Turner Cody. Doux spleen d’un cow-boy de l’asphalte.

Depuis une vingtaine d’année le musicien originaire de Boston peaufine son savoir-faire au fil du paysage. Celui qui a émergé au sein de la scène anti-folk new-yorkaise, s’est arrêté un jour à Toronto où il fit la rencontre de Nicolas Michaux. C’est avec lui et The Soldiers Of Love qu’il s’associera pour réaliser l’album « Friends In High Places ».

crédit : Charles Paulicevich

Tout parait simple avec Turner Cody.

Lorsqu’on écoute un album, bien des états peuvent nous traverser. On peut se sentir en pleine incompréhension, en pleine analyse ou bien évadé et en pleine sérénité. Bien que tous les styles musicaux ne soit pas logés à la même enseigne, la folk elle, possède quelque chose de très accueillant et réconfortant. Ses codes inscrit dans un imaginaire collectif appellent à l’évasion. Mais comment les artistes se réinventent alors? Comment continuer de cultiver la saveur de la simplicité ?

Chez Turner Cody, c’est derrière ce minimalisme que se cachent les choses importantes. La justesse et la beauté des mots. Arrivant à faire rebondir chaque phrases sur la bonne mélodie, l’artiste s’inscrit au coeur de ses influences. Il devient alors le passeur d’un héritage musical et de sentiments communs intemporels. On ressent chez lui son incompréhension du monde, la solitude et la nostalgie. Qu’il cultive ici comme une source d’inspiration première.

Originaire de Boston, il posa ses valises à New-York en 1999. Il émergea au sein de la scène Anti-Folk du Sidewalk Café, avec pour compagnons Adam Green ou encore Jeffrey Lewis. Durant cette période, il sortira 5 albums auto-produits et une dizaine de plus depuis. Celui qui un jour à 18 ans décida de devenir musicien ne s’arrêta plus. Il perfectionnera son style et son jeu au travers d’un bon nombre de chansons remplies de poésie. 

« Friends In High Places » c’est comme une bouffée d’air de solitude intimiste. On fait descendre tout le monde de sa voiture et on trace vers la ligne d’horizon. Néo cow-boy solitaire et conteur d’histoires, Turner Cody se joue des codes de la folk pour décorer son univers et nous y plonger tout entier. En fermant les yeux, c’est à pieds joints qu’on atterrie dans une rue déserte de L.A un soir d’été.

Quelque chose de familier et réconfortant se dégage lors de l’écoute. Tout en proposant une couleur assez contemporaine en termes de sonorité.

C’est sa rencontre avec le belge Nicolas Michaux, qui rendit cet album possible. Les deux hommes aux influences communes deviendront amis lors d’un concert au Canada, puis iront enregistrer l’album en studio ou l’ombre d’un Neil Young devait planer comme gardien et référence commune. Avec les musiciens de The Soldiers Of Love, les mots de Turner Cody semblent être bien entourés, parfaitement accompagnés. Un disque d’un bel équilibre.

Ses chansons oscillent entre introspections et fictions. Sur « Boozing And Loosing » ou le magnifique « Love In Vain », on ressentira le cœur de l’artiste. Mais Turner Cody sait aussi dresser le tableau de personnages hauts en couleurs (l’homme au bottes et chapeau noir dans « Mr. Wrong », ou le vieil aristocrate ivre dans « Telling stories ») pour nous parler de Nostalgie, de regrets… thèmes qui semblent lui être cher. 

coup de cœur pour le titre « Love in Vain »

Le titre  « Friends In High Places » (des amis hauts placés), est quant à lui du genre à rouler des mécaniques. Il assoit un peu plus l’imagerie du cow-boy qui sait se montrer sensible. Un album au large panel d’émotions, emplie de promesses. Comme sur « What I Tell You », où on peut l’entendre répéter simplement: « It’s good when everybody’s happy, It’s good when everybody’s home »… Comme un mantra pour celui semble être en quête de sérénité. 

On décèle beaucoup d’influences quand on écoute les albums de Cody. De Harry McClintock jusqu’à Randy Newman, lui aussi fait parti de ces artistes qui racontent la vie et nous semblent intemporels.

crédit : Olivier Donnet

C’est au sein de cet héritage de la musique américaine que « Friends In High Places » s’inscrit. Soutenu par une production d’une précision molletonnante délivrée par The Soldiers Of Love, les chansons de Turner Cody nous caressent bien dans le sens du poil.

Depuis longtemps, il est proche de musiciens francophones. Que ce soit ici avec Nicolas Michaux, ou ses potes d’Herman Dune avec qui il collabore depuis longtemps. Un lien amical et culturel avec la France se distille donc dans sa discographie. Sur des morceaux comme « Au-revoir » (Gangbusters! – 2011), ou bien sur cet album qui transpire quelque chose de Gainsbourg.

C’est donc à Paris qu’on pourra retrouver Turner Cody en concert ce vendredi 10 septembre à la Boule Noire en compagnie de son ami Nicolas Michaux et lisa li-lund.

Il y a un nouveau shérif en ville. 

Le rendez-vous est pris.