RAC : « Les gens qui disent que l’album est mort n’aiment juste pas la musique »

Plutôt rare dans les médias français, André Allen Anjos aka RAC nous a fait le plaisir et l’honneur de répondre à nos questions pour la sortie de son troisième album BOY. L’occasion de parler de cet album somme, de ses collaborations et de son enfance.

Crédit : Jules Davies

Version anglaise plus bas/ English version below

« Bonjour, c’est André de RAC. Je vais répondre à une interview de La Face B. c’est comme ça qu’on le dit ? En fait *parle en français* Je Parle un peu français (rire). En vrai je suis nul, mais peu importe. Merci. Je vais lire les questions et ensuite donner mes réponses. »

La Face B : Salut André ! Comment vas tu ?

RAC : Je vais bien, je vais bien. Merci de demander. Je traîne juste à la maison un peu comme tout le monde. 

LFB : Tu viens de dévoiler ton nouvel album BOY, peux tu nous raconter comment tu l’as créé ?

R : Ça a été un processus de 3 ans, je n’ai pas travaillé dessus en continu pendant trois ans. Mais je dis volontairement processus parce que c’était une longue période. Beaucoup d’essais et d’erreurs, beaucoup de choses que j’ai jeté.
J’ai écrit peut-être entre 60 et 70 démos. Et j’ai écrit un grand nombre d’idées différentes. Et, tu sais, c’était une sorte d’improvisation par nature. Je m’asseyais et voyais ce qu’il se passait en gros. Et c’est comme ça que j’écris un album, je ne commence pas avec un thème mais un thème émerge au fur et à mesure. Et c’est ce qu’il s’est passé ici, à la quatrième ou cinquième chanson dans ce processus d’écriture, je continuais de retourner à mon enfance car j’ai grandi au Portugal.
Mais je suis à moitié américain, à moitié portugais et je me souviens être là et être en quelque sorte confus par ces deux langues, et c’est à ce moment que j’ai découvert la musique et la musique est devenue un genre de langage émotionnel.
Émotionnel car ce n’était pas lié à un langage spécifique. C’était juste des instruments et des sentiments. Donc j’ai gravité autour de ça et quand j’ai commencé à écrire, ce thème a émergé naturellement, ça s’est de plus en plus confirmé au cours de l’écriture. Mais en premier lieu c’était peut-être avec la cinquième ou sixième démo : « oh intéressant, peut-être que ça pourrait être quelque chose de cool à explorer ».  Enfin vous voyez… bon allez on avance (rires).
Ça a donc duré trois ans et ça s’est terminé avec un album à propos de mon enfance et sur le fait d’être adolescent et de grandir. Je pense que c’est nostalgique. J’ai utilisé beaucoup beaucoup d’instrument de cette époque. J’aime beaucoup la texture de cette époque. Je ne sais jamais vraiment si cela va se connecter à un groupe de personnes plus important. Mais j’ai eu l’impression que si je peux me lier avec, alors peut-être ça sera la même chose avec d’autres personnes. C’était donc un peu mon approche.

LFB : Est-ce qu’on peut dire que BOY est ton projet le plus personnel à ce jour ?

R : Oui c’est certain. Je veux dire, les autres albums sont également personnels, mais dans un sens j’ai l’impression qu’il faut vraiment deux albums pour savoir qui tu es en tant qu’artiste mais également en tant qu’individu. Je pense que j’étais prêt à aller dans cette direction sur celui-ci. Avec cet album, c’était comme si je retournais à la méthode originale d’écriture que j’utilisais sur Strangers, mon premier album. Mais j’ai également utilisé tout ce que j’avais appris sur Ego, mon second album, que j’ai écrit pratiquement seul. Donc j’ai pris la méthode du premier et appliqué mes connaissances, toutes les choses personnelles que j’ai apprises avec le second. Et maintenant je pense que c’est un bon mix des deux.

LFB : L’album contient une introduction et trois interludes. L’as tu envisagé comme une histoire avec des chapitres ? Ces morceaux instrumentaux, à travers leur titres et leur vibes, en racontent aussi beaucoup sur toi non ?

R : Oui exactement, c’est exactement ça. Ils étaient destinés à être des petites pauses. C’est comme un nouveau chapitre, comme si c’était « ok c’est quelque chose de nouveau, c’est une nouvelle phase ». Et comme tu l’as si bien pointé, il y a des fils de discussions, des titres avec lesquels je joue. Et j’ai mis la plupart des titres en portugais, parce que encore une fois, ça se rapporte à mon enfance, des moments et des souvenirs d’enfance quand j’ai grandi là-bas. Par exemple, Gomas c’est une histoire stupide (rires). C’est juste un mot portugais pour dire bonbon. Et j’aimais après l’école, quand je rentrais chez moi m’arrêter à une boutique de bonbon et acheter ces énormes sacs de bonbon pour deux euros. Et c’est juste un chouette souvenir que j’ai. Et aussi jouer aux jeux-vidéos le reste de la journée. Et la chanson ressemble un peu à Zelda ou quelque chose comme ça (rires). Donc j’étais inspiré par ça. (pause) Je me perds… Et puis Arcoris en est une autre. Ça veut dire arc en ciel. Et l’idée était essentiellement de montrer combien de différentes émotions, sentiments peuvent tenir en une minute en utilisant le même son, tu vois ? C’était un exercice créatif en quelque sorte. Mais aussi, quand tu es jeune tu as tendance à avoir des sautes d’humeurs brutales. Donc ça fait partie de l’idée autour de l’album.

LFB : J’ai l’impression que le tracklisting est pour beaucoup dans la sensation d’unité qui émane de BOY non ? À quel point cette étape a été importante pour toi ?

R : Oui, le tracklist de l’album c’est la chose la plus importante. Les titres individuellement sont bien, mais quelque soit la tracklist, c’est la chose la plus importante pour moi. Les gens qui disent que l’album est mort me fatiguent. Ils n’aiment juste pas la musique (rires). J’ai l’impression que si on est un amoureux de la musique, on doit apprécier la musique parce que c’est une déclaration. J’adore créer ça et ça m’influence dans le choix des titres. Je choisis seulement mes titres préférés. C’est très détaillé, c’est le genre d’essais et d’erreurs laborieux qu’il faut faire pour séquencer correctement un album. J’ai passé beaucoup de temps sur ça et je n’ai pas gardé de nombreuses chansons seulement car ça n’allait pas avec l’album. Et je veux dire, heureusement, je pourrai toujours les sortir plus tard sur d’autres projets. Mais tu sais, ça joue beaucoup sur le propos de l’album. 

LFB : On retrouve certains artistes importants comme St.Lucia, Louis The Child ou Jamie Lidell sur l’album. Mais surtout énormément de jeunes artistes en devenir. Comment as tu choisi les artistes qui apparaissent sur l’album ?

R: Encore une fois c’est à propos de la manière dont je l’ai écrit.
Ensuite je vais dans cette étape où je demande l’aide du label, du manager, d’amis, de gens que je connais, de gens que je contacte… En gros, on envoie beaucoup de ses idées différentes à des gens pour voir ce qu’on obtient. Donc c’est un processus qui prend du temps. Et c’est en partie l’une des raisons pour laquelle cet album a pris du temps, parce que ces personnes sont occupées (rires). Et plus particulièrement les gros artistes car ils peuvent être en tournée donc ils ne vont pas avoir le temps pour ces choses. Et en gros j’essaye juste d‘avoir ces choses dans ces chansons. Et encore une fois, cette vapeur émerge naturellement. Dans le passé, tu sais, j’ai travaillé avec des gens établis comme  mon héros Rivers Cuomo et des gens que j’admire. Et pas cette fois (rires).
Ce n’est pas que je n’admire pas les gens avec qui j’ai travaillé sur cet album. Mais toutes mes chansons préférées viennent des retours de personnes qui étaient plus jeunes et qui démarraient dans la musique. Et j’avais l’impression qu’elles faisaient plus d’effort dans un sens. Et c’est intéressant parce que certaines de ces personnes, j’ai grandi avec leur musique.  Donc la boucle est en quelque sorte bouclée. Et encore une fois le thème a juste émergé. Ce n’est pas comme si j’essayais de faire quoi que ce soit. C’est juste un jour, en assemblant l’album, j’ai remarqué qu’à part deux personnes, tout le monde était plus jeune que moi. Et c’est en quelque sorte intéressant. Je ne sais pas. Peut-être que ça va dans le sens du thème de l’album. Mais encore une fois, c’est juste arrivé comme ça.  

LFB : Quelle liberté avaient-ils au niveau de la participation au titre ? Tu leur as fait plusieurs proposition de production ?

R : La manière dont je travaille est la suivante : je fais une playlist de 4 ou 5 idées différentes qui pourraient marcher avec le style de leur voix. Et ensuite je leur envoie, ils en choisissent une ou deux et ils essayent quelque chose. C’est une application pratique. Je n’ai pas une multitude de personnes travailant sur la même instru parce que ça serait mauvais (rires). Ce qui est arrivé avant pour moi. J’essaye d’éviter ça. Mais, habituellement je fais tellement en ce qui concerne la composition que je les laisse faire ce qu’ils veulent vocalement. C’est comme si je donnais aux gens de la liberté car je ne veux pas être dominant, je préfère les laisser être inspirés.
Mais par quoi ? Par ce que j’ai déjà créé et qu’ils aient l’impression que ça leur appartient ? Et tu vois dans le pire des cas, dans le pire des scénarios, la chanson ne fonctionne juste pas et elle ne sortira pas. C’est quelque chose de plus grand. Je ne suis pas trop inquiet à ce sujet.

LFB : Comment se passe le travail avec RAC ? Est-ce que tu as ressenti la nécessité de rencontrer tout le monde ou est ce que vous avez travaillé à distance ?

R : Je les appelle « l’armée des étrangers » parce que je n’ai pas rencontré la plupart des personnes sur l’album. Tout a été fait à distance. C’est juste un processus où on envoie des démos et reçoit des choses en retour, quelques va et vient par mail. Mais c’est à peu près tout. 

LFB : Offrir une visibilité importante et une porte ouverte à certains musiciens, c’est quelque chose qui t’importait à travers Boy ?

R : Oui, je veux dire c’est en quelque sorte un effet secondaire avec ces jeunes artistes. Je les découvre juste à travers différents moyens et je les juge seulement à travers ce qu’ils peuvent faire et pas s’ils sont importants ou non. Et si c’est l’effet secondaire qu’ils aient plus d’exposition car je les mets en avant alors super, j’aide quelqu’un à démarrer sa carrière, je veux dire ces personnes ont déjà pas mal de choses en cours ou réalisées, ce n’est pas comme si ils commençaient à partir de rien. Mais si je peux aider de quelque manière que ce soit… Mais je ne dirais pas que c’est le but. C’est toujours à propos de la chanson, mais c’est un chouette bonus ! 

LFB : Comme je le disais précédemment, cet album semble important et personnel pour toi. Es tu ressorti apaisé de sa création ? Qu’est ce qu’il t’a apporté ?

R : Oui c’était en quelque sorte thérapeutique. C’est intéressant parce que j’avais l’impression d’avoir raté cette période de ma vie. Je ne dis pas que j’ai eu une mauvaise enfance, ce n’était pas traumatique, il n’y avait rien de mauvais. J’ai beaucoup déménagé. Je n’ai pas vraiment de racines quelque part. Donc je n’ai pas vraiment beaucoup regardé en arrière, je suis juste passé à autre chose en fait. Donc c’était une opportunité en quelque sorte de faire un pas en arrière et me souvenir de ce que ça faisait. Je veux dire à 30 ans, enfin plutôt 34 ans à l’époque où j’ai écris l’album c’était comme regarder en arrière avant de vraiment commencer à oublier (rires).  Pour être honnête, avant que ça ne devienne trop flou, j’ai voulu essayer de l’examiner objectivement. C’est ce que j’ai ressenti. C’était juste bien. Et c’est arrivé naturellement.

LFB : La pochette de cet album semble elle aussi en dire beaucoup plus que sa simplicité apparente. Peux tu me parler de cette bulle ?

R : J’avais en quelque sorte fini l’album et j’ai trouvé cet artiste nommé Andrés Reisinger. Il est d’Argentine mais il vit à Barcelone et il fait des artworks très intéressants. Tout est à base de 3D. C’est architectural. C’est comme si il design des espaces. Je veux en venir au fait qu’il ne fait pas habituellement de la musique… enfin il en a fait un peu. Mais son travail m’a coupé le souffle. Et quand j’ai vu ça je me suis dit c’est ça, c’est la personne avec qui je veux travailler.
Je n’ai pas vraiment cherché quelqu’un d’autre pour être honnête, j’ai juste espéré qu’il accepte (rires) je voulais que ça soit la pochette. C’était juste quelque chose d’intuitif. J’avais l’impression que cela représentait ce que j’essayais de transmettre.
Donc je lai contacté pour essayer d’obtenir la licence de l’une de ses images et apparemment il était un grand fan, il écoutait mes albums en grandissant et c’est là que tout a commencé.
Je lui ai envoyé l’album et je lui ai expliqué tout le processus, je lui ai expliqué toutes mes idées et il a créé une série d’image qui sont devenues l’album. Je l’adore. Je pense que c’est super et très cool. Je sais que ça me dépasse. Ça a l’air d’un autre monde, comme si c’était un vrai espace, mais en fait c’est en 3D. Ça n’existe juste pas.
Et peut être que j’avais le sentiment que c’est un peu comme ça. Tu sais, le thème de l’ablum, que c’est la place où je n’étais plus désormais. Ce temps n’existe plus. Je ne peux pas y retourner sauf à travers mes souvenirs. Et j’ai l’impression qu’il y a une sorte de parallèle. Mais l’autre côté est que j’ai grandi dans une environnement religieux. Et tu sais je n’avais pas accès à beaucoup de musique quand j’étais jeune et c’est ce qui m’a amené à écrire parce que je ne pouvais rien écouter. J’avais l’impression d’être dans ma bulle et dans un sens je n’aime pas ça. C’était un temps innocent. Et il n’y avait personne pour me dire ce qui était cool ou non. Je n’étais pas inquiet de ce que les gens pourraient en penser. C’était un moment de liberté pour moi. Et j’ai l’impression que l’artwork représente ça. C’est monochromatique, des teintes roses. Je pense juste que c’est super. En tant que fan d’art en général, je pense que c’est super. 

LFB : Je me posais une question sur ton nom de scène, RAC qui signifie Remix Artist Collective. Au vu de ton évolution musicale, as tu songé un jour à le modifier ?

R : C’est un sujet qui revient souvent (rires). Le projet a changé de façon spectaculaire au fil des ans. Et à ce stade, je le considère comme une sorte de parapluie pour moi pour sortir de la musique. Je déteste utiliser ce mot, mais ça marche, c’est comme une sorte de marque. Tu vois RAC et tu as une idée de ce que tu vas avoir. Je n’aime vraiment pas utiliser ce mot mais cela me correspond parfois. C’est juste que, ça peut être en quelque sorte ce que je veux. Je peux sortir un EP de musique classique et l’appeler RAC ou un album de pop et l’appeler RAC (rires). Et j’aime cette liberté. vraiment. Mais j’ai songé au début des années 2012 à changer le nom. J’ai pensé à faire quelque chose sous mon propre nom. Mais à ce moment là j’avais passé 4 ou 5 années à construire ça et je ne voulais pas recommencer du début. Donc j’ai vraiment laissé tomber le sens, et ça ne veut plus rien dire désormais. C’est juste le nom. C’est un mot. Ce n’est pas quelque chose de réel. C’est juste quelque chose qui a pris le dessus de ma vie en quelque sort (rires). Donc j’ai pensé à utiliser mon propre nom mais non, je l’ai gardé. J’ai eu l’impression que c’est ce que c’est. Je vais juste le posséder tu vois.  

LFB : Est ce que tu as des coups de coeur récents à partager avec nous ? (musique, films, livres …)

R : J’aime vraiment le nouvel album de Caribou. Je pense que c’est génial. En vrai, je vais regarder mon Spotify car je suis toujours très mauvais à ce genre de question. Qu’est-ce que j’ai écouté  ? Oh, j’ai écoute Benny. Cette artiste japonaise appelée Chico Ova. Je pense qu’elle est superbe. Le groupe appelé Now Now. J’écoute beaucoup de choses. J’essaye toujours de découvrir des nouvelles musique. Les films. Laisse moi réfléchir.  si c’est comme ça, ce n’est pas du tout profond car il a littéralement remporté l’Oscar mais j’ai adoré Parasite. Vraiment. Je suis fan de son travail depuis longtemps, comme Snowpiercer et The Host. Je pense que c’est ce que j’ai pour l’instant.
Mais oui ça fait un moment que je parle maintenant, donc merci beaucoup. C’était des chouettes questions. J’apprécie l’effort. Et que tout le monde reste en sécurité. Merci.

Crédit : Jules Davies

« Hello, this is Andre from RAC. I am responding to an interview request from Dans Ta Face B. It’s how you said ? Actually  je parle un peu français (laugh) I’m actually terrible, but anyway OK. Thanks. I’m going to going to read the questions and then give you my answers.« 

La Face B : Hi Andre, how are you ?  

RAC : I’m good. I’m good. Thank you for asking. I’m just hanging out at home, you know, just like everybody else. 

LFB : You’ve just released your new record BOY, can you tell us how you created it ? 

: It was a three year process,  I didn’t work on it continuously over three years. But, you know, I say process kind of liberally because it was a long period. A lot of trial and error. Some. A lot of stuff I threw away. I wrote maybe about 60, 60 to 70 instrumental demos. And I just wrote basically a lot of a lot of different ideas. And, you know, it was kind of  improvisational in nature. I, I would, you know, just kind of sit down and see what happens, basically. And that’s kind of how I write albums is I don’t go. I don’t start with the theme, but a theme tends to emerge. And that’s what happened here. So, you know, maybe the fourth or fifth song into this writing process. I, I keep going back to my childhood because I grew up in Portugal, actually. And I. Yeah, but I’m half American, half Portuguese, and I remember being there, being kind of confused about both languages, and that’s when I discovered music and music became this sort of emotional language. This emotional outlet in a way that wasn’t tied to a specific language. It was just, you know, instrumentation and feeling. And yeah, so I was I was pretty I gravitated towards it and. Yeah. So from, you know, during our process. Like what? When. When I started writing that, that theme sort of emerge naturally. It was. I mean it became more more solidified it the more I wrote. But but at first it was like I think the fifth or sixth demo was like, oh, interesting. Okay, maybe that could be a cool thing to explore, you know. So, you know, fast forward. (rire) That’s for three years. You know, what I ended up with was like, yeah, basically an album about my childhood and about, you know, being a teenager and growing up. And it’s nostalgic, I think. I used to a lot of instrumentation from that era. I loved the texture is is from that time. It’s to me, it was like it just it just felt like it was. It took me back. And, you know, I never really know if this is going to connect to like a larger group of people. But, you know, I felt like, well, if I’m personally connecting with it, then maybe, perhaps it will connect with other people. So that was that was kind of my approach. 

LFB : Can we say that BOY is your most personal project at this point ? 

R : Yeah, I think. The other albums are definitely personal. But in a way, I feel like you need two albums to really figure yourself out as an artist and as a person. And I was already getting there in the last one, but with this one… it was ike a return to the original writing method that I use on strangers. my first album, but also taking everything that I learned from the second album because the second album was mostly written in person. So I was kind of taking the method of the first one, but applying all the knowledge, all the personal stuff that I learned from the second one. And now I think it’s like a just a good mix of things, you know? 

LFB : The record contains an introduction and three interludes. Did you consider it as a story with different chapters ? These instrumental tracks, through their titles and vibes, really tell a lot about you, right ? 

: That’s exactly what it is. There they are meant to sort of it’s it’s like just a little break, a palate cleanser.
It’s like a new chapter : ‘OK, this is something new. This is another phase.’
And as you’ve pointed out, there are there are sort of like these threads there, themes that I’m kind of playing with. So the titles … I put most of them in Portuguese, because, again, it’s about my childhood. It’s about moments that I remember from my childhood growing up there. And for example, Gomas is a kind of a silly story (laughs) It’s like a type of candy. I mean, it’s just a word for candy in Portuguese. And after school,We’d always like on our way back home and we’d always like stop at a candy shop and buy these giant bag of candy, you know, only for two euro or whatever. And it’s just kind of a nice little memory that I have… playing video games the rest the day.
The song kind of sounds like Zelda or something like that (laughs). So it was inspired by that…I’m losing my spot here. Arcoíris is another one where it’s that was kind of an idea of mine, too. The translation is Rainbow. The idea was to essentially look how many different types of feelings can I fit into like one minute, you know? Using the same sounds, it was a creative exercise. When you’re young, you tend to go through like very drastic mood swings. So that was part of the idea. OK, moving on.

LFB : I feel like the track listing has a lot to do with the feeling of unity that flows from BOY, right ? How important was this step of the process for you ? 

R : Yes. The album sequence is the most important thing. The individual songs are great. Whatever the album sequence is the single most important thing for me. I am so tired of people saying the album is dead. Like they just don’t like music. (laughs)
If you choose music lover, you have to appreciate an album because it’s such a statement. And I just love crafting that and it informs the song choices. If I don’t like it, it don’t come out of it and just pick my favorite songs. It’s a very detailed, laborious trial and error kind of thing that you have to do to sequence an album properly.
And I spent a lot of time on that and I left a lot of songs that I really like off the album because they didn’t fit. And I mean, fortunately, I have other ways, you know, I can release them later on other projects. But, you know, it’s very much about the album. 

LFB : On the album, some important artists like St. Lucia, Louis The Child or Jamie Lidell are featured. But most importantly, a lot of young emerging artists. How did you choose the artists who appear on the album ? 

R : I write 60, 70 demos like instrumental demos. And then I’ll go through this process. This is where I get help from the label, from my manager, from friends, from people I know, people that reach out.
We basically send out a lot of these ideas to different people and just see what we get. That process takes a while. And that’s partly why these albums take a while, is because people are busy, you know. (laughs)
Specially the big artists, like they’re they’re gonna be on tour there. They’re not going have time to do stuff. And so I’m basically just trying to get these things in these songs and a song ideas in. Again, this steam kind of emerge naturally where whereas in the past, you know, I worked with a lot of very established people … my heroes like Rivers Cuomo and people that I really admire. And this time around, (laughs) it’s not I don’t admire, the artists that I worked with low. But I kept all my favorite songs were just from that I was getting back or just from people that were that were, you know, younger and just starting. And I feel like they were trying harder in a way. And it’s interesting because like some of these people, I grew up with. So it’s it’s kind of coming full circle. Yes. And the theme, again, the theme kind of emerged.It wasn’t me trying to do anything. One day when I noticed, when I was putting the album together, oh, like I think pretty much aside from maybe one person, everybody’s younger than me. And that’s kind of interesting. I don’t know. Maybe it goes into the theme of the album. But again, it was sort of just it just happened. And that’s a level and stuff like that happens. 

LFB : What freedom did they have in terms of participation in the title ? Did you make them several production proposals ? 

R : So, I’ll make like a little playlist of maybe four or five different instrumental ideas that I think could work for their vocal style. And then I’ll send them that. And then they usually pick one or two and they try something. I don’t have multiple people working on the same instrumental idea because that would be bad. (laughs) Which has happened before. I’m trying to avoid that. But, since I’m doing so much on the instrumental side, I let them do what they want vocally.
I’d like to give people freedom because I’m not trying to be overbearing. And I’d rather than let them be inspired by what I already created and have some ownership in it and feel like it’s theirs. And worst case scenario, the song that doesn’t work and they won’t come out. It’s not a big deal, you know. (laughs) It’s something bigger. Yeah. I’m not too worried about that. 

LFB : How is the work with RAC going ? Did you feel the need to meet everyone or did you work from a distance ? 

: Again, similar to strangers… I called armed strangers because I didn’t meet most of the people on it. It was all done remotely. So it just it’s this process of sending demos, getting stuff back and a little bit of back and forth over e-mail maybe. But that’s pretty much it. 

LFB : Giving an important exposure and open door to some artists, is that something that did really matter to you through BOY ? 

R : I’m discovering them through a variety of ways and in I’m judging them by the merit of what they can do, not by like how big they are. And i the side effect of that is that they get more exposure because I’m showcasing them, yeah,amazing…. I’m helping somebody start their career. A lot of these people already have a lot of stuff happening. It’s not like they’re starting from scratch. But , if I can help people in any way. Absolutely. That stuff a side effect. But I wouldn’t say that’s the goal. It’s just it’s always about the song. But, you know, it’s just a nice bonus. 

LFB : As I told you before, this record seems so important and personal for you. Did you get out of the process soothed ? What did it bring you ? 

R : it was quite therapeutic in a way. It’s interesting because I didn’t have, like, a bad childhood. It wasn’t traumatic. It wasn’t like anything bad. It was just kind of unique, I guess. And I moved around a lot. I didn’t really have roots anywhere. So I didn’t really look back on it very much, just kind of always moving forward, basically. So it was it was an opportunity to kind of like take a step back and like, remember it and like maybe put it like I felt it. Give us the time. You know, as a 30, really 34 years old at the time when I wrote about I like to kind of look back at appeared in my life before I really start to forget it. (laughs) To be honest. when it becomes too fuzzy. So where I can try to look at it objectively. So It just felt right. And it happened naturally. So that’s just kind of how it goes for me. 

LFB : The cover of the record also seems to tell a lot more than its minimalist appearance. Can you tell me more about this bubble ? 

R : So the story goes that I  already sort of I had sort of  finish the album and I found this artist named Andre Risinger He’s from Argentina, but he’s based in Barcelona. And he does really interesting artwork. It’s it’s all 3D based. It’s architectural. It’s like designing spaces. He sometimes designs furniture. My point is he doesn’t typically do music… mean, he’s done a little bit. But I was just kind of blown away by his work. I love the sort of minimalist static and I felt like it was just kind of a moment like when I saw was like, oh, this is it. You know, this is the person, you know, this is the person I want to work with.
I didn’t really look at anybody else, to be honest. After that.
I want this to be the cover. And it was just kind of an intuitive thing. I felt like it represented what I was trying to convey. So I reached out to him, just to try to license the one of his images. And he apparently was a fan and like he growned up listening to my music and that started.
This like creative process. And I sent him the album. Explain the whole process. I explained my ideas and he created a series of images that became the album Art for this.
And I just love it. I think it’s awesome and it’s really cool. And I know it just sticks out to me like. It looks otherworldly,it looks like a real space, but it’s actually 3D. It just doesn’t exist. You know?
And maybe I felt like it was the theme of the album, like that place where I was doesn’t exist anymore. That time doesn’t exist. I can’t go back there except through my own memories. And and I feel like there is some parallels there.
But the other side of it is that I grew up in, you know, somewhat religious environment. And I didn’t have access to a lot of music when I was young. So actually is what got me into writing music because I just couldn’t listen to anything.
So I felt in a way like I was in a bubble. and I didn’t like it. It was kind of an innocent time. And there was nobody telling me what was cool, what wasn’t. I wasn’t worried about what people thought. I was just it was kind of a freeing moment for me. And I feel like the artwork represented that. Just a monochromatic, pink hues. I just think it’s awesome. As a fan of just art in general, I think it’s great. 

LFB : I was wondering about your stage name, RAC, which means Remix Artist Collective. In consideration of your musical evolvement, did you ever think of changing it ?

R : This comes up a lot. (laughs) Basically, the project changed dramatically over the years. And at this point, I just think of it as sort of an umbrella for me to release music. I hate using this word, but it kind of works, like a brand of sorts.
You see RAC you kind have an idea what you’re gonna get. Now it can kind of be whatever I want and I love that about it.
I can put out an EP of classical music and call it  RAC or I can put out an album of pop music and call RAC (laughs). I love that freedom. I really do. But I did consider … I thought about changing it. I thought about doing it under my own name. But, I had already spent at that point like four or five years building this. And I, I didn’t want to start over again. And I sort of like the simplicity of it. So I really dropped the meaning. It doesn’t mean anything anymore. It’s just it’s just a name. It’s a word, even a word It’s not it’s not something real. It’s sort of thing that’s taken over my life, basically. (laughs) So I did consider like just using my own personal name. But no, I just kept it. I felt like it is what it is. I’m just going to own it, you know. 

LFB : Do you have any recent favorites to share with us ? (music, movies, books…)

R : OK. Music. I really like the new Caribou album. I think it’s awesome. I’m actually just gonna pull out my Spotify because I’m always really bad at this question. What have I been listening to? Oh, I’ve been listening to. Benny (?)sings a lot of video. This Japanese artist called Chico Ōba (vérifier nom). I think she’s awesome. The band call   Now, Now. (vérifier nom) Yeah, I kind of. I listen to a lot of stuff. I’m like, always, always, always trying to discover new music, basically movies. Let me think about that. I mean, if what this is like, it’s not a deep cut at all because it literally won the Oscar, right Parasite. I think it’s great. But really, I’ve been a fan of his work for for a long time, like Snowpiercer (vérifier nom)and the host and all that. I think it’s great. Yeah, I think that that’s what I got for now. But yeah, this was already running long, so. Well, thank you so much. These are great questions. I appreciate the effort and. Yeah. Oh, everybody staying safe. Thank you.