SÜEÜR : « Ce n’est pas nous qui sommes en colère, ce sont les gens »

Il y a des groupes qui sont intimement liés à La Face B. Alors que SÜEÜR s’est dévoilé au monde à la même époque que notre site, l’actualité du groupe ponctue régulièrement les pages de nos articles. Il était donc évident que l’on parte à la rencontre de ce duo sans filtre qui fait une musique exaltente qui ne s’embarasse pas des genres. Rencontre avec Théo et Florian.

Crédit : Céline Non

La Face B: Salut SÜEÜR ! Comment ça va ?

SÜEÜR (Florian & Théo): Ça va bien! 

LFB: Comment avez vous vécu ces derniers mois?

SÜEÜR (Florian & Théo): On nous a un peu lancé un seau d’eau glacée sur une trique. L’EP il s’est arrêté. Il est arrivé dans les FNAC et un mois après et ils ont fermé. C’est plus la tournée, l’EP à la rigueur on savait, on n’était pas là pour vendre des EP. On n’avait pas de merch pour le peu de concert qu’on a fait, on n’a vraiment pas réussi à faire tourner trop la chose mais on a continué à travailler un peu chacun de notre côté.
Au début, avec tous les artistes on pensait être tous dans le même bateau donc un peu « pas de soucis » mais à un moment quand même, on considère que lorsque tu as mal au ventre chez toi, tu ne penses pas à toutes les personnes au monde qui ont mal au ventre.
C’est vrai qu’il y a eu un truc à la sortie du confinement finalement, de se rendre compte que ce n’était pas fini pour nous, que la culture est toujours confinée. On n’a pas de concerts avant septembre, on a fait un concert sans public il y a quelques jours pour Culturebox.
Comme le peuple est addict à la peur, de plus en plus ils parlent tous de deuxième vague comme s’ils la désiraient, on ne s’imagine pas aller en tournée, c’est fictif. C’est comme la classe verte, on ira peut-être si on a de l’argent (rires). On attend.

LFB: Quand on parle de la musique, le mot qui revient un peu partout c’est la fusion, terme que je n’aime pas forcément. Finalement, votre musique est-elle une fusion entre vos goûts musicaux à vous deux ?

SÜEÜR (Florian & Théo): Ce n’est pas forcément ça car on se retrouve quand même sur beaucoup de choses. Ce n’est pas un collage comme si on écoutait deux styles complètement différents. On le revendique pas du tout ce terme-là, ça a été dit, on ne sait pas trop pourquoi exactement…

LFB: Car il faut coller des étiquettes probablement ? 

SÜEÜR (Florian & Théo): Oui, carrément, c’est ça ! Ce qui est bien avec « Fusion » c’est que c’est un mélange d’étiquettes. Après même si les gens aiment ça, c’est plus compliqué à catégoriser dans les playlists par exemple. C’est une fusion des genres. 

LFB: Quand vous travaillez ensemble, comment se construit une chanson ? Est-ce que vous avez des rôles prédéfinis ? 

SÜEÜR (Florian): Théo écrit tous les textes et pour la musique on bosse tous les deux. 

SÜEÜR (Théo): Je ramène pas mal les beats et les basses. Je suis plus dans des moods à trouver des tempos que j’impose souvent à Flo. J’ai travaillé les textes avec ces beats-là et quand ça devient un peu trop automatique on casse ça à deux en général.
On arrange, on fait exploser le truc. À part les textes, on n’a pas grand-chose de prédéfini. D’ailleurs, c’était dur d’écrire pendant le confinement et sur autre chose que ça. J’ai écrit deux, trois morceaux, j’ai senti que c’était un peu la même vibe mélancolique, hip-hop et je n’ai pas envie que le prochain album ne soit que ça non plus donc je vais m’y remettre!
Souvent les gens disent que l’EP critique la société d’aujourd’hui, la robotisation, le monde moderne donc toi tu as ce petit créneau d’écriture où tu te dis « bon je fais surement partie des 5% de la population qui pense à ce côté 1984 » sauf que lorsque tu passes deux mois où d’un seul coup tout le monde se rend compte de ça, il faut trouver un autre chemin, une autre porte d’entrée. Je vais ni parler des oiseaux, ni du ciel bleu ou de la permaculture bien que ça pourrait être drôle et sympa mais j’ai tout de même envie de changer de sujet et de pouvoir porter un autre costume.

LFB: Justement dans le premier album qui est sorti, même si tu écris les textes à la première personne j’ai l’impression que tu as un personnage par titre.

SÜEÜR (Théo): C’est drôle que tu dises ça. À la base avant de monter SÜEÜR je voulais monter un projet qui s’appelait « Les États-Unis d’un animal » c’était basé sur des personnages différents et je voulais le faire en musique, une sorte de spectacle musical et SÜEÜR est apparu ensuite.

LFB: Il y a vraiment une mise en scène dans chaque chanson finalement. Théo, ça joue peut-être avec le fait que tu sois acteur également ? Comment est-ce que vous travaillez ça ? Est-ce que c’est voulu ? 

SÜEÜR (Théo):  Oui, c’est assez conscient de s’inventer le personnage. C’est une manière de te mettre à nu différemment, tu dis la vérité sur toi-même. Si c’est un texte à jeu, je ne me fourvoie pas non plus. J’ai vu cent fois plus de films que je n’ai lu de bouquins, donc ce n’est pas une écriture qui sort parce que je suis allé à La Sorbonne et que j’ai lu vraiment jusqu’au 15e siècle même si je me dis « Woah, c’est beau! »

Les tournages j’en ai beaucoup moins depuis que j’ai SÜEÜR vu qu’avoir une double casquette en France c’est difficile. Le monde du cinéma pense que je suis consacré uniquement à la musique et ça me manque pas mal. Je tiens mon équilibre de ça. Je suis à l’aise sur un plateau et j’ai le rythme qui vient de la musique. Je prends un milieu pour alimenter l’autre.
En tout cas, tous les deux on est à fond dans le projet musical en ce moment, voir un peu trop. Le projet musical est nourri par le cinéma et souvent la sensation de se dire que la vie est infime même si n’est pas le cas. J’ai eu tellement d’étapes que je me dis qu’il y a différents films dans une vie. La saison 1, la saison 2, la saison 3…

LFB: Finalement, ça se ressent beaucoup sur un titre comme Petit Jack qui est hyper cinématographique. Si c’est le titre le plus calme de l’EP, je le vois comme le titre où il y a le plus de colère. On sent que vous vous retenez de faire exploser la chose alors que c’est aussi un titre qui pourrait marcher dans le sens inverse.

SÜEÜR (Théo): C’est le titre le plus autobiographique surtout. Il y avait ce truc où on n’avait pas la fin du morceau. Je l’ai écrit à 18 ans, je ne me sentais pas du tout légitime. La team voulait mettre le morceau sur l’EP mais je ne voulais vraiment pas le mettre car c’était mon écriture à 18 ans. 10 ans plus tard on l’a repris en faisait un basse-batterie par-dessus ensemble où ça pète un peu plus. J’avais besoin de rappeler qu’il y avait la partie dix ans plus tard, pour la rendre plus légitime.  

LFB: Ce titre fait vraiment storytelling, chose qu’on retrouve aussi beaucoup dans vos clips. Chaque clip a un mini court métrage, d’ailleurs Théo tu es aussi impliqué dans réalisation de tous les clips ? 

SÜEÜR (Théo): Non, je me suis impliqué dans le clip de titre de Mange tes Morts et Peut-Être. Le dernier clip il a été réalisé par Clément Métayer. On a fait ça à distance et il a vraiment géré. J’ai tout de même un œil sur l’image du projet!

LFB: C’est important pour vous d’avoir une image globale, que tout soit hyper bien travaillé. Comme la pochette par exemple ?

SÜEÜR (Florian & Théo): Oui mais ça pourrait l’être encore plus. La pochette de l’album on nous a souvent demandé si c’était une mise en scène alors que non. C’est une copine qui a pris une photo sur le vif, même elle n’avait pas réalisé ce qui se passait sur cette photo. On a eu un type au téléphone qui parle de toutes les pochettes d’albums et on lui a demandé « mais vous ne pensez pas que ça va être misogyne comme pochette? » et il ne comprenait pas pourquoi on lui posait cette question!
Jusqu’au moment où on lui a dit que c’était une pute dans la voiture. Bon après ça a l’air d’être totalement consentis. Mais c’est vrai que si tu ne regardes pas en détails tu ne le vois pas forcément, ça laisse une part de mystère donc c’est bien. Ceux qui comprennent et ceux qui ne comprennent pas.

LFB: Je vous ai découvert en live pour la première fois au MaMA festival et j’ai l’impression que votre musique elle est faite pour le live. C’est une musique à débordement, en live tu te dis que ça peut partir en vrille à n’importe quel moment.

SÜEÜR (Théo): C’est ce qu’on préfère. En enregistrement, c’est beaucoup plus minimaliste et c’est surement dû à la musique que j’écoute qui l’est plus. En live, le trac fait sortir les monstres, les chevaux sont lâchés! Il se transforme en super énergie, ce qui ne se passe pas en studio. 

LFB: On reste dans l’image mais souvent de fois, Florian, toi, tu reste stoïque, très droit alors Théo, toi, ton regard il est fou quand tu es sur scène.

SÜEÜR (Florian): C’est vrai que au MaMA Festival il y avait des photos de sa gueule qui étaient pas mal (rires)

SÜEUR (Théo): C’est parce que je suis terrorisé de peur. Tout le monde se dit « il a un regard qui nous fait peur » mais je vous jure qu’il est comme ça car je meurs de trouille. Je suis  hyper tracé avant de monter sur scène, liquéfié. 

LFB: Comme on retranscrit un morceau sur le live ? Il y a beaucoup de parties électroniques. Finalement vous n’êtes que trois sur scène. Est-ce qu’il y a un travail réinterprétation ? 

SÜEÜR (Théo): A fond. Le travail de remettre les pistes dans la batterie. On s’est rendu compte qu’il fallait faire une résidence mix album et mix live. On en a fait une de trois jours où au final c’est notre ingénieur du son qui a le plus bossé. L’apport de la batterie sur le live apporte vraiment quelque chose, c’est sur. 

SÜEÜR (Florian):Tout ça, ça a été un réel boulot technique pour le live. Une batterie toute seule pour le live, acoustique, c’est sur mixé par rapport à tout ce qui est synthétiseurs donc il a fallu trouver des solutions. On a dû racheter du matériel pour que ça puisse mieux passer. Il y a eu beaucoup de choses à revoir et à changer. 

LFB: Ça vous intéresse d’aller chercher le public? En ce moment vous jouez beaucoup sur des premières parties.

SÜEÜR (Théo): C’est difficile. Je m’estime très mauvais en réseaux sociaux. « Ajouter ça à votre story » ça, ça va, ça passe mais faire vivre complètement l’Instagram etc c’est dur. Là déjà, les écrans dans Paris, « tentez de gagner deux skates » ça m’agace.
Et puis comme on n’a pas eu l’occasion de faire une release party, on va tous faire les mêmes idées, tout le monde fait des filtres Instagram, j’ai vu Bandit Bandit, il y a eu Terrier aussi… On est tous dans un bordel de promotion un peu en loucedé quand même. Après c’est dur car on ne peut pas ne pas faire de réseaux. On est en 2020, il faut exister. Si tu fais ton réac à te dire « Merde, Instagram », bon, ça risque de durer longtemps dans ta vie, ça risque d’être compliqué. Cette tournée elle était aussi faite pour gagner de la confiance sur scène pour essayer d’avoir moins peur des gens et surtout de gagner du public.

LFB: Théo, dans tes textes, les mots sont très importants et il y a une vraie musicalité dans ceux que tu choisis. Combien de temps accordes-tu à l’écriture des textes et donnes-tu de l’importance au fait que tes paroles soient musicales ? 

SÜEÜR (Théo): Je n’aime pas quand ça rime facilement et en même temps le concours de proses sans rime à un moment c’est un peu chiant. J’aime pas non plus que ce soit logique.. Tu me demandes ça pile au moment où je n’arrive pas à écrire en plus. Le côté « histoire » ou de mettre un personnage sur tel morceau, ça n’arrive pas tout le temps. J’écris des mots à droite à gauche, quand ils s’assemblent ça fait presque un couplet, un refrain. J’en écris jamais un tout entier, de A à Z, en me disant « il est là le texte. » 

LFB: Tu fais du montage comme un réalisateur finalement.

SÜEÜR (Théo): Oui, un poil. Il y a un contexte. La culture du refrain est importante pour moi alors que j’ai l’ambition de faire de l’hybride. Comme certains artistes dans le rap où les morceaux durent deux minutes, il n’y a pas forcément de structure. J’avoue avoir tout de même une culture 90’s du refrain que j’ai envie de casser mais que je trouve quand même importante pour solidifier.

LFB: C’est aussi quelque chose que les gens peuvent reprendre par la suite. 

SÜEÜR (Florian): C’est ça. Dans une structure qui se répète, ça imprime pas mal. La plupart des chansons que j’aime ont un superbe refrain. 

LFB: Théo, tu parles de structure mais tu mélanges aussi beaucoup. Tu fais de la rime mais tu fais aussi de la prose. Tu fais du storytelling mais tu fais aussi de la punchline. La façon dont tu écris les textes laisse une part d’inattendue, elle appelle à la concentration. Tu ne sais jamais sur quel pied danser et sur quoi tu vas tomber à la chanson suivante. Il y a un vrai dosage sur les attentes de votre album.

SÜEÜR (Florian): C’est gentil !

SÜEÜR (Théo): Oui, j’avoue je ne sais pas trop quoi te répondre à part « c’est gentil. » 

LFB: Je suppose qu’il y a une vraie recherche dans la tracklist? 

SÜEÜR (Théo): Florian a tendance à dire que je savais quel ordre on voulait lui donner.

SÜEÜR (Florian): Oui c’est vrai! Très vite il y a eu un ordre. Il n’y a pas eu grand chose à faire, mise à part pour notre titre « Migrants », on l’a placé à la fin. Ce titre n’était pas prévu à la base. C’est une chanson de début pour un album normalement. Dans nos lives, on a du mal à la placer autre part qu’au tout début du set. C’est un coup de poing sur la table pour dire qu’on arrive. 

SÜEÜR (Théo): Les gens ont tendance à dire que c’est plutôt dark donc j’essaye de mettre du jovial dans l’écriture, c’est peut-être pour ça que je bloque! 

LFB: Il y a toujours une échappée dans vos chansons, une lueur d’espoir.

SÜEÜR (Théo): Oui, une lueur d’espoir. Voilà, merci! Je suis d’accord. C’est toujours bien qu’une fois que tu sois dans une salle dark tu vois la lucarne de lumière car tu déprimes les gens sinon en fait! Je pense qu’on a eu raison de me dire « fais attention, si tu sors ça en premier, on te dira pendant dix ans, mais si rappelles-toi c’est le gars des migrants! » 

LFB: Théo, est-ce qu’écrire ça te permet de canaliser les choses, de retrouver la paix, de calmer tes états de colère. Tu en serais où si tu n’avais pas ça ?

SÜEÜR (Théo): Oui, carrément. Ça canalise énormément. Ce n’est pas trop dur d’écrire des chansons en état de colère. Ils font plus flipper ces états de colère quand tu les écris tout seul. Tu te demandes mais « pourquoi est-ce que je veux absolument encore aller dans la colère? » La balancer aux gens, ça me fait du bien car ils sont un peu en manque de violence je trouve. C’est moteur la colère mais c’est aussi un défaut et en vouloir toujours plus. L’expression « nager en plein bonheur », j’y crois pas. Si c’est une sensation qui dure trois secondes c’est déjà cool.

SÜEÜR (Florian): C’est pareil avec la paix, non?

SÜEÜR (Théo): Oui mais la paix c’est plus quelque chose que j’imagine à 60 ans. Quand je ne pourrai plus bander, que je vais tester l’opium, je serai en montagne. Tu sais quand t’imagine que tu vas quitter ce monde-là, ça, ce sera peut-être la paix. Quand je suis en colère, je suis dans l’honnêteté. C’est quoi les bonnes nouvelles dans ce monde? Si tu dis « c’était mieux avant », tu es un peu réac et défaitiste ou tu tapes du poing car les seuls qui sont en colère sinon ils sont en ce moment sur BFM et CNEWS. Ils s’appellent Zemmour et ils sont en train de niquer notre génération. Ce n’est pas moi qui suis en colère, c’est les gens. C’est le mec qui vient de fermer son entreprise alors qu’il vient de la monter. On a grandi avec nos parents qui nous disaient « ah, vous avez de la chance avec internet, arrêtez de dire que c’était mieux avant. » Maintenant tous les parents plaignent notre génération. On est dans un monde qui apparemment va s’écrouler et qui est en train de s’effriter, je ne vois pas comment je ne peux être en colère. 

LFB: Ce qui est intéressant c’est que votre musique n’est pas moralisatrice. Vous n’êtes pas entrain de dire aux gens « ce n’est pas beau », vous êtes en train de leur dire « réveillon nous et trouvons des solutions ensemble! »

SÜEÜR (Théo):  C’est notre maître mot toute façon. Les gens ont le droit de se planter, de tenter, de prendre de mauvaises décisions, de se séparer, de mentir, d’être en colère, de tout! Les marches par exemple, je trouve ça intéressant et drôle mais 80% des gens là-bas ne vont pas voter. Je ne suis pas en train de dire que voter c’est la seule solution et de faire un slogan politique mais faire une marche à la base c’est contre un système. Si ce système tu le critiques ni dans ton art, ni dans tes écrits et ni dans ton vote, quand tu vas voter, elle sert à quoi dans ce cas-là ta marche? On est arrivé dans une année 2019, où dans une seule ville, la même journée, tu as cinq marches pour cinq mouvements et causes différentes. Il faudrait peut-être se réunir tous en fait. La colère elle est proche de moi. J’ai mes potes qui me disent d’aller à la marche mais qui eux-mêmes ne foutent rien. J’ai quand même cette envie dans les nouvelles compos de vouloir faire des choses plus joviales et moins arrangées mais j’ai du mal. J’ai l’impression d’être direct dans le rap, pas sérieux. J’ai envie d’aspirer à autre chose que la colère et la rage, je vais trouver la solution. Ridé tout Paris, il n’y a pas trop de colère! 

LFB: C’est une question de personnalité aussi. Tu peux faire des choses sérieuses et qui sont en même temps des gros bangers. Le projet il est encore jeune, c’est un juste milieu à trouver.

SÜEÜR (Théo):  Oui carrément. Le projet est tout jeune, ça fait tout juste un an. Quand tu vois tout ce qui arrive, comment ne pas être en colère? Entre les grèves, les élections et le confinement. Surtout quand tu reçois une trentaine de messages en privés sur Instagram avec les gens qui te disent « j’espère que vous allez bien, c’était votre année! » surtout au passé, « c’était votre année 2020. » On reprend un ticket à la fin de l’année. Tu as l’impression de te faire squeezer une année de ta vie. Tu te retrouves dans le même bateau que les techniciens, à attendre les réponses du gouvernement sur la culture. Tu te dis « je suis en plein développement, je ne vais pas me trouver un taf! » Mais en même temps, elle est où l’oseille ? Et puis, il ne faut pas se plaindre. Tu fais des petits papiers et tu fais des clips donc il ne faut surtout pas que tu plaignes! Il y en a qui galèrent dix fois plus. Mais du coup, tu fous quoi? 

LFB: Qu’est-ce que l’on peut vous souhaiter pour le futur ? 

SÜEÜR (Florian):  Pas de deuxième vague, déjà, ce serait pas mal.

SÜEÜR (Théo): Ou sinon, des surfs. Pour surfer la deuxième vague! (rires)
Sérieusement, ce que tu peux nous souhaiter c’est de ne pas flipper pour faire ce premier album sans avoir acquis toute l’expérience que fournit un EP et toute sa tournée. Techniquement, même si on va reprendre la tournée avec les morceaux de l’EP, on doit faire un premier album et c’est vrai que de le faire sans avoir récupéré ce public, ce réseau et la confiance sur scène, ça c’est un vrai flip. Je n’ai pas envie que le premier album ait le même impact que l’EP. 

LFB: C’est quoi votre dernier coup de coeur à nous partager ?

SÜEÜR (Florian): IDLES en ce moment et j’ai pas mal écouté des trucs sortis l’année dernière ces derniers temps.

SÜEÜR (Théo): Il y a HORROR, ils ont sortis deux sons qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre, bien que ce ne soit pas mon préféré.  La série Unorthodox aussi sur Netflix forcément. Run The Jewels aussi, très lourd, le dernier album!