Sahar, un diamant musical signé Tamino

Tamino est le prénom le plus en vogue en ce moment, depuis la sortie le 23 septembre 2022 de son deuxième long opus, Sahar. Avec deux dates archi complètes au Trianon fin novembre et un Zénith prévu en avril 2023, le mystérieux personnage en fait rêver plus d’un.e, avec sa beauté singulière et sa musique venue d’un autre temps.

Pochette de l’album Sahar

Fin septembre, le prince mélancolique fait son retour avec Sahar, ensemble de 10 titres tous aussi voluptueux et magiques les uns que les autres. Les fans attendaient tous patiemment et opus, depuis la sortie de l’inoubliable Amir en 2018, premier album du musicien belge. Très peu communicatif sur les réseaux sociaux, Tamino s’en était retiré pour confectionner avec délicatesse son deuxième album. Après la tournée qu’il avait réalisée, et face à l’ampleur médiatique grandissante qui l’accompagnait, Tamino a disparu des radars pour se réfugier dans son appartement et composer, dans son cocon, loin de l’effervescence du dehors.

Pendant ce temps-là, Amir continuait son chemin vers la popularité et le musicien, bien que reclus, se faisait de plus en plus connaître et attendre. De 2018 à 2022, l’eau a eu le temps de bouillir jusqu’à exploser. Une fan base très forte s’est constituée petit à petit autour du mythe Tamino. Digne des plus grandes stars de la jeunesse, Tamino crée la ferveur. Organisation stricte pour les premiers arrivants à ses concerts, queue immense et attente pendant des heures, les fans lui vouent un culte tout particulier. Nous n’avons pas à nous poser la question du pourquoi très longtemps. Il suffit d’une écoute, d’un regard, et Tamino vous fait tomber sous son charme, comme par enchantement.

Sahar est né. Fruit d’une collaboration avec Colin Greenwood, membre du groupe iconique anglais Radiohead. Oui, rien que ça. Les guitares ambiantes et l’ambiance rock de certains morceaux se mélangent avec le oud, beaucoup plus oriental et rythmé, sublimé par les harmonies vocales. Les références de ses différents mentors qui se croisent font la complexité et la richesse des œuvres de Tamino.

Sahar signifie “l’aube” en arabe, mais est aussi utilisé comme prénom de fille. Les deux albums se font face, sont à l’opposé mais créent un dialogue. Amir est sombre, dur et puissant. Sahar est plus doux, apaisé et lumineux. On pourrait les comparer à deux amants ou au soleil et à la lune, qui se rejoignent toujours à un moment.

La pochette de l’album est elle aussi plus lumineuse que la précédente. Elle est aussi beaucoup plus plastique, avec un assemblage de matières. Au milieu, une petite photo argentique en noir et blanc, vieillie, mal imprimée. Elle est accrochée à un fond très blanc, au grain qui fait penser à de la chaux, placée sous un film transparent. Protégée, telle une petite amulette ou un grigri, elle montre Tamino jouant de la guitare, ses cheveux, sourcils et cils foncés comme le bois de son instrument, et son habit contrastant avec sa peau mise en lumière. Il nous apparaît comme une statue antique, presque irréel.

Sahar est donc la version angélique de Amir, mais n’en est pas moins mélancolique. L’album aborde des thèmes comme le manque de confiance, l’anxiété, mais avec une envie de changement, de recherche de solution. Plus optimiste, le musicien est aussi très amoureux, ce qui fait de l’album un recueil de plusieurs chansons d’amour dont on parlera plus en détail plus loin. Tamino semble vouloir se libérer de ses démons, qui le suivent et qui le tirent vers le bas, avec You don’t Own me ou encore The first Disciple, accompagné de son clip. Dans cette vidéo, réalisée par Bastiaan Lochs & Jonathan Van Hemelrijck, Tamino est enchaîné, emprisonné par des bras qui semblent vouloir le retenir dans un état d’angoisse.

Bien que Tamino soit un être tourmenté, c’est aussi un grand auteur de chansons d’amour. Sahar en est rempli, et ce n’est pas pour nous déplaire. La plume du musicien est sensible, délicate, et il sait parler de ses sentiments en les rendant universels. Ces morceaux sont une déclaration d’amour pour sa petite amie. Only our Love, Fascination, My dearest friend and enemy ou encore Sunflower, en featuring avec la chanteuse belge que l’on ne présente plus, Angèle, sont des titres par rapport à sa relation, qui l’a beaucoup inspiré. L’auditeur vit l’amour qu’il éprouve pour sa moitié, on ressent les moindre sentiments qu’il nous partage. 

Dans Fascination, il explique l’admiration qu’il a pour sa petite amie et ses passions, de voir chez lui tant de dévotion pour quelque chose qu’il ne comprend pas mais qu’il trouve irrésistible. Ce qu’il met en avant, c’est aussi le fait d’apprendre à aimer les différences chez la personne que l’on aime. C’est à peu près la même chose dont il est question dans Only our love. Une balade suave, simple, qui traite de l’amour sauveur. La relation amoureuse est vue comme une bulle de bien-être ou chacun.e s’élève vers le haut. Dans My dearest Love and Enemy, il n’est pas question d’apprendre ou de vouloir comprendre, c’est le dernier titre de l’album et Tamino avoue tout l’amour qu’il a pour sa copine. C’est LA déclaration qui permet de finir en beauté, celle d’un amour inconditionnel ou deux êtres s’épaulent dans les moments les plus joyeux ou plus compliqués qui peuvent composer une relation à deux : “Don’t just look away / Let me know for once what’s on your mind”(Ne détourne pas le regard / Dis moi pour une fois ce qu’il se passe dans ta tête).

Le monde de Tamino est onirique, l’imagination autour de la musique est grande. Dans le projet, les métaphores fusent de toute part. Écouter sa musique, c’est comme si on entrait dans les contes des Mille et Une Nuits modernisés. 

Ses histoires sont douces, chaleureuses et nous enveloppent. Cinnamon en est la preuve : la musique est pareille à cette saveur si suave et calmante qui nous fait voyager par ses saveurs et nous réconforte. C’est la même chose pour Sunflower, ce morceau qui respire la lumière comme la fleur qui se tourne vers le soleil pour pouvoir resplendir. 

La musique de Tamino est une ode à la bienveillance, au bien-être, seul.e ou à deux.

Tamino se rend vulnérable dans sa musique, se dévoile tout entier et touche toute personne s’aventurant dans son monde fabuleux. Tamino, prince dans La Flûte Enchantée de Mozart et Amir, son deuxième prénom, “prince” en arabe, démontrent qu’il n’est pas exagéré de voir en l’artiste le nouveau prince mélancolique de la musique.