Portico Quartet, quand le jazz fait danser la Gaîté Lyrique

Dans le cadre de la tournée accompagnant la sortie de leur nouvel album Memory Streams, les britanniques de Portico Quartet ont fait une halte dans l’une des plus belles salles de la capitale. Retour sur une soirée de jazz et de danse au sein de l’écrin de la Gaîté Lyrique.

Portico Quartet By John Williams
© John Williams

Il est 19h à notre arrivée à la Gaîté Lyrique. Le temps est clément pour une fin de mois d’octobre, et les esprits amateurs de jazz électronique ont hâte d’investir la salle, ses halls et ses couloirs pour entendre les sonorités d’un des groupes phares de la scène jazz britannique actuelle.

À 20h, le Nantais Degree ouvre le bal avec sa pop électronique (ou inversement). Ne connaissant pas le jeune homme avant la soirée, nous lui prêtons un air de Alt-J sur ses premiers morceaux, qu’il présente seul avec sa guitare mais accompagné de bandes qui enrichissent sa prestation. Après une transition en français dans un style plutôt hip-hop, la deuxième partie de sa prestation sonne plus électronique. Exit la guitare, bonjour le sampler et il y a désormais quelques accents de Fakear ou de Petit Biscuit chez le jeune homme qui s’anime devant nous. Affaire à suivre car ce garçon a visiblement des idées et de l’envie, on espère le recroiser bientôt.

Le temps d’un passage au bar, et c’est déjà l’heure du plat de résistance. Toutes lumières éteintes, les applaudissements accompagnent l’entrée des musiciens. Comme sur leur dernier album, nos quatre hôtes démarrent par With, Besides, Against. Ce qui impressionne rapidement, outre la virtuosité dont nous sommes témoins, c’est la qualité des transitions entre les morceaux, même ceux des albums précédents. Le rythme est fluide et les classiques succèdent aux morceaux moins connus, issus du dernier album. On notera également un travail somptueux sur les lumières, pourtant simples mais gérées très pertinemment tout au long du concert.

Autre fait marquant, à la différence d’autres groupes comparables comme Mammal Hands ou GoGo Penguin, plusieurs passages invitent irrésistiblement à danser. Sans doute est-ce lié à la présence de plus d’éléments électroniques, des morceaux joués à des tempos propices à l’exercice, toujours est-il que pour un concert de jazz, c’est assez surprenant mais très rafraîchissant. On le ressent notamment sur Endless ou Ways of Seeing, jouées toutes deux en deuxième partie de set. Quoiqu’il en soit, le public apprécie la présence de morceaux dansants.

Placée en début de tournée, cette date ne nous le fait pourtant pas ressentir. Tout est maîtrisé et transmet l’émotion attendue. On a eu un gros frisson sur le pont de Dissident Garden, lorsque l’orgue continue seul après une longue montée. Même punition sur le début de Offset, même si la transition du studio au live fait perdre certains effets, on est immédiatement emportés dans le tourbillon sonore qui nous est proposé.

À la fin du concert, l’enthousiasme général permettra de faire revenir le groupe pour deux rappels successifs lors desquels le groupe jouera deux succès issus de son album éponyme : Ruins puis City Of Glass. Le deuxième nous a particulièrement marqué car on a senti une forme de relâchement et d’amusement tout en ajoutant plus de basses, afin de quitter la soirée sur une touche finale dansante.