Le 15 octobre dernier sortait Vacuum Sealed, le troisième album de Bryan’s Magic Tears, signant le retour du groupe près de trois ans après leur précédent LP. Pour en savoir plus sur cette épopée toute particulière, mêlant tour à tour rock, shoegaze et noise, nous avons échangé avec Benjamin, tête pensante de la formation.
Derrière la densité et la multiplicité de Vacuum Sealed, il y a Bryan’s Magic Tears mais surtout une personne précise, Benjamin. Si cet album particulièrement marquant se défait des deux précédents, c’est de par son contexte mais aussi de par son processus de création nous explique-t-il : « En général c’est moi qui fait tout, et là, même l’enregistrement s’est fait solo à cause du confinement, mais l’écriture c’est pas un truc très collégial en général. Là ça a bougé un peu sur l’album car Lauriane a écrit toutes les parties de voix qu’elles chante, Rottier pareil ses paroles et son chant. (…) » Les quatre autres membres – dont Lauriane – interviennent par la suite dans leur travail : « Le reste du groupe est là pour créé l’adaptation sur scène, c’est jamais vraiment respecté à la lettre, mais il faut qu’il y ait une part de création de leur part pour que ce soit pas trop monotone pour eux ; la phase de préparation des lives c’est leur part de création. (…) C’est ce que l’on fait en ce moment avec une sorte de résidence, mais dans le cas de cet album, sur scène, ce sera plus fidèle au disque que sur l’album précédent. »
Pour mieux comprendre cette composition nous avons repris ensemble, piste après piste, les morceaux de ce troisième album :
Track 1 : Greetings from Space Boys – Point de départ
« Greetings c’est un peu l’impulsion de départ de l’album, c’est aussi pour ça qu’il ouvre le disque. On est parti avec tout le monde enregistrer au Pays basque ce qui devait être un petit EP pour faire patienter un peu les gens en attendant un gros album et finalement il y a eu le covid donc il n’est jamais sorti. Donc finalement ça a été le point de départ de cet album qui s’est conçu autour de ce morceau, et qui est le seul morceau enregistré avec le groupe entier. Après pendant le covid j’ai du enregistrer tout seul le reste de l’album. »
Track 2 : Excuses – Ancien album
« Excuses c’est un peu marrant, c’était un morceau qu’on avait pas gardé sur l’album précédent car je n’avais pas trouvé de voix dessus. Je me suis vraiment pris la tête pendant un mois et demi ou deux à essayer de trouver, et rien n’était bien dessus. Puis à l’enregistrement de cet album, je commençais à être un peu à cours de chansons donc j’ai rechopé ce titre dans le catalogue de l’ancien album. J’avais oublié que la bassiste était une excellente chanteuse (rires). Du coup je lui ai mis entre les mains et c’est elle qui a trouvé comment faire. C’est elle qui a écrit toutes les paroles et la mélodie de voix, donc c’est un peu elle qui a écrit le morceau au final. »
Track 3 : Sad Toys – Dance rock un peu tristoune
« Sad Toys c’est un peu celui qui dessine la nouvelle identité de l’album et celle du groupe : ce truc un peu Madchester, avec les percussions, avec un truc un peu plus dansant alors que c’est quand même des sujets pas très joyeux. C’est un peu ce qui initie ce que l’on veut faire maintenant et ce que l’on continuera de faire par la suite : des trucs de dance rock un peu tristoune. (…) Après je pense on ne va pas être monomaniaque et ne faire que ça mais c’était important d’avoir ce single pour annoncer la couleur. »
Track 4 : Pictures of You – Rendez-vous
« Ça c’est un duo avec Guillaume Rottier, qui est le batteur de Rendez-Vous et qui est aussi un très bon chanteur comme t’as pu l’entendre. En fait j’avais toujours voulu travailler avec lui du coup on s’est retrouvé dans le sud l’année dernière, là où il avait son studio. À la base on était partis sur un truc où il devait juste m’aider à produire un morceau sans chanter, sans rien, et en fait ça s’est fait assez naturellement, et un titre est sorti comme ça. Au début on était pas surs de le garder puisqu’il y avait pas mal de voix différentes sur l’album, du coup ça pouvait paraitre un peu bizarre, mais vu qu’on aimait vraiment ce morceau on a décidé de le mettre quand même. »
Track 5 : Orion’s Gate Arrival – Respiration n°1
« C’était vraiment l’envie de créer des espaces un peu dans l’album, pas juste être sur un enchaînement de titres un peu facile. L’idée c’était d’amener, de donner des respirations. Que l’on ne soit pas tout le temps à entendre des chansons mais aussi des musiques et des instrumentaux. C’est le premier espacement entre les morceaux et il marque aussi la fin de la Face A, quand on est sur vinyle qui change un peu l’ambiance de l’album, ça devient plus éthéré, plus planant dans les morceaux qui suivent. »
Track 6 : Tuesdays (Bye Molly) – Faire ce que l’on veut
« Tuesdays vient reprendre ce truc un peu Madchester, avec vachement de percussions, c’est un peu le morceau sur lequel on s’est le plus lâchés avec mon producteur au niveau des percussions, au niveau de la mise en oeuvre des claviers etc, on s’est vraiment donné aucune limite, alors que des fois ça pouvait presque paraitre ringard de faire un truc aussi arrangé. On s’est juste dit « Nique on fait quand même ! ». À partir de ce morceau là, l’esprit du reste de l’album c’est de se dire que l’on fait vraiment ce que l’on veut. »
Track 7 : Isolation – Confinement
« Sur Isolation je n’aurais pas grand chose de plus à dire, si ce n’est que le sujet c’était de se retrouver confiné (rires). Il y a pas une énorme originalité quoi ! (…) En vrai j’ai écrit le morceau il y a un moment, un peu avant le confinement, je luttais à trouver les paroles – car c’est mon truc j’ai du mal à trouver les paroles, les textes c’est toujours ce que je fais en dernier. Du coup, je cherchais les sujets comme ça et j’arrêtais pas de ruminer le fait que je sois enfermé et que je n’ai pas d’inspiration et donc ça m’est venu comme ça en me disant « Raconte ça » en fait ! »
Track 8 : Always – Expérience studio
« Always, je pense que c’est le morceau que j’ai préféré écrire. C’est encore une fois où Lauriane est venue me sauver la mise un peu, car j’avais trouvé les couplets depuis le début de mon entrée en studio, et je luttais à trouver encore – même pas un texte – juste une partie de voix, et elle est venue en studio avec Marc mon producteur et moi. Seulement en une demie journée elle a transformé le truc. Il y a des épiphanies comme ça des fois où on subit limite la transformation du morceau, où l’on se dit que c’est même pas nous qui l’avons écrit, et elle elle a fait ça. C’était un truc très plat de base, et là vraiment sa partie de voix a tout changé ! C’était assez marrant comme expérience, ça faisait une vraie expérience de studio comme on en avait encore pas eu, parce qu’on est pas assez vieux je pense (rires). »
Track 9 : Incipit – Respiration n°2
« Juste une petite respiration avant le gros morceau de la fin de l’album, qui est un peu lourd, donc ça permet de faire une annonce musicale. »
Track 10 : Superlava – L’hymne final
« Superlava c’était le défi un peu de l’album, car tenir 9 minutes comme ça c’était pas simple en studio, surtout que pour avoir une espèce d’illusion de live on a voulu ne pas faire de coupure : donc chaque prise c’était une prise de 9 minutes. Vu que l’on voulait que ce soit parfait ça nous a pris quand même quelques grosses journées pour avoir cet espèce de truc filaire comme ça, un truc qui peut emporter quoi. On pensait que s’il y avait des coupures, le morceau pourrait pas monter, et c’est ce motif qui se décline pendant 10 minutes, le seul truc qui bouge c’est l’intensité du son, l’intensité ou le volume sonore des claviers. C’est parti comme un exercice de style et on s’est juste laissés prendre au truc en voulant faire un espèce d’hymne de fin d’album bien long et bien prenant. »
Bryan’s Magic Tears fera sa release party à La Maroquinerie le mardi 7 décembre prochain, et se produira également à l’occasion des Bars en Trans le jeudi 2 décembre au 1988 à Rennes.
La chronique de Vacuum Sealed.
Notre précédente interview avec Bryan’s Magic Tears.