Une conversation avec Diamond 2klo

Personnage mystérieux, Diamond 2klo apparait par touche dans nos vies depuis maintenant plus de dix ans. Tout d’abord indissociable des Casseurs Flowteurs, on se rappelle de ses apparitions drolatiques dans Comment C’est Loin ou en plombier lubrique dans Bloqués. D’abord présence vaporeuse et aux apparitions étranges, 2Klo se solidifie depuis maintenant cinq ans et son premier « vrai » titre solo : Xavier. D’abord présent par touche, il nous aura marqué avec sa superbe trilogie sur Le Blues. Une trilogie comme un coup de maître, à la fois hilarante et désespérée, elle définissait d’un coup aux yeux du monde un style et un personnage. Cette sensation de flou entre l’intime et le privé est entretenue avec Clyde, son premier album uniquement sorti en physique à l’exception de quelques singles. Alors qu’il s’apprête à dévoiler son nouveau projet, Dalton Dallas Chapitre 2, ce vendredi, Diamond 2klo nous a offert un entretien exclusif. Une longe conversation à travers laquelle on a essayé d’en savoir plus sur cet artiste iconoclaste et passionnant. Rencontre.

La Face B : Salut 2klo, comment ça va ?

Diamond 2klo : Ça va plutôt bien malgré le temps un peu difficile

LFB : Pour commencer je me demandais : est-ce qu’il y a une différence entre Claude et 2KLO ?

D:  Non non, il n’y a aucune différence. C’est la même personne avec probablement des côtés accentués sur l’un ou sur l’autre mais je suis la même personne que ce soit 2KLO et Claude. C’est un seul et même bloc

LFB : Je te demandais ça, parce qu’à la lecture de ta biographie, on se demande si il y a une volonté de se créer une mythologie, un personnage.

D : Je ne te cacherais pas bien évidemment que quand tu écris une biographie, tu accentues des points forts que tu veux faire remarquer mais allez à 95% ça reste moi, ça reste ma nature.
Je ne peux pas me trahir là dessus. C’est un peu la même quand tu prends Eminen avec Slim Shady, c’est un personnage mais il existe bien en lui. C’est vraiment ma nature profonde, je suis cet homme. J’assume même si ce n’est pas forcément très évident.

LFB : Si je te dis que moi tu me fais penser à Robin Williams, est ce que ça colle ? Une personne qui fait marrer le monde et qui a en lui une profonde tristesse et une vraie mélancolie.

D : Bah je dirai qu’être comparé à Robin Williams c’est extrêmement flatteur pour moi, peut-être pas pour lui. Paix à son âme d’ailleurs… Mais oui, dans mes écrits se sent une mélancolie puis il y a l’humour qui se dessine, il est probablement fait pour cacher la première.
J’ai cette nature là qui tend à pencher vers l’humour car il y a quand même des trucs super marrant dans la vie, des choses qui me font rire profondément. J’adore me marrer, je sais pas pour toi, mais moi j’adore ça.

Ce que je cherche, c’est tourner les choses dramatiques à la dérision mais d’une manière un peu plus, je dirai pas subtile, mais d’une manière un peu différente de l’humour conventionnel.
C’est tellement grave ce qu’on peut vivre que tu es obligé de te fendre la poire je pense. C’est comme ça que je vois l’humour et ça fonctionne avec les gens avec qui je partage ça.

LFB : Est ce que la musique t’aide à dompter la tristesse et la violence qu’il peut y avoir en toi ?

D: Ça peut oui… Quand j’écoute le résultat final parce que je me dis que j’ai peut-être réussi un peu à amener ce que j’ai en moi et en faire quelque chose de construit dans la structure mais c’est quand même difficile… Après oui quand tu es un artiste qui fonctionne et qui a du fric au bout d’un moment ça t’adoucit et quand ça ne marche pas et que ça continue ça t’énerve encore plus (rires).

LFB : Tu ne sais pas encore finalement ?

D : C’est fifty fifty, ça fait du bien quand ça sort en fait. Ça fait vraiment du bien … et puis c’est pas à toi que je vais l’apprendre mais c’est quand même pas évident de sortir quelque chose que tu as en toi et qui puisse prendre forme et plaire à plein de personnes. C’est quand même complexe.

LFB : Le fait que ce soit « brut et autobiographique », est ce que tu t’attendais à cette réponse de la part des gens ?

D : Ouais, même si j’en suis le premier étonné. Je n’ai pas un milliard de followers non plus… Je suis le premier surpris mais c’est agréable. Mais on l’a tous ce truc là, même toi dans ta manière de faire, ça va réunir des gens. Pas forcément dans la musique mais dans ta profession, ton travail, ça va réunir des gens et bien sûr c’est plaisant. Après le truc qui ferait monter les choses c’est les concerts, c’était prévu mais ça a été annulé avec ce qui se passe, avec le covid. L’idée ça serait de pouvoir vraiment décoller tout seul sans le paramètre des Casseurs Flowteurs.

LFB : Comment tu les imagines les concerts ?

D : La manière de chanter ou la dimension que ça peut prendre derrière?

LFB : Comment tu te voyais amener ta musique sur scène ? Si tu penses être seul ou avec des musiciens, ce genre de choses.

D: Alors moi j’ai imaginé les deux. Parce que l’avantage que j’ai eu avant de commencer la musique c’est le background derrière. J’écrivais depuis super longtemps mais je gardais ça dans un cahier. Je voulais rapper comme tous les mecs de mon âge, mes amis, mon entourage, sauf que moi j’ai jamais eu le truc, le déclic.

Dès que j’essayais de parler vite, je butais sur le mot, je bégayais… c’était plus ridicule qu’autre chose. Tu vois c’était pas pour moi.

Donc je continuais à écrire mais je ne chantais pas. Suite à ça je suis devenu le tour manager de Toxic Avenger, qui me fait des prods. J’ai travaillé pendant deux ans et demi sur la tournée de l’album Romance and cigarettes. Et c’est là vraiment que je me suis rendu compte, en étant sur et derrière la scène, de comment fonctionnait un live, les filages etc… Puis c’est venu progressivement et ça m’a permis d’avoir,même quand j’ai tourné avec les casseurs d’ailleurs,une visibilité pour plus tard mon propre live.

Donc je peux le voir de différentes manières, low cost ou non. Je pense vraiment pouvoir m’adapter pour faire quelque chose de vraiment cool et pour pas cher parce que de toute manière les tourneurs qui misent sur toi, ils aimeraient avoir le show de Michael Jackson pour 500 balles, ce qui n’est pas possible.
En fait quand tu fais un live par rapport à ton album tu ne refais pas les chansons identiques, tu les retravailles pour que ça sonne live et moi au début ça je ne le savais pas. Je pensais que tu reproduisais les mêmes choses et basta, et je me suis aperçu quand j’étais avec Toxic, que chacune des intros des chansons tout était retravaillé, bien évidemment le thème était le même mais tout était retravaillé différemment pour vraiment offrir quelque chose d’enfer au public. C’est ce que moi j’ai fait aussi notamment avec Clyde cet été parce qu’on avait répété pendant un mois avec Pierre Locatelli, qui me fait des prods, dans l’optique de commencer à tournée en octobre.

On devait faire le MaMa et on devait chanter au mois de décembre à paris au Point Éphémère, ce qui est forcément annulé pour le moment.

LFB : Du coup cette musique, tu as toujours eu la volonté de la faire vivre sur scène ?

D : Alors en fait au début je voulais faire un album parce que j’avais des musiques depuis tellement longtemps, je voulais faire un album mais je ne voulais pas le défendre. Je voulais réunir la musique, la travailler et faire une ou deux dates à paris. Après j’ai réfléchi, je me suis dit faut faire un live et te montrer comme artiste. C’est du taff quand même un disque l’air de rien. Donc ouais là je suis vraiment motivé à faire de la scène.

LFB : Tu parlais de Clyde, il est sorti uniquement en vinyle et en CD. Dalton Dallas sort aussi dans une version augmentée en vinyle. Elle vient d’où cette envie de sacraliser le format physique ? Est ce que c’est pas suicidaire artistiquement de ne sortir que du physique qu’en 2020 ?

D: La vraie stratégie, je vais te la dire : Au tout départ c’était pour défendre l’amour que j’ai de la musique et puis parce que sur les plateformes de streaming si ta musique elle n’accroche pas en quelques secondes on t’écoute pendant 4 jours et tu passes à l’as et en tant qu’artiste ça fait chier. Puis je me suis dit tiens l’album (Clyde) va sortir qu’en physique comme avant, comme à l’époque ou on écoutait vraiment des disques . Ça a bien marché, ça a même très bien marché. En ce qui concerne Dalton Dallas, il aura une version vinyle mais il sera sur les plateformes de streaming.

LFB : Donc au fond, c’est un vrai geste d’amoureux de la musique ?

D : Ouais bien sûr. Clyde on voulait le ressortir en stream pour la date anniversaire avec 8 ou 9 morceaux en plus pour une édition « deluxe ». Mais, si je sors Clyde sans pouvoir le défendre en live, ça va être un album qui va être jeté au feu… Et comme on avait vraiment taffé dur dessus, je ne voulais pas gâcher ça donc sa sortie va être vachement décalé mais il y aura des titres en plus.
Et en parallèle on était au mois d’août entrain d’en parler avec Pierre, mon beatmaker et je me dis ça fait chier, vu qu’on ne va pas pouvoir faire du live, il faut qu’on trouve une alternative et c’est comme ça qu’est né Dalton Dallas. Comme ça on reste dans l’actualité et on envoie quelque chose sur les plateformes, c’est cool.

LFB : Dalton Dallas sort le jour de tes Quarante Ans, Clyde était sorti le jour de l’anniversaire de SOS Fantômes. C’est quoi cette obsession pour les dates ? (rires)

D : Alors ce qui est marrant avec Ghostbuster et Clyde, le fantôme, c’est que j’ai du décaler la sortie d’une semaine pour que ça tombe pile avec SOS Fantômes. J’ai fait des recherches et je suis tombé là dessus, j’ai fait c’est génial en fait, je parle de fantôme et ça tombe avec sos fantômes, il faut le faire. Pour le 27 novembre, là je me suis dit vas y c’est tes 40 balais ça arrive qu’une fois faut le faire.

LFB : Si je te dis que pour moi, tes albums sont du « cinéma auditif », est ce que c’est une notion qui te convient ?

D : Absolument merci beaucoup, ça me touche. Je suis content si ça donne ce résultat, très content même.
En fait, contrairement aux jeunes de mon époque quand avait 14-15 ans jusqu’à 30 piges, mes potes c’était des fou de rap non stop et c’est marrant j’ai jamais été là dedans, j’étais à fond dans la variété comme un gros bouffon (rires)
J’adorais la variété, les trucs plus classiques, c’était plus fort que moi et notamment j’aimais énormément les bandes originales de films. Je viens d’un milieu d’ouvrier, d’une famille tout à fait banale et on a eu la chance à quasiment à sa sortie d’avoir le magnétoscope. c’était un truc de ouf à l’époque. T’as quel âge toi?

LFB : J’ai 33 ans.

D : Ah ben ça te parle alors (rires)
Je me souviens ils l’avaient acheté en 84 ou 85 et ça coûtait 10 000 francs c’était une fortune à l’époque quand tu voyais que le SMIC était à 3000 balles.
Et après j’avais un grand frère en apprentissage, et il faisait tout ce qu’il voulait de son fric comme il était en apprentissage, et lui il avait fait fort, il nous avait choppé canal + en 1989, c’était lourd dingue et je m’étais pris tous les films en pleine poire.
En fait j’ai encore mieux car je suis très bon sur les dates, écoute l’anecdote c’est pas mal du tout : C’était en 1989/90, mon frangin s’était blessé la jambe l’été et était coincé à la maison et notre voisin, son fils de 24/25 ans, il avait acheté deux magnétoscopes, tu vois le truc (rires). Et en fait toutes les cassettes qu’il louait il les piratait toutes … mais en 89 tu achètes deux magnétoscope à 1000€ ça fait mal quand même, c’est fort (rires).
Il a passé toutes les cassettes à mon frangins et là je me suis fait toute la vidéothèque du monde. Je me suis tapé du Goonies, Gremlins en passant par Road House ou Retour vers le futur … J’ai tout eu

LFB : Mais justement, toute cette culture populaire, elle se retrouve dans ta musique.

D: C’est ce qui m’a bercé quand j’étais gosse. Quand t’es jeune, tu es enfermé dans plein de choses, tu ne peux pas faire des choses d’adultes… Et avec ça, tu te prends la brutalité de ce que t’envoie l’Amérique, parce que à l’époque c’était fort quand même. (rires)
Je parlais de ça avec un copain récemment : tu sais ce que c’était notre rêve quand on était gamin ? On regardait les séries américaines, c’est tout con et maintenant tu en as partout, et le rêve c’était de se faire livrer une pizza. Tu voyais le mec qui commandait avec les anchois tout ça … et normalement si ça passe trente minutes la pizza est gratuite. (rires) Et donc ouais ça m’a nourri… j’étais un aimant de toutes les séries américaines, tous les films j’ai tout avalé.

LFB : C’est de là que vient ton fantasme américain ?

D : Ouais carrément. Quand j’étais petit je voulais être américain et j’ai toujours envie d’être américain. (rires)

LFB : Est ce que tu as vécu ce fantasme et quel rapport tu entretiens encore avec ce pays ?

D : Je suis allé plusieurs fois en Amérique du Nord, c’est vrai que la première fois ça t’explose la tête.
Je suis allée à New York pour faire un clip mais j’ai trouvé ça super compliqué. Tu marches à mort même si en tant que parisien tu es habitué à marcher, quand tu arrives là bas c’est encore autre chose. Et vu que j’arrivais et que je connaissais rien … c’est comme si un mec qui n’est pas français tu le lâches devant la tour Eiffel et vas y maintenant démerdes toi. Quand tu ne connais pas les coins, tu t’emmerdes vite. Donc New York ça n’a pas été forcément de la grosse bombe.

Pour le reste, une ville que j’ai adoré c’est Philadelphie parce que même si c’est super étendu ça reste vraiment à taille humaine et c’est cool. C’est vraiment pas mal. Aussi Las Vegas au début j’ai adoré.

LFB : Et si tu étais un film américain des années 80/90, tu serais lequel ?

D: Alors là je te dirai l’évidence le premier qui me vient à la tête, je réfléchis intelligemment et je dirais les goonies, le plus cool. J’aime bien les films fantastiques des années 80 qui sont pas mal aussi, les films de Robbin williams sont bien, notamment Hook même si tu décroches un peu après le début. Lhistoire sans fin est bien aussi. Y’en a tellement, je les aime tous.

LFB : Moi quand je pense à toi, je pense à Last Action Hero.

D : J’étais allé le voir au cinoche.

LFB : Je dis ça pour le côté méta un peu, le double rôle …

D : C’est pas mal comme idée de comparaison. Tu sais ce que c’est le deuxième film que je suis allé voir au cinéma tout seul ?
Mes parents m’avaient laissé tout seul c’était retour vers le futur II. Et c’est quand même cool de se dire qu’on a vu Retour vers le futur II au cinéma.

LFB : Je vais reparler musique. J’ai beaucoup aimé Clyde et je me demandais quelle évolution tu voyais avec Dalton Dallas ? J’ai l’impression que ce nouveau projet est moins éclaté.

D : Qu’est-ce que tu veux dire par moins éclaté ?

LFB : Je trouve qu’il y a une vraie couleur

D: C’est probablement dû au fait qu’on se connait plus avec la personne avec qui je travaille et donc ça se sent. On a eu beaucoup moins de difficulté à travailler sur Dalton Dallas que sur Clyde. Pour Clyde le démarrage a mis 7 mois, on avait une super entente mais ça ne venait pas jusqu’à ce qu’on se mette un coup de pied au cul. On a fait aussi sur le chapitre 1 de Dalton Dallas mais je ne sais pas quand ça sort, je remettrais surement des titres sur ce chapitre là.
L’avantage que j’ai eu en commençant par le chapitre 2 c’est que je peux faire un truc complètement désordonné en dévoilant d’abord le chapitre 4, puis le premier …

LFB : Je trouve que c’est un projet qui te prend tout de suite aux tripes avec une vraie ambiance très forte, je me demandais si c’était volontaire ?

D: Bah volontaire oui et non, tu ne te rends pas compte quand tu as la tête dans le guidon, c’est trop difficile de voir

LFB : Et est ce que ton écriture a aussi évolué sur ce nouveau projet ?

D: Peut-être oui. En écoutant ça a plus de logique, plus de forme. Après je ne dirais pas que c’est un aboutissement total mais ça a plus de sens. C’est comme quand tu apprends à marcher, au début tu as du mal, tu tombes puis après c’est plus fluide jusqu’au jour où tu te casses la gueule comme tous les artistes et que tu tombes dans le fond (rires). Il y a toujours le disque où tu te ridiculises. (rires)

LFB : Il y a énormément de featuring sur ce nouvel EP. Est ce que c’était une volonté de ta part d’amener une sorte de contraste et de mouvement avec ta voix qui est très définie ?

D : Ouais alors déjà parce que ça me plaît, j’ai toujours trouvé ça intéressant. Je trouve que ça valorise mon travail de mettre des voix féminines dessus. J’adorais écouter Cock Robin qui chantait régulièrement avec une femme. Comme Là bas de Goldman par exemple, je trouve que l’alchimie des deux personnes fonctionne super bien. Je vais te parler franchement, je sais que pour le moment je suis bridé avec ma voix, je ne peux pas faire des variations de ouf donc quelqu’un doit me donner un coup de pouce.

LFB : Et ça rajoute une certaine lumière et une énergie positive à une musique qui est quand même très sombre. Je vais pas dire que c’est plombant mais presque (rires)

D : Je suis entièrement d’accord avec toi. Au départ je voulais faire un truc beaucoup plus noir que ça mais j’ai réussi à me restreindre. J’avais très envie de le faire même si on pourra me dire que cet album est trop négatif … Malheureusement cette négativité elle fait partie de moi et je ne peux pas m’en débarrasser, je peux pas arriver et être quelqu’un de souriant, de gentil alors qu’on est tous les deux en fait, comme un animal sauvage. Tu prends un félin il peut te faire un câlin et te déchiqueter la gueule, et je pense dans la vie on est les deux sur tout sauf que c’est à chacun de trouver un équilibre.

LFB : Et écrire de la musique comme ça, est ce que ça te permet de maintenir la négativité à l’écart ?

D: Ça me permet d’extérioriser déjà… c’est encore trop tôt pour dire si je peux la mettre à l’écart. Je ne sais pas car tu la nourris en même temps au final . Par exemple, tu pourrais te dire qu’un mec qui va avoir plein de conquêtes dans sa vie ça peut le calmer mais ça nourrit le fait de vouloir plus de conquêtes… C’est à toi de contrôler et c’est encore trop difficile. Je suis encore trop jeune sur plein de trucs.

LFB : Comment tu travailles les ambiances visuelles sur ton projet ? Que ce soit sur les pochettes, qui sont superbes toutes les deux, et les clips, il y a un vrai soin qui est apporté sur les visuels.

D : Je te dirais que c’est la manière dont je vois les choses et ma liberté d’expression. C’est mon ressenti, c’est mon naturel qui parle en fait, c’est tout ce que j’ai dans l’ADN qui parle et pas autre chose. Mon histoire, mon vécu, mes vies, le rapport que j’entretiens avec les gens. Ce que je vois, c’est comme ça. Après c’est fait d’une manière brute et pas travaillé comme un super professionnel. J’aime bien les choses brutes et aussi parce que je suis un fainéant. (rires) Je suis fainéant à mort.

LFB : Sur l’ouverture du vinyle Dalton Dallas, tu dis « entends ma voix ». Est ce qu’avec ce projet tu réalises qu’on entend ta voix ? Que tu n’es pas seul à ressentir tout ça.

D : Je crois qu’il y a des gens … ça parle à pas mal de personne en fait. Et puis parce que comme Hélène Segara je ne le vois pas, ça parle à pas mal de personnes… Je ne sais pas je suis peut-être un peu aveugle pour ça mais les gens aiment bien, ils t’envoient des messages gentils, ils t’encouragent, c’est super agréable parce que la musique c’est quand même difficile. Quand je vois des mecs qui ont des backgrounds pas lourd… rien n’est impossible mais tu sais le circuit est saturé pour de vrai et tu verras que dans 10 ans on parlera de l’année 2020 et on dira ce sera pas si saturé que ça. Regarde maintenant tout le monde veut faire de la musique même moi (rires). Le monde ne tourne pas à l’envers, même moi je veux faire de la musique

LFB : J’ai vu que tu avais participé au Pernod Ricard Live. Je me demandais ce que tu cherchais à travers ça ?

D : Déjà eux ils cherchent quoi ? Eux ils cherchent un mec ou nana de 25ans à faire monter, la probabilité que je reste dans les 10 est pas impossible. Pour te répondre, on va dire que c’est la passion de la musique, l’amour propre et me dire que même si je ne suis pas le meilleur, je peux être d’une certaine manière un tout petit peu dans le circuit.

Si ça doit passer ça passe sinon je ne le cherche pas. Comme le mec qui fait le marathon il sait que des mecs devant courent beaucoup plus vite mais du moment qu’il est dans le circuit, qu’il peut faire quelque chose il va le faire.

LFB : Est ce que tu as des coups de coeur récents à partager ?

D: J’en ai un ouais. Déjà la BO de nuits blanches à Seattle avec Tom Hanks sorti en 1993. J’ai réécouté aussi, et je te jure celui là est vraiment pas mal, c’est la BO de Léon de Eric Sera, ça avait aidé à faire monter le film tu le sens tout de suite. Le dernier album neuf que j’ai acheté reçu la semaine dernière c’est l’album de PNL avec la chanson Olala. Et bah c’est là où ils ont commencé à vraiment éclater avec leur clip en Islande, même si j’ai écouté que le début et que j’ai décroché au bout de 3 ou 4 chansons. Voilà ce que j’ai écouté en ce moment.

LFB : Est ce qu’à l’image de ton personnage dans Comment C’est Loin, 2klo il est la pour « enculer la musique française » ?

D (rires) : Je ne sais pas ça dépend dans quel sens enculer mais dans un certain sens totalement, clair et net parce qu’il y a des choses où je vais taire des noms qui sont durs, très durs dans la musique française. Ce que je m’amusais à faire avant , dans des vides grenier ou biffins qui sont des sortes de brocantes underground. Ce que je fais à chaque fois ou même dans les cash express, je vais, j’achète tu vois les vieux ipods, les iPods nano,… Et ben 99% du temps les gens ont laissé leur playlists, et moi je me force à écouter ce que le mec à fait car c’est des musiques que j’écouterai jamais en temps normal. Je trouve des trucs géniaux. J’ai acheté deux apple Shuffle mais mec tu as de la dance et de la tektonik c’est dégueulasse comme jamais. Les David guetta, les Akon … c’est terrifiant comme c’est de la merde.

LFB : Et pour finir, je voulais revenir sur l’histoire sur Eddy Murphy. C’est une vraie histoire ?

D: Vraie histoire vraie de vrai. Je peux te raconter toutes les circonstances. L’article ils se sont trompés car j’avais pas appelé des amis à moi.

Je te fais rapidement l’histoire. J’avais acheté une bagnole, 309 GTI 19 soupapes. On passait pour des gros beaufs à l’époque mais quand tu vois le prix que ça vaut maintenant c’est devenu cool. Et je suis sûr que t’en vois encore des bagnoles comme ça dans le nord (rires).
Donc en fait j’étais avec un pote et comme tout bon normands ce qu’on fait c’est qu’on « arrose la voiture » si tu vois ce que je veux dire.
On parle on parle, on parle et il me raconte que sa compagne elle s’est faite emmerder par un mec qui a déjà une réputation un peu sulfureuse avec les filles, de les faire chier et de pousser le délire. Je vais pas aller plus loin mais il poussait vraiment le délire.
Et je sais pas avec mon pote on se bourre la gueule et on prend sa bagnole, chose qui n’est pas du tout bien, c’était en 2004. On va chez des filles qui nous payent l’apéro, l’histoire revient sur le tapis et les filles nous racontent la même histoire que ce mec est extrêmement compliqué avec les filles. Nous on revient au point de départ au domicile de ma concubine de l’époque et on continue à se déchirer la tête.
Là mon pote à son numéro de téléphone et moi je l’appelle en inconnu puis je lui dis des propos extrêmement difficiles en prenant la voix D’Eddy Murphy.

LFB : Et au fond, si on reste sur l’idée que Claude et 2klo ne font qu’un, c’est un peut le point de départ de Dalton Dallas non ?


D : Le début du justicier on va dire comme ça. C’est une histoire authentique et vraie et pour te dire le #31# avec les flics ça ne fonctionne pas, ton numéro apparaît quand même (rires). Les mecs tu sais ce qu’ils avaient fait ? Le jour où les flics me gaule j’ai une convocation et je m’aperçois que le flic en face de moi il est entrain de dire tous les mots que j’ai pu sortir, sachant que le mec je l’ai appelé pendant 1 mois et demi, ça me faisait marrer.
Et donc le mec, il me sort tous les mots et les expressions propre à cette époque la, au millimètre près et là je me dis «  c’est pas possible, le mec il a pas tout noté ». Et ce que j’ai découvert après, pas par les flics mais par ce mec là que j’ai rencontré dans une discothèque en Normandie et qui était devenu de la guimauve car complètement rempli d’alcool, c’est qu’ils avaient fait un retour d’appel et qu’ils avaient tout enregistré. Donc les flics, ils ont mon premier album en fait (rires).