ADN #563 : Shoefiti

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Ils viennent de dévoiler leur album CityT error, les garçons de Shoefiti nous racontent aujourd’hui leurs influences musicales.

crédit : Jessica Coppola

Steve Amber – Daemons of the Subatomic

A l’époque de Fill The Silence With Your Desires (2018), notre album précédent, les amis de The Psychotic Monks nous avaient impressionné par leur maîtrise des nuances. Clément faisant encore partie du groupe, nous nous étions inspirés d’eux pour travailler sur les dynamiques de jeu qui font la richesse d’un morceau.

Avance rapide à janvier 2020, je (Henri) venais d’enregistrer l’album sublime Hypnagogia de STEVE AMBER et en rentrant de cette session qui avait duré 13 jours, j’étais totalement admiratif du travail que nous avions accompli. Cela reste, à ce jour, un des plus beaux projets sur lequel j’aie travaillé. Mais voilà le souci : comment trouver un sens à enregistrer un nouvel album de Shoefiti après cela ? STEVE AMBER ont mis la barre tellement haut que cela me semblait vain d’essayer de les « one-upper ». C’est en ça qu’ils sont devenus une inspiration pour CityT error  : au lieu de nous intimider, c’est devenu un moteur créatif, un nouvel objectif pour nous motiver à pousser nos chansons le plus loin possible.

Yak – Harbour The Feeling

Yak était une inspiration prégnante pour leur son sauvage et débridée de guitares. L’idée était que quand les fuzz se déchaînaient, il fallait donner l’impression d’un dragster qui prend feu. C’était un objectif plus ambitieux qu’on ne croyait. Au début, on a essayé de geeker les pédales d’Oli, mais il en a fait construire sur mesure qu’il a peintes intégralement pour qu’on ne puisse les reconnaître.

Heureusement un ami nous a prêté quelques merveilles, mais cela a été douloureux : j’ai passé des journées à essayer toutes les pédales dans toutes les configurations possibles, avec toutes les guitares disponibles et ce dans toutes les positions de micros. Ça s’est soldé avec des fins de journées shooté au doliprane pour contrer le mal de crâne généré par des heures d’exposition à des volumes abusif. Mais cela en valait la peine : quand les premières fuzz arrivent sur la fin d’American Girld, c’est sans équivoque !

Squid – Match Bet

Après le confinement, on a fait écouter les démos aux copains et certains ont trouvé que ma voix sonnait parfois comme Ollie (tiens, encore un !). On ne connaissait pas du tout Squid à l’époque mais quelle découverte ! On a adoré et j’ai juste appuyé un peu plus certaines paroles pour que ma voix parte en sucette sur certaines syllabes.

Il y a toujours un plaisir certain à être comparé à des chanteurs que l’on admire. On a enfin un sentiment de légitimité qui nous rassure : « Si cette personne peut toucher les gens avec sa voix imparfaite, pourquoi pas moi ? »

Cela peut s’entendre surtout sur American Girld, Chocolat Médaille ou Technicolor Dream.

Low – Especially Me

On aurait voulu mettre tout l’album C’mon de ce magnifique groupe mais on s’est surtout inspirés de cette chanson et de Majesty/Magic pour les ambiances de guitares orageuses qu’on retrouve notamment sur le titre CityT error : Charles a créé une dentelle d’arrangements fantomatiques terrifiants.

Reste la voix inimitable de Mimi Parker, qui nous manquera tous à jamais. Nous avons été dévastés par la nouvelle de sa mort. C’est aussi pour cette raison que nous avons préféré mettre Especially Me en avant, comme un hommage.

Crédit : Jessica Coppola

Warmduscher – Standing On A Corner

Dans la famille d’anglais barrés, on demande le cousin qui se prend pour un roi du pétrole texan. Le groove de la section rythmique, les guitares tortueuses et la nonchalance de Clams Baker Jr et la saturation de sa voix… tout ceci a forcément dû faire son chemin sur plusieurs morceaux de CityT error (comme sLOGANS).

St Vincent – Down

Je suis mega fan de St Vincent depuis ses débuts. Sur son album Daddy’s Home, Annie use et abuse d’une guitare sitar. C’est son arme secrète. Depuis que l’on a découvert cet instrument avec Charles, on en est devenus fans. On l’entend partout : dans Beck, The Smashing Pumpkins, TV On The Radio… Il a fallu calmer nos ardeurs au moment des rec pour ne pas tout rejouer avec cet instrument démoniaque au son si particulier.

Eels – Are We Alright Again

Eels a été une influence certaine depuis nos débuts. Ici, la production simple et précise d’Earth To Dora a joué sur les morceaux les plus posés de l’album, et plus particulièrement So Simple, sur lequel nous avons l’honneur d’avoir notre amie américaine Corrina Repp qui a fait les chœurs. Ce qui nous mène à…

Corrina Repp – How To Live On Nothing

Corrina est une personne extraordinaire et d’un talent indéniable. Elle a traversé les décennies en faisant partie ou en accompagnant des groupes qui nous ont fortement influencé sans trouver le succès qu’elle méritait (Tu Fawning, Modest Mouse, Menomena…). Sa ténacité et détermination force le respect. Nous discutons souvent et c’est une présence rassurante. Quand j’ai un doute, je lui fais relire ou vérifier mes textes. C’est une poétesse de haut vol et c’est un honneur de l’avoir sur le disque.

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