Selesȼa : Le Groupe Obscur vous salue

On va vous faire une confidence : nous ne sommes pas vraiment des esprits cartésiens. Loi d’une recherche constante du rationnel et du logique, on préfère explorer l’intangible et le vaporeux. On se classe ainsi clairement dans la catégorie des rêveurs, de ceux qui divaguent et qui ressentent. Pourquoi cet aveux soudain ? Sans doute parce que ce besoin d’irrationnel et de brouillard mental irradie avec bonheur Selesȼa; le premier EP du Groupe Obscur.

 

Si on ne se souvient pas toujours de nos rêves, ils guident notre quotidien par le souvenir diffus qu’ils laissent dans notre esprit. Ces sensations que l’on chasse et qu’on retrouve parfois, dans une page de livre, dans une réplique de film, dans un mot ou dans une note nous permettent de rendre la vie plus douce à une époque où chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles, de vexation ou d’incompréhension.
A l’écoute des six titres qui forment Selesȼa, premier EP qui nous est offert par Le Groupe Obscur on se dit qu’on a trouvé la musique qui guidera désormais nos songes.
Car comme dans nos rêves, le monde qui nous est offert par le quintette rennais est fait de flou, de mélange et de féérie. Ici les contradictions ne sont pas négatives, elles sont utilisées de manière à les détourner, à les faire exploser et à créer un monde plat où chaque émotion, les sensations et les ressentis même les plus contraires, est amenée à entrer en collusion, à coexister pour faire exister la musique du groupe. Ombre et lumière, joie et peine, nostalgie et besoin de nouveautés, tout se confronte et se mélange dans la musique d’un groupe qui ne demande qu’à créer sa propre histoire.

Nous plongeons ainsi dans l’inconnu, le mystérieux et le mystique que nous propose Le Groupe Obscur, guidé tout au long de l’écoute par des nappes de synthés vaporeuses et entêtantes, une basse présente à chaque instant, des guitares tour à tour lumineuses et inquiétantes. Surtout c’est cette voix éthérée, cajoleuse et mouvante qui nous embarque avec elle.
Ainsi, si Planète Ténèbres et Apnea, chantées en français, nous offrent les codes de l’univers fait de mysticisme, d’occulte et de divination, c’est définitivement dans l’autre part du groupe, plus mystérieuse et qui pousse à l’abandon qu’on trouve notre bonheur.
En créant l’obscurien, en s’inventant une parole et un langage qui leur est propre, le groupe permet ainsi de ramener la musique à ce qu’elle est et ce qu’elle doit toujours être : une affaire de sensation, de mémoire et de sentiments.
Sans ce besoin toujours pressant de compréhension et de logique, la musique du Groupe Obscur nous éjecte ainsi loin du cartésien tant redouté pour nous ramener du côté de l’impalpable et de l’imaginaire pur où on se laisse guider par les notes, les rythmes et les vibrations, nous offrant ainsi une porte ouverte vers une autre dimension où les rêveurs prennent le pouvoir et où l’imaginaire est élevé au rang d’art. On est ainsi bercé par la beauté hypnotique de Piȼedelula, Ȼalaȼetelaea et Ȼoȼoȼoda qui baigne nos cœurs dans un univers poétique où l’on se retrouve fatalement à la poursuite d’un lapin blanc, ou à la recherche d’une vérité cachée dans les limbes et les portes cachées dans des armoires magiques.
Une seule concession à tout cela, on nous a dévoilé Selesȼa signifiait Salutations en obscurien. Sachez que nous aussi, nous sommes enchantés.

Crédit photo : Lise Dua