Rencontre avec The Limiñanas autour de De Pelicula

En septembre, The Limiñanas s’associait avec Laurent Garnier, pour créer De Pelicula, un film sonore qui associait avec bonheur la transe et le psychédélisme. On a eu le plaisir de longuement échanger avec Lionel et Marie autour de cette album. L’occasion de parler d’influences, d’enregistrement, de cinéma et de Bertrand Belin, forcément.

LFB : Salut The Limiñanas, comment ça va ?

The Limiñanas : Ça va bien !

LFB : Votre nouvel album vient de sortir, c’est votre second album collaboratif de suite. Est-ce-que c’est un hasard, est-ce-que c’est une circonstance ou est ce qu’il y avait une volonté de collaborer ?

The Limiñanas : Non, c’est vraiment un hasard. Cet album est arrivé à ce moment là parce qu’une des conséquences positive du covid, pour nous, a été le fait d’être enfermé à la maison. Comme Laurent Garnier était aussi enfermé chez lui ça nous a permis d’avoir enfin du temps de bloqué pour travailler sur ce projet qu’on avait depuis un petit moment et qu’on n’arrivait pas du tout à enregistrer parce qu’on était, et lui et nous, tout le temps en tournée ou ailleurs. On aurait très bien pu faire cet album là dans deux ans, sauf que là on était chez nous, bloqués, avec un studio d’enregistrement et Laurent vivait dans les mêmes circonstances, du coup on a pu faire comme ça. C’est vrai que ça fait deux albums de suite mais c’est un pur hasard.

LFB : C’est un album qui a été enregistré un peu comme un album de musique électronique, en ping pong.

The Limiñanas : C’est vrai, mais nous on bosse comme ça depuis toujours de toute façon. On n’a jamais enregistré un album des Limiñanas dans un vrai studio et on n’a jamais enregistré avec d’autres gens en même temps. Il y a toujours eu des invités sur nos disques, au début c’était des gens qui sont plutôt anonymes qui étaient des gens de la scène locale, des copains etc… qui intervenaient sur les albums et puis au fil du temps, en tournant, tu rencontres des gens et on a bossé avec Emmanuel (Seigner ndlr), avec Bertrand (Belin ndlr), avec des tas de gens mais au départ ça a toujours été des disques bricolés à la maison et du coup souvent il y a eu des échanges par correspondance. Par exemple avec Peter Hook on n’a jamais enregistré dans la même pièce. Avec Anton pas vraiment non plus.

LFB : Vous vous êtes forgé une réputation de groupe en France et à l’international. Laurent Garnier c’est une légende aussi dans son genre musical, il y avait énormément d’attente sur cet album là, je me demandais comment vous vous étiez posés pour contrer les attentes de cette rencontre et pour essayer de surprendre les gens ?

The Limiñanas : On n’y a jamais pensé. On fait vraiment les disques pour nous deux. Là on l’a fait pour nous trois, mais on n’enregistre jamais d’album en se demandant quel va être l’accueil de la presse et du public, qu’est ce qui pourrait les séduire ou pas. Jamais. On ne pense même pas à la scène d’ailleurs.

C’est souvent compliqué parce que comme le groupe qui joue live n’est pas celui qui enregistre sur le disque, il y a cette phase où il faut faire les arrangements pour le live et c’est là qu’on s’aperçoit qu’on a mis 17 pistes de guitare sur un track et c’est injouable en public.

Donc il y a plein de morceaux de notre répertoire qu’on n’a jamais jouée parce qu’on n’arrivait pas à les adapter, parce qu’on ne pense vraiment qu’au disque en le faisant et il faut que ça nous touche et que ça nous plaise à l’enregistrement et au mixage pour qu’on se dire « ok tel track et tel track vont aller sur l’album ».
Mais on a jamais fait un disque en pensant à la manière dont il allait être reçu sinon c’est fini. Si tu travailles comme ça, ça devient vite un truc complètement fake et cauchemardesque.

Donc là par exemple hier soir on a joué notre 3ème date, ça fait 5 mois qu’on est enfermé avec les gars et qu’on répète, la première date on ne savait pas du tout si on allait se prendre des trucs dans la tronche ou si ça allait plaire au public parce qu’on a tellement fait ça chez nous dans notre studio… On a une cave studio qui est un local de répète aussi où on s’enferme et on a testé le show nulle part.

Marie : Et forcément l’adaptation ce n’est pas du tout le même rendu.

Lionel : Et en plus ce n’est pas forcément complètement lié au disque. Mais on travaille toujours pour nous d’abord. Si avec Marie on se dit « ok la c’est cool », que ça nous fait de l’effet, on valide et on y va.

LFB : Si je vous dis que pour moi cet album là c’est le plus radical des Liminanas dans ce que vous avez produit jusqu’à présent, est-ce-que c’est une idée avec laquelle vous êtes d’accord ?

The Limiñanas : Qu’est ce que tu entends par radical ?

LFB : Pour moi il y a un fait très simple, c’est quelque chose qui était présent mais pas entièrement, j’ai l’impression que c’est le premier album où vous accepter que la voix est plus la comme une voix off et comme un « guide » que comme un élément de la chanson.

The Limiñanas : Ok, ça c’est vrai. C’est vrai qu’il est plus proche d’un disque de talk-over avec genre une chanson chantée qui est celle de Bertrand mais qui a été composée comme une chanson par Bertrand, nous on a fait que la musique mais écrite par Bertrand comme une chanson mais c’est vrai qu’on est vraiment plus proche d’un disque où c’est la narration qui prime et qui est là pour accompagner la musique instrumentale finalement .

Et ce n’est pas étonnant parce que l’idée de base quand on a rencontré Laurent, et on l’a rencontré plusieurs fois dans un cadre qui n’avait rien a voir, on est descendu sur son festival Yeah! et on est devenu potes comme ça au fil du temps.

Avec Marie on s’était mis a écouter de la musique 70 Allemande et beaucoup Neu! et Can par exemple et tu vois en concert on arrangeait des tracks et on commençait à prendre du plaisir sur ce genre de format là.
Et Laurent c’est vraiment pour nous le roi de la montée en puissance quand il fait ses mix et sa manière d’embarquer les gens dans la transe… je ne connais personne qui fasse ça comme lui. Du coup l’idée a germé comme ça de travailler avec lui et effectivement c’est plus un disque où la narration accompagne de la musique instrumentale et de la transe quelque part, je dis ça sans prétention, qu’un album de chansons absolument.

LFB : Et justement au niveau de tes influences communes je trouve que vous avez gardé deux éléments qui sont hyper important dans la musique de chacun, c’est la transe et le psychédélisme qui se marient super bien. Comment vous avez travaillé avec Laurent Garnier ? Parce qu’il y a des personnes qui aurait pu penser qu’il y avait juste un statut de producteur par exemple.

The Limiñanas : Laurent n’est pas du tout le producteur du disque, il est une partie intégrante du disque. Au départ on s’est dit « ok, on est bloqué on va faire un titre » on a fait Stipel Chase qui est un instrumental. On lui a envoyé des pistes, il nous a renvoyé une version rallongée, tordue avec des tonnes de trucs et quand on l’a reçu avec Marion, on s’est dit « waw ok, c’est exactement ce vers quoi on voulait aller ».

Au départ on voulait faire un disque avec trois long titres. Un truc qu’on aurait fait en quelques jours de manière très brusque, avec des montées.
Sauf qu’à force de bosser … Il y a plein de titres où la mélodie vient de Laurent, et ce n’’est pas du tout nous qui avons fait le titre et Laurent qui a mixé, d’autres où c’est nous qui créons les beats et Laurent qui envoyait des trucs, ça s’est fait comme ça, un ping pong à trois pendant longtemps. Pas cet été mais le précédent, de la fin du printemps jusqu’à la fin de l’été. Donc en une paire de mois on a fait ça.

Et Laurent il a fait des voix, crée des mélodies, oui il a remixé des trucs mais ça a été un travail de compositions et d’écriture commun.

LFB : Est ce qu’il y a des choses justement que lui s’est interdit, qu’il vous a dit qu’il ne voulait pas faire ?

The Limiñanas : Oui, le seul truc qu’il a imposé, c’est qu’il ne voulait pas de kick droit. Donc il ne voulait pas la grosse caisse de la techno. C’est le seul truc qu’on s’est imposé.

Alors j’ai essayé de lui en coller une qu’il a dégagée direct, mais c’était juste pour voir, parce que ça me faisais marrer d’essayer ça. Mais en plus dans certain morceau des Cramps par exemple, tu as ce kick, ce « doom doom ».
Marie l’utilise tout le temps, ça ne nous dérangeait pas du tout mais je vois pourquoi il ne voulait pas et il avait raison. Ça nous a permis de sortir un peu de l’image d’Épinal inconsciente de la techno qui est tout le temps sur ce beat avec une mélodie qui tue. C’était le seul dogme.

LFB : Est-ce-que pour vous ça vous intéressait de prendre des éléments organiques et de les transformer en boucle ? J’ai vraiment le sentiment de montée en puissance de truc physique qui n’est pas forcément présent d’habitude dans le rock où on est plus sur de la réflexion. Là je trouve qu’on est plus dans quelque chose qui attrape l’esprit mais d’une manière différente de ce que vous avez pu faire auparavant.

The Limiñanas : Si ça t’as fait cet effet là c’est vraiment super parce que c’était l’idée. Enfin il n’y avait pas d’idée préméditée, ça s’est fait d’une manière tellement simple, c’est difficile à expliquer parce qu’en gros, en trois mails, donc en trois We Transfer, Laurent m’en a envoyé un, avec Marie on le lui renvoyait, il nous le renvoyait et on avait le morceau. Ça a été comme pour pour à peu près toutes les tracks.

Je parle des compositions. Pour le mixage c’est une autre paire de manches parce qu’il y avait beaucoup de matières. Parfois je lui envoyais 25 pistes de guitare électrique avec différents niveaux de saturation et de son clair parce que je savais que collées les unes aux autres, ça ferait un truc. Ça énervait bien Laurent au début, c’était assez drôle.

Ce que tu me dis de ce que tu ressens sur le résultat c’est hyper intéressant et c’est le fruit du hasard, ça s’est fait naturellement si tu veux. Mais encore une fois, Laurent il est hyper fort pour allez vers ce genre de sensations quand il travaille en live ou en studio.

LFB : J’aimerais parler de choses qui tournent autour de l’album mais qui ne sont pas de la musique. Je trouve que le travail sur les pochettes a toujours été hyper important dans votre musique et dans les albums que vous proposez. Pour moi ce sont plus des albums qui s’achètent en vinyle que des albums qui s’écoutent sur internet, juste pour la pochette. Avec qui avez-vous travaillé pour cette pochette et comment elle s’est créée ?

The Limiñanas : Je trouve que c’est un bien plus gros casse tête le moment ou le disque est fini, je parle du master. C’est là que les problèmes commencent parce que la pochette nous tient à cœur et ce n’est vraiment pas évident de trouver la bonne idée et la bonne personne pour faire une pochette dont tu seras content encore cinq ans après. Donc ça c’est un vrai soucis.
Le second ce sont les crédits de pochette parce qu’on y tient beaucoup. J’ai toujours la peur d’oublier quelqu’un, de faire une faute etc… donc je pense qu’on a pris autant de temps sur la pochette que sur l’album tout entier. On est passé par plein d’idées et de phases.

Au début, Laurent est venu et avec un ami photographe. On a reconstitué le bureau imaginaire qui aurait pu être le bureau du mec qui aurait crée le scénario du film ou qui enquêtait sur cette histoire, il y avait des photos des boites de nuit de Catalogne et de l’Espagne d’Alicante un peu partout, il y avait des choses qui concernaient Laurent, des trucs qui nous concernaient nous. On avait l’idée de faire ce bureau là et puis on n’était pas content du résultat avec la photo et jusqu’au dernier moment on galérait.

Et en fait il y avait Elzo Durt qui a fait la pochette, qui est quelqu’un que tu connais pour plein de trucs mais surtout pour son travail avec Born Bad, il leur à fait pleins de pochettes. On ne le connaissait pas personnellement mais on l’avait déjà croisé parce qu’au début du groupe on jouait assez régulièrement dans un endroit qui s’appelle Madame Moustache à Bruxelles et il était souvent là. En tout cas on l’avait vu au moins une fois là bas.

Laurent l’adore et il avait déjà bossé avec lui donc il lui a envoyé la musique en lui disant « fait le que si ça te touche et que si tu aimes la musique » et ce qui est vraiment cool avec lui, c’est qu’il travaille un peu comme un producteur avec la musique, c’est à dire qu’à chaque étape il nous envoyait des mails avec des idées, le développement du trucs quoi. Ça allait hyper vite. Je peux en parler parce que ce n’est pas nous qui avons fait la pochette mais je la trouve vraiment belle. Il a vraiment fait un vrai boulot.

Donc il y a ça et après il y a eux, chez Because, il y a des gens à la fabrication qui sont vraiment passionnés par le papier, l’impression etc, ce sont des geeks de ça, ils aiment l’objet. Pour la pochette il y a eu quelques milliers d’échanges par mails pour que tout soit vraiment niquel. Donc dans les grands flips de la sortie du disque, il y a aussi ça. Quand tu le reçois et que tu fais « ok -fiou-, ça va ou ça ne va pas ».

LFB : L’autre élément qui pour moi est important dans cet album la, parce qu’on en parlait, que ce soit concèderez comme un film sonore ou comme un livre d’enquête, ce sont les titres des chansons. Je trouve qu’il sont hyper important dans l’album car ils donnent des indications sur les chansons à chaque fois. Comment vous avez réfléchi aux titres des morceaux et d’en dire jusque assez pour donner une sensation de ce qui va arriver ?

The Limiñanas : Si tu regardes l’idée de cette album, la narration est assez limitée finalement. Tu as quelques infos mais tu peux trouver que c’est un nanar et détester le disque et te faire un film tout pourri ou alors si ça te touche ça peut t’emmener. Il y a des gens qui ont interprété la fin, par exemple, quand Saul s’est fait planté, il y a des gens qui ont pensé qu’il s’était fait planté par elle alors que pas du tout.

Pour nous, si il s’est fait planté, c’est qu’elle l’a laissé sur un aire d’autoroute. Se faire planter ça peut être ça aussi dans le jargon. Donc Saul s’est fait planter tu peux l’interpréter comme tu veux et effectivement chaque titre donne une toute petite indication sur ce qu’il se passe, comme si c’était des titres à sketchs de sketchs à l’italienne. Mais ça, ça s’est fait de manière très basique aussi.

LFB : Vu qu’on parle de film, vous avez toujours mis en avant dans votre musique des underdogs, des marginaux etc… J’ai l’impression que c’est la première fois où il y a peu d’espoir pour ces personnages là dans la musique, dans ce que vous faites. Est-ce que c’est une conséquence des choses qu’on a vécu c’est derniers temps ou c’était voulu ?

The Limiñanas : Ce qui est rigolo, c’est que tout le monde nous parle de film qui s’écoute mais si on doit parler de montage d’un film, le premier tracklisting qu’on avait validé Marie, Laurent et moi était trois fois plus dark. En fait si tu changes l’ordre des morceaux l’histoire peut prendre une tournure encore plus sombre.

On était tous dans une période, sans rentrer dans les détails, où on en avait marre d’être enfermé, mais on vit dans le sud, on a de la place c’était moins compliqué que nos potes ici qui ont des petits apparts, donc on avait pas à se plaindre mais ça commençait à nous taper sur le système quand même et quand il a fallu faire le montage du vinyle, tu sais que quand tu travailles sur la track listing il y a aussi des raisons techniques qui font qu’il y a certains titres que tu veux moins mettre près du rang central parce que si tu veux qu’un titre sonne vraiment il vaut mieux qu’il y ai peu de titres sur la face et qu’il soit à l’extérieur.

Du coup Laurent, qui connait ça par cœur, quand il nous a proposé le montage, il a changé le tracklisting et quand il l’a écouté dans la bagnole, il nous a dit « écouter vous verrez c’est vachement moins dark ».

Donc avec ce choix, on a mis un peu de la lumière dans l’histoire mais je suis d’accord avec toi, c’est une histoire qui est assez sombre. Je ne sais pas si ce sont les circonstances qui nous ont influencés mais évidemment que ça doit être lié, c’est peut-être aussi des films qu’on a vu à une époque… Je ne me rappelle pas du tout pourquoi on a voulu partir sur ce genre d’histoire au début .

Marie : C’est pareil, on nous a demandé pourquoi c’était un road trip, si c’était parce qu’on était enfermés, mais en fait peut être inconsciemment, on ne sait pas.

LFB : Finalement à part Que Calor! qui est un peu une espèce de parenthèse enchantée…

The Limiñanas : C’est parce que c’est une scène ou ils sont sensés rentrer dans un club et c’est un morceau de boite de nuit… C’est un morceau de club. C’est le seul truc qui est un peu drôle du disque.

LFB : C’est un peu la seule petite touche de lumière

The Limiñanas : En même temps on parle de l’Espagne, il y a aussi le soleil. C’est entre l’ombre et la lumière, c’était un peu l’idée.

LFB : Pour rester sur les thématiques un peu cinématographique j’aimerai parler du parfait second rôle qui va avec The Limiñanas qui est Bertrand Belin. Je me demandais si on pouvait parler de l’importance qu’il a parce qu’il apparait régulièrement sur vos albums et est-ce qu’on peut dire que sa chanson c’est un peu le générique de fin de l’album ? Car c’est la seule qui est vraiment chantée.

The Limiñanas : Ça peut être un générique de fin. Quand on lui a envoyé ce morceau là, je lui ai expliqué de quoi parlait l’histoire et ce qui est fou, quand il a renvoyé le… Parce que lui était bloqué en Bretagne et m’a dit « j’ai du matos pour enregistrer » donc il a pu faire les prises de son côté et quand il a renvoyé le texte et la chanson c’était pile poil le moment dans ce genre d’histoire, tu sais quand tu as des cavales, qu’elles soient amoureuses ou meurtrières, ou lié a un braquage il y a toujours un moment ou dans le film tout va bien et un moment la réalité les rattrape.

Et dans une histoire d’amour par exemple tout est moins rose parce que la chambre est glauque, parce qu’il n’y a plus d’argent, parce qu’il fait froid, parce que les circonstances font que la réalité prend le dessus et que l’histoire commence à s’étioler et le texte de Bertrand c’était pile poil ça.

Et la raison pour laquelle j’espère qu’on pourra continuer à faire des chansons avec lui c’est parce que je crois que c’est vraiment le meilleur. On l’aime beaucoup en temps que mec, c’est même notre pote mais en plus il a une façon d’écrire, d’imager et de raconter les histoires et même de structurer les textes qui est unique je trouve.

LFB : La question qui se pose fatalement, vu que vous êtes très attachés au cinéma, après cet album est ce que ça ne vous titille pas un peu de passer derrière la camera ?

The Limiñanas : C’est marrant on nous là déjà demandé cette semaine, et la réponse est non. On ne fait pas ce genre de disque par frustration de ne pas pouvoir en faire un court ou un long métrage, j’ai trop de respect pour ce métier pour qu’on puisse, nous, prétendre à en faire un.

Ce qu’on va peut-être faire, c’est commencer à s’équiper pour bidouiller des clips parce que ça c’est passionnant et ça peut être vraiment drôle de shooter des trucs sur la route, de les lier au quotidien du groupe des fois, et puis le montage ça m’intéresse.

Par contre réaliser un film c’est un vrai vrai métier, je pense qu’un vrai réalisateur de film ce n’est pas juste quelqu’un qui va bosser avec un cameraman et une équipe qui va lui faire son montage et tout ça. Un vrai réalisateur c’est Scorsese et Polanski, des gens comme ça. Il faudrait une autre vie pour s’attaquer à ça je crois.

LFB : Dernière question, d’habitude je demande les coups de cœur des gens, mais là j’ai envie de savoir qu’est ce que vous nous conseilleriez pour prolonger l’expérience De Pelicula  en matière de films, de livres ?

The Limiñanas : C’est comme quand tu es gamin, moi j’écoutais Fun House des Stooges au casque dans ma chambre et je me faisais un film. Quand on bossait sur ce disque, les images qui me venaient en tête, alors que l’histoire n’a pas grand chose à voir, c’était La route de Salinas  de Lautner et à l’époque c’était Christophe et un groupe psyché de l’époque qui avaient fait la BO. Le film est dément et dans la filmographie de Lautner c’est un ovni, c’est un film qui est complètement à part, qui est assez bizarre et le boulot de Christophe avec la musique est vraiment. Ce n’est sans comparaison aucune avec ce qu’on a fait nous mais c’est ce que j’avais en tête quand on travaillait sur cette musique là.

Et autrement comme bouquin ça n’a rien a voir mais dans ce qu’on lit en ce moment, il y a un bouquin d’entretiens d’Alan Vega qu’on nous a offert hier soir que j’ai commencé à lire et qui est vachement bien, et ma belle sœur m’a offert le Munkey Diaries de Jane Birkin qui est avant son journal intime quotidien depuis avant son mariage avec John Barry jusqu’à une période assez récente et c’est un bouquin incroyable si tu es fan d’elle ou de Gainsbourg.

Marie : Il y a aussi la BD autobiographique de Thierry Guitard ,Tout ou rien! , ça parle du milieu des punks à Paris dans les années 80.

Crédit Photos : Cédric Oberlin

Vous pouvez retrouver notre chronique de De Pelicula ici