SEIN, Ultradualiste.

Deux ans après leur premier projet, les deux parisiens du groupe SEIN nous livrent un second EP. À seulement 20 et 21 ans, le duo composé de Balth et Jo réussit à merveille à varier les styles musicaux qui ont fait vibrer leurs années collège : la grime anglaise, la musique électronique et bien évidemment le rap.

Crédit : Emma Birski

Ces deux amoureux de musique se sont rencontrés sur le tard, en 2015, alors qu’ils sont encore au lycée, en cours d’allemand plus précisément. Leur nom SEIN viendra d’ailleurs peut-être de là car cela signifie « être » dans la langue du Goethe. Après quelques scènes dont une à Rock en Seine, ils collaborent avec leurs amis de Thérapie Taxi, ce qui leur permet d’accroître considérablement leur visibilité. Bien lancés par cette connexion, ils continuent le travail avec le groupe et organisent certaines de leurs premières parties, ainsi qu’avec le groupe de Rennes Columbine. Après avoir rempli La Maroquinerie, l’heure était venue pour eux d’annoncer un nouveau projet.

La musique est à l’image du duo, à la fois déjantée et mélancolique. Sentiments retranscrits dans l’ambiance de la pochette. Deux visages sur le même corps : l’un qui ricane et s’amuse de tout, l’autre plus triste qui semble se demander comment exister dans cette époque viciée. L’ivresse d’un côté, le spleen de l’autre. Le projet commence avec Dis moi tout, dont le clip est sorti récemment. Dedans, on y apprend à sortir des cases imposées et trouver notre place sur terre. Sortir des cases, c’est bien une définition qu’on pourrait attribuer à la musique de SEIN. Après un morceau plus mélancolique, place au côté déjanté dans Petit club, ôde à la fête et à leur vision de la vie d’artiste, un morceau entraînant sans prise de tête. Le thème de la fête est toujours présent dans Ultra, allongé d’une bonne dose de musique électronique pour renforcer ce côté festif. Lendemain difficile après deux morceaux remplis d’ivresse, le duo souffre d’une gueule de bois dûe à leur position de musiciens dans Dans ma tête. Finies les ambiances électro et place à un rap qui cogne.

Décollage imminent Sur Mars, pour ce qui est (déjà) l’avant-dernier morceau du projet. Synthèse musicale montrant à nouveau la dualité musicale dont peut faire preuve les parisiens. On termine l’EP empli de Passion. Pour clôturer, rien de tel qu’une jolie chanson d’amour loin des clichés niais du genre. Ici, SEIN décide de faire jouer la langue française avec brio.

On pourrait partager le projet en deux parties : l’ivresse des nuits endiablées et l’amour de la langue française. Mélanger la musique électronique et le rap est devenu de plus en plus courant de le monde de la musique urbaine. Mais ici, on saisit clairement une dualité de ces deux genres selon les thèmes que le duo a voulu aborder. Des thèmes touchant directement les gens de leur génération, car les tourments et questionnements contemporains y sont abordés avec classe.