THE WYTCHES se déterre avec three mile ditch

Bien avant que la tendance pour la sorcellerie s’affirme, un groupe de Brighton avait déjà décidé de nous ensorceler en 2014 avec un premier album infusé de rage et de désespoir. Le trio de The Wytches revient cette année avec sa troisième messe noire Three Mile Ditch. Un album à la sensibilité et l’intensité rare qui ne demande qu’à vous jeter son désespoir en plein coeur.

The Sound of Vinyl

Le coup de coeur pour leur premier album fut assez immédiat. Avec Annabel Dream Reader apparait un son post punk psychédélique bouleversant par l’émotion qu’il dégageait, une espèce de rage désespérée dont émanait une urgence qui prend aux tripes. Le deuxième album All Your Happy Life envoie un peu moins d’intensité mais permet de poser un peu plus ce style si particulier avec peut-être un peu plus de maturité. Il a fallu attendre quatre ans pour que l’essai se reproduise avec Three Mile Ditch, produit cette fois-ci par leur propre label Cable Code Records. Ils n’ont finalement pas chômé et reviennent plus sûrs que jamais de la qualité de leur travail.

Single sorti pour annoncer l’album, Cowboy est une excellente introduction et permet immédiatement de se rendre compte des changements opérés dans le style de l’album. La voix est moins saturée, plus assurée. Un rythme lancinant très mélodique qui rappelle un rock bien américain comme annoncé, mais avec la The Wytches touch: un climax dramatique terriblement sexy. 

Ce rythme rebondissant continu de plus belle avec Three Mile Ditch. Première surprise, on a l’impression d’un changement de lead vocal tellement la voix est androgyne penchant vers le féminin. C’est un vrai plaisir de voir l’étendue vocale et les possibilités qui s’y ramènent. 

Toujours dans cette recherche de nouvelles sonorités, le groupe s’attaque aussi à des ballades mélancoliques avec Midnight Ride. Une voix comme susurré avec douceur dans l’oreille lors d’une nuit sans lune, des arpèges classiques accompagnés d’une batterie grave qui s’éteignent au loin dans les ténèbres. Une dynamique de ballade que l’on retrouvera notamment plus tard avec Silver Trees et sa guitare acoustique. 

A Love You’ll Never Know est intéressante car opère un vrai retour aux sources entre voix ultra déchirée et saturée ainsi qu’une guitare envoûtante mais qui se fait plus classique dans sa composition qu’auparavant (mais toujours aussi accrocheuse). Il y a tout de même un côté plus apaisé dans cette vision. Une vision confirmée par Meat Chuck ou Everyone’s Friend notamment, malgré leurs guitares plus lourdes.

Petite surprise avec White Cliffs, avec de vraies inflexions dream pop, où se mêle voix rocailleuse et guitares plus célestes. C’est pas du tout ce qu’on attendait venant du groupe, et pourtant la magie opère. C’est doux, mélancolique et en même temps très optimiste. Un saut d’une falaise qui se transforme en envolée lyrique (qui se termine malheureusement en plouf, mais bon). On adhère totalement et on ne renierait pas d’autres morceaux de ce style. 

Grand final avec You Looked Happy To Me, une ballade assez britpop qui sous couvert de paroles plus positives nous trompe allègrement pour finir en gros riff de guitares stoners et voix bien criarde. 

The Wytches' third record sees the band reclaim their confidence, energy  and raw edges | HERO magazine: A fresh perspective

Ce nouvel album est un vrai recueil d’expérimentations. Riche de nombreuses références, la musique se fait parfois plus jazzy, plus stoner, voir pop. Venant du groupe c’est assez étonnant, mais clairement pas déplaisant. Le tout est plus lissé qu’à leurs débuts, mais réussit à conserver cette dose de désespoir extrêmement sexy. On espère que cet album plus accessible leur permettra d’avoir une vraie reconnaissance et d’acquérir un nouveau public. Nous abreuver encore longtemps de mélodies noires, c’est le meilleur qu’on leur souhaite.