aux chœurs géniaux de Lady Bobo et Tu Vas Regretter (futur bombe pour le live) ou encore les guitares folles et la basse vénéneuse de Tu as déconné.

Bien sûr cet enrobage sonore qui s’inspire autant de James Brown que du disco ou des musiques traditionnelles sert, comme dit précédemment, un propos parfois sombre et politique, là encore une caractéristique essentielle de Vaudou Game.

On le disait la crise sanitaire a influencé la confection de l’album. Elle aurait pu aussi s’infiltrer dans les thématiques de l’album, ce n’est pas vraiment le cas. Plutôt que de l’attaquer de manière frontale, Peter Solo préfère voir ce qui l’entoure, entre les tensions sociales, l’avenir d’une planète qui semble de plus en plus inéluctable et des modes de vies assez chaotiques qui impactent durablement le monde qui nous entoure. C’est tout le sel de la musique de Vaudou Game qui se joue ici, insérer ici et là des petits mantras à travers une écriture directe et presque naïve pour mieux en renforcer l’impact.

Tu vas regretter et Tu as déconné jouent ainsi les alarmes sur l’environnement que l’on détruit progressivement. On sent par moment une sorte de désespoir pointer dans les morceaux, comme si les mouvements enclenchés dans le monde avaient déjà été poussé trop loin. C’est aussi le cas dans Be My Wife où il utilise la métaphore du loup dont on se rit et qu’on ignore jusqu’à le voir se pointer sous nos yeux pour qu’il finisse par nous dévorer.

Mon canapé quand à elle décortique nos habitudes de consommation excessives où les bonheurs égoïstes et les facilités que nous offrent le monde moderne ont des conséquences grave sur l’univers. Une sorte de battement d’ailes du papillon qui finissent par créer des ouragans. Comme quoi un petit clic peut parfois générer une grande claque.

Noussin signifie Rester Fort en togolais. C’est une maxime puissante que nous invite à suivre Vaudou Game avec ce nouvel album composé d’une sainte trilogie dont on devrait se nourrir tous les jours : de la force, du funk et de l’amour. La recette de Vaudou Game est d’une facilité contagieuse et on vous invite clairement à suivre le mouvement.

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