Rattrapage #3 : Julien Gasc, BAASTA, En Attendant Ana, La Vague

Autant se l’avouer, parfois on manque de temps. Alors des albums nous passent sous le nez, des albums qu’on aime mais dont on ne prend pas le temps de parler. On a décidé de contrer tout ça en lançant nos articles rattrapage ou l’on rient sur des albums des derniers mois qui nous on marqué. Aujourd’hui on vous propose de découvrir les derniers efforts de Julien Gasc, BAASTA, En Attendant Ana et La Vague.

crédit : Cayo Scheyven

Julien Gasc – L’appel de la forêt

Il nous aura fallu un certains temps avant de nous plonger réellement dans l’appel de la forêt de Julien Gasc. Et puis, comme un appel du pied, la trêve internationale, nous aura permis de faire honneur aux dix titres du leader d’Aquaserge. Car il faut bien l’avouer on est face d’une musique qui mérite une attention totale et qui n’est pas à prendre à la légère. L’appel de la forêt est un disque politique dans le sens le plus noble du terme : il nous offre un état du monde contemporain, ausculté à travers le prisme d’un artiste qui a élève à chaque sortie la pop psychédélique au rang d’art. Pour échapper au quotidien, pour résister à un monde qui ne pense qu’à nous dévorer, Gasc nous propose une chose simple : se servir de l’amour comme « principe à suivre en ces temps tristes« . Porté par un flegme à toute épreuve et une douceur mélancolique qui inonde tous les titres de l’album, Julien Gasc nous bouleverse par sa sincérité et par un talent extrêmement précieux : réussir à transformer le quotidien et la simplicité en œuvre poétique. L’amour, les relations, la fuite du quotidien, le retour à la nature nécessaire guident nos pas dans la mousse pop merveilleuse qui vire à la prophétie quand il nous scande  » notre époque voit enfin la rupture, nous sommes sur les ruines de la folie » dans l’immense titre l’appel de la forêt. On vibre aussi à l’écoute de Libertas et Firegasc, Les Flots ou Giles and Jones.
Grand Prince, Julien Gasc nous dit dans We’re so in love « nous appartenons à l’amour« . On a envie de le croire et de transformer en mantra les nombreuses phrases réconfortantes qu’il sème ça et là pour faire pousser dans nos esprits les fleurs nécessaires à notre bonheur.
L’appel de la forêt n’est pas un album qui s’offre facilement, il est plutôt du genre à se faire dompter pour révéler tous les détails et les petits trésors qu’il contient. C’est surtout un album qu’il ne faut pas manquer, on peut vous assurer que vous le regretteriez.



BAASTA ! – Paanic…

Dans H2G2, le guide du voyageur galactique, un running gag nous indique de temps en temps « Don’t Panic« , un pouce en l’air pour nous rassurer. Quand on voit la gueule du monde à l’heure actuelle, on se dit qu’il y a pourtant de quoi avoir la trouille et ça BAASTA ! l’a bien compris et nous offre Paanic… un album qui tape fort là ou ça fait mal pour nous faire du bien.
Avec ces dix titres, le duo Arrageois nous offre aussi sa version de l’album politique, mais avec une vision bien plus anglaise de la chose. En mode working class heroe, la chemise boutonnée jusqu’au dernier bouton et le polo Fred Perry bien repassé, se revendiquant ainsi autant de Joy Divison avec cette basse post-punk qui guide chaque morceau que de Prodigy dans sa manière de rajouter des grosses nappes électroniques pour nous faire danser, ne refusant jamais de balancer une bonne guitare pour fracasser le tout, BAASTA ! balance chaque titre comme un uppercut à l’encontre de tout un tas de déviance et de problématique qui inonde notre société.
La pêche intensive, la masculinité toxique, la société de consommation, l’hypocrisie globale des gens qui donnent des leçons tout en jouant avec un système qui leur profite, toute les déviances du monde moderne passe à la moulinette de BAASTA! et bordel ça fait un bien fou. De Fosbury, à Fin du Monde en passant par Tora! Tora! Tora!, chaque morceau de Paanic… est porté par une urgence salutaire et une rage communicative qui titre après titre nous donne de plus en plus envie d’en découdre. Si les albums de rock « engagé » sont souvent très casse gueule, BAASTA ! évite les écueils avec classe et nous offre un appel à la révolte, porté par une écriture à la fois directe et maitrisée qui pousse autant au défoulement qu’à la réflexion. On se retrouve dans le pogo ?



crédit : Romin Favre

La Vague – Lemme Be

Après leur premier EP Seretonin qui nous faisait découvrir un duo explosif aux ambitions festives et dansantes et aux hormones du bonheur en folie, La Vague nous présentait, fin 2019, Lemme Be. Une nouvelle réalisation grâce à laquelle le duo révèle ses failles, ses désirs de liberté et de reconnaissance de leurs racines familiales et ethnologiques. Un EP intime mais tout aussi coloré que le précédent.
Le 15 octobre 2019, La Vague dévoilait le clip de Lemme Be, le second titre figurant sur l’EP du même nom. Ce clip, teaser de leur nouveau disque, annonçait de toutes nouvelles ambitions de la part de Thérèse et Jonathan. Retour à leurs origines, libération de leurs personnalités et de leurs influences, tant de désirs dont traite le titre Lemme Be.
Tumble ouvre le bal de l’EP dans une mélancolie poétique, parsemée de rage et d’une envie de renouveau. Tout y est exprimé et ce titre donne le ton de l’album. La Vague veut se tourner vers de nouvelles réalités.
Le duo passe de la poésie au dialogue ouvert dans une grande fluidité, comme sur le titre Fierté dans lequel ce dialogue est mis en musique pour créer une parfaite adéquation entre la voix grave de Thérèse et la mélodie du morceau.
Le principe premier de l’EP reste pourtant le retour aux origines, la liberté d’assumer sa personnalité, la quête de retrouvailles. C’est ce que représente la chanson Dernière Saison, en parlant et chantant dans différentes langues, Thérèse s’emploie à redéfinir son engagement humain dans différentes causes qu’elle présentait l’année dernière sur les réseaux. C’est l’interprétation de Jonathan qui vient compléter l’impact que peut avoir ce titre, en y apportant une confrontation entre utopie et vérité.
Un EP qui fait donc figure d’exutoire pour La Vague, qui renaît et revit au travers de Lemme Be. Fidèles à eux-mêmes, Thérèse et Jonathan partagent leur évolution et leurs expériences de vie avec leur public.



crédit : Chloé Lecarpentier

En Attendant Ana – Juillet

Nous avions quitté les cinq parisiens en 2018 avec leur premier album Lost and Found, c’est en Janvier qu’ils sont revenus nous délivrer Juillet, un disque empli de soleil et de souvenirs d’été.

C’est une douce douce nostalgie estivale que l’on nous glisse à l’oreille avec Juillet, le groupe Parisien nous gratifie d’une œuvre complète, c’est la voix si expressive de Margaux Bouchaudon qui lie les morceaux entre eux, leur donne une teinte mélancolique et vient habiller les guitares bien incisives qui composent chacun des morceaux. L’écoute de cet album nous renvoie en pleine face le soleil de Juillet, on peut sentir sa douce caresse sur notre visage, et se rappeler des moments ou malgré une chaleur écrasante nous profitions de belles soirées enivrantes.
Ana c’est cette amie si chère, que l’on ne voit que rarement mais que certaines petites choses de la vie ramènent à notre bon souvenir. A l’image d’une nostalgie et du souvenir de moments précieux, l’album nous transmet une énergie et une couleur, reconnaissable dans chaque morceaux, cette couleur d’été, un sépia qui nous rappelle les champs bien secs sous la chaleur de plomb d’une canicule qui ne saurait s’arrêter, c’est d’ailleurs à la campagne, loin des tribulations du Paris de Juillet que le groupe a composé cet album.
Bien qu’il se réfère à un moment précis, une période, cet album garde une touche intemporelle, car c’est à l’écoute des touches de cuivres comme dans le morceau When It Burns que l’on s’évapore dans les nuées de nos souvenirs.