RAM 10th Anniversary, le cadeau de retraite des Daft Punk

Parfois, le musique arrive à être intemporelle. En 2013, lorsque les Daft Punk ont sorti Random Access Memories, le duo a donné naissance à une musique qui, encore aujourd’hui, ne vieillit pas. À l’occasion du dixième anniversaire de cet album, les français sortent une réédition de ce dernier. Une sortie au goût d’adieu… 

Random Access Memories, un album touchant du doigt la perfection

Avant tout, Random Access Memories reste un grand, voire un très grand album. Véritable assouvissement de nombreux fantasmes de musicien et d’amoureux du même art. Le dernier projet du duo est une grande réussite. RAM est le premier des quatre disques des Daft Punk à ne contenir aucun sample. Les treize morceaux qui le composent sont des compositions originales. Ce processus ayant été épaulé par de grands noms de l’industrie comme Nile Rodgers, Pharrell Williams ou encore Paul Williams.

Outre le changement de méthode, la musique proposée par les légendes de la French Touch affiche un niveau de maitrise et de maturité impressionnant. Toujours grandement imprégné des influences du Disco et de la musique des années 70s et 80s. Le style de Thomas Banglater et Guy-Man atteint son point d’orgue. Les inspirations sont comme d’habitude très bien digérées, mais l’interprétation des instruments, acoustiques, donne un cachet supplémentaire. La production, absolument magistrale par ailleurs, sublime le travail de certains grands musiciens. 

On peut notamment penser à la présence de noms comme Douglas Walter, toujours Nile Rodgers, Chilly Gonzales, Chris Caswell, Garth Porter ou Tony Mitchell. Random Access Memories englobe un casting cinq étoiles qui donne lieu à un album immensément riche et admirablement bien conçu. Le groupe s’est bien entouré, et a été accompagné de la meilleure des manières pour ce projet si particulier. 

Il faut aussi mettre la grande agilité des deux artistes en matière de composition purement orchestrale. Sur des titres comme Touch ou Beyond, le duo démontre un vrai talent pour cet exercice. Une prédisposition déjà mis à l’œuvre trois ans avant la parution de ce quatrième album, avec la bande-originale du film Tron: Legacy. Cette orchestration se retrouve dans le rôle de pur soutien mélodique. Une tâche plus sobre, mais qui apporte énormément de richesse au son de RAM.

Enfin, Random Access Memories boucle habilement la boucle narrative en place depuis le début de la carrière des Daft. Les textes des morceaux laissent transparaître des sentiments humains, ressentis par des robots. Ces derniers se rapprochent de plus en plus de ce qu’ils recherchent depuis plus de vingt ans. À savoir passer de l’autre côté du mur, de vivre. Une finalité appuyée par le caractère organique des compositions qui donne une certaine conclusion à l’épopée de ces quatre albums.

Des titres inédits en guise d’adieu

En février 2021, les Daft Punk ont annoncé par le biais d’une vidéo intitulée « Epilogue » la fin de l’aventure des deux robots. En réalité tiré de leur film expérimental Electrorama, d’ailleurs nominé au Festival de Cannes à sa sortie, l’extrait est simple. Les deux protagonistes qui se retrouvent, pour se serrer la main, et ensuite exploser. Cette annonce fait alors de Random Access Memories l’ultime travail de ses deux créateurs.

Le dixième anniversaire de ce dernier se prononçant, le duo a donc décidé de sortir une réédition, contenant neuf pistes additionnelles. Parmi elles se trouvent des inédits, mais aussi des démos, des maquettes et des documents retraçant la production du disque. On y retrouve notamment Horizon, qui était déjà accessible auparavant, mais sur le CD japonais. 

En termes de nouveautés, nous découvrons également l’introduction orchestrale de Horizon, Prime. Un morceau jamais fini ou encore une version alternée de Give Life Back to Music. Cette dernière est semblable à une jam. Introduite par une partie jouée par un orchestre, et suivie de nombreux actes dans lesquels les soli s’enchaînent. Ces deux titres démontrent un peu plus l’appétence du duo pour écrire des pièces grandiloquentes pour des groupes plus grands.

Nous avons le droit à une démo aboutie avec Infinity Repeating en collaboration avec Julian Casablancas et The Voidz. Le morceau offre une vraie proposition musicale qui n’aurait pas fait tâche au sein de l’album, bien au contraire. On y décèle cette même subtilité et cette élégance propre à Random Access Memories. Avec aussi un travail abouti sur les voix et la structure.

Des supports de travail sont rendus disponibles avec notamment la première ébauche de ce qui deviendra l’immense tube Get Lucky avec Nile Rodgers et Pharrell Williams. Les tests de Lose Yourself to Dance et de la tentative de vocodeur nous fait aussi entrer dans les coulisses. On se prend à imaginer le titre sous une autre forme. Sous un autre angle, jusqu’à entrer dans le prisme de fantasme.

L’autre moment qui ravira les plus curieux sont les huit minutes documentant le processus d’écriture du morceau Fragments of Time. On peut y entendre les trois hommes parler du concept de ce dernier et d’imaginer les futures paroles. Et comme pour boucler la boucle, le dernier morceau s’avère être la version de Touch utilisée à la fin de la vidéo d’annonce de la fin du groupe. Constituant une sorte d’au-revoir de la part de Thomas Bangalter et Guy-Man.

Les Daft Punk et leur mythique casque

C’est non sans émotion que nous disons adieu aux Daft. Sûrement le plus grand nom de l’histoire de la musique électronique française. Pendant presque trente ans, Daft Punk nous a émerveillé, surpris et impressionné. Pendant toute sa carrière, le duo a démontré une vision globale prenante et surtout touchante. Prenant le soin de contrôler chaque étape de la création, et en restant indépendant coûte que coûte. La vision qu’ont amené Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo est devenue légende et a influencé toute une génération d’artistes. 

Respecté et adoré dans le monde, les deux robots ont fédéré, nous ont fait pleurer, fait danser et nous questionner. Pour toute la musique, les années d’émerveillement et l’histoire magnifique, merci Daft Punk.