Realo, un lot d’émotions

Personne ne peut le nier, l’esthétique joue un grand rôle dans l’accompagnement de la musique d’un artiste. Un élément que Realo semble avoir capté depuis ses premiers visuels. Au fil des années il a progressivement trouvé sa recette musicale et avec, une évolution esthétique qui lui sied à merveille. Fort de ces années, il a délivré ce 10 août le projet Emotion, construit avec minutie et passion.

Image du clip d’Emotion, réalisé par @edith.tv

Comme une synthèse de ce qu’il a pu proposer en amont, les 11 titres d’Emotion sont peut-être la meilleure porte d’entrée vers l’univers dans lequel s’ancre la musique de Realo. Si le terme d’univers est de plus en plus utilisé ces dernières années au vu des propositions offertes par des artistes nourris d’influences multiples, ici, il prend toute sa symbolique. En dehors du fait qu’il propose une musique singulière dopée à des influences aussi bien rocks qu’électroniques, c’est tout ce qu’il y a autour de celle-ci qui lui donne une vraie atmosphère.

Alors que ses premiers visuels laissaient transparaître un goût pour une esthétique bien définie, cette dernière prend un tout autre tournant avec la sortie du clip d’Emotion, réalisé par Edith. Premier extrait du projet du même nom, il met en valeur une ballade onirique aux accents pops. Ouvrant le projet et couplé au visuel sorti précédemment, c’est la meilleure manière de comprendre où l’on met nos oreilles. La combinaison de l’image et du son résume à elle seule ce qui va suivre durant cette ballade d’une vingtaine de minutes.

Une fois rentré à pieds joints dans cet univers, il va être difficile d’en sortir. Passant de sonorités plus froides (Le Monde ft Winnterzuko) à des ambiances plus chaudes (Crash co produit avec Mei), de guitares rock (Fuck You) aux nappes électroniques (Airline), ce pêle-mêle de sonorités est parfaitement organisé par le duo de producteurs Koboi. En alchimie parfaite avec Realo, ils ont réussi à le suivre et à bâtir la structure complexe d’Emotion.

S’il est assez complexe de définir la musique du jeune artiste, c’est parce qu’elle se ressent avant de se comprendre. Support parfait à la voix modulable de Realo, il en fait son terrain de jeu pour y placer la trame de son projet : son rapport aux émotions.
Sans user de grandes formulations de phrases, il va droit au but, et surtout au coeur. Ne basant pas sa force sur des écrits pompeux, il les simplifie pour leur donner de la consistance à travers ses variations de voix. Il a la faculté d’emmener son auditorat dans un monde fantasmagorique, qu’on devine être pleinement le sien.
Principalement centré sur lui et ce qu’il ressent, certaines idées reviennent à différents moments du projet, donnant à la fois redondance et consistance à ce dernier.

Il y a notamment une certaine déconnexion avec les autres. Exprimant par plusieurs moments être en mode airline, ou dans sa bulle, il n’en profite pas pour jouer la carte de la différence, mais plutôt celle de la confiance en un art différent mais qu’il veut/va rendre accessible à un public. Cela ne se fait pas sans la douleur de la remise en question qui balise par moment les morceaux d’Emotion.

J’connais quelques façons, j’connais quelques manières
Et la vie, j’la façonne, et la vie, j’la façonne
Ça prend du temps, la passion, yeah

Realo – Passion

Construit avec une précision affolante, l’écoute des 11 titres se déroule avec une fluidité folle. À l’image de la pochette du projet réalisée par Elisa Ribeiro, c’est dans un tourbillon que le projet nous emmène, aussi bien par sa diversité et sa richesse musicale que par le lot d’émotions qu’il contient. Il n’y a donc plus qu’à se laisser emporter dans cette tempête et profiter du voyage guidé par Realo.