Sur La Face B, on adore les collaborations. La musique est une affaire de partage donc il est important pour nous de s’ouvrir aux autres et de créer des connexions. Surtout, on aime les projets qui sortent de l’ordinaire et qui évitent les carcans. Stay Hungry est né, comme La Face B, d’un besoin vital de partager la musique et surtout de mettre en avant les artistes de demain. Pour ce deuxième épisode, c’est au tour de Pays P. de pénétrer dans l’univers de Stay Hungry.
Comme un sentiment de fin du monde enfin arrivé. Du chaos parvient l’ordre et des dissonances naissent la musique, hypnotique, bouleversante, comme un bateau qui tangue, manque de chavirer mais reprend sa course infernale coute que coute.
Au milieu des étranges instruments de Stay Hungry, les membres de Pays P. trouvent leur place, leur son, leur univers. Ils l’adaptent, domptent la nouveauté et la bizarrerie pour en tirer la sève d’une puissance qu’ils collent à la leur. Ces trois là mêlent dans leur musique la douceur et la violence, la puissance et la caresse, le besoin de construire et de déconstruire, de s’unifier dans les intimes communs pour trouver un nouveau lieu, un endroit où être soit, le pays de la paix.
Les ambiances pesantes, fortes et libératrices qu’on avait pu découvrir dans leur premier effort se délite un peu ici, influencé forcément par le petit jeu proposé par Stay Hungry. Il y a aussi une certaine surprise, un cadeau dans le cadeau, puisque Soleil à l’oeil est un morceau nouveau, une découverte qu’ils partageront bientôt à leur auditeur.
Le morceau se découvre ici, épuré, étonnant, presque martial par moment. On y sent un goût de sable et de sang, porté par une voix toujours sur la ligne de l’émotion et un texte poétique et virulent. Ici, tout se transforme et tout bouge, comme dans un rêve flou ou rien ne se définit définitivement, les contours sont flous pour mieux surprendre et nous mettre dans une position d’écoute et de tension.
Après le morceau, Stay Hungry reprend la main et nous raconte le groupe, ce qui transpire de leur musique : une histoire de famille et d’amitié, un besoin de faire une musique qui pourrait être une main de velours dans un gant de fer, ne reniant jamais l’émotion et les sentiments même porté par la violence et le gros son. Il y a aussi le besoin de raconter des histoires, d’avoir un texte fort, qui communique et qui existe. Un monde nouveau au final, un lieu où se rassembler et une nouvelle façon d’envisager l’existence ensemble. Car c’est uni qu’ils avancent. Forcément.
La Face B : Salut ! Comment ça va ?
Pablo : Plutôt bien pour un début de semaine de fin novembre.
Laura : Hello La Face B ! Ça va très bien, merci… et vous ?
LFB : Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, qui êtes-vous Pays P. ?
Laura : Nous sommes un trio de rock francilien, guitare-batterie-voix, formé par Lucas Valero (guitare) et Pablo Valero (batterie), deux frères qui jouent ensemble depuis l’adolescence, et Laura Boullic (voix et textes), une poétesse queer et endurante devenue leur demi-sœur.
Pablo : On pourrait dire qu’on fait du Lov’n’roll, quelque chose qui veut être puissant musicalement mais aussi émotionnellement.
LFB : Pouvez-vous nous parler un peu de Solaire à l’œil, le titre que vous interprétez dans l’épisode ?
Pablo : C’est un titre assez ancien dont on a enregistré plusieurs versions, on ne s’est pas vraiment concertés avant d’opter pour celui-ci pour cette version alternative, c’est le premier qui est sorti spontanément.
Lucas : C’est un des morceaux qui est dans le style des premières choses qu’on a créées. C’est-à-dire qu’à mon sens, ce morceau a à la fois un côté émotionnel et un côté stoner. Ce qui me semble être dans la veine de ce qui nous a définis d’un point de vue stylistique jusqu’à présent, même si notre musique a un peu évolué depuis.
Laura : Pour appuyer ce que dit Lucas, je me souviens bien effectivement de la première fois que ce riff et ce-cri-sur-ce-riff sont sortis en répétition, pendant une improvisation. Je l’ai gardé sur le soundcloud d’ailleurs… C’était assez nouveau par rapport à ce qu’on improvisait à ce moment-là, et en même temps ça semblait très naturel comme son, j’ai eu l’impression qu’on avait découvert un premier lieu « à nous », un petit bout d’une terre ferme et concrète.
LFB : Les instruments proposés sont amateurs, low fi, expérimentaux, et parfois même inventés par des luthiers et le lieu (le sous-sol d’une ancienne usine à Pantin) sont inhabituels. En quoi est-ce que cela a impacté votre façon de jouer ?
Lucas : J’ai dû complètement adapter mon jeu, par rapport au nombre de cordes que j’avais d’une part, et puis les notes également, que je pouvais plus faire résonner que jouer disons. Il y avait un manche de guitare, mais après il y avait d’autres possibilités donc j’ai essayé de tout exploiter.
Laura : D’habitude on joue assez fort donc c’était très agréable de pouvoir chuchoter et imaginer un autre sens au texte.
Pablo : l’Lntégralité du kit, à part la caisse claire, était composé d’éléments qui ne sont pas dans une batterie. Ça m’a forcé à utiliser d’autres sonorités et ça a imposé un changement radical de rythmique et de tempo.
LFB : Somme toute, comment avez-vous vécu l’expérience Stay Hungry ?
Lucas : Vraiment bien ! c’était un défi amusant à relever, doublé d’un moment convivial donc carrément cool !
Laura : Pareil, j’ai adoré l’ensemble de l’expérience, revisiter le morceau, voir l’équipe de tournage fabriquer en même temps que nous quelque chose, et puis se transformer ensuite en super hôtes et hôtesses, des plats délicieux, des discussions animées : se rencontrer, rire et danser, ça fait clairement du bien à l’âme ce genre de week-end !
Pablo : C’était très enrichissant et ça nous a permis de rencontrer des personnes très cool avec qui nous sommes régulièrement en contact !
LFB : Comment décririez-vous votre session Stay Hungry en trois mots ?
Lucas : Stimulante, amusante, festive
Laura : Construire, légère, généreuse
Pablo : Spontanée, curieuse, ludique.
LFB : Merci !
