Une conversation avec Magenta

En octobre 2019, Magenta sortait de sa cave avec un Assez. Un premier titre comme un manifeste pour une musique qui danse et qui pense et derrière eux l’ombre d’un ancien projet qui semblait prendre encore beaucoup de place. En 2020, malgré le monde qui continuait de se déliter à grand coups de vagues pandémiques, Magenta s’est affirmé encore plus. Un premier EP, Long-Feu, à la puissance évidente et un titre Boum Bap qui traçait le chemin d’un album attendu pour le printemps. En décembre, on a eu l’occasion de discuter avec Magenta, des humains différents mais cimentés autour d’un projet et d’un objectif commun. C’est en ce nom, Magenta, qu’ils s’expriment aujourd’hui pour la première fois afin de faire les présentations dans un entretien au long-cours, où plus que tout, on a voulu leur laisser la parole.

Magenta
Crédit : Gabriel Boyer

LFB : Salut Magenta, comment ça va ?

Magenta : Ca va bien, pas sûr qu’on aurait eu la même réponse il y a quelques semaines, mais là on commence à apercevoir le bout du tunnel avec la fin 2020, le vaccin, les concerts qui pourront sans doute bientôt reprendre. 
On est dans une dynamique différente, on a quelque chose sur le feu qui est quand même plutôt enthousiasmant, il y a encore quelques semaines on était encore dans le dur, sans trop de perspectives avec la partie besogne avec toutes les finitions un peu difficiles et stressantes. 
C’est pas la situation la plus facile du monde mais il y a quand même plein de raisons d’espérer.

Si on fait une réponse globale, hors du contexte Magenta, c’est quand même pas foufou, Biden est passé ça a été un petit soulagement mais bon le reste n’est quand même pas très réjouissant, ça va laisser des traces et pas que pour la musique d’ailleurs.
Le petit rayon de soleil c’est quand même plus par rapport à Magenta, jusqu’ici c’était également flippant pour nous et là on commence enfin à sentir que c’est la fin d’une période assez difficile.

Ce qui n’a pas été évident pour nous, en dehors du contexte général, c’est qu’on a passé 3, 4 ans enfermés à essayer de construire et de créer quelque chose et la pandémie est arrivée au mois de mars c’est à dire le moment où on était près à sortir de notre enfermement. On voyait le truc comme une bouffée d’oxygène avec des perspectives qui n’étaient pas juste le fait de faire des concerts mais de physiquement sortir, réussir à sortir de la caverne et faire vivre ce projet dans la vraie vie, dans la réalité. 
C’est pile à ce moment-là qu’on a annoncé une petite série de concerts dans des petits clubs, je crois qu’on l’a annoncé le lundi, et le vendredi c’était déjà fini.

On venait de terminer l’affiche pour promouvoir cette petite tournée, on s’était foutu une pression de dingue pour terminer l’affiche et on s’attendait pas à voir arriver un truc aussi handicapant.
Pour résumer, ça va moins mal, disons que ça commence à aller moins mal.

LFB : Comme c’est plus ou moins votre première interview donc faisons connaissance : j’ai cru comprendre que Magenta était né de la redécouverte et de la rencontre avec des machines que vous n’aviez pas forcément utilisées auparavant.  Est ce que vous pouvez nous expliquer comment est né ce projet ?

Magenta : C’est presque ça, mais pour être plus précis encore c’est juste une graine qui a été plantée, une idée qui est née quand par hasard on a redécouvert la French Touch des années 90/2000. 
A la base on n’écoutait pas vraiment de musique électronique ou alors très peu, et la French Touch ne faisait pas exception, on connaissait parce qu’on était ado/pré-ados à ce moment là avec le boom des clips, des tubes, des standards de l’époque mais notre connaissance du truc s’arrêtait là.

Parce qu’à cet âge là il y a aussi un truc d’appartenance, tes potes écoutent du rap donc tu en écoutes aussi, tu te fringues de la même manière, nous on était dans l’esprit un peu rock avec les tee shirt de Radiohead ou d’Oasis  et la partie un peu rave/ Techno ne nous touchait pas, non pas parce qu’on y était pas sensible mais parce qu’on était trop jeunes et pas exposés, par contre comme tout le monde on zappait sur MTV et les tubes on les entendait.

Les clips de l’époque étaient quand même assez fous donc ça nous captivait, ça fait partie de la bande son de notre adolescence et quand on a redécouvert ça il y a 5,6 ans maintenant il y a eu une espèce de bouffée de nostalgie et ça a été la porte d’entrée vers cette musique qu’on connaissait de loin. Par exemple, on ne s’est pas du tout pris la vague Justice quand ils sont arrivés, nous on faisait du rock et on s’en foutait complètement, on aimait quand même bien l’esthétique et on connaissait les clips. 

Il y a eu cette découverte un peu fortuite qui a amené d’autres découvertes, on commençait à vraiment être à fond là dedans, ça nous faisait du bien, c’était hypnotique il y avait quelque chose de corporel, de chaleureux, pas de paroles… On re-découvrait presque un nouveau langage et on a eu envie d’essayer. C’est peut être 6 mois après qu’on a commencé à s’intéresser aux méthodes de production de cette époque là.

C’est la musique qui a vraiment été l’initiateur du truc, plus que les machines. L’intérêt des machines il a toujours été là, sur les projets d’avant, et avec cette musique on a découvert de nouvelles machines et des sons nouveaux mais ça venait d’abord de la musique avant tout, l’intérêt des machines en est une conséquence.

La découverte de cette musique a entraîné cet apprentissage des machines qui n’étaient pas les mêmes que celles qu’on utilisait avant, certaines communes, des samplers de type MPC tout ça ou 808 mais que tu utilises différemment.

Pour faire simple ça a été plutôt la redécouverte d’une musique puis la découverte de méthodes de production et donc de certaines machines qu’on a pu avoir la chance d’avoir entre nos mains ou sur l’ordi parce qu’on est pas non plus des grands finger drummer ou même musiciens.

En tout cas on s’est engouffrés là dedans et encore aujourd’hui c’est une obsession, on a même pas l’impression d’être au quart du chemin que certains mecs ou certains projets qu’on écoute et qu’on aime ont déjà parcouru.

LFB : Quand j’ai commencé à écouter Magenta, il m’a semblé que c’était un projet hyper spontané, sans aucun calcul, c’est à dire que la musique que vous faites n’est pas forcément la musique qui est faite pour cartonner là en 2020/2021. Pour vous c’était important de garder cette fraîcheur et d’éviter le calcul ? De continuer à surprendre les gens avec cette musique ?

Magenta : Je ne crois pas que quand on fait de la musique on se dit qu’on veut surprendre,une réponse classique mais vraie c’est que tu fais une musique que tu as envie d’entendre. 
Et nous on est vachement attirés par l’idée de faire un truc singulier, de mélanger les influences, ça fait un peu bizarre de le revendiquer comme ça d’ailleurs.
Ce n’est pas forcément conscient, c’est un besoin qui finit par se retranscrire.
Il y a l’envie de creuser plusieurs nouvelles influences et ne pas en lâcher d’autres, c’est une histoire de compromis, on sait que c’est hyper important, on a pas envie de lâcher le sens et l’émotion qui passe par un texte et une interprétation mais en même temps on a envie de faire de la musique électronique.

C’est ça qui fait qu’au final on a quelque chose qui nous ressemble à nous et dont on est plutôt fiers.
Ca a été beaucoup de questionnements, de faire et défaire, c’est un patchwork total depuis 5 ans, c’est plein de strates dans les morceaux que nous on entend et qu’on connaît.

L’album il a eu 3 versions et dans chaque morceaux il y a des couches qui étaient déjà là sur la maquette d’il y a 5 ans, mélangées à des éléments d’il y a deux mois parce qu’on a trouvé une nouvelle technique de compression et ça donne une couleur plus actuelle.
C’est intéressant aussi parce que ça montre notre apprentissage de cette musique, d’essayer de faire cette musique sans trop savoir faire au début, même pas du tout en fait. 

Magenta

Au début il n’y avait pas de texte, il y avait un mot par ci par là qui se baladait, c’est marrant parce que ça ne nous manquait pas du tout, il n’y avait pas besoin de ça, et on était hyper bien avec ces boucles . 

La première vraie phrase complète, aussi courte qu’elle soit, elle a dû arriver bien 2 ans après, jusqu’ici c’était des bribes de mots, des voix samplées de nous mêmes, dont certaines strates se retrouvent sur l’EP et sur l’album.

Par contre ce qui est arrivé assez vite, dans la première phase de Magenta qui a duré 2 ans, 2 ans et demi on dira Magenta Beta quoi, c’est que les quelques bouts de voix étaient en français tout de suite. 

L’un de nous a dit pourquoi pas en français en fait, parce que ça n’existe pas vraiment sur de la musique électronique et quand on l’a fait on a trouvé que ça sonnait bien, c’était étrange puisqu’ il n’y avait pas de référence existante de vraie musique électronique avec tout ce que ça implique au niveau esthétique, plastique, sonore, structure tout ça. 

Les seuls exemples qu’on avait c’était des trucs parodiques comme Discobitch, ou alors dans un autre registre la musique de Salut c’est cool

Si on avait voulu faire un choix de carrière pour percer, je pense qu’on n’aurait pas fait de la musique électronique et pas cette musique en particulier parce qu’il y a de la musique électronique qui vend des millions de disques. 

Des mecs comme Tiesto ou Steve Aoki qui font Tomorrowland, c’est des multi millionnaires, ils font de l’EDM.

Donc voilà on n’aurait pas fait ça mais on ne s’est pas posé la question et quand on a commencé à faire cette musique ça nous a paru comme quelque chose d’étonnant, différent et ça nous secouait, c’est pour ça qu’on a continué à creuser.

Sur ce truc de faire et défaire, par exemple nos proches ils ne captent pas, ils se disent comment ça se fait qu’en deux ans vous ayez sorti que 3 morceaux et en 5 ans un seul album. 

Sauf qu’en fait ce n’est pas du tout le truc de prendre du recul ou le syndrome de la page blanche, c’est qu’en fait pour aboutir à un premier EP de 5 titres, il y a eu 10 EP de 5 titres qu’on a jeté. 

Le faire et défaire c’est faire un truc à 95% voire même à 100%, parfois le truc est fini mais on se dit « ok c’est pas vraiment ça qu’on veut« , ou alors c’est pas assez bien donc on jette. 
On en retient toujours quelque chose qui nous aide à préciser ce qu’on veut vraiment. 
On a pas fait 5 ans pour aboutir à 10 ou 15 morceaux, non on a fait 150 morceaux ou 200 démos qui nous ont permis au final d’aboutir à quelque chose de cohérent que sont ces morceaux là.

C’est aussi parce qu’on n’avait pas de pression particulière, aucune deadline de personne donc c’est aussi ça qui nous a un peu perdu mais en même temps ça nous a permis d’essayer d’aller au fond du sujet et faire cette musique en la respectant et en lui rendant hommage.

En y réfléchissant on aurait très bien pu sortir un EP cinq titres tous les trois mois pendant 5 ans et les quelques personnes qui nous suivent auraient pu voir cette évolution mais c’est pas vraiment notre mentalité. 

On est dans cet aspect conceptualisation, on est plus dans une logique faire/jeter que faire/sortir ce qui a des avantages et plein d’inconvénients d’ailleurs.

Ce n’’est pas du tout comme ça qu’on fonctionnait à l’origine, ça a pris du temps parce qu’on n’avait pas de modèle, de fil conducteur qui nous aurait aidé à formaliser au mieux ce qu’on avait en tête. Il y a eu Paradis, Flavien Berger des choses comme ça mais on les a découvert un peu tard et ce n’est pas exactement ça qu’on cherchait. On s’est dit que ce qu’on aimerait bien faire en terme de format, sans prétention bien sûr ce serait un Discovery mais en français, et bon au final ça ne ressemble pas à ça mais ça montre qu’on avait aucun exemple réel pour nous guider. 

On voulait  faire un truc anglo-saxon mais en français donc nos seules références quasiment sont anglo-saxonnes, c’est ça qui est paradoxal.

Par exemple sur l’album on avait mis beaucoup de voix puis on en a enlevé un peu, il y a pas mal de samples de voix qui servent de refrain ou de post-refrain, que tu retrouves dans les morceaux et c’est notre voix qui est cutée et ré-assemblée dans le morceau.
Apprendre à faire ça, ça parait simple comme ça mais ça nous a pris 1 an et demi, pour comprendre comment faire pour que ça soit rythmique, mélodique et que ça garde son sens parce quand tu découpes une phrase de 25 mots en gardant 4 mots ça peut raconter n’importe quoi.

C’est plein de petits trucs comme ça, on a disséqué Music sounds better with you de Stardust pendant 3 mois, mais juste en écoutant la voix, ça été un vrai travail de fourmi en fait.

LFB : Est-ce que vous aviez envisagé de faire un album purement instrumental ou alors faire un projet de producteur en invitant des voix différentes sur le projet ?

Magenta : Franchement on n’a jamais envisagé qu’il n’y ait pas de voix du tout, ce qui était sûr c’est qu’il devait y avoir peu de voix et la voix devait être traitée comme un instrument, c’est plus ça l’idée, la voix doit toujours être processée. 

Daft punk par exemple ils utilisent un vocoder qui fait que t’as l’impression que c’est toujours des robots qui parlent, il y a plein de façon de faire, comme cuter les voix. 

En fait le référent pour nous, c’était de se dire qu’on ne voulait pas que sur scène on ait un mec qui arrive et qui se mette à chanter.
Après on est un peu revenu sur ça parce que quand tu écoutes Boom Bap ou Assez, tu t’imagines bien qu’il y a quelqu’un qui est en train de chanter.
Au début on s’est toujours dit qu’on ferait un album avec des morceaux instrumentaux mais jamais qu’on ferait un album sans voix.

Progressivement en voulant ajouter de l’émotion on est arrivé vers un équilibre avec la voix, on appelle ça musique qui danse et qui pense avec un vrai truc corporel qui donne envie de danser et de taper du pied mais aussi avoir du sens dans le texte et véhiculer une émotion à travers l’interprétation et donc un côté un peu plus cérébral. 

Du coup ce côté cérébral et corporel c’est un équilibre qu’on essaye d’avoir  alors qu’au début on penchait clairement vers le fait que la voix est un instrument et rien d’autre.

Ca ça a été aussi parce qu’on s’est mis à découvrir ou redécouvrir d’autres trucs genre LCD Soundsystem ou Talking Heads alors que Talking Heads on connaissait déjà assez bien mais on ne l’écoutait pas de la même oreille.

 LCD c’est marrant parce qu’on n’est pas des gros fan mais il y a quelques morceaux qui nous ont vraiment fait vachement cogiter et qu’on a essayé d’analyser. En gros, on prend un morceau et pendant deux semaines on le dissèque, ça nous a permis de nous dire qu’on avait un besoin de verbalisation qui revenait, et du coup comment le faire rentrer dans cette musique qu’on essaye déjà de construire au niveau instrumental depuis 2,3 ans.

Pour le coup LDC ça nous a donné quelques clés, c’est possible d’avoir un texte et une interprétation tout en gardant une boucle et ce côté dansant.

Tu as tout un long cheminement, aujourd’hui on a l’impression que ça y est on a notre outil, maintenant il faut qu’on l’affine, qu’on le développe et qu’on le complexifie, disons qu’il y a quelques morceaux dont on sait que ce sont des curseurs pour notre rapport entre l’instru et le texte.

LFB : Le projet est vachement mis en avant pour son côté French touch mais moi je trouve justement qu’il y a une influence assez prononcée du Hip Hop que ce soit dans l’idée du collectif, des thématiques abordées, de l’esthétique, une certaine idée de l’anonymat mais aussi de structures rythmiques que ce soit sur l’album ou sur l’EP, il y a vraiment cette influence qui ressort.

Magenta : ça l’a beaucoup été au début, quand on a commencé il y a PNL qui arrivait et beaucoup de trap, on en écoutait pas mal donc ça nous est arrivé de mélanger ces côtés hip hop avec des côtés dansants mais ces derniers temps pas tant que ça au final.

Ca fait un moment que ce n’est plus trop le cas, mais là où il y a clairement des touches hip hop c’est plutôt dans le phrasé ou le placement de la voix et aussi un peu sur les parties rythmiques, avec effectivement les contretemps, les caisses claires qui vont venir saccader un rythme, un groove comme on dit. 

On aime bien aussi les basses de la trap, les sons sub un peu distordus et je crois que c’est parce que le rap c’est une musique qu’on écoute en continu depuis super longtemps, il y a toujours un moment ou ça va revenir inconsciemment, je pense que ça se fait naturellement.

Nous on voit surtout les côtés house, parce que c’est ce qu’on maitrise le moins et qui nous obnubile un peu, c’est l’aspect sur lequel on se donne le plus de mal.

LFB : Et dans cette idée, de collectif, de crew comme disent les américains, un projet ou tout est réuni, la photo, les clips, la musique, un ensemble .

Magenta : C’est vrai, mais comme l’anonymat c’est surtout un truc qui est dans notre ADN depuis tellement longtemps, c’est difficile d’imaginer qu’on puisse faire des projets d’une manière différente, c’est vraiment un truc historique.

On n’aime pas individualiser les tâches parce que ça nous met super mal à l’aise, on est câblés comme ça. On a l’impression malgré les mauvais moments que sont les engueulades et les incompréhensions  que malgré tout, la chose à laquelle on est le plus attachés, ce n’est pas quelle musique on va faire, ou quelle image on va renvoyer, c’est de ne faire qu’un. 

Et c’est d’ailleurs ça qui est parfois douloureux et difficile à maintenir, c’est une priorité que d’autres groupes ou projets n’ont pas mais que nous on met au centre de tout, ce qui apporte son lot de contraintes supplémentaires.

Il y a un truc de génération aussi, quand on était jeunes on regardait, on appréciait et admirait quasiment que des groupes, il n’y avait presque pas de gars tout seuls, alors qu’aujourd’hui la musique est devenue vachement individuelle.

Alors que nous le mythe c’était des personnes qui se réunissaient dans une cave ou dans un garage et qui branchaient deux trois truc pour jouer de la musique ensemble. 

Aujourd’hui chacun est un peu tout seul, on s’envoie des prods et puis il y a un mec qui rappe par dessus. On ne voit plus trop de groupes de rap par exemple. c’est de plus en plus une exception par rapport à une carrière solo. Et même dans le rock c’est le cas.

Sinon  au-delà de la question de l’anonymat, pour nous c’est aussi une question de pluridisciplinarité.

Après, il y a BTS c’est le contre exemple (rires)

LFB: C’est aussi le rôle des labels qui demandent aux artistes de faire leur musique en solo et si ça fonctionne ils leur mettent un groupe derrière, il n’y a plus rien de naturel Et ce que je trouve rassurant dans Magenta et votre façon de faire c’est que dans une époque ou on place l’individualisme comme la voix à suivre c’est plaisant qu’il y ait des gens qui défendent l’idée de collectif.

Magenta : On ne saurait pas faire autrement de toute façon, c’est à la fois par plaisir et philosophie mais avant tout par nécessité tout simplement.

C’est surement un truc de génération, on est peut être dépassé mais on a toujours fait comme ça, on n’envisage pas de faire différemment, c’est même pas une question qui se pose en tout cas.
C’est ancré chez nous depuis tellement longtemps et puis il y a aussi un truc perso, on vient tous de familles ou on a des frères et sœurs rapprochés, avec des noyaux familiaux denses donc tu nais et tu grandis dans une sphère collective.

Il y a des exceptions bien sûr mais je pense que ça influe beaucoup et pas que dans le projet artistique, dans la vie chacun d’entre nous en général va chercher à s’entourer, à se regrouper, c’est clairement ancré hyper fort chez nous, autant d’un point de vue de notre histoire artistique qu’intime.

LFB : Une question sur les thématiques de l’album, et notamment une que je me pose beaucoup à moi-même, comment on arrive à envisager le futur en regardant en permanence dans le passé ?

Magenta : Si on regarde d’un point de vue strictement musical, on n’est pas là pour une reconstitution historique comme disaient les Casual Gabberz, on a cette volonté d’adapter la musique au monde dans lequel on vit, sinon on serait un peu en galère.

Dans le traitement du truc, on est très dans le présent parce qu’on est quand même souvent impactés par le monde qui nous entoure et assez sensibles à ça, on n’est pas à faire des projections hyper lointaines.

Notre état d’esprit d’il y a 6 mois n’a rien à voir avec maintenant avec tout ce qui s’est passé avec la pandémie, on est très dans le présent mais collectivement on garde des petits trésors, on chérit des moments du passé qui rendent parfois notre présent plus serein, qui débloquent des choses et nous aident à nous projeter. 

Le passé se matérialise par des petites photos, des petits talismans, des mantras de ce qu’on a pu vivre et qui nous permettent d’avancer dans le présent et de faire notre vie sans avoir ce truc de projection. 

Franchement on n’a aucune idée de ce qui va se passer pour Magenta, il n’y a pas de plan.  Il y a juste un présent face auquel on essaye de faire front en s’aidant de trésors passés. Mais ce n’est pas des questions qu’on se pose, là c’est juste une réflexion.

LFB : Si je dis ça c’est parce que pour moi, dans les paroles, votre musique est un peu baignée dans une idée de se confronter au passé. L’autre chose que je voulais mettre en lumière c’est qu’on vous ramène en permanence aux projets que vous avez fait avant.

Magenta ; Je ne sais pas comment répondre à cette question parce que le présent se nourrit du passé, c’est impossible pour nous de pas y penser, ça a changé nos vies mais le but c’est que ça phagocyte le moins possible nos nouveaux projets et notre nouvelle musique.

Mais c’est assez naturel d’y faire référence entre les lignes et de faire des allusions parce que ça fait partie de notre passé immédiat. 

C’est plus des chansons qui à date sont des chansons qui ont des thématiques qui se rapprochent des gens de notre âge en 2020 je crois.

Le contenant c’est le même pour tout le monde mais nous notre contenu il est aussi impacté par ce qu’il y a eu avant et il n’y a d’ailleurs pas que ça il y a aussi des histoires d’amour et des réflexions sur la vie en général qu’on a besoin d’exprimer.

En fait, ça c’est fait assez naturellement, c’était plus des morceaux sur le temps qui passe que sur ce qui c’est réellement passé. 

La mécanique elle est d’abord sur la nostalgie et sur le temps qui passe mais pas sur le contenu, sinon on aurait pas fait ce projet en fait.

LFB : Quand Assez est sorti, je me souviens que les premiers articles c’était “le nouveau projet des mecs de Fauve”, est ce qu’il y a pas un côté frustrant qu’on ne vous laisse pas la possibilité d’envisager quelque chose de complètement nouveau et différent ? Parce que Magenta n’a rien voir avec ce qu’était Fauve.

Magenta : Tu as complètement raison, le coup d’envoi c’est nous qui l’avons donné, on aurait dû plus se cacher avec Fauve, on a appris des techniques pour pas donner les noms, pas donner les prénoms, ne pas être vus et de base avec Magenta on était plus en dilettante là dessus, on se disait qu’on pouvait sortir ce qu’on voulait et que les gens le comprendrait sauf que pas du tout. 

C’est un peu comme dans un couple avec les médias, tu as l’impression que tu t’exprimes bien sur un sujet et que tu réponds correctement sauf que ton partenairene te comprend pas et ça crée une embrouille. 

Comme tu dis à la sortie d’Assez, on se dit cool on va parler de notre projet, ça fait longtemps qu’on charbonne dessus et ce qui sort de ça tu te rends compte que ce n’est pas du tout ce que tu avais imaginé ni que tu avais mis en valeur, le problème c’est que si tu ne maitrises pas l’entièreté de ton projet, ça ne marche pas.
C’est la liberté d’expression, donc si ils préfèrent parler de notre ancien projet, soit, mais bon c’est aussi à nous de faire en sorte que ça ne soit pas le cas.

Ce qui est dommage c’est qu’on mette juste côte à côte les deux projets, on a été déçu et ça va peut être paraître comme un manque d’humilité total mais il y avait une certaine beauté du geste d’arrêter et de changer de sport, il y avait un peu ce truc de Michael Jordan qui arrête le basket et qui se met au baseball. 

On a clairement pas choisi la facilité en faisant ça et on aurait clairement préféré qu’ils ne parlent pas de Fauve mais que si le truc était évoqué qu’il y ait la volonté d’essayer de comprendre ce qu’il y a derrière ce changement là. 

Ce choix est motivé par des ambitions, des envies et des besoins artistiques et personnels qui nous ressemblent  et qui restent fidèles à certaines valeurs qu’on a et tout ça ça a été balayé par ce côté un peu sensationnel.
Donc que ce soit évoqué, ça fait chier, on aurait préféré que ce ne soit pas le cas, après on peut comprendre qu’un journaliste ait envie de le dire parce que ce n’est pas complètement anodin dans notre parcours, les gens aiment bien dire d’où vient le projet. 

Ce qui est décevant c’est qu’on ne se soit pas intéressé au fait de tout arrêter et de repartir de zéro.

A nous de nous réapproprier le truc et on espère que quand on pourra faire des concerts et que le projet sera un peu plus mature il y aura plus de choses à dire sur Magenta.

Il y a aussi une erreur qu’on a faite,  quand tu arrives avec un seul morceau tu n’as pas de matière et rien d’autre à dire du projet. On espère que cette matière-là va arriver et que ce spectre qui traîne sur le projet disparaisse pour qu’on puisse élargir les coudes et prendre un peu d’espace.

LFB: A titre personnel, je sais que ça a été une vraie volonté de ma part de refuser de parler de Fauve lorsque l’EP est sorti mais c’est pour ça que je voulais poser la question.

Magenta : C’est forcément difficile d’esquiver le truc mais c’est super louable de ta part, pour l’instant on ne l’a pas beaucoup vu et ce n’est pas grave , on ne va pas en chialer mais on a quand même passé 5 ans à faire ce projet, il s’est passé des milliards de choses même si on est resté globalement dans la même pièce tous les jours,on a plein de trucs à raconter.

Au delà de la question de pourquoi recommencer un nouveau projet c’est pourquoi ne pas le dire. On voulait que les gens n’aient pas une écoute biaisée, qu’elle soit vierge d’aprioris et laisser une chance au projet. Cette chance on ne l’a pas vraiment eu.

C’est exactement ce qu’on avait avec Fauve à une autre échelle c’est à dire que quand on nous on parlait au nom de Fauve, on nous demandait toujours d’expliquer qui était derrière et c’est un peu pareil avec Magenta, on avait oublié que ça se passait comme ça. 

Tu regardes n’importe quelle interview, on va parler de la vie de la personne, c’est comme ça que les médias communiquent et ce qui intéresse les gens. 

Nous avec nos deux projets on fait l’inverse, c’est ce qu’on produit qui doit porter l’intérêt et qui doit être au centre de l’interview et pas le comment on l’a créée, c’est ça qui est un peu lourd.  Ca nous force aussi à nous réveiller un peu et à nous mobiliser dans le bon sens, ça peut être bénéfique à terme.

C’est très actuel aussi ce besoin de montrer ce qu’on fait de nos vies, il suffit de voir comment fonctionne instagram.

Quand ton processus créatif n’est pas du tout calqué là dessus, quand tu regardes un film et que tu en parles à un copain tu vas parler du film et non pas de la vie du réalisateur. 

C’est de notre fait de pas avoir appuyé totalement dessus, dès la sortie d’Assez, on a perdu notre jeu de jambes un peu, on est un peu rouillés.

C’est un truc du métier qui fait partie du jeu mais qu’on avait un peu oublié parce qu’on était focalisé sur le fait de faire de la musique pour nous avant tout.
Ce sera peut être bénéfique plus tard parce que ça nous force à nous protéger, c’est la piqûre de rappel.

C’est cool de rencontrer des gens comme toi qui sont à l’écoute de ce qu’on a besoin de dire sur le projet et c’est super agréable.

LFB : Est ce que malgré tout il n’y a pas quelque chose de jouissif à rester toujours aussi clivant, à éviter complètement le tiède, parce que t’as des gens qui vont adorer totalement et des gens qui vont détester complètement mais il n’y a pas de juste milieu.

Magenta : Je pense qu’il faut qu’on prenne ça positivement puisque c’est la preuve qu’on fait des projets qui ont un certain caractère, après on ne se dit pas qu’on va essayer d’être clivant ou faire un truc que les gens vont adorer ou détester parce qu’il y aura un parti pris qui sera archi fort.

Une chose est sûre c’est que ce n’est pas jouissif. Nous l’impression qu’on a sur Magenta pour l’instant c’est que ça n’intéresse pas grand monde, on a ce projet là qui nous tient à cœur mais on voit presque de l’indifférence donc c’est l’inverse de ce côté clivant que tu décris, on n’a pas beaucoup de retours de gens qui nous disent qu’ils nous détestent comme on n’a pas beaucoup de retours de gens qui nous adorent.

C’est marrant parce qu’on a justement l’impression d’être dans le tiède là

On a une mauvaise perception de l’effet de nos projets, on est assez mauvais juges de ça et c’est assez logique, donc on va retenir le positif en se disant que c’est un projet avec du caractère mais c’est clairement pas jouissif.

LFB : Si je vous dis que Magenta c’est une ode à la vulnérabilité, est ce que c’est quelque chose avec lequel vous êtes d’accord ?

Magenta : C’est une façon assez poétique de le dire, pour nous c’est plus un constat pas hyper drôle de vulnérabilité.
Certains textes ont pas l’air comme ça mais ils ont été durs à sortir et à enregistrer. Heureusement il y a toujours une forme de résilience et les textes ont permis d’évacuer une forme de sentiment de vulnérabilité, de nostalgie mais qui n’est pas sublimé forcément, il n’y a pas un côté militant de la vulnérabilité.

Si c’est ce que ça fait ressortir c’est cool mais de notre point de vue c’est plus fataliste que ça, il y a eu un besoin à un moment donné de se dire « ok ça fait 3 ans qu’on est dans ce truc, on a fait que faire et défaire, on devient fou, qu’est ce qu’on branle. »
En fait, c’est très premier degré., c’est loin de la poésie, même si ça reste de la chanson, c’est quand même très frontal sur notre génération sur le fait d’avoir 33 ans et plus 28 ou 29 ans et ce qui est marrant c’est que cet arrière goût il n’y était pas au début. 

C’est en retravaillant tout sans cesse et avec le temps qui passe que ces morceaux ont pris cette valeur plus forte qui est celle de nos vies maintenant avec des grands moments quand tu es jeune et le fait de se rendre compte que c’est derrière nous et voir le temps passer si vite. 

Le geste lui même de décider de l’écrire et de le chanter et d’en faire un beau morceau qui donne envie de danser et qui fasse du bien au corps , déjà c’est une certaine forme d’ode  à la création, un besoin artistique vital. 

Après si comme pour toi, ça peut transcender certaines choses chez les gens qui écoutent c’est vraiment trop cool, parce que nous on a l’impression de faire un truc un peu sombre et c’est pas fait exprès. Ca veut peut-être dire que ça marche, que le message passe, l’élan créatif et l’énergie se transmettent.

LFB : Ce qui est intéressant aussi et qui est de plus en plus rare dans l’époque à laquelle  on vit, c’est qu’il y a une absence d’ironie dans vos chansons. Je trouve ça beau et ça ramène vachement à ce que fait Stupeflip à une époque.

Magenta : ça nous parle vachement ce que tu dis là, King Ju il est dans un truc complètement tripé, il y a plein de gens qui ne connaissent pas Stupeflip ou qui s’intéressent pas au truc et qui vont se dire “ah c’est guignolo, c’est un peu concept” alors qu’il n’est pas du tout concept, il est hyper premier degré et c’est peut être ça qui rend le truc aussi fort.

Stupeflip ce n’est pas clivant mais il y a un côté culte au début tu trouves ça trop bizarre, c’est quand tu rentres que ça devient tout de suite très difficile d’en sortir tellement c’est prenant.

Il y a un pont émotionnel qui se créée entre King Ju et toi,dès que tu lis entre les lignes de tout son décorum et toute sa galerie de personnages et la forme qu’il met autour qui est ultra poussée, complexe et fascinante, tu te prends un vrai truc.

Et finalement peut être qu’on a un peu la même façon de faire, on essaye de sublimer sans trop sans rendre compte.
C’est vrai qu’on a ce truc de transcender un état sincère qui n’est pas forcément très drôle avec un objet qui va devenir extérieur à nous et qui va permettre un peu d’extérioriser, c’est  aussi le propre d’un geste créatif.

LFB : Ce qui est intéressant, au delà du côté sombre c’est qu’il y a un vrai combat pour la bienveillance aussi qui se dégage de ce que vous faites, dans le sens de l’acceptation et de  la bienveillance envers soi même, si les choses elles sont comme ça c’est pour une raison et il faut vivre avec.

Magenta : Ca nous touche que tu aies pu ressentir ça parce que nous on a vraiment une vision un peu dark de tout ça mais quand tu l’analyses comme ça, on se dit qu’il y a des morceaux sur l’album comme Fatigué, Honda Wave, Monogramme, et même Maman qui est plus triste et qui en fait se termine bien.

C’est vrai qu’on a peut-être mis plus de portes de sorties que ce qu’on imaginait, c’est cool de l’entendre, ça rassure un peu.

Il y a une thématique récurrente quand même qui est de s’inquiéter pour les autres et pour soi-même.

Le fait de s’inquiéter tu peux voir ça de manière négative parce que c’est pas un sentiment agréable mais s’inquiéter pour quelqu’un c’est porter une certaine bienveillance, il y a une attention qui est portée à l’autre et le fait de le voir comme de la bienveillance c’est cool.

LFB : Je voudrais citer Tom Tom Club ” À l’avant de la Passat blindée, Comme dans ma vie puis un moment, J’suis sur le siège passager”, est ce que le bruit de Magenta c’est pas aussi de reprendre le contrôle de sa propre vie? 

Magenta : Ha ben si si complètement, tu nous fais des punchlines pour les prochaines interviews, la prochaine qu’on en fait on dira “voilà vous avez écouté Tom Tom parce que l’objectif de Magenta c’est de reprendre le volant de sa propre vie”. (rires)

Mais est ce que le fait de faire des projets artistiques c’est pas ça au final ? Le but c’est de pouvoir compenser une perte de contrôle sur sa vie, sur sa propre histoire, ses relations, parce que t’as une liberté totale et la création c’est un endroit où tu as le contrôle, donc oui tu as complètement raison.

LFB : Vous avez annoncé une date aux eurockéennes de Belfort…

Magenta : Ils l’ont annoncé en fait, on était même pas au courant (rires), on l’a découvert quand ça a été annoncé.

La vraie histoire c’est qu’on devait y jouer l’an dernier et on sait que certains festivals programment ce qui était prévu l’année d’avant donc nous on avait aucune certitudes sur ça.

Du coup on est très content, et hyper flippés parce qu’on est mega rouillés.

LFB : Comment vous l’envisagez? 

Magenta : Heureusement on a encore pas mal de temps mais ça nous fait super peur, là depuis un bon moment on travaille sur un truc Arte concert qui sera filmé la semaine prochaine, tu t’imagines que c’est le premier concert de Magenta et que c’est filmé en direct, c’est n’importe quoi.
On est mega paniqués, c’est un tout nouveau set up, il y a beaucoup de machines, il faut arriver à chanter correctement, donc on a encore beaucoup de travail.

Ce qui est cool c’est que ça fait avancer, quand d’un coup on te dit bon bah tu vas devoir faire ça. 

Le projet d’avant c’était pareil, jamais on ne se serait imaginé faire la moitié de ce qu’on a fait, mais en fait quand on nous le propose et que tu dis ok, t’es obligé de te sortir les doigts et te bouger. 

Le contexte aurait été différent, on aurait pu faire des concerts depuis presque un an, on n’aurait pas notre premier concert filmé pour Arte mais au moins ça nous fait bouger.

LFB : Le réel a toujours eu une influence dans ce que vous êtes et ce que vous faites, l’époque actuelle elle vous inspire quoi ?

Magenta : Franchement, rien de très très positif, mais il y a quand même un truc positif et chouette c’est que la génération plus jeune que la notre donne pas mal d’espoirs en prenant des combats à bras le corps.

Nous on est une génération qui n’a pas fait grand chose, j’ai le souvenir de quelques manifs pour le CPE, pour des points de détails à côté de causes plus grandes et plus nobles que les gens plus jeunes que nous portent et c’est assez rassurant.

C’est un vrai motif d’espoir, quand on voit l’état de notre monde à tout point de vue, c’est quand même pas très enthousiasmant et même plutôt flippant.

Ca se ressent un peu dans nos morceaux, il y a un poids, une chape de plomb qui nous plane au dessus de la tête et qui te fait plier ou déprimer même si on reste toujours très résilients.

Ca rassemble en fait, je crois qu’on a quand même des choses à défendre, des luttes à entreprendre et les gens font front ensemble, ça reste une lueur d’espoir. 
On a eu droit à tout nous quand tu y réfléchis on pouvait partir à l’autre bout de l’Europe pour 70 balles donc on s’est toujours dit on a droit à ça, on n’a jamais été privé et on jamais eu trop ce temps de réflexion pour remettre en cause nos manières de fonctionner et de vivre.

On a un peu oublié qu’il faut toujours se battre, c’est trop bizarre de se dire qu’il y a des acquis qui se perdent alors qu’on est censés évoluer et tendre vers quelque chose de meilleur,  au lieu de ça on régresse.

Si on nous avait dit ce qui se passe maintenant il y a quelques années on l’aurait pas cru, et c’est même pas que le covid, c’est plus tout ce que ça a engendré, sortir de chez soi et voir que les bars et restos sont fermés, est ce que c’est une bonne ou une mauvais solution ? Peu importe, c’est juste comme ça, c’est un coup de massue, c’est trop spécial.

Le côté positif pour nous qui avons toujours été très peu militant et peu politisés, c’est que cette génération nous force à nous réveiller et à ne pas laisser passer le train parce qu’on a tous un rôle à jouer et finalement c’est peut être plus fort que les aspects négatifs, et ça ça donne des raisons d’être un peu plus optimistes.