The Big Idea: « On s’imagine tous des choses mais le but c’est de se laisser surprendre par la mer »

Un groupe n’a sans doute jamais aussi bien porté son nom que The Big Idea. Cette Big Idea, c’est celle des six membres du groupe de rock rochelais. Avec derrière eux déjà trois albums, le groupe s’est élancé dans une aventure aux airs de Jack London. Il ya quelques jours, nous partions à leur rencontre afin de recueillir leurs émotions et ressentis avant la grande traversée de l’Atlantique à bord de leur voilier. Le but? Enregistrer leur quatrième album à bord de celui-ci. Entre grande préparation, et des questions dont ils auront la réponse une fois à bord, The Big Idea s’est élancé dans cette aventure qui donnerait envie à plus d’un.

The Big Idea, La Fabuleuse Cantine – @ Caroline Jollin

LFB: Comment allez-vous?

The Big Idea: Ça va! On est un peu dans le jus de préparation tout ça, mais on est très content que se déroule enfin ce pot de départ. On est content d’avoir trouvé un endroit de repli par rapport à la pluie pour le concert d’aujourd’hui. Tout se passe pour le mieux pour l’instant… On va voir comment ça se passe dans les prochaines heures.

LFB: Pouvez-vous présenter votre projet?

The Big Idea: Et bien, The Big Idea c’est nous! C’est un groupe de six rochelais qui fait du rock. Le projet, c’est d’enregistrer un album en traversant l’Atlantique à la voile. Partir depuis La Rochelle sur le bateau Le Grand Vésigue et faire deux escales. Aux Canaries, au Cap-Vert et d’arriver en Guadeloupe, présenter l’album que l’on aura enregistré sur le bateau.

On avait déjà fait des albums avant. Trois, où l’on était un groupe de rock qui faisait des choses plus classiques. Notre projet de voile est un peu différent. On redeviendra un groupe de rock après. Qui fera des trucs plus normaux..

LFB: Depuis l’annonce de votre départ, il y a eu pas mal d’éloges dans les médias en général et encore plus quelques jours avant votre départ. Comment est-ce que vous avez reçu tout ça? Est-ce que c’était important pour vous de vous entourer de cette manière-là?

The Big Idea: Oui, c’est une bonne chose pour un projet d’avoir de la presse. On est content que ça parle. On a su croire en notre projet qui, avec le temps, était  accrocheur et  les gens s’y intéressaient facilement. Oui ça fait plaisir d’avoir de la presse, c’est cool.

LFB: Est-ce que vous avez des impressions particulières vis-à-vis de ce voyage? Des attentes? Des envies?

The Big Idea: On espère qu’il va faire beau parce que s’il pleut tout le long ça va pas être très drôle! On a envie de se laisser surprendre par le projet et par cette expérience qu’on ne connaît pas. On s’imagine tous des choses.  Mais le but, c’est de se laisser surprendre par la mer et par ce qui va se passer. Et de retranscrire dans un objet artistique un peu original.

The Big Idea & Yannick Bestaven – Pot de départ
The Big Idea & Yannick Bestaven – Pot de départ

« Il faut penser à tout, préparer son bateau, se préparer mentalement aussi »

LFB: Vous avez grandi tous près de l’océan. Quel rapport entretenez-vous avec cet élément?

The Big Idea: D’une manière générale, on ne va pas se plaindre de vivre au bord de la mer et de pouvoir en profiter le matin, en se réveillant, et en allant boire une bière sur le port. C’est un truc plutôt d’amour. Tous les gens qui habitent à la mer, il y en a peu qui n’aiment pas y vivre. C’est cool effectivement, de pouvoir quitter la terre et de savoir qu’en face il y a une autre terre. Pouvoir enfin essayer de traverser cet Océan. Il y a un côté carrément cool et peut-être attendu depuis longtemps qui se réalise.

LFB: J’aimerais bien qu’on parle de vos inspirations. Est-ce qu’il y a des artistes indirectement qui vous ont poussés à mener ce projet-là?

The Big Idea, La Fabuleuse Cantine – @ Rarolin Cougeole

The Big Idea: Il y a un artiste qui nous a beaucoup influencé dans notre début de groupe qui s’appelle Brian Johnstown Massacre. Une grosse découverte pour nous musicalement et parce qu’ils font partie de la scène indé du  rock.  On a découvert, à travers eux, qu’on pouvait vivre aussi différemment, vive le rock quoi. Après,  plus dans la littérature. Tous les grands livres de voyage, les Hemingway, les Jack London. Et tout ça, ce sont clairement des mecs qui donnent envie de pousser les voiles et d’aller voir ce qui se passe ailleurs. 

LFB: Comment se prépare une traversée de l’Atlantique en groupe ?

The Big Idea: Il faut apprendre à naviguer. C’est l’expérience. On a rencontré pas mal de marins récemment parce qu’on était au Grand Pavois, et c’est super cool. Ils nous ont tous dit qu’en fait, t’as beau faire toutes les écoles, passer les galons que tu veux: c’est l’expérience!  Parce qu’il n’y a jamais deux fois où ton bateau est à la même vitesse, en même temps… Donc, il faut faire de la voile encore et encore. C’est ce qu’on a fait. On a fait beaucoup de voile ces derniers temps. Et puis,  il faut envisager toutes les gestions. La gestion des déchets, de la nourriture, d’eau potable et d’électricité. C’est hyper important parce qu’on en aura besoin tout le temps pour enregistrer l’album. Il faut penser à tout ça, préparer son bateau, se préparer mentalement aussi. Beaucoup de choses à faire.

Et il y a aussi le fait que l’on saura si on s’est bien préparé qu’une fois qu’on sera arrivés de l’autre côté. Pour l’instant, c’est dur d’avoir un regard objectif sur notre préparation tant que l’on n’est pas parti.

« On se laisse la surprise de voir ce qu’on va faire »

LFB: Vous allez être cinq sur six, sur un voilier. Est-ce que y a des instruments que vous avez sélectionnés? Des choses en particulier dont vous avez dû vous séparer?

The big Idea: Et bien oui, sur un bateau, tu ne peux pas prendre de batterie par exemple. Donc, on l’a remplacé par une boîte à rythmes. Il n’y a pas beaucoup de place pour emmener tous les instruments que tu veux donc on a dû faire des choix. En gros, il y a deux contraintes. La contrainte de place et la contrainte de l’acoustique. Dans un studio c’est silencieux. Tu poses un tambour, tu tapes dessus, t’as un micro et tout va bien.

Sauf que là, si on fait ça, on va entendre tout ce qui se passe autour. Donc, on a décidé de s’orienter vers des instruments plus électroniques, même plutôt électriques. La guitare électrique, tu la branches directement dans ton ordi et tu entends juste de la guitare.  Ça c’est cool!  Après, on s’est dit aussi qu’on allait avec ces bruits-là, qu’on aura en mer, faire ressentir aux gens qu’effectivement l’album est créé sur le bateau.

LFB: Parce que justement, comptez-vous laisser tous ces bruits autour de vous entrer dans l’album? 

The Big Idea: Oui c’est le but d’en jouer. Pas que ce soit des déchets, mais que l’on comprenne, quand on entend l’album, qu’effectivement là il y a un bateau qui craque. On se laisse la surprise de voir ce qu’on va faire. Il faut que ça reste spontané.  On ne peut pas ne pas récupérer les bruits de la mer. Parce que sinon il vaut mieux aller dans un studio. Ce n’est pas juste pour l’histoire. 

The Big Idea, La Fabuleuse Cantine – @ Rarolin Cougeole

LFB: Est-ce que vous allez avoir des rôles bien définis pour cette traversée? C’est une organisation quand même particulière entre vous.

The Big Idea: On est tous obligé de plus ou moins jouer tous les rôles. Après, je pense que Matéo va être le chef d’orchestre s’il y a des questions tout ça, et s’il faut prendre des décisions. Mais notre but à nous, comme on doit tourner toute la nuit: tu sais le bateau, il ne s’arrête jamais et il avance tout le temps, il faut qu’on soit tous capable de piloter le bateau dans la nuit, et de prendre des décisions pour en faire sorte de nous préserver, et de faire attention à la vie de chacun d’entre nous. Exemple: si il y en a un qui tombe à la mer, il faut qu’on le rattrape, on sait que ça peut aller vite. Il faut barrer le bateau la nuit… 

Je pense que c’est plus simple à dire qu’à faire. Ça fait partie de cette question, la préparation.

LFB: Cette période sur le bateau va durer un certain temps. Il ya plein de choses que vous ne pouvez pas gérer, comme la météo. Est-ce que pour vous, revenir avec un album, c’est une certitude?

The Big Idea: Rien n’est une certitude. Tu ne sais pas ce qui va arriver au fond, on ne sait jamais.C’est possible qu’on se plante aux Canaries! On peut se planter, on peut tous mourir… Ou le truc qui sert à transformer l’électricité ou l’ordi pète, on ne peut juste plus enregistrer…

LFB: Avez-vous des plans B?

The Big Idea: On a réfléchi à quelques trucs mais on n’est peut-être pas assez prêts. On a quand même bien bossé notre système électrique. Mais on n’a pas de transformateur. Je pense qu’il y a deux choses. Il y a d’abord l’arrivée, effectivement et puis il y a l’arrivée avec l’album. Nous, on part dans l’idée que de toute façon, on reviendra avec un album. Ce n’est pas une question que l’on se pose. Après, est-ce que j’en mettrais ma main à couper, pas sur.

« En mer, on aura un seul contact »

LFB: Le fait de ne pas avoir un vrai studio, avoir quatre murs, disons, qu’est-ce que ça vous inspire? Des titres plus acoustiques que bruts, comme vous avez pu le faire avant?

The Big Idea: Et bien ça va être un peu l’inverse au final. On va avoir plus de prises électriques comme on le disait tout à l’heure. On verra ce qui se passe. A priori, on va limiter les prises acoustiques. Pour éviter sur chaque prise acoustique, le bruit de la mer. Justement, pouvoir rajouter après, à notre guise, un autre bruit de mer qu’on aime bien, et de le replacer derrière. Mais, même nous, on ne sait pas vraiment quoi faire donc c’est difficile de répondre parce qu’on est dans le flou de se laisser porter par le truc.

Et donc d’être limité dans notre dans nos réponses, et ne pas pourvoir pas te raconter des choses qu’on ne va pas faire..

LFB: On vous posera les mêmes questions dans quelques mois pour voir comment tout cela a évolué. On fera le parallèle.

The Big Idea: Ce sera drôle de voir tout ce qu’on raconte là et si tu te reposes les mêmes questions dans trois mois, elles n’auront pas les mêmes réponses… Ah bah en fait, ils sont vraiment tous morts (rires) !

LFB: Est-ce que vous comptez garder un contact avec les personnes qui sont sur le continent? Comment est-ce que vous vous organisez pour ça ?

The Big Idea: On a un téléphone satellite. C’est une espèce de grosse borne Wi-Fi mais connectée à un satellite. On a un communicant à terre qui fera nos postes pour nous.

En gros, ce sera à peu près notre seul contact sauf aux escales où l’on va rappeler les écoles qu’on a déjà vues et peut-être rappeler des journalistes aussi.. Mais en mer, on aura un seul contact. C’est ce type-là avec qui on pourra éventuellement parler mais on n’aura pas grand-chose à lui dire, c’est surtout lui qui nous parlera et qu’il fera nos postes.

LFB: Vous avez deux escales avant l’arrivée en Guadeloupe. Est-ce qu’il y a un but bien défini sur chaque escale ? Qu’est-ce que vous comptez faire une fois sur terre? 

The Big Idea: Oui on a réfléchi à des points de chute et on se laisse la possibilité de se balader un petit peu. Il y a un skipper au Grand Pavois, qui nous a parlé de Brava, au Cap Vert. Apparemment, c’est une toute petite ville qui déchire. Il nous a dit qu’il fallait passer plus de temps au Cap Vert, et que c’était plus intéressant que les Canaries, qui sont plus européennes, occidentales. Que c’était moins l’aventure. Ça fait partie des choses auxquelles on réfléchit.

The Big Idea, La Fabuleuse Cantine – @ Rarolin Cougeole

LFB: Vous allez quand même en profiter pour découvrir, pour voyager hors enregistrement?

The Big Idea: Quitte à être là-bas,  on va en profiter un peu forcément. Et puis de rencontrer des gens aussi. Enfin, c’est trop bien, et je ne pense pas qu’on aura l’occasion de refaire ça avant longtemps, donc autant en profiter le plus possible.

LFB : Dernière question, la plus importante. Pouvez-vous nous parler de l’importance de votre propre catering, en l’occurrence pour ce voyage?

The Big Idea: Ça fait déjà plusieurs semaines qu’on y accorde beaucoup d’importance. T’imagine même pas mais c’est une prise de tête de ouf. On y a bien pensé ouais! On a voulu limiter les temps de cuisine qui peuvent être longs. Donc, on a cuisiné 90 bocaux de plein de plats qu’on aime. Ça va du cassoulet au bœuf Bourguignon en passant par le Dahl, qui n’a pas tenu! En gros les bocaux, tu les testes, et tous les Dahl n’ont pas survécu. La lentille corail n’a pas survécu! L’idée c’est d’avoir plus qu’à les réchauffer. On nous a dit que sur la mer, c’était d’une importance primordiale de bien manger et de prendre du plaisir à manger. C’est un moment important dans la journée.

LFB: Et vous allez pêcher?

The Big Idea: Oui, et d’ailleurs on pêche très souvent. On a des copains qui nous ont envoyés du matériel de pêche: une grande ligne de traine pour pêcher des gros poissons jusqu’à 130 kg. Alors, je ne sais pas ce qu’on va pêcher avec mais il y’a moyen que l’on pêche des trucs cool ! Mais oui, on a accordé une très grosse importance à la bouffe. On a un gros stock de crêpes Whaouh! gros comme la France!

Et on festivals, c’est très important aussi le catering! Et La Sirène fait aussi d’excellents catering, avec les huîtres ! 

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