Taziri: « Je ne veux pas forcément être un visage, je veux plus proposer mes musiques »

Nous vous en parlions il y a quelques semaines, le Coconut Music Festival a bel et bien vu son édition 2021 se dérouler. Du 9 au 11 septembre dernier, le festival a remis le couvert en promettant à ses festivaliers une édition explosive. Pour débuter cette série de rencontres, nous vous proposons de retrouver Taziri qui se livre à nous sur son rapport à l’image, sur ses fameuses diggance du vendredi soir mais aussi sur l’influence qu’a pu avoir sa famille sur son parcours musical. Enjoy!

@ Caroline Jollin

LFB: Comment vas-tu ? 

Taziri: Je vais bien, je vais mieux maintenant que je suis arrivé! Le périple pour venir de Paris! Je suis contente que les festivals reprennent et encore plus contente de reprendre avec le Coconut Music Festival. Ça fait plusieurs années que je le fais. Je le faisais en festivalière et là je vais voir les choses différemment. Ça va être cool!

LFB: C’est toi qui ouvre la soirée du vendredi. Est-ce que tu as des attentes particulières, comment te sens-tu ?

Taziri: Je n’ai pas particulièrement d’attentes… Ça va être la fin d’été, je vais essayer de marquer ça et rentrer en contact avec les gens. C’est l’ouverture mais la programmation s’annonce hyper lourde donc j’ai vraiment hâte! 

LFB: Est-ce que tu as pour habitude de fréquenter des festivals en tant que festivalière ? 

Taziri: Ouais! J’ai fait beaucoup de festivals, avant la période de parenthèse. Parfois même en accueil artiste ou au niveau de l’organisation. C’était super-sympa. Le Coconut Music Festival, les trois dernières années je l’ai fait car la programmation est cool et très pointue, l’ambiance est assez familiale. Il y a tout! Il y a plein de festivals que j’ai fait. J’ai l’impression de parler au passé c’est bizarre! 

LFB: Comment s’est passée ta rencontre avec le monde de la musique ? 

Taziri: La rencontre avec la musique elle s’est faite via ma grande soeur et mon grand frère. Dans ma famille ils ne sont pas forcément à fond dans la musique mais eux ont été fan de musique. Dans les années 90, 2000, de R’n’B, de Hip-Hop, plein de références que j’ai aujourd’hui et qui me viennent de ma grande soeur et de mon frère. On a partagé ce qu’ils aimaient en termes de musique. J’ai grave accroché avec le R’n’B et tout ce qui en est à l’origine.

La soul, le blues, toute la musique afro-américaine j’ai vraiment fort accroché avec ça et j’ai retrouvé quelques références qui me parlaient à moi spécifiquement donc c’est toute une histoire. 

J’aime beaucoup ça et même l’aspect nostalgique de la musique. Je trouve que c’est ultra-important car j’ai l’impression que l’industrie de la musique elle renaît à chaque fois à travers les samples. J’avoue que sur les samples je suis ultra chiante en mode “mais je connais ce son en fait!” C’est à travers ça oui. Initialement c’est mon frère et ma soeur qui m’ont mis en lien avec la musique et puis après j’ai creusé, j’ai trouvé des trucs qui me parlaient et voilà où j’en suis! 

« On a évolué avec ces personnes, avec leurs musiques. »

LFB: Sur scène, on te découvre masqué. D’où t’es venu cette envie ? Est-ce que c’est une manière de te protéger ? Est-ce que c’est une invitation à te découvrir justement ?

Taziri: C’est un bon point! Ça peut être ça mais je voulais me détacher de l’aspect esthétique. Ou en tout cas, de la beauté telle qu’elle peut être perçue par les normes et qu’à travers mon masque, tout le monde puisse plus ou moins s’y retrouver. Mais que moi aussi, je puisse dégager ma propre identité car c’est un masque qui me parle quand même beaucoup. Je ne veux pas forcément être un visage. Je veux plus proposer mes musiques, mes propositions musicales. Et que les visages ne soient pas un facteur de décision ou en tout cas un facteur qui fait que l’on va écouter ce que je propose en fait.

Dissocier l’aspect esthétique de ma proposition. 

« La diggance ça répondait surtout à cette dernière année où le monde de la nuit était en pause. »

LFB: Je veux absolument que tu nous parles de tes références. Est-ce que tu t’inspires beaucoup de ce que tu peux entendre, des gens que tu rencontres ?

Taziri: On est tous influencé par les personnes que l’on rencontre… Comme je le disais tout à l’heure, ma soeur, mon frère, eux m’ont vraiment poussé à creuser la musique. Au fur et à mesure, on rencontre plus de gens, on se rapproche de plus en plus… Par exemple, Tassa on s’est rencontré non sur le thème de la musique mais sur d’autres thèmes. Les rencontres, elles forgent chaque identité, chaque caractère.

Après, j’ai aussi des inspirations musicales. Beaucoup de femmes que j’admire, qui font passer des messages. Elles sont très influentes en tout cas pour moi, pour ma façon de voir et de faire les choses. J’ai envie de dire Aaliyah par-ce que R’n’B des années 90! 

Il y a les grands classiques Beyoncé, des incontournables… On a évolué avec ces personnes, avec leurs musiques. Je trouve que c’est trop intéressant de voir comment on renaît à chaque fois. Là, j’ai donné des artistes très précis ou très pointus mais il y en a une ribambelle et je suis incapable de choisir, c’est tellement large!

Par exemple dans la programmation, j’aime beaucoup Le Juiice, je ne suis pas sure que je puisse pouvoir faire un Top 3 des influences que j’ai mais je garde quand même Aaliyah, même toutes les femmes du R’n’B, même des artistes qui n’ont pas forcément percé mais qui ont fait un incontournable où des gens qui font de la musique comme Missy Elliott qui est toujours là et qui sort des trucs ultras intéressants.

Et derrière des artistes comme Le Juiice, Pongo qui arrivent avec des choses nouvelles, de plus en plus de femmes aussi et ça je trouve ça hyper cool. D’ailleurs j’ai l’impression qu’il y a pas mal de femmes dans cette programmation, je ne sais pas si c’est à parité.

LFB: Tous les vendredis, tu livres tes pépites musicales sur ton compte Instagram. Est-ce que tu imagines ce format pouvoir prendre une autre forme ou évoluer à un moment donné ?

Taziri: C’est possible! Mais après la diggance ça répondait surtout à cette dernière année où le monde de la nuit était en pause. Ca me permettait de faire mes diggances, de chiner, de chercher des nouveautés et de pouvoir les partager, les proposer. Je vais continuer à le faire tel quel. Après, c’est peut-être amené à évoluer mais pour l’instant, j’aime bien partager mes petites diggances. Savoir que c’est mes petits coups de coeur. Je les partage sur Insta, tous les vendredis!

LFB: Tu ne loupes pas le rendez-vous de ce soir ? 

Taziri: Si! Je fais une petite pause Coconut! Ce sera focus Coconut pendant quelques jours, après on reviendra sur la diggance!

« Ca été un échappatoire de pouvoir faire ce que l’on faisait avant. » Taziri

LFB: Est-ce que tu peux nous donner ta définition du mot diggance ?

Taziri: Je ne sais pas si ce terme est utilisé par d’autres personnes! Je passe beaucoup de choses très différentes. Il y a des choses sur lesquels je vais percuter en pensant que ça va parler à plus de monde et j’aime bien cet aspect aussi de pouvoir fédérer les gens.

C’est un son qui va me plaire et donc le partager sur Insta par exemple. Ca me permet d’avoir une sorte d’expérience autour de ce son. La dernière fois, j’ai partagé Helma, elle a sorti quelques sons, elle est hyper talentueuse et j’aime fort ce qu’elle fait et le fait de pouvoir partager son son, voir qu’il y a des retours, que les gens écoutent ça créé une expérience autour du son que l’on a plu autant qu’avant car on n’a pas les sorties, on n’a plus les concerts… Ce n’est pas pareil!

Donc digger, chercher des sons que je peux partager, qui vont parler et voir si ça parle à d’autres personnes, que l’on puisse se retrouver sur le même terrain!

LFB: J’aimerais savoir ce que tu retiens de ces deux années passées assez particulières que l’on vient de vivre. Est-ce que tu en as tiré des choses positives ?

Taziri: J’ai un peu revu ma manière de digger! Avant, je pouvais digger un peu partout, en soirée, en festival. Là, c’est très très différent. C’est soit moi qui me mets sur Youtube, Spotify, SoundCloud pendant des heures et qui écoute des trucs en boucle et aussi TikTok. TikTok c’est un peu mon péché mignon de ces deux dernières années je crois. Je trouve ça ultra-intéressant.

Comment TikTok a pu créer des expériences autour de la musique et comment elles vont parler à plein de monde. À travers des blagues, à travers des vidéos… Je trouve ça ouf l’impact que ça a en fait. Pour moi, ça a été un peu un échappatoire de pouvoir faire ce que l’on faisait avant quoi! Je pense que c’est la conclusion de ces deux dernières années qui étaient un peu inattendues, unexpected

LFB: On est au Coconut pour écouter de la musique, mais c’est aussi pour rencontrer beaucoup d’artistes, dont toi et tes projets qui t’entourent. Des projets, tu en as plusieurs. J’aimerais bien que tu nous parles de la plateforme Vraies Meufs.

Taziri: Oui! En plus avec Vraies Meufs c’est un peu mon premier contact avec la musique. Je m’occupe de leur playlist, d’ailleurs cette semaine une playlist est sortie que je vous invite à aller checker! En gros, je fais des playlists mensuels sur toutes les sorties féminines du mois. C’est une plateforme qui permet de mettre en avant les Vraies Meufs avec des portraits qui sont ultras intéressants et très buts. Qui correspondent à toute la diversité de chaque femme.

Je vous conseille d’écouter la playlist car il y a plein de femmes très influentes! C’est pourquoi que je dis que je ne peux pas faire un Top 3, il y a tellement monde qui irait dedans! Il y a des moods très différents, catégoriser tout le temps, ce sont des moods en fait!

LFB: As-tu des coups de cœur récents à partager avec nous ?

Taziri:
 Musicalement oui j’ai des coups de coeur mais je vous laisserais découvrir ça pendant le DJ Set où j’ai préparé des petites choses. J’en ai fait un avec Hôtel Radio Paris où j’avais mis en avant un artiste que j’apprécie beaucoup, Solray. Après, c’est toujours tout le truc de la diggance. Je parlais d’Helma d’un point de vue musical. Après en dehors de la musique il y a beaucoup de choses que je vais regarder ou voir et j’avoue que c’est un peu le brouhaha!

LFB: Qu’est-ce que l’on peut te souhaiter pour l’année 2022 ?

Taziri:  La moula! Les fêtes en fait, vraiment revivre la musique et avoir cette expérience et partager au max! J’espère que ce sera comme ça pour 2022!