Rencontre avec Metro Verlaine

A l’occasion de leur album nouvellement sorti, Funeral Party, nous avons conversé avec Raphaëlle sur le projet Metro Verlaine. Ambiance romantique, un brin révolutionnaire, et influences post-punk anglais, rentrez dans l’univers du duo d’Evreux.

Comment sens-tu l’arrivée de la sortie de l’album ?

Bien. Super excitée parce qu’on l’attend depuis longtemps. Je me sens pressée, j’ai hâte d’y être, j’ai hâte qu’il soit sorti et j’ai hâte de le défendre. 

Déterminée donc !

Voilà tout à fait, tout le temps. 

Depuis combien de temps travaillez-vous sur l’album ?

On a commencé à le maquetter avant le Covid et on devait aller l’enregistrer aux États-Unis à New York et à Philadelphie au mois de février-mars 2020. Depuis, on a fait ce qu’on a pu, on a tout revu, tout repris pendant le confinement et on a décidé de faire ça nous même.

Du coup l’enregistrement à New York, ça ne s’est pas fait j’imagine…

Non, voilà, et du coup ça a mis un peu plus de temps, mais on est très content de la période à laquelle il sort, parce qu’on peut vraiment faire des concerts, il n’y a plus de restrictions. C’est un peu plus derrière nous. Ça m’aurait fait chier de le sortir et de faire des concerts assis.

Comment Metro Verlaine a commencé ?

Ça a commencé quand on s’est rencontré avec Axel. On a eu un espèce de coup de foudre. On s’est rencontrés, on a monté directement le groupe et on a foncé. C’est de notre rencontre que c’est né et je n’avais pas l’intention de monter un groupe, Axel lui si, avant de me rencontrer, il revenait de Londres où il avait essayé de trouver du boulot, de refaire sa vie et gros fail. Quand il est rentré à Évreux, on s’est rencontré. Ce fail n’en était pas vraiment un.

C’était le destin ! Est ce que c’est de l’expérience anglaise d’Axel qu’est venue l’esthétique de votre musique ?

Oui, lui, il avait été très inspiré par toute la vague Joy Division, The Cure, toute la vague post punk à l’ancienne. Ensuite, on s’est vachement inspirés aussi de musique indé comme Television et des groupes plus récents de post-punk comme Shame, Squid, Fontaine DC.

Comment cet album se différencie-t-il du premier ?

Bah déjà, il est en anglais principalement, il n’y a que deux chansons en français et le premier album c’était que du français. Je dirais qu’il y a quelque chose de plus post-punk, de plus affirmé, plus violent que le premier. Les tempos sont plus rapides, les guitares ont pris un peu plus de corps aussi. C’est moins vaporeux ,même s’il reste des morceaux vaporeux comme on aime bien les faire. C’est plus brut.

Pourquoi ce changement de langue sur la majorité des chansons ?

Bah en fait, quand on a fait du français ce n’était pas trop à la mode. On a décidé de passer en anglais parce qu’on en avait envie, c’est venu assez naturellement, le tempo était beaucoup plus élevé, le son était beaucoup plus violent et tout naturellement tu as envie d’un peu plus de musicalité dans les airs de chants. Naturellement, j’ai toujours fait du yaourt en anglais pour trouver les rythmes de chant. Le premier morceau qu’on a composé, c’est Funeral Party et le yaourt était pratiquement les mots qu’on connaît dans cette chanson. C’est bien comme ça, donc autant faire ça. On s’est dit “bon quand tout le monde faisait de l’anglais, nous on faisait du français et maintenant qu’il y en a beaucoup plus qui se mettent aux français allons faire de l’anglais !” 

J’ai l’impression que votre groupe est fait de contrastes. En premier lieu avec ce côté plus rock et le côté un peu plus électro indus. Par rapport à ce premier contraste, comment est-il venu ?

C’est vraiment des influences, on ne se fixe pas vraiment de limite. Du coup, on essaie de conjuguer avec ce qu’on sait faire, ce qu’on aime faire, ce qu’on aime écouter. Ça donne un truc un peu hybride, enfin, si on peut dire hybride, parce que ça se rejoint quand même assez quoi. Mais c’est vraiment en fonction de l’inspiration, de ce qu’on a, de ce qu’Axel a dans le crâne aussi. 

Tu viens de me dire “de ce que Axel a dans le crâne”. Comment se passe la création des chansons ? 

Il n’y a pas un schéma prédéfini, je dirais qu’il y en a trois, quatre. Axel peut très bien débouler avec toute une chanson, il ne compose jamais en acoustique, il commence toujours par les batteries, les bases etc donc il peut très bien arriver avec une chanson et me dire “hey, tu veux pas poser une voix dessus ?” ou alors moi je peux arriver en mode “J’ai un rythme de chant, c’est trop bien, est-ce que tu veux qu’on essaie des guitares, des basses ou des batteries dessus ?” ou alors parfois il y a juste le texte.

Le deuxième contraste, c’est votre nom, Me

tro Verlaine. Metro a ce côté industriel et puis Verlaine plus poétique, comment est-il venu, lui ?

Quand on s’est rencontrés. Axel a passé énormément de temps dans le métro à faire de la musique, à mendier, un peu à se réchauffer parce que c’était janvier. Ça lui est resté un peu dans la tête ce mot métro. Et après on s’est dit qu’on allait pas juste s’appeler les Métros. On a trouvé un deuxième mot et on a toujours été fan d’Arthur Rimbaud. On s’est dit que si on tournait en Angleterre ou aux États-Unis, avec un peu de chance, tout le monde dirait “Metro Rainbow” et Silverster Stallone, c’est pas l’image qu’on veut donner. L’amant

de Rimbault c’est Verlaine, c’est un putain de loser comme nous. Metro Verlaine est fait que de dualités comme ça, parce qu’Axel et moi on est très différents. On se rapproche sur plein de choses, mais on est assez différents. Lui, c’est le côté vraiment sombre et moi c’est le côté du soleil, je vais toujours vers la lumière.

Ce qui ressort de votre projet, c’est le côté romantique de votre musique et aussi de votre de votre groupe. Qu’est-ce que tu en penses toi, de ce côté romantique ?

C’est pleinement assumé, c’est nous, on s’est aussi appelé Verlaine et on est aussi fan de poésie parce que tout le romantisme comme ça, c’est nous. On s’est souvent longtemps défini comme “électrique et romantique”. C’est une main de fer dans un gant de velours, et c’est notre vision aussi, une esthétique très froide, très dure mais empreinte d’une espèce de douceur aussi. Le romantisme nous guide, ce n’est pas du tout un gros mot et puis on a longtemps été amoureux. À la base, on a monté ce groupe parce qu’on était en couple et là c’est l’album de la séparation, de notre couple en tout cas, mais on reste dans le groupe tous les deux. 

Comment ça fait de créer dans un groupe avec son amoureux.euse et ensuite se séparer et continuer ensuite ? Il y a beaucoup de groupes, de duos qui ont juste arrêté. 

Les deux clés sont la bienveillance et l’intelligence. Axel et moi, on a grandi ensemble tout simplement. Je pense que dans une vie, si tu tiens vraiment à une personne, ta relation peut évoluer mille fois, ça ne changera pas l’amour pour la personne. Pour nous, le groupe, c’est toute notre vie. On ne s’est jamais posé la question de si on arrêtait le groupe ou pas, c’est même pas une question, tout peut s’écrouler, le groupe restera toujours debout. 

Pour toi le romantisme, c’est quelque chose de plutôt froid mais aussi de doux, une sorte de Dark romanticism. J’ai l’impression qu’il y a plusieurs types de romantisme, un petit peu le romantisme fleur bleue et le romantisme plus sombre du 19e siècle.

C’est plus une esthétique, voir de la beauté partout. Par exemple, là où on est nés, c’est sombre, c’est gris, nos parents c’est des prolos, nos maisons sont pourries, on ne part pas en vacances, mais on arrive à trouver quelque chose de romantique et de beau. C’est quelque chose qui peut sauver des vies.

Sortir au début de l’été un album comme Funeral Party, c’était voulu ?

Ah complètement voulu ! (rires) Funeral c’était pour mettre plein de choses derrière nous, enterrer énormément de choses parce que le Covid, comme tout le monde, ça nous a traumatisé. On a eu besoin de mettre beaucoup de choses derrière nous donc d’enterrer des choses et la “party”, c’est pour l’espoir. Voilà, on enterre plein de trucs mais on va fêter ça tranquillement. 

Qu’est ce que vous voulez partager avec cet album ? Par exemple, Life is the Riot est assez connoté un peu révolutionnaire.

Toutes nos valeurs nous tiennent depuis le départ, mais parfois pour se faire entendre, il faut être un petit peu plus violent et à travers le son, la musique et les tempos qu’on utilise, on essaye de dire les choses. Se battre pour soi-même déjà, ça ne sert à rien de se battre contre les autres, c’est vraiment un message. On parle de ce qui nous a touchés dans notre enfance qui nous a fait du mal, de plein de trucs sombres mais le message final bien sûr, c’est un message d’espoir. Il faut jamais s’arrêter, jamais baisser les bras, c’est ce qu’on a mis derrière le vinyle “Fight for yourself”, c’est juste ça le message quoi. Bats toi pour toi-même.

C’était quoi ton meilleur concert en tant que spectatrice ?

Oh, c’était à l’Abordage en 2015, l’Abordage, c’était la salle de concert qu’il y avait à Évreux. C’était Sarah McCoy, une nana qui vient de Nouvelle-Orléans, complètement azimutée avec une voix de fou et j’ai passé tout mon concert à chialer, j’ai jamais fait ça, j’ai du mal à chialer, et là elle m’a scotchée. Tout le concert ,une nana sur son piano et sa bouteille de whisky, juste sa voix et son piano. Il y avait une nana qui l’accompagnait. Moi je l’ai découvert avec sa première tournée, maintenant elle est un peu plus soft, on l’a un peu plus lissée. Parce qu’une bouteille de whisky par soir, c’était un tonneau la meuf.

As-tu un groupe que tu aimerais promouvoir ?

Un groupe que j’aimerais promouvoir, c’est tous mes copains. C’est les You said Strange, c’est les We Hate you Please Die, les Die Crap et toutes mes copines aussi. Voilà, qui sont dans ces groupes là aussi, tous mes copains et j’en oublie sûrement. Tous les musiciens et les musiciennes avec qui j’ai eu des gros coups de cœur. Quand tu as de l’affect comme ça, je me dis que tout le monde gagne a être connu et tous mes potes, ce qu’ils font, je trouve ça génial. 

En plus, vous êtes dans une même esthétique, une volonté assez similaire, j’ai l’impression.

Avec We Hate You Please Die, on ne se connaît pas depuis longtemps mais on se retrouve dans énormément de choses, surtout dans la façon de penser, de voir les groupes de musique, et avec les You Said Strange ça fait 10 piges qu’on se suit, on a grandi ensemble. 

On a commencé le groupe aussi parce qu’on a croisé Martin Carriere à un concert de Lescop en 2013. Et donc du coup, notre histoire avec les You Said, elle est liée. Axel avait interviewé Lescop, moi je l’avais pris en photo ce soir-là.

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