Rencontre avec Olivia Dean

À l’occasion de sa venue à Paris pour le Arte Festival, nous avons pu discuter avec la jeune et talentueuse Olivia Dean de ses aspirations, de son processus créatif, et de ce qui lui a permis de devenir une musicienne accomplie. Rencontre avec une artiste à suivre de très près (si ce n’est pas déjà le cas), et dont on attend le premier album avec impatience.

Version Anglaise plus bas // English Version below

La Face B : Pour commencer, quand as-tu commencé à faire de la musique ? Est ce que tu as toujours su que c’était ce que tu voulais faire, comme une sorte de rêve ? 

Olivia Dean : J’ai toujours su que je voulais faire ça ! Je chante depuis l’âge de 8 ans : un jour, je regardais la télévision, j’ai vu quelqu’un chanter et je me suis dit : ça va être moi ! Dès lors, j’ai su que c’était ce que je voulais faire, à la fois comme carrière et comme objectif de vie personnel.

La Face B : Puisque tu savais que tu voulais être musicienne, tu as donc ensuite intégré l’université « BRITS », connue pour être l’une des plus célèbres écoles de musique. Peux-tu nous parler un peu de ton expérience là-bas ?

Olivia Dean : BRITS est en fait une université à Londres, où les étudiants vont pour ensuite poursuivre une carrière dans les industries créatives, quelles qu’elles soient. Après mes examens, j’ai été acceptée, j’y ai étudié la musique, et j’ai surtout rencontré tout mon groupe de musique actuel là-bas, c’était vraiment une super expérience ! C’est vraiment une chance d’avoir pu y étudier et j’en suis très reconnaissante, tant sur le plan humain que sur celui des connaissances, car j’ai vraiment appris un tas de choses qui me sont toujours utiles aujourd’hui.

LFB : Est-ce que tu as toujours vécu à Londres ? 

Olivia Dean : J’ai vécu toute ma vie dans l’est de Londres, tout comme mes parents, mais ma grand-mère a émigré des Caraïbes. C’est pourquoi je suis si attachée à mon héritage caribéen, j’aimerais vraiment pouvoir y aller un jour.

LFB : As-tu l’intention de quitter Londres un jour ? Je sais que ça peut être assez stressant de vivre dans une aussi grande ville !

Olivia Dean : J’aimerais déménager ailleurs à un moment donné, peut-être à Paris honnêtement ! Ou peut-être prendre ma retraite dans les Caraïbes, mais pas pour le moment je pense. Ca reste un endroit que j’ai hâte de découvrir en tout cas.

LFB : Est ce que tu aurais quelques artistes londoniens.nes qui t’inspirent et que tu voudrais peut-être nous faire découvrir ? 

Olivia Dean : J’adore Beabadoobee, et toute l’esthétique qui accompagne sa musique, je trouve que c’est vraiment représentatif de la scène londonienne actuelle ! Dans un autre registre, Joy Crookes est vraiment cool aussi. Je trouve que les artistes et styles musicaux présents à Londres sont vraiment hyper diversifiés et c’est super inspirant.

LFB : Tu es venue à Paris spécialement pour ta performance ce soir, et en parlant de scène justement, es-tu à l’aise de partager tes pensées les plus intimes, que tu exprimes dans tes paroles, avec des centaines, voire des milliers de personnes ?

Olivia Dean : Je suis tout à fait à l’aise avec ça ! Sans vouloir paraître cliché, j’ai l’impression que c’est l’une des seules choses dans la vie qui me permet de me sentir connectée aux autres. Partager mes pensées les plus vulnérables et les jeter dans l’inconnu est vraiment satisfaisant ! J’aime vraiment ça, honnêtement, c’est quelque chose de vraiment libérateur.

LFB : J’imagine que ça t’aide aussi à rester en contact avec les gens et les fans avec lesquels tu peux interagir sur tes réseaux sociaux !

Olivia Dean : C’est sûr ! Et c’est une chose vraiment excitante et amusante à faire, parce que sinon je ne les connaîtrais pas du tout, et c’est toujours fou pour moi de pouvoir les rencontrer et partager des moments avec eux. J’ai l’impression que c’est des personnes que je connais depuis super longtemps et plus des inconnus, c’est un sentiment super bizarre mais aussi super cool !

LFB : En ce qui concerne les réseaux sociaux, tu y es très active : tu as fait beaucoup de lives sur Instagram, notamment pendant le confinement par exemple. Quel impact ont-ils eu sur ta carrière ?

Olivia Dean : C’est sûr qu’ils m’ont beaucoup aidée ! Quand j’ai commencé la musique et que j’ai posté mes premiers morceaux, je détestais vraiment les réseaux sociaux ! Mais je ne peux pas nier qu’ils m’ont été très utiles, surtout pour me connecter avec des gens avec lesquels je n’aurais jamais pu être en contact sans, donc je leur suis vraiment reconnaissante. Cela dit, ce n’est toujours pas ma chose préférée au monde (rires). Je suis déjà trop accro à mon téléphone, pour être honnête, je ne peux pas imaginer si j’étais aussi obsédée par les réseaux sociaux, ça serait vraiment trop.

LFB : J’ai lu dans une interview de 2020 que tu disais que ton objectif principal était de « moins te soucier de ce que les autres pensent », est ce que tu penses avoir réussi ?

Olivia Dean : Je pense que je suis définitivement plus forte qu’avant et j’essaie toujours de m’améliorer chaque jour, mais c’est parfois difficile, surtout avec les réseaux sociaux. Parfois je peux être super confiante, puis je vais tomber sur un commentaire méchant et tout s’écroule ; je travaille encore là-dessus. En tout cas, je me détache de plus en plus de l’avis des gens et je me rends compte que c’est vraiment bénéfique, pour moi comme pour ma musique.

LFB : Pour parler un peu de ton processus d’écriture, et de ton processus créatif en général, tu es assez connue pour tes chansons qui portent sur tes relations amoureuses passées, mais est ce que tu penses que tu serais capable d’écrire des histoires fictives en adoptant le point de vue d’autres personnages, ou alors tu n’arrives qu’à écrire sur ce que tu vis et sur tes propres expériences ?

Olivia Dean : Je pense que j’écris le mieux à partir de mes propres émotions, de ce que je vis. Je sais comment écrire une chanson qui ne parle pas d’une chose réelle, mais pour moi ça n’a pas de sens : ce que j’aime avec la musique, c’est vraiment capturer un moment de vie et le partager avec d’autres pour qu’il ne meure jamais. Je pourrais écrire sur des histoires fictives, mais ça n’a pas vraiment d’intérêt pour moi honnêtement.

LFB : Quel est l’artiste avec lequel ou laquelle tu aimerais collaborer ?

Olivia Dean : J’adorerais collaborer avec le groupe Khruangbin, c’est un groupe américain qui fait de la musique un peu psychédélique, je pense que ça serait vraiment intéressant de travailler avec eux. Sinon, Steve Lacy serait un featuring vraiment cool ! J’ai l’impression que nos énergies matcheraient bien. Je pourrais aussi dire quelque chose d’extravagant comme Beyoncé et rêver un peu, disons cela ! 

Olivia Dean

LFB : Est-ce que tu ressens le besoin de contrôler tous les aspects de ta carrière, tant musicalement qu’esthétiquement, ou est-ce que tu arrives à déléguer certaines choses ?

Olivia Dean : Bonne question, nous en avons justement déjà parlé un peu plus tôt (ndlr : avec sa manager) ! J’ai l’impression que nous en faisons plus que jamais, parce que nous sommes inspirés par la créativité et que je veux avoir le contrôle de la musique et de tous les aspects liés à ce que nous essayons de transmettre, donc je me fais aider, mais je pense que je veux toujours avoir le dernier mot et le contrôle.

LFB : Comment décrirais-tu ta musique aux personnes qui ne te connaissent pas, pour leur donner l’envie de l’écouter ? 

Olivia Dean : Je m’appelle Olivia Dean, je suis vraiment douée ! (rires) Plus sérieusement, je dirais que je fais de la musique pop-soul, que j’essaie d’aider les gens à accéder à leurs émotions en étant la plus honnête possible, et en partageant des choses qui viennent tout droit de mon cœur. 

LFB : Quels sont tes principaux objectifs pour la suite ?

Olivia Dean : Eh bien, mon objectif principal est de sortir mon album d’ici la fin de l’année, c’est vraiment ce que j’ai dans le viseur. J’essaie également d’apprendre à conduire, mais je ne sais pas si je serai capable de le faire d’ici la fin de l’année, ça pourrait arriver plus tard. En vrai, j’ai juste envie de m’’amuser et d’essayer de ne pas regarder trop loin devant moi, parce que ça ne sert à rien, c’est trop de stress inutile.

LFB : Pour finir, est-ce que tu peux nous faire part de 3 choses que tu as vécues en 2022 dont tu se souviendras, que tu as été heureuse de vivre, dont tu es fière ?

Olivia Dean : J’ai pu faire les premières parties de la tournée de Jordan Rakei et c’était vraiment incroyable, on a joué dans cette salle à Brixton (ndlr : à Londres) et il y avait tellement de gens, ça m’a rendue vraiment heureuse, donc je me souviendrai certainement de cette nuit toute ma vie ! Qu’est-ce que j’ai fait d’autre cette année ? J’ai fait des trucs sympas pendant la Fashion Week à Paris, et c’était presque trop chic pour moi (rires) ! D’ailleurs, je suis maintenant une ambassadrice de Chanel, et c’est surréaliste : la moi de 15 ans ne m’aurait sûrement pas crue si je le lui avais dit. J’ai aussi fait beaucoup de feux dans mon jardin, c’était amusant aussi. J’espère que l’année prochaine, Glastonbury (ndlr : un festival au Royaume Uni) me bookera parce que c’est vraiment quelque chose que j’ai hâte de faire !

Retrouvez Olivia Dean sur Instagram et Facebook.

English Version

Olivia Dean

LFB : To begin with, when did you start music, and did you always know that it was your thing ? Was it a sort of childhood dream ?

Olivia Dean : I always knew I wanted to do that ! I’ve been singing since I was 8 years old: one day, while I was watching TV, I saw someone singing and I was like : that’s gonna be me ! Since then, I knew that was what I wanted to do both as a career and as a personal life goal.

LFB : Knowing you wanted to make a living out of music, you then went to the BRITS school, known for being one of the most famous music schools. Can you tell us a bit about your experience there ?

Olivia Dean : BRITS is basically a college in London you can go to kind of  focus on whatever creative “avenir” you wanna do in your career. At the end of your GCSES, I was accepted there and I studied music and met all my band there, it was really a great experience.

LFB : Have you always lived in London ? 

Olivia Dean : I have lived in East London all my life and so did my parents but my grandmother immigrated from the Caribbean. That’s why I’m so attached to my Caribbean heritage, I really wish I could go someday.

LFB : Are you looking forward to sometimes moving out of London ?

Olivia Dean : I’d like to move somewhere else at some point, maybe Paris honestly ! Or maybe retire to the Caribbean, but not for now I think, but that’s definitely something I’m looking forward to doing.

LFB : Have you been inspired by London artists that you maybe want to make us discover ? 

Olivia Dean : I love Beabadoobee ! Joy Crookes is really cool too.

LFB : You’ve come to Paris to perform tonight, and regarding this, are you comfortable with sharing your thoughts with hundreds, or thousands of people ?

Olivia Dean : I’m completely comfortable with it ! Without sounding really cliché, I feel like that’s one of the only things in life that keeps me feeling connected. Sharing my most vulnerable thoughts and just throwing them out in the world is really satisfying ! I really like it, honestly.

LFB : Yeah, and it helps you keep in touch with people and fans you may interact with on your social media !

Olivia Dean : Definitely ! And that’s such an exciting and fun thing to do, because otherwise I would not know them at all.

LFB : Talking about social media, you’re really active on them: you’ve been doing a lot of lives on Instagram especially during quarantine for exemple. Do you feel like they helped you build your career ?

Olivia Dean : Yeah, I think so ! When I first started getting into music, I really hated social media ! But I can’t deny that it’s been really helpful, especially to connect with people that I would have never been able to be in contact with if it was not for social media, so I’m really grateful for it, but they still are not my favorite thing in the world. (laughs) I’m already too addicted to my phone, to be honest, I can’t imagine if I was obsessed with social media too.

LFB : I read in a 2020 interview that you said that you were looking forward to “care less about what other people think”, do you feel that you’ve overcome this as of now ?

Olivia Dean : I think I’m definitely better at it and I try to do better everyday, but it is hard sometimes, especially with social media, you know ! You can be really confident and you see one rude comment and everything falls apart, I am still working on that.

LFB : Moving on to your writing process, do you think you’d be able to write fictional stories from other characters’ point of views, or does it have to be coming from you ?

Olivia Dean : I think that I write my best from my own emotions, from what I live. I know how to write a song that is not about a real thing, but for me it has no point : I really like to capture a moment and then share it with others to make it live forever. 

LFB : Who’s an artist that would be your dream collaboration ?

Olivia Dean : Steve Lacy would be a really cool feature ! I feel like our energy would match well. I could also reach out and say something out of hand like Beyoncé, let’s say this ! 

LFB : Do you still have the desire to hand over everything or are you comfortable with the action of delegating things ?

Olivia Dean : Good question, we’ve talked about it earlier (ndlr : with her manager) ! I feel like we are doing more than ever cause this feels so creatively inspired and I wanna have control over music and every aspect linked to it from what that we are trying to convey, so I definitely get help but I think I still wanna have the last word and control.

LFB : How would you describe your music to people that do not know you, to give them the envy to listen to it? 

Olivia Dean : I’m Olivia Dean, I’m really good..! (laughs) I would say that I do “pop-soul” music, that I try to help people to access their emotions by being the most honest I can, and sharing things coming from my heart. 

LFB : What are your main focuses for the next year ?

Olivia Dean : Well, my main focus is to deliver my album by the end of the year, that’s my big goal. Then I’m also trying to learn how to drive, but I don’t know if I’ll be able to do that by the end of the year, that might happen later. Just have a good time and try not to look too far ahead, cause it’s pointless, too much useless stress.

LFB : To conclude, what are 3 things of 2022 will be remembered, that you’ve been happy to experience, that you’re proud of?

Olivia Dean I did a really amazing support tour with Jordan Rakei and that was really special, we played this venue in Brixton (ndlr : in London) and there were so many people and that made me really happy so I would definitely remember that night !… What else have I done this year…..I’ve done some cool fashion week stuff in Paris, and that felt quite chic for me ! I’m a Chanel ambassador now, and that feels surreal : 15 years old me would be like, “you did great there !”. I’ve also been making a lot of fires in my garden, that was fun too. Hopefully next year, Glastonbury will book me because that’s definitely something I’m looking forward to doing !

olivia dean