This Is Shit : « L’idée était de faire voyager l’auditeur avec nous »

Ils ont sorti leur premier album /// il y a peu. On a été percuté par cette électro onirique inquiétante, énervée, incisive. On a discuté avec eux de la création de leur album, de leur vision de l’électro et de la dimension cinématique de leur musique.

Sebastien Houis

La Face B : Salut les gars, comment ça va ?

Loïc : Hello, écoute ça va très bien. Dès le déconfinement on s’est remis au travail pour la sortie de l’album, qui a d’ailleurs été séparée en deux entre la sortie digital et la sortie physique (CD & vinyle).

LFB : Comment on se sent quand on sort son premier album ?

Xavier : Stressé et fatigué, mais le changement de programme du confinement a calmé le marathon qui était prévu. Mais mis à part ça, on est quand même très content de pouvoir enfin présenter cet album !

LFB : Comment avez-vous travaillé sa conception ? L’album s’écoute en continue, avec des phases de transition, comprenant des titres teasés sur les plateformes depuis 2017. Les titres existaient déjà tous ou avez-vous conjugué des anciens et des nouveaux pour fusionner l’album ?

Loïc : Oui, les titres de l’album ont été finalisés en 2018, mais il a fallu donner un peu de matière à écouter afin de présenter le projet petit à petit, mais sans tout dévoiler car effectivement, l’album a été conçu comme une oeuvre qui s’écoute de bout en bout.

LFB : Quel est votre processus créatif ?

Loïc : Il n’y a pas vraiment eu de règle sur la manière de composer, plutôt une tendance. Les compositions ont d’abord été conceptualisées un peu comme une direction artistique (individuellement, puis la place de chaque morceau dans l’album), suivi du sound design, et donc la plupart des mélodies sont arrivées à la dernière étape de création.

Xavier : Et puis il y a eu le processus d’enregistrement : l’album a d’abord été intégralement maquetté pour ensuite être retravaillé en groupe et enregistré en studio. Une fois les titres dans la boîte il y a eu tout un travail d’expérimentation sur la production afin d’y insuffler un côté électronique homogène à la musique qui était un peu rock et brute.

Gilles : L’enregistrement a été important, car au final c’est lui qui a défini notre son de groupe, notre identité.

LFB : Je trouve que vos titres sont très cinématiques, provoquant des émotions diverses mais très puissantes : pensez-vous à l’impact de vos titres sur l’auditeur au moment de la conception ? Est-ce que vous cherchez à provoquer telle ou telle émotion, à insuffler tel ou tel décor… ?

Loïc : Oui, même si l’idée de départ était de faire voyager l’auditeur en concert avec nous, il y a une dimension cinématographique propre au fait que c’est une musique instrumentale avec des structures de morceaux non-linéaires.

Gilles : On préfère laisser l’auditeur se laisser aller à ses propres ressentis et interprétations, aller vers ses propres « destinations ».

LFB : Est-ce que vous imaginez faire des BO de films, un jour ?

Xavier : Nous avons déjà participé individuellement à des petits projets de musique à l’image, mais pour l’instant ce n’est pas à l’ordre du jour. Cependant cela serait une voie à explorer un jour !

Sebastien Houis

LFB : Et du coup, quelles sont vos influences majeurs ? J’ai l’impression que vous êtes des immortels, ayant déjà tout vécu, tout joué. J’ai rarement entendu une musicalité aussi forte et imprégnée de tant d’influences.

Gilles : Héhé, merci pour ce compliment !

Xavier : En vrai être musicien-compositeur c’est quand même beaucoup de frustrations, chaque choix va par essence devenir limitant, donc nous avons plutôt l’impression de passer à côté de beaucoup de choses…

LFB :  Comment ça se passe sur scène ? Vous jouez des instruments en live ?

Xavier : Oui tout à fait, notre live est basé sur le classique trio guitare-basse-batterie mais avec une couche live electro supplémentaire : des claviers, des boucles et des capteurs sur la batterie pour avoir un son mi-organique mi-synthétique.

LFB : Vous pensez quoi de l’électro d’aujourd’hui, caricaturée (mais parfois réaliste) par l’ordinateur et la clé USB en live ?

Loïc : Il y a beaucoup de facettes dans la musique électronique, dont effectivement celle où, finalement, les gens viennent danser sans savoir quel artiste est devant ses platines ni les titres qui passent via sa clef usb en ayant juste appuyé sur play. C’est bien aussi que ça existe, mais on ne peut pas vraiment dire que ce soit notre créneau.

LFB : Pensez-vous que l’électro se vit plutôt que s’écoute ? Difficile de rester en place chez soi quand on écoute votre musique.

Loïc : Je dirais les deux, c’est vrai qu’écouter ce genre de musique donne très vite envie de la « vivre » en live ! Et là effectivement, c’est plus notre créneau, surtout de par l’aspect un peu « transe », avec la pulsation obstinée et dansante, propre à la musique électronique.

LFB : C’est quoi la suite pour vous ?

Gilles : La reprise du live, dès que possible, l’énergie de la scène est quelque chose d’unique et d’extrêmement addictif, et un énorme défouloir !

Loïc : Il y a aussi deux clips qui vont arriver, mais surtout le deuxième album qui est en cours de composition, et dont on est déjà très content, de par la forme qu’il prend…

LFB : Dernière question : c’est quoi votre titre libérateur pour fêter la fin du confinement ?

Loïc : Je dirais Total de SebastiAn, qui évoque autant la folie provoquée par l’enfermement du confinement, que la liberté retrouvée du déconfinement. Mais surtout, la fureur partout dans le monde, depuis le début de l’année 2020 !