Ottis Cœur : « Cet EP c’est la fusion de nos deux âmes créatrices »

Ottis Cœur et La Face B c’est une belle et dense histoire d’amour. De leur premier single, à leurs concerts, qui avaient débuté au Printemps de Bourges cette année, il paraissait impossible pour nous de passer à côté de la sortie de leur premier et tant attendu EP : Juste Derrière Toi. Une composition nécessaire, toute en hymnes et en rage, en mots poétiques et guitares énergiques. Rencontre avec Camille et Margaux, le duo haut et fort qui porte Ottis Cœur.

Ottis Cœur © Inès Ziouane

La Face B : Tout d’abord comment ça va pour vous avec Ottis Cœur ?

Camille : Ça va on prépare la sortie de notre EP !

Margaux : Ça va oui et on est éclatax – tu n’écriras pas « éclatax » bien sur…

Camille : On prépare les Trans Musicales aussi pour décembre, on a une petite résidence. On est au Trabendo du coup comme on a signé en septembre avec un tourneur (Super).

LFB : Comment pourriez-vous décrire le premier EP d’Ottis Cœur, Juste Derrière Toi ? Quels mots mettriez-vous dessus ?

Margaux : Euuuuuuuuhh je sais pas (rires)

Camille : Pour ce premier EP c’est toute l’histoire qu’il y a autour qui est, je pense, importante.

Margaux : C’est un peu la fusion de nos deux âmes créatrices. On a pas mal expérimenté, il y a quelque chose de très brut. C’est un EP qui est né sous la contrainte matérielle, c’est à dire qu’il y avait un ampli, une batterie, deux micros, et c’est tout quoi. Et on a fait ça avec les moyens du bord sans trop connaitre tout ce qui est mix, mastering etc. On a appris un peu à faire ça au fur et à mesure.

Camille : C’était pendant le confinement et c’était pas prévu, pendant un mois et demi on a pas arrêté, on a commencé à chanter ensemble sur un titre qui était pas vraiment fini, et on s’est dit « Wow c’est trop bien » et après on s’est lancées !

Margaux : C’est à dire que ça nous a occupées pendant toute la durée du truc et ça s’est fait de manière très spontanée !

LFB : Quelles étaient vos expériences respectives dans la musique avant votre rencontre ?

Margaux : On sortait un peu d’experiences pas dingues sur le plan humain.

Camille : On a nos propres projets à côté encore. Mais disons que toutes les deux ça a fait comme une petite « étincelle » (à partir d’ici tentative d’un accent du sud)

Margaux : Ça en fait c’est parce qu’elle est fan de Francis Cabrel, c’est même pas faux.

Camille : Non mais on s’est bien trouvées je pense, on a des caractères hyper différents…

LFB : D’ailleurs vous vous êtes rencontrées comment toutes les deux ?

Margaux : On s’est rencontrées dans une sorte de formation / accompagnement au Studio des Variétés. Je raconte un peu toujours la même histoire, mais au début on était pas très copines… Ça venait surtout de moi, et après on a fait une soirée au Motel (le bar indie par excellence à Ledru-Rollin) et on s’est rendues compte qu’on avait beaucoup de points communs et que l’on rigolait beaucoup. Je pensais pas Camille capable de faire des blagues comme ça… Je l’avais sous-estimée mais maintenant je regrette. Je suis contente d’avoir découverte la personne qu’elle est… (émotion dans la voix) Comme c’est beau…

LFB : Pour revenir sur l’EP et sur l’interprétation des morceaux, je trouve qu’il y a vraiment ce côté « hymne », comme si vous invitiez toujours le public à chanter, crier avec vous, ça se ressentait beaucoup lors de votre prestation au Printemps de Bourges. C’est quelque chose que vous recherchiez, ou cela s’est imposé à vous ? Cette manière de faire de la musique de cette façon là, collective, fédératrice.

Camille : Au début ce n’était pas prévu comme ça et il y a eu une sorte d’énergie fracassante…

Margaux : « Fracassante » j’aime bien… note le bien fracassante. (rires)

Camille : En fait je pense ça venait du fond du cœur, et en réfléchissant on s’est dit que ça pouvait parler à plein de gens, on s’est dit que tout le monde pouvait chanter le refrain de Je Marche Derrière Toi.

Margaux : Et en même temps se l’approprier sous un angle qui lui est propre je pense.

LFB : Comme votre carrière a pris un vrai tournant professionnel, et ce assez rapidement, comment vous gérez vos projets respectifs annexes ? L’illustration/animation pour Margaux, la musique pour Camille (avec Roma Luca – le 16 décembre aux Trois Baudets au passage)

Camille : Perso je suis à fond dedans, mais ça nous empêche pas de faire plein d’autres choses à côté !

Margaux : Et tout se nourrit en fait, je pense c’est toujours important d’avoir ces différentes facettes de nous et tout se complète, je peux utiliser mes dessins pour Ottis Cœur… C’est juste beaucoup de choses à gérer (emoji qui pleurs)

LFB : Il y a cette dimension très DIY dans votre musique, qui vient justement de la manière dont vous l’avez créée, mais comme maintenant vous commencez à être plus solidement installées, vous tenez quand même à conserver ce côté très DIY et indépendant ? Ou vous voulez développer tout cela d’une autre façon ?

Margaux : Ce qui est sûr, c’est que l’on va garder le lead artistique sur notre projet, et que le côté experimental c’est quand même ce qui nous fait un peu vibrer je pense. Et après on s’entoure petit à petit, mais ça ne veut pas dire que l’on va perdre cette spontanéité, cette envie de tester des trucs. Moi je trouve ça inintéressant d’aller viser haut directement, et d’avoir tout sur un plateau, limite qu’on te fasse tout à ta place. Moi ce que j’aime c’est vraiment apprendre des trucs par toi-même, expérimenter, faire des erreurs, etc.

Camille : De toute façon c’est comme cela que l’on va faire, et si on veut s’entourer de personnes on le fera car on en a besoin. La personne elle doit servir au projet.

Margaux : C’est important pour nous de sélectionner notre entourage.

Camille : Il y a surement des choses que l’on ne peut pas faire à notre stade, et si on est bloquées on saura qui appeler.

Margaux : Mais on veut quand même faire le maximum pour être les plus autonomes, les plus sincères aussi.

LFB : En plus de l’EP écrit d’une traite sur ce confinement il y a déjà eu d’autres choses en préparation ou pas encore ?

Margaux : Tu veux les exclus toi en fait !

Camille : T’as vu comment elle essaye de gratter ! (emoji clin d’œil)

Camille : Mais sinon oui bien sur on a des nouveaux titres, mais que l’on produira plus tard en 2022 en studio. Pour sortir un single par semaine comme les rappeurs.

Margaux : En tout cas, si vous voulez écouter tout ces nouveaux morceaux faudra venir nous voir en concert, et oui : promo !

LFB : Jusqu’ici vous avez fait vos clips vous-mêmes à deux, et comme toi Margaux tu fais de l’animation je me demandais si tu n’avais jamais songé à mêler les deux ?

Margaux : C’est marrant mais jusqu’à présent, je voyais pas comment trop amener ça… Enfin on a fait les fanzines pour le Printemps de Bourges, qu’on va peut-être changer par la suite. Mais en en parlant, j’ai l’impression que les gens ont envie de voir ça, mais je sais pas si c’est ce qu’il faut faire. Ça viendra, mais faut que ce soit cohérent avec nous. Le dessin c’est moi, et je conçois ça comme un truc de groupe où on doit être d’accord, ça doit être nous.

LFB : D’ailleurs en parlant de ça, sur ton compte Instagram Margaux, tu parles fréquemment d’anecdotes sexistes vécues en concert. Je me demandais s’il y en avait encore beaucoup d’autres à illustrer ?

Margaux : Bah tu sais pas, en vrai on a fait je pense aller 5 concerts, et j’ai déjà 5-6 réflexions, que l’on note à chaque fois, et qui vont servir pour notre prochain fanzine. Et c’est ouf quand même, tu les attends, et en fait, elles arrivent mais trop facilement tu vois ce que je veux dire. T’es prête à partir et elles arrivent comme ça. Arrêtez, éduquez-vous ! (rires) 

LFB : Comment ça va se passer sur scène ? La configuration à venir va-t-elle changer ?

Margaux : La configuration du power trio (avec Amélie) est quand même assez efficace et plutôt cool ! Pour transcrire un truc, très spontané, très brut, on aime ce coté là en live. Là ou en studio on va plus experimenter, détailler. Sur scène on veut y aller direct, avoir cette énergie.

LFB : Vous avez des initiatives inspirantes dont vous souhaiteriez parler ?

Margaux : TU CONNAIS GO GIRLS ? (Rires)

Camille : Oui donc déjà il y a ça ce que Lucie (Lucie Marmiesse, attachée presse du groupe et fondatrice donc de Go Girls) a enclanché, et sinon il y a plein de petites choses qui se mettent en place.

Margaux : Il y a l’initiative de Lola Frichet qui a lancé More Woman On Stage c’est un truc hyper fort. Ça m’a donnée envie de faire plein de trucs, comme les BD, ça découle de ça. Et il y a Grrrrande aussi, je sais pas si tu connais ?? (Rires) On a créé l’asso là avec Camille.
À la base c’était pour porter aussi notre projet, mais ça sert pour plein de choses, on aura un marché de Noël de créatrices en décembre et puis on verra ensuite. L’idée c’est d’englober plein d’esthétiques et de visibiliser les femmes. 

Les illustrations sur le compte de @margooodino / Instagram

LFB : Qu’est-ce que vous voulez dire au public pour le motiver à écouter votre EP ? Une topline ? 

Margaux : Oh bah si vous avez envie hein !

Camille : Pour se réveiller un peu !

Margaux : Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui peuvent se reconnaitre et s’approprier la musique.

Camille : Pour crier avec nous !

Margaux : Oui ! Et si ça peut leur faire l’effet que nous on a eu quand on a commencé à travailler ensemble, vraiment j’ai envie de le souhaiter à tout le monde, car ça libère de fou quoi. Je ne sais pas si iels peuvent par la musique, par notre EP, se libérer autant que nous, mais c’est un peu notre objectif !

D’autres revendications / indications particulières à nous adresser ?

Camille : SI, il faut manger 5 fruits et légumes par jour…

Margaux : Et pour votre santé écouter 5 fois l’EP d’Ottis Cœur par jour !


Ottis Cœur jouera aux Trans Musicales à L’étage à Rennes, le samedi 04 décembre.