PAM RISOURIÉ : SO BE IT, ETERNITY

On avait découvert Pam Risourié l’année dernière, à la sortie de Noctessa, leur second EP. Le groupe parisien nous avait charmé de leur shoegaze aux mélodies vaporeuses empreintes de rêves et de mélancolie. Ils reviennent avec So Be It, Eternity et morphent leur univers dream pop crépusculaire au fil des influences qui les nourrissent. Si les soundscapes de guitares envoutants et le lyrisme onirique sont toujours présents, les cinq musiciens ajoutent avec ce nouvel EP des sonorités post punk et cold wave qui se fondent à leur musique et collent à l’air du temps.

Pam Risourié

Le titre de l’opus pourrait être celui d’un poème. Il nous rappelle d’ailleurs L’Éternité d’Arthur Rimbaud, et ses vers lumineux ouverts vers l’infini : « Elle est retrouvée. / Quoi ? – L’Eternité. / C’est la mer allée / Avec le soleil. » Tant l’esprit vagabond et la contemplation lumineuse du poète se reflètent sur So Be It, Eternity. Le vaste ciel aux tons pastels et à la lumière rosée de la couverture – une peinture de John Constable (1776-1837) – en dit aussi long sur l’EP. Mêlant sublime et douceur, et dépeignant ce moment latent où le jour se transforme peu à peu en nuit laissant place aux songes et au monde intérieur.
Et si Noctessa appartenait au monde de la nuit, So Be It, Eternity semble lui, tourné vers la lumière, ouvert à tous les possibles.

L’EP évolue autour du titre éponyme. Un morceau dense au lyrisme rêveur parlant d’amour, questionnant le temps qui passe, et faisant le point sur les choses qui restent malgré tout… Les paroles sont poétiques et imagées. On y trouve des icônes coulées, des étoiles dans les veines ou une galaxie dans un sanctuaire… : « My days with yours / Slowly collude my fame / Back in the shades / Where the icons drown All those stars in my veins / Flow to the same / Galaxy in shrine / And if love is mostly a shame / Then so be it, eternity now ».
Le groupe écrit :  » S’il est vrai que presque tout passe, des relations aux sentiments, des espoirs aux illusions, il est des songes imprimés dans nos membres, qui laissent parfois d’impérissables marques, pierres calcinées, ruines d’éternité, sur le cours de l’oubli que distillent les secondes. »

Si la noirceur du précédent opus se fait toujours sentir, sur So Be It, Eternity, celle-ci est éclairée par les paroles d’abord tournées vers un futur plus lumineux, puis grace à une production méticuleuse – réalisée par Gautier, l’ancien guitariste du groupe – qui donne un aspect clair et défini à l’EP.

L’EP s’ouvre avec Holding You As A New Past, morceau aux riffs de guitare lancinants et à la voix lointaine et mystérieuse baignée d’une instrumentation nuageuse. Des plages instrumentales mélodiques parcourent le titre aux sonorités aériennes (comme les autres chansons de l’EP), nous transportant un peu plus dans des limbes éthérées. Avec Dystopian Eyes et These Minds les musiciens mergent leur son dreamy reconnaissable avec des sons distendus et des voix graves rappelant Death In June, groupe apocalyptique post-punk/industriel anglais des années 80.

Sur These Minds, le groupe intègre des paroles en français : « Je reste ferme à ton rivage / Où dorment les années ». Les mots murmurés d’une voix fantomatique sont superposés à des enregistrements de voix lointaines et inaudibles, plongeant le morceau d’abord éthéré, dans des profondeurs abyssiniennes sombres et mystérieuses. Puis l’E.P. se clôt avec une « hidden track », The Cities in My Head, sur lequel le groupe expérimente avec des collages de voix téléphoniques (en français), le temps d’un morceau expérimental entêtant rappelant le génial Let’s Talk About Cards des Butthole Surfers (Electriclarryland, 1996).

Avec So Be It, Eternity, le groupe évolue et explore de nouveaux horizons tout en gardant leur essence gorgées d’influences 80’s/90’s et nous offre un EP à la fois riche et envoutant, la future bande originale de nos soirées d’été.
À écouter de préférence au coucher du soleil…

Les cinq musiciens s’apprêtent aussi à sortir un live enregistré lors de leur concert au Trabendo en septembre dernier. Intitulé I Only Play For You Once A Year, il vera le jour le 7 juillet prochain.

Le groupe travaille en ce moment sur leur premier album qu’il nous tarde de découvrir.

*Note : Une version cassette de l’EP est sortie en série ultra limitée (40 copies numérotées) disponible ici.

Découvrir So Be It, Eternity :

Retrouvez notre interview de Pam Risourié ici.