Other Lives : « J’ai fait For Their Love avec mon cœur et mes tripes »

On ne le dira jamais assez : on est avant tout des amoureux de musique. Alors quand l’occasion s’est présentée de rencontrer un de nos héros en la personne de Jesse Tabish, génie créatif derrière le combo Other Lives, on a pas vraiment hésité. L’occasion de parler de leur dernier album For Their Love qui sort aujourd’hui chez [PIAS].

VERSION ANGLAISE PLUS BAS / ENGLISH VERSION BELOW.

La Face B : Première question, et la plus importante : comment ça va aujourd’hui ?

Jesse : Je vais bien ! Je suis de retour dans ma ville préférée, j’ai mangé du foie, bu du vin rouge. J’adore être là, je suis super content. Comment vas-tu ?

LFB : Ça va ! Si je te dis que For Their Love est un western fait de sang et de larmes, est-ce une image qui vous convient ?

J : C’est magnifique, absolument. Merci. Je dis toujours que je fais de la musique de cowboy. C’est arrivé dans ma vie il y a dix ans et ça ne m’a jamais quitté. Ça fait pas partie de moi.

LFB : Ce nouvel album semble plus organique, plus humain. Était-ce important pour toi de revenir à quelque chose de plus terrestre ?

J : Exactement. J’en avais un peu marre des ordinateurs et des boucles. Avec ma femme on est allés en Sicile, et il n’y avais pas d’ordinateur dans la musique, que des guitares et des voix. Quand je suis rentré, je voulais quelque chose qui sonnait comme Other Lives en live. Avec les basses, la batterie. Je voulais revenir à du naturalisme.

LFB : Est-ce que vous vous êtes retrouvés en tant que groupe avec cet album ?

J : Oui, énormément. C’était à nouveau beaucoup plus collectif. On est revenu au bon vieux temps.

LFB : Vous avez enregistré l’album en jouant live tous ensemble dans la même pièce ?

J : Oui, je ne sais pas si tu as vu la photo de la maison, mais c’est là qu’on a tout enregistré. On mangeait ensemble, c’était vraiment familial, on faisait des barbecues. J’adore Rituals, mais c’était plus cérébral, je voulais faire l’album avec mon coeur et mes tripes, et me reconnecter avec ça.

LFB : Je me demandais si les lieux dans lesquels vous vivez, ceux que vous visitez avaient une influence sur votre musique ?

J : Énormément. Toujours. Certes j’habite dans les arbres, et dans la nature. Je ne parle pas d’arbres dans mes chansons, mais la nature est un état d’esprit.

LFB : Est-ce que pour toi, For Their Love est un album politique ? Pour moi, c’est le cas, mais j’aimerais avoir ton opinion.

J : Si pour toi ça l’est, alors oui. J’ai écrit ces chansons pour traverser des traumatismes, des douleurs. Mais je ne les ai pas écrit de manière idiote à parler de moi tout le temps, j’ai voulu que ça soit ouvert. Je voulais que les gens aient leurs propres expériences et leurs propres idées. For Their Love, par exemple, peu importe l’oppresseur, ou la religion ou quoi que ce soit, on peut dire «laisse tomber» et être un esprit libre.

LFB : Cops est une chanson très politique, que ce soit dans le titre ou les paroles. Toutes les chansons sont politiques, comme une description de la société et des gens.
Ce n’est pas vraiment critique, mais tu développes une vision qui est importante pour moi car les gens peuvent s’y connecter.

J : Merci, je voulais que ça soit vraiment direct. Parfois, on peut être trop artistique et ésotérique. Je voulais passer au dessus de ça car je pense qu’en tant qu’individu, on a besoin de guérir. On a besoin de revenir à quelque chose, donc je voulais que ça soit direct.

LFB : On a besoin d’être ensemble, et pas les uns contre les autres.

J : Oui, exactement.

LFB : Hey Hey est un morceau qui tranche dans l’album, une sorte d’éclairci dans un ciel d’orage. Est-ce important pour vous de toujours garder une part de positivité, même quand le climat est sombre ?

J : Oui et tu sais, c’est une chanson où, qui que tu sois, quelle que soit ta situation, que tu veuilles quitter ton boulot, te séparer d’un amoureux, changer… peu importe, c’est une responsabilisation. Et il faut avoir de l’espoir pour faire ça. Regarder du côté lumineux. S’il y a du brouillard, il y a forcément un autre côté. On peut quand même être en colère, mais il faut aller de l’avant.

LFB : Side Ways, le titre de clôture, nous laisse avec un sentiment d’apaisement, quelque chose de très positif… Est-ce un album qui t’a aidé à résoudre certaines problématiques ? À te mettre au clair avec tes pensées ?

J : Honnêtement, je suis vraiment content, oui. Side Ways parle de ma femme. Elle était absente, et elle me manquait. C’était cathartique, pour m’aider à gérer ma tristesse et ma morosité toutes ces années. J’espère.

LFB : C’est le genre de chanson que tu peux écouter quand tu es super heureux, ou quand tu es triste et ça te rend heureux. C’est une chanson importante pour les gens.

J : Oui, il y a une dualité.

LFB : As tu déjà pensé à composer pour un film ?

J : Oui beaucoup, c’est un de mes rêves à réaliser. Je compose souvent l’instrumentale en premier de toutes façons. J’adorerai.

LFB : Et pour quel genre de film ?

J : J’adorerai faire un film western d’espion. Quelque chose comme ça.

LFB : All Eyes, la chanson avant For Their Love, est comme une introduction. Tout l’album semble très cinématique. C’est comme une épopée.

J : Pour la plupart des chansons, je compose d’abord la musique. Et ensuite, j’essaye d’écrire les paroles. Je commence toujours par une couleur musicale cinématique, et j’écris dessus.

LFB : J’ai un souvenir très fort de vous sur scène il y a presque 10 ans au Grand Mix, à Tourcoing. Quel rapport entretenez-vous avec la France et son public ?

J : Ma première épouse était française. Je suis tombé amoureux de cette ville, c’est la première dont il a semblé émané un vent d’amour pour Other Lives. J’ai vécu ici et y ai passé du temps, c’est important pour moi. J’ai une connexion profonde avec ce pays.

LFB : Je me souviens de ce concert aussi parce que j’y ai acheté mon premier vinyle, For 12.

J : Oh génial !

LFB : Avez-vous des coups de coeurs récents à nous partager ?

J : Je viens de finir L’attrape Cœur, que je n’avais pas lu depuis longtemps. Mais récemment j’ai lu Vol Au Dessus D’un Nid De Coucou, c’est génial. Dernièrement j’ai vu Black Men In Brooklyn, un nouveau film sympa. En ce moment, je suis super excité car je travaille sur un nouvel album. C’est assez cinématique donc j’écoute pleins de bandes sons, notamment Henry Mancini, celui qui a composé le thème de la Panthère Rose entre autre. Et j’ai découvert la playlist Spotify la plus cool, qui s’appelle Cowboys from Sweden, c’est de la bonne came.

La Face B : The first question, and the most important one for me is : how are you today ?

Jesse : I am great ! I’m back in my favorite city, I had some liver, red wines. I love it here, I’m super happy. How are you ?

LFB : I am good ! If I tell you that for me, For Their Love is a western made of blood and tears. Would you agree with that image ?

J : It’s beautiful, absolutely. Thank you. I always call this cowboy music you know, I’m always thinking about that. It came into my life about ten years ago and it’s never left. And it’s part of me.

LFB : This album feels more organic and human than the other. Was it important for you to come back to something more earthy ?

J : Exactly, I was really tired of the computers and all the layerings. Me and my wife went to Sicily and there’s no computer, just guitar and vocals. I went back and I wanted it to sound like the band Other Lives when you see it live, you know. Drums, and bass. I wanted to get back to naturalism.

LFB : Did you reconnect with each other as a band with this album ?

J: Yes, so much. You know it was a lot more of a collective band again. Going back to earlier times.

LFB : Did you record while playing live all in the same place ?

J : Yes, I don’t know if you’ve seen a picture of the house, but that’s where we have recorded everything, ate dinner together. Kind of very family oriented, BBQs, and all eat together. I love Rituals, but it’s so cerebral, and I go from my heart and gut, so I wanted to be connected with that first.

LFB : I was wondering if the places you live and visit have an influence on your music ?

J: So much. Always. It’s a thing that I live out in the trees, and nature. I don’t write songs about trees and nature, but the nature is a mindset.

LFB : For you, is For Their Love a political album ? For me, it is, but I want your opinion about that.

J : If it’s for you, then yes. I wrote these songs for me to get through some trauma, and some pain. But I wrote them in a way that I’m not silly talking about me all the time, but it’s more open. I want people to have their own experience and their own idea. For Their Love, for example, is whatever oppressor or whatever religion, whatever is that thing, you can say «fuck it» and be free spirit you know.

LFB : Cops is a really political song : the title and the things said in the song are political. All the songs are political, like a statement about society and people, and for me it’s like important. It’s not critical, but you have a vision in the song and for me it’s important because you can connect with the song. You do it for you, but people who listen to the song can connect with it and put their own experience in your words.

J: Thank you, because I want it to be very direct. You know sometimes you can get so arty and esoteric. I wanted to fucking come up because I think we need to heal as people. We need to get back to something, so I wanted it to be direct.

LFB : We need to be together and not against each other.

J : Yes, exactly.

LFB : For me, Hey Hey stands out of the album : it’s a kind of sunny spell into a storm sky. Was it important for you to keep a part of positivity, even when the climat is dark ?

J : Yeah, and you know, that is one of the songs where, whoever it is, whatever is your situation, if you want to quit a job, leave a lover, change… it’s about people empowerment. It’s pro people. I think you have to have hope to do that. You have to look at the brighter side. If you have the gloom here, there’s another side. You can still be angry, but you can move on.

LFB : Side Ways, the ending title, leaves us with a soothing feeling, something very positive and I was wondering if this album helps you resolve some problematics, to make your soul clearer ?

J: Honestly, I am really happy, yeah. Side Ways was written actually about my wife. She was gone, and I missed her. This was a cathartic for me to deal with my sadness and gloom for all these years. And I hope

LFB : It’s the kind of song you can listen to when you’re really happy, and in the same time, when you’re sad and it makes you happy. I think it’s an important song for people to listen to.

J : Yes, they have the duality.

LFB : Have you ever thought of composing a song for a movie ?

J : So much, it’s one of my dreams to do. I usually write instrumental music first anyways. I’d love to.

LFB : What kind of movie would you like to compose for ?

J : I’d love to do a spy western movie. Something like that.

LFB : All Eyes, the song before For Their Love, it’s like an introduction to the song. All in the album seems really cinematic. It’s like a journey.

J: For most of the songs, I started out with music. And then, try to write a song on it. I always start out in this kind of cinematic colourful round, and then I have to write it.

LFB : I have a very old and strong memory of Other Lives on stage in 2011 at Le Grand Mix in Tourcoing, in the North of France, near Lille. I was wondering : what’s your relationship with France and its audience ?

J : My first wife was french. I fell in love with this city, it’s the first city that really felt like love dust Other Lives. I’ve lived here, I’ve spent some times here, it feels very important to me. I have a deep connexion with the country.

LFB : I have a memory of this gig because you’re the first record I bought for myself, it’s For 12.

J: That’s beautiful !

LFB : Do you have any recent things that you really liked and would like to share with us ?

OL : I just read Catcher and The Rye again, I haven’t read that for a long time. But the one that I recently read was One Flew Over The Cuckoo’s Nest, it’s so fantastic. I recently saw the last Black Men In Brooklyn, a new film that’s really great. Right now, I’m very excited cause I’m working on a new album. It’s a cinematic thing, so I’ve been listening to a lot of soundtracks, Henry Mancini, he did the Pink Panther theme. One of the coolest spotify playlist I’ve heard, I think it’s called Cowboys from Sweden, it’s a fucking shit.

Crédit Photos article : Cédric Oberlin.