Une Journee en « C’est L’enfer » avec Ravage Club

En cavale depuis dix ans, Vinz et Acidula, leaders de l’organisation nordiste Ravage Club, se dévoilent enfin avec un premier EP tonitruant. C’est l’enfer répond bel et bien aux promesses qu’il entonne : de la fougue, du bruit et de la rage. Le groupe marque de son empreinte le style de l’indie punk, voie encore trop peu empruntée dans la langue de Molière.

Crédit photo : Guillaume Métier

Si vous vous êtes coiffés avant d’écouter le premier EP de Ravage Club, reprenez votre brosse : ça envoie ! Le duo originaire de Boulogne-sur-Mer ,qui collabore ensemble depuis dix ans, signe son premier disque après moultes expériences à travers de nombreuses salles en France. Vous les avez peut-être découverts sur la scène Ile-de-France à Rock en Seine, ou même en première partie de Déportivo à la Cigale en 2022. La folie s’empare des planchers et se ressent dans les trémoussements de la foule. Vinz et Acidula n’ont qu’une ambition, faire pogoter et déchaîner les amoureux du punk, et c’est à chaque fois réussi. Pourtant, l’exercice de nos jours est difficile, car le jeu instrumental et le fait de « crier » sur des titres bourrins peut vite tourner au rock à papa, voire au ridicule.  

Heureusement, il n’en est rien avec ces deux-là, qui ont d’ailleurs pris le parti de jouer en français, ce qui révèle être une excellente idée. On découvre ainsi la cover déjantée de Cherry Bomb de The Runaways à la fin de l’EP, qui navigue parfaitement entre instants tendus et défouloir, dans une atmosphère cowboy. Sûrement la meilleure interprétation française de ce classique. Acidula joue à la perfection avec sa voix d’une sagesse endiablée, qui finit par exploser, en soif de vengeance. Un style plutôt rebelle qui fait penser au célère film Thelma et Louise de Ridley Scott dans sa mise en forme.

En effet, les deux protagonistes de Ravage Club aiment s’envoler vers la liberté sans qu’on leur mette des bâtons entre les cordes de guitare. Jouant sur leur apparence de marginaux délinquants et rockeurs, Vinz et Acidula choisissent leur route à leur guise et imposent leur ligne de conduite.  N’oublions pas Hugues Rive, Maxime Vauchet et Enzo Gabert, qui viennent accompagner cette bande dont le crédo est « Plus on est de fous, plus on fait de bruit ». A ce petit-jeu-là, les conséquences sont nombreuses. Des litres de transpiration coulent dans Ici et Maintenant, du fait d’une batterie déchaînée et des riffs de guitares instables. Comme dit Vinz : « Le vice vise à l’envie » ; notre face obscure se laisse pousser par les pas de danse rock’n’roll et entraînants de ce titre diabolique.

Le moment le plus détonnant de cet EP est certainement le titre éponyme. Il s’éloigne du punk pour une qualité sonore s’approchant de la vibe indie rock des années 2000, à la sauce The Hives et Arctic Monkeys. Le rythme du chant dénote également une proximité avec des influences hip-hop actuelles. Peu importe, FUCK OFF. Rien ne doit leur être dicté. Ils sont les punks des temps modernes qui rendent hommage à leurs illustres prédécesseurs, comme sur Iggy Pop. Clairement, l’envie de tout péter est bien là.  Les moments de reprises de la piste sont utilisés comme un compte à rebours à la révolte sur le refrain enragé. On prend des coups, mais si c’est pour danser avec Iggy Pop, le prix en vaut bien la chandelle.

L’EP C’est l’Enfer se présente donc comme le premier joyau soigné et percutant de Ravage Club. La bande s’auto-proclame libre et détraquée à travers cinq morceaux d’une folie inarrêtable, à la fois denses et efficaces. On attend désormais la suite, pour continuer à les accompagner le plus loin possible dans ce road-trip ambitieux et excitant.