Roseaux, l’âme sensible et voyageuse

Le roseau regroupe un ensemble de plantes, de tailles et d’aspects divers. À l’instar de son homonyme végétal, Roseaux ajoute à une base commune un ensemble d’artistes venant donner une teinte singulière à son nouvel album, sobrement intitulé Roseaux II.

Roseaux II album cover art

La recette ressemble un peu à celle du premier opus de Roseaux, même si seul Aloe Blacc figurait à son casting. Ici, on le retrouve, mais cette fois, il partage sa place avec Blick Bassy, Ben l’Oncle Soul, Anna Majidson, Olle Nyman et Melissa Laveaux (qu’on avait déjà entendue récemment avec Rone sur Golden Solitude). La variété de ces artistes permet à cet album d’atteindre un tout autre niveau de diversité musicale, d’atmosphère et d’ambiance au fil des morceaux.

Les paysages parcourus à son écoute sont aussi nuancés que propres à chacun. Si l’on devait trouver un fil conducteur, ce serait l’aspect solaire qui rayonne sur les voyages que sont ses morceaux, apportant chaleur en toute simplicité. On se surprendra ainsi facilement à s’imaginer déambulant dans les rues d’une ville brésilienne, sous une chaleur d’après-midi d’été avant de s’arrêter pour se rafraîchir à l’ombre, sur la terrasse d’une échoppe locale.

Roseaux by OJOZ
Roseaux by OJOZ

Mais résumer le second album de Roseaux à la légèreté de ses influences latines serait injuste. Le disque dégage par moments une majestueuse mélancolie dont on se délecte. Ce sentiment est appuyé par des morceaux au tempo lent, qui symbolisent avec pertinence la recherche de sérénité lorsque les arrangements sont mesurés, et le déchaînement des émotions lorsque les instruments se déchaînent dans des envolées contemplatives renforcées par des cuivres déchirants ou des dissonances fébriles.

De l’écoute de Roseaux II, on retiendra deux morceaux qui, tout en restant cohérents avec le reste de l’album, nous ont marqué particulièrement : Waves Of Sorrow avec Olle Nyman pour son ambiance et instrumentation centrée autour d’une basse qui accentue la profondeur et l’intensité du titre, et Daily Bread avec Aloe Blacc qui réutilise avec brio les mots du formel et solennel Notre Père, pour en tirer un titre puissant, au groove imparable et qui nous a fait secouer la tête très très fort.

Au final, on regrettera amèrement l’idée qu’il sera très peu probable de retrouver l’ensemble de ces artistes sur une même scène. Du coup, pour se consoler, on se remettra l’album depuis le début dans les oreilles.