ORACLE SISTERS: « Lorsqu’on compose une chanson, on essaye d’explorer complètement un son »

Le trio Oracle Sisters vient de sortir son excellent premier album Hydranism. Pour l’occasion, on a discuté autour d’un café ensoleillé avec deux de ses membres, Julia Johansen et Lewis Lazar.

Lewis Lazar et Julia Johansen

Cette interview a été réalisée en anglais. Pour lire la version originale, rendez-vous plus bas. / To read the original english version, scroll to the bottom.

La Face B : Pour commencer, pourriez-vous me parler des artistes, chansons, ou expériences qui ont le plus contribué à faire de vous les artistes que vous êtes, individuellement ou en tant que groupe ?

Lewis Lazar : En tant que groupe, quand on a commencé à écouter de la musique, on aimait vraiment les productions qui apportaient de la puissance à des chansons douces et délicates. Quand on a commencé à écrire, on aimait beaucoup les productions de Noah Georgeson, ce qu’il a fait avec Devendra Banhart, Rodrigo Amarante, The Strokes, ou Adam Jodorowsky. On a donc mixé nos premières chansons avec lui. En ce qui concerne la musique, Chris et moi sommes surtout influencés par la musique folk. Cela remonte à l’époque où je vivais en Irlande et lui en Écosse, et on connaissait beaucoup de musiciens folk ; c’est de là que vient mon amour de l’harmonie. J’ai grandi en écoutant beaucoup de blues et de folk, j’ai d’abord découvert Bob Dylan et j’ai ensuite écouté tout ce qu’il écoutait. Pour moi, il y a aussi l’élément rock and roll : lorsque je vivais à New York, j’ai travaillé avec certains des gars des Strokes et je jouais de la musique rock and roll. Lorsqu’on a créé le groupe, il y avait donc cette combinaison…

Julia Johansen : Je pense que j’ai été très influencée par mon père, qui écoutait beaucoup de jazz quand j’étais enfant. Le jazz a toujours été proche de moi, et j’ai toujours été très attirée par l’exotisme, la musique brésilienne, la musique du monde, la musique africaine, le rythme en général. C’est aussi quelque chose que je tiens de mon père. Il tapait la mesure tout le temps, il me conduisait à l’école en tapant sur le volant des chansons de jazz. Le rythme a donc toujours été quelque chose d’instinctif pour moi.

La Face B : Vous avez donc tous les trois des parcours et des influences très différents. Vous les mettez ensemble et parvenez à faire de la musique qui semble assez homogène, au sens où, quand on entend votre musique, on sait que c’est vous, ça ne sonne pas comme un patchwork. Diriez-vous que vous avez trouvé votre « son de groupe » et que vous êtes satisfaits d’être là où vous êtes, ou êtes-vous encore en mode exploratoire ?

Lewis Lazar : Je pense qu’on est toujours en train d’explorer, d’essayer de trouver le prochain truc. Mais on a certains principes : une bonne mélodie, de bonnes paroles – quand c’est possible, mais parfois la mélodie prend le dessus, comme dans une chanson de l’album qui n’a que cinq lignes qui se répètent. Lorsqu’on compose une chanson, on essaye d’explorer complètement un son. Mais oui, on en revient aux principes de ce qu’on peut faire en tant que groupe : la mélodie, l’harmonie, la narration sont au cœur de notre travail, mais aussi l’énergie et l’intention. J’aimerais penser que chaque album que nous faisons a un nouveau son.

La Face B : Qu’il peut prendre différentes directions.

Julia Johansen : Oui, je pense aussi que comme on a un large éventail d’influences, on n’est pas un seul genre de musique, on a l’avantage de pouvoir explorer plus de choses.

Lewis Lazar : Par exemple, Midnight Afternoon était une expérimentation très folky-jazzy avec un quartet fort, c’était amusant, c’était un petit chapitre, puis on a essayé quelque chose d’autre. Cet album [Hydranism] est plus centré sur le piano.

La Face B : Et malgré ces différents chapitres, votre musique est unique et très reconnaissable, vous avez vraiment réussi à maintenir cet équilibre entre un son propre et l’exploration de nouvelles directions. En rapport avec ça, les chansons qui sont sur l’album ont été écrites il y a 3 ans, diriez-vous qu’elles vous représentent toujours en tant que groupe aujourd’hui, est-ce que vous ressentez toujours ces chansons de la même manière aujourd’hui ?

Lewis Lazar : On a écrit et enregistré les chansons, puis on les a mises de côté pendant 3 ans et on a commencé à écrire beaucoup de nouvelle musique, plus évoluée et différente, mais des éléments de ces chansons sont toujours valables. Mais je suis toujours très impatient d’aller de l’avant.

Julia Johansen : Je me sens toujours très connectée à nos chansons plus anciennes. Elles ont leur simplicité mais aussi leur complexité, elles ne sont pas moins bonnes parce qu’elles sont plus vieilles, elles font partie du voyage.

Photo: Ella Herme

Lewis Lazar : On essaye de s’impliquer le moins possible après l’enregistrement. Même si la partie mixage a pris beaucoup de temps parce qu’elle se faisait par email, du genre « à 2mn09 peux-tu baisser un peu la caisse claire… », c’était très laborieux. Mais dès que l’on a terminé, on n’a plus écouté les chansons, alors c’est fun de les redécouvrir, parce qu’on les met de côté et qu’on écrit de nouvelles choses. Depuis l’enregistrement de ces chansons, on s’est ouverts à l’utilisation d’influences électroniques comme les claviers, les pads, les boîtes à rythmes et à leur utilisation en tant qu’instruments principaux. On l’avait déjà fait dans notre premier EP. On a aussi voulu développer davantage les arrangements de cordes, aller un peu plus dans le domaine du rock and roll, et – après le Texas – dans le domaine de la country. La musique country est géniale, elle comporte des éléments de musique folk qui ont été transportés en Amérique et qui ont pris une tournure différente, mais ce sont essentiellement les mêmes éléments de la musique avec laquelle nous avons grandi. Ce sera donc la prochaine étape. Les Space Cowboys ! (rires)

La Face B : Je suis ravie de l’entendre ! Je suis allé à Austin et c’était très chouette, j’ai été à Sam Town’s Point à l’époque du Covid et c’était malgré tout très animé!

Lewis Lazar : On a adoré Sam Town’s Point, c’est l’un de mes endroits préférés, tellement cool.

La Face B : Oui, tu sais Theo Lawrence a beaucoup joué là-bas l’année dernière. Ils sont restés à Austin pendant plusieurs mois et ont joué tous les soirs. Il y a aussi enregistré son album.

Lewis Lazar : J’adorerais faire ça !

Julia Johansen : Oh oui, je l’imagine tout à fait là-bas ! Il est tellement unique en France, il sonne comme un vieux chanteur de country américain, ses chansons et sa voix sont incroyables !

Lewis Lazar : L’idée de produire avec Jonathan Rado a émergé récemment. Il a produit The Lemon Twigs, Father John Misty… il est bon. Le faire venir au Texas serait la combinaison parfaite.

La Face B : Pour en revenir à vos chansons, j’ai remarqué qu’il y a souvent un contraste entre les paroles et la mélodie, ou différentes interprétations des paroles, ce qui peut parfois surprendre et créer une impression troublante. Est-ce quelque chose que vous faites intentionnellement ou cela vient-il naturellement ?

Lewis Lazar : Je ne pense pas que ce soit conscient. On essaye de faire en sorte que tout soit un peu surprenant. La musique est un véhicule pour la narration. Il y a différents types de chansons : les chansons axées sur la narration et les chansons axées sur la mélodie, où les paroles suivent davantage la mélodie. Parfois, on obtient un équilibre parfait, et c’est ce qu’on appelle un hit ! (rires) Je pense à Asc. Scorpio, c’est une sorte de vision cauchemardesque, avec un éléphant qui meurt de faim, mais c’était aussi pour capturer l’intensité du signe du scorpion ; et sur I don’t want to move, certaines des paroles portent sur la peur du désir, ou quelqu’un qui est trop puissant pour être contrôlé. J’aime jouer avec le sens que les phrases peuvent avoir dans un contexte donné.

La Face B : Il y avait aussi un peu de ça sur Midnight Afternoon, ou peut-être que c’est juste moi qui interprète les paroles !

Lewis Lazar : Oui, exactement ! C’est une bonne observation. Je ne dirais pas que c’est conscient, c’est instinctif. Sur High Moon, c’est la même chose, l’ambiance est très mystique mais aussi…

La Face B : Les paroles sont profondes.

Lewis Lazar : Il y a une intensité sous la surface.

La Face B : Diriez-vous que vous réfléchissez beaucoup lorsque vous créez une chanson, ou est-ce que tout se met en place organiquement ? Comment procédez-vous en tant que trio, et les autres musiciens ont-ils leur mot à dire ?

Lewis Lazar : Pour répondre à la deuxième question, ils ne participent pas à l’écriture des chansons. Mais ils apportent leur contribution musicale une fois que la structure est écrite.

Julia Johansen : Quand on compose, je ne pense pas qu’on réfléchit rationnellement aux accords, etc.

Lewis Lazar : Je dirais que cela dépend de la chanson. Certaines chansons sont écrites très rapidement, très instinctivement. On a commencé à écrire un peu plus récemment en trio, après que Julia ait rejoint le groupe. Mais il nous arrive aussi d’écrire seuls. Ça dépend de qui est là ! Certaines chansons viennent très facilement, si quelqu’un tient à des paroles, il le fait et c’est fini. Mais sur d’autres chansons ça peut être un peu plus difficile, et on peut même se disputer, par exemple à propos des progressions d’accords. Hail Mary était un peu comme ça, Chris avait écrit des paroles et j’ai dit non, puis j’ai écrit mes paroles et nous les avons combinées.

Julia Johansen : Oui, j’étais avec toi dans la cuisine pour l’écrire !

Lewis Lazar : Oui, ça arrive avec certaines chansons, et c’est une bonne chose dans un groupe, d’avoir quelqu’un d’un peu critique.

Julia Johansen : Oui, tu as un feedback, ce qui peut être utile. On peut aussi se perdre parfois, on peut penser que c’est la chanson est prête, mais quelqu’un d’autre ba voir qu’il manque quelque chose. Il faut alors être ouvert.

La Face B : Je pose aussi la question car je trouve que votre musique est très subtile, avec beaucoup de couches différentes, pour moi elle ne semble pas du tout facile à faire. Il doit y avoir beaucoup de travail derrière.

Lewis Lazar : Oui, c’est sûr, on se prend la tête ! On est durs les uns envers les autres et avec nous-mêmes. Il faut que tu ressentes quelque chose immédiatement, que tu te dises « Mon Dieu, c’est excitant ! », parce que si ce n’est pas le cas, on le met de côté ou on le jette. Il faut que ce soit spécial et excitant. On aime faire de la musique qui nous surprend, on s’ennuie facilement ! (rires).

La Face B : Votre groupe est reconnu notamment pour la beauté de vos harmonies vocales, qui apportent quelque chose de très spécial et de très onirique à vos chansons. Je me demandais si, lorsque vous avez écrit les premières chansons, vous aviez déjà en tête la manière dont vous les interpréteriez, la manière dont elles sonneraient en tant qu’ensemble à trois voix ?

Lewis Lazar : J’ai une anecdote amusante à ce sujet ! Je chantais un peu en harmonie à New York, car Cornelia Murr, avec qui je tournais, m’avait un peu appris. Quand Chris et moi avons déménagé à Paris, il ne chantait pas d’harmonie. On était en train d’écrire des chansons et je lui ai dit « on ne fait ce groupe si on n’a pas d’harmonies! », c’est stupide, toute la musique que je préfère a des harmonies. Je l’ai donc fait s’asseoir et on a choisi quelques chansons : I Found a Reason des Velvet Underground, les premières chansons des Beatles comme In spite of all the danger, et je l’ai coaché, encore et encore !

Julia Johansen : Je n’en avais aucune idée !

Lewis Lazar : On a chanté jusqu’à ce qu’il comprenne le principe de l’harmonie, qui consiste à soutenir sa mélodie tandis que l’autre personne soutient la mélodie harmonique. Lorsqu’on a rencontré Julia, elle l’avait déjà compris, elle pouvait chanter l’harmonie à la perfection. C’est ainsi qu’on a eu le déclic, on pouvait faire de l’harmonie à trois voix, c’était génial ! Alors évidemment, quand on écrit des chansons, on essaye d’avoir un élément d’harmonie partout où c’est possible. C’est un outil très cool, l’une des choses que je préfère dans la musique.

La Face B : Et donc toi Julia, tu avais déjà appris à chanter en harmonie ?

Julia Johansen : Hmmm je pense que j’ai appris un peu quand j’étais au conservatoire de musique, entre les âges de 10 et 15 ans. J’ai ensuite fait une longue pause, mais je pense que lorsqu’on apprend à un si jeune âge, on peut y revenir très facilement. Mais je n’ai pas grandi en écoutant les Beatles ou des groupes qui font beaucoup d’harmonies.

Lewis Lazar : Simon and Garfunkel et les Everly Brothers sont mes préférés, ainsi que les Beach Boys évidemment. J’aime aussi la façon dont les Stones utilisent l’harmonie, presque en criant.

La Face B : Vous êtes allés à Hydra pour enregistrer l’album, dans une ancienne fabrique de tapis. Vous êtes allés là-bas parce que vous recherchiez une certaine acoustique ? Je sais que vous avez enregistré vos précédents EPs à La Ferme, et il y avait la même sensation brute. Avez-vous travaillé avec quelqu’un en particulier pour la production ?

Julia Johansen : Armand Penicaud (Papooz) nous a recommandé La Ferme et Max [Kosinetz], qui a travaillé sur leur deuxième album.

Lewis Lazar : C’est un très bon ingénieur du son, il a fait nos deux premiers EPs, et il nous a bien compris, nous et notre musique. donc quand il s’est agi de faire l’album, tout s’est passé très vite. En tant que peintre, j’avais enseigné dans une résidence d’artistes à Hydra, et séjourné dans une maison en échange de mes peintures. Au fil des ans, j’ai appris à connaître beaucoup de gens sur l’île, dont un certain Stefan qui ouvrait un studio. À l’époque, nous venions de conclure un accord pour le deuxième album et le monde se confinait à nouveau, alors nous avons décidé d’y aller. Nous avons fait appel à Max, qui a joué un rôle plus important dans la production cette fois-ci. Il avait des idées d’arrangements, on a co-produit l’album ensemble. On voulait travailler avec des gens qui connaissaient déjà notre musique, on ne voulait pas prendre de risque car l’album devait être réalisé très rapidement.

Julia Johansen : A part ça, on n’a jamais travaillé avec un producteur.

Lewis Lazar : C’est quelque chose que l’on pourrait faire à l’avenir, essayer de travailler avec quelqu’un d’autre. On est en train d’en discuter.

La Face B : Vous avez joué à un meeting du parti écologiste l’année dernière. Comment vous voyez votre rôle en tant qu’artistes dans cette société, pensez-vous que vous pouvez défendre des causes à travers la musique ? Quel est votre point de vue sur l’art engagé ?

Lewis Lazar : Julia, tu veux répondre ?

Julia Johansen : Désolée, j’ai perdu le fil pendant une seconde, je pensais à la politique finlandaise, notre parti vert a disparu…

Lewis Lazar : Nous sommes à un moment tellement précaire et difficile de l’histoire que même les artistes que je connais et qui s’expriment sur la politique ne font rien de différent de ce que les gens faisaient il y a dix ans pour aider l’environnement. Il y a deux options en ce qui nous concerne en tant que musiciens ou individus : une révolution totale, ou essayer de changer son propre style de vie et ses habitudes. Cela ne changera pas tout, mais cela peut servir d’exemple. En tant qu’artistes, il est difficile d’écrire une chanson sur l’ écologie, mais on veut tous aller dans la même direction. Les implications de cette direction vont tout changer, la raison d’être des entreprises, etc. On est toujours dans un modèle de croissance qui est destructeur, qui est à l’opposé de ce qui doit se passer. La nature est quelque chose qui pourrait être légalement définie et protégée. En tant qu’artistes, le mieux que nous puissions faire est de communiquer l’esprit des choses. Certains artistes communiquent le désespoir, comme si tout était foutu. Notre intention à nous est in fine optimiste.

Julia Johansen : Et pleine d’espoir.

Lewis Lazar : On a fait l’album dans un endroit très naturel, sans voitures, ce qui est un luxe. À part quelques lumières électriques, la structure de la vie y est similaire à ce qu’elle était il y a 500 ans. C’était un mode de vie très agréable, centré sur les petites choses importantes de la vie. Si notre musique est capable de transmettre cet esprit, qu’il ne faut pas grand-chose pour être heureux, alors c’est déjà ça.

Julia Johansen : En termes de développement durable, on doit se souvenir de l’importance de la communauté et du fait qu’il faut partir de là où l’on est. Certains groupes écrivent des chansons politiques, mais vous pouvez donner l’exemple par le type d’événements que vous soutenez, par l’endroit où vous jouez, les spectacles de charité. Ce sont de petites choses que l’on peut faire. On a fait une tournée d’ouverture l’année dernière et on n’a pris que des trains avec Eurorail. On n’en parle pas beaucoup sur les réseaux sociaux.

Lewis Lazar : Mais on va le faire ! Même si j’ai l’impression que pour l’instant on n’a pas beaucoup de force de frappe, on est encore un petit groupe.

Julia Johansen : Je pense que si ! Si on s’intéresse vraiment à une cause ou à une association caritative, on en parlera. Ce n’est pas parce qu’on est petits qu’on n’a pas de pouvoir.

Lewis Lazar : Oui, je n’aime pas quand les gens envoient des « signaux de vertu », je veux une vision ; si si on dit ou fait quelque chose, il faut que cela ait de l’importance. Comme si on disait que nos disques sont en carton, alors que les vinyles eux-mêmes sont faits de pétrole ! Quand je verrai une vision de quelque chose qui pourrait changer les choses et inspirer d’autres personnes à faire de même, alors on le fera. C’est ce que je recherche. En tout cas oui, on soutient tout ce qui est vert ! C’est pour ça qu’on a des lunettes de soleil vertes ! (rires).

Photo: Cyrielle Rigot

La Face B : Lorsque j’ai interviewé Papooz l’année dernière, c’était quelques jours après le début de la guerre en Ukraine. Je leur ai demandé comment ils se sentaient, car j’étais personnellement très secouée.

Julia Johansen : Oui, moi aussi.

La Face B : Oui, et vous aviez l’air d’être très actifs sur ce sujet ! Lors de cette discussion avec Papooz ils m’ont dit que c’était aussi le rôle des artistes d’apporter de la joie et de l’espoir, ce dont les gens ont besoin en ces temps troublés, et que nous ne devrions pas avoir honte d’aller à un concert.

Lewis Lazar : Je suis d’accord, j’aime cette idée. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les soldats écoutaient Édith Piaf. On a besoin de cela. Je pense aussi que c’est la raison pour laquelle les artistes doivent se retirer psychologiquement de la société et cultiver leur propre jardin, parce que les choses peuvent vraiment mal tourner et que les gens ont besoin de voir que la santé mentale peut exister en dehors du système. Les artistes effectuent ce retrait psychologique consciemment ou inconsciemment, lorsqu’ils se retirent du système pour créer, mais aussi pour montrer qu’il existe d’autres façons de faire les choses, dans le temps et l’espace où les gens existent.

La Face B : Avant de conclure, je voulais parler un peu de la tournée qui s’annonce. Vous allez tourner en Europe et aussi assez largement aux Etats-Unis, en mai et en septembre. Vous étiez d’ailleurs à Austin récemment. Comment le peuple américain a-t-il accueilli votre musique, est-ce un pays où vous aimeriez enregistrer ou même vous installer en tant que groupe à un moment donné ?

Julia Johansen : On a été accueillis très chaleureusement, c’était stupéfiant de voir à quel point les gens étaient ouverts et réceptifs à New-York, mais aussi à Austin. On a fait salle comble un lundi à New-York, et les gens nous ont beaucoup soutenus.

Lewis Lazar : En parlant des artistes qui se retirent du temps, je n’avais pas réalisé que c’était un lundi !

Julia Johansen : Et Austin a été une expérience très positive pour tout le monde, on a particulièrement aimé les bars locaux, et la générosité des gens.

Lewis Lazar : Les gens ont été très réceptifs, les Américains aiment la positivité. C’est un pays agréable et joyeux, même si on ne comprend pas toujours ce qui se passe quand on regarde les nouvelles… Mais c’est un pays très vaste, les choses fonctionnent à certains endroits et pas à d’autres.

Julia Johansen : On est impatients de partir en tournée!

Lewis Lazar : J’aimerais que le groupe s’installe là-bas pour quelques mois. Mais Julia a une famille de chats ici, alors c’est difficile de partir trop longtemps ! (rires)

Julia Johansen : Et l’un de nos membres a deux enfants !

Lewis Lazar : Oh oui, Chris est devenu un facteur bébé. Mais quand on ira en tournée, ses enfants seront gardés par des baby-sitters. Il n’y a donc aucune raison pour que l’on ne puisse pas s’absenter pendant un certain temps. J’aimerais bien faire un disque là-bas, c’est sûr, avec un producteur intéressant. Les gens aiment l’expression là-bas.

Julia Johansen : Et notre musique est en anglais, donc l’absorption est toujours plus rapide.

Lewis Lazar : Mais j’ai vu une voyante à Paris qui m’a dit qu’il fallait que je fasse une chanson en français. Je pense que c’est un défi intéressant.

La Face B : Tu n’as jamais essayé ?

Lewis Lazar : J’ai écrit deux-trois chansons en français, mais ça finit toujours par ressembler à du Brassens

La Face B : C’est ça le truc, n’importe quelle chanson un peu folk sonne toujours comme ça en français.

Lewis Lazar : Oui, alors que j’aimerais quelque chose qui sonne plus pop, comme « mousse à la moustache » (rires).

Julia Johansen : Ou comme Henri Salvador.

Lewis Lazar : J’adore les chansons françaises dont le refrain ne veut absolument rien dire.

Julia Johansen : Oh non, on ne fait pas ça nous ! (rires)

La Face B : L’Impératrice a des chansons en français qui sonnent bien.

Lewis Lazar : Oui, elles sont très poppy.

La Face B : Dernière question pour finir, qu’est-ce que vous écoutez en ce moment et que vous recommanderiez aux gens ?

Julia Johansen : J’écoute beaucoup Men I Trust. Il y a aussi cette fille australienne qui s’appelle Coda Chroma, j’adore sa musique.

Lewis Lazar : Bob Wheels, la musique country. J’ai découvert récemment de très belles choses : Sally Oldfield, elle est bonne. J’ai également découvert Isao Tomita par l’intermédiaire d’un ami. Il y a aussi une chanson qui s’appelle Dream Puppy des Sweet Enoughs.

Julia Johansen : Leur album est magnifique, The Marshmallows.

La Face B : Cool, ça fait beaucoup de choses à découvrir. De mon côté, je vous recommande The Mellows. Ils viennent d’Austin, je pense que vous allez aimer.

Lewis Lazar : Il y a aussi des groupes qu’on a rencontrés à Austin et qui viennent de la Nouvelle-Orléans, Mr Sam & the People People et The Lostines, qui est le groupe de Casey Jane.

La Face B : Génial ! Merci beaucoup !

Retrouvez Oracle Sisters sur Youtube, Instagram et Facebook, et notre chronique d’Hydranism ici

—————————————————————————

ORIGINAL ENGLISH VERSION:

La Face B: What are the songs, artists and experiences that have contributed the most to shaping the artists you are, individually or as a band ?

Lewis Lazar: As a band when we started listening, we were really liking productions that made soft and delicate songs sound very big. When we started writing we really liked the production of Noah Georgeson, what he did with Devendra BanhartRodrigo Amarante, The Strokes, or Adam Jodorowsky. So we ended up mixing our first songs with him. Regarding music, speaking for me and Chris, what we are most influenced by originally is folk music. It goes back to a time when I lived in Ireland and he lived in Scotland, so we knew a lot of folk musicians; that’s where my love of harmony comes from. And growing up listening to a lot of blues and folk, first discovering Bob Dylan and then listening to everything he listened to. For me there is also the element of rock and roll: when I was living in New-York I worked with some of the guys from The Strokes and I was playing rock and roll music. So when we started the band there was that combination… 

Julia Johansen: I think I’ve been very influenced by my dad, who was listening to a lot of jazz when I grew up. Jazz has always been close to me, and I’ve always been very attracted to exotic, Brazilian music, world music, African music, rhythm in general. That’s also something I got from my dad. He was taping on everything, he was driving me to school taping on the steering wheel to jazz songs. So rhythm has always been an instinctive thing for me. 

La Face B: So the three of you have quite different backgrounds and influences. You’re bringing that together and managing to make music that feels quite homogeneous, in the sense that when we hear your music we know it’s you, it doesn’t sound like a patchwork. Would you say that you’ve reached the point where you have found your “band sound” and you’re happy with where you are, or are you still in exploration mode?

Lewis Lazar: I think we’re always exploring, trying to find the next thing. But we have certain principles: good melody, good lyrics  – if we can, but sometimes the melody takes over, like there’s a song on the album that only has 5 lines that repeat themselves. When we make a piece of work we try to explore a sound completely. But yeah it comes back to the principles of what we can do as a band: melody, harmony, storytelling are the core, and also having an energy and an intention. I would love to think that every album we make has a new sound. 

La Face B: That it can go into different directions.

Julia Johansen: Yeah, I think also as we have quite a wide array of influences, we’re not one genre of music, we have the advantage to be able to explore more.

Lewis Lazar: For instance Midnight Afternoon was an experimentation in very folky-jazzy with strong quartet, that was fun, that was a little chapter and then we try something else. This album is more piano-driven. 

La Face B: And despite those different chapters your music is so unique and recognizable, you’ve really managed to maintain that balance between having a unique sound while still exploring new directions. And in relation to that, the songs that are on the album were written 3 years ago, would you say they still represent you as a band now, are you still feeling those songs the same way now?

Lewis Lazar: We wrote and recorded the songs and then put them aside for 3 years and started writing lots of new music. The new music is more evolved and different from that, but there are elements of those songs that are still valid. But I’m always very impatient to move forward.

Julia Johansen: I still feel very much connected to the older songs. They have their simplicity but also their complexity, they’re not less because they are older, they’re part of the journey.

Lewis Lazar: Yeah, we try to be involved with them as little as possible after recording them. Even though the mixing part took a long time because it was being done over email, it was like “at 2’09 can you bring down the snare a little bit…”, it was very laborious. But as soon as we finished we didn’t listen to the songs, so it’s fun to rediscover them, cause you put them aside and you write new stuff. Since we recorded these we’ve been more open to using electronic influences such as keyboards, pads, drum machines and having them to be lead instruments. We already did that a bit in our first EP. And then wanting to develop string arrangements more, go a bit more into the rock and roll realm, as well as – after Texas – the country realm. Country music is great, it involves elements from folk music that was transported to America and given a twist, but it’s essentially the same elements of the music we grew up with. So that’s gonna be next. Space cowboys! (laugh)

La Face B: I’m happy to hear that! I’ve been to Austin and it was very fun, been to Sam Town’s Point in Covid time and it was still very much alive.

Lewis Lazar: Oh we loved Sam Town’s Point, it’s one of my favorite places I’ve ever been to, so cool.

La Face B: Yeah, you know Theo Lawrence played there a lot last year. They stayed in Austin for several months and played every evening. He was also recording his album there.

Lewis Lazar: I’d love to do that! 

Julia Johansen: Oh yeah I totally imagine him there! He is such an odd one out in France, he sounds so much like an old American country singer, his songs and his voice blow my mind!

Lewis Lazar: The idea of producing with Jonathan Rado came up recently. He did The Lemon TwigsFather John Misty…he’s good. Bringing him to Texas would be the perfect combination.

La Face B: Coming back to your songs, I’ve noticed that often there is contrast between the lyrics and the melody, or different interpretations to the lyrics, creating sometimes a kind of disturbing feel. Is it something you do intentionally or does it just come naturally? 

Lewis Lazar: I don’t think it’s a conscious thing. We try to make everything a little bit surprising. The music is a vehicle to the story. There are different types of songs: story-telling driven songs and melody-driven songs, where the lyrics more follow the melody. And sometimes you get a perfect balance, and that’s called a hit! (laugh) I mean, I’m thinking of Asc. Scorpio, that’s kind of a nightmare vision, with an elephant starving to death, but it was also to capture the intensity of the Scorpio sign; and I don’t want to move, some of the lyrics are also on the fear of desire, or someone being too powerful to handle. I love playing with the meaning sentences can have in a context. 

La Face B: There was also a bit of that on Midnight Afternoon, or maybe that’s just me who interprets the lyrics! 

Lewis Lazar: Yeah no exactly! It’s a fair observation. I wouldn’t say it’s conscious, it’s instinctive. High Moon is the same too, the vibe is very mystical but also…

La Face B: The lyrics are quite profound.

Lewis Lazar: There is an intensity under the surface.

La Face B: Would you say you put a lot of rationale thinking when you make a song, or does it all come together organically? How do you do it together as a trio, and do the other musicians get to provide input?

Lewis Lazar: To answer first that second question, they don’t provide input on the songwriting. But they have their input musically once the structure is written.

Julia Johansen: When we’re composing I don’t think we’re thinking rationally about the chords etc, it’s more intuitive, instinctive and organic.

Lewis Lazar: I would also say that it depends on the song. Some songs are written very quickly, very instinctively. We started writing a bit more recently as a trio, after Julia joined the band. But sometimes we also write alone. It depends on who’s around! Some songs come really easy, like if someone feels very strongly about the lyrics then they go and that’s finished. But some songs are a bit of a struggle, and we might even argue, for example about progressions. Hail Mary was a bit like that, Chris wrote some lyrics and I was like no, then I went and wrote lyrics and we combined them. 

Julia Johansen: Yeah I was with you in the kitchen writing that one! 

Lewis Lazar: So yeah it happens with some songs, and that’s a good thing in a band, having someone a bit critical.

Julia Johansen: Yeah you get a feedback, which can be helpful. You can also get lost sometimes, you can think it’s ready but somebody else might see that something is missing. And then you have to be open to it. It’s a three way situation sometimes.

La Face B: I’m also asking the question as I think your music is very subtle, with a lot of layers, to me it doesn’t feel at all easy to make. There must be a lot of work behind it.

Lewis Lazar: Yes for sure, on se prend la tête ! We really are tough on each other and ourselves. It has to make you feel something immediately, where you go “God this is exciting!”, cause if it’s not then we put it aside or throw it away. It has to be special and exciting. We like to have music that surprises us, we get bored easily! (laugh).

 La Face B: your band is recognized notably for the beauty of your vocal harmonies, which bring something very special and dreamlike to your songs. I was wondering, when you wrote the first songs, did you already have in mind how you would perform them, how they would sound as a three-voice ensemble?

Lewis Lazar: I have a funny story about this! I was singing harmony a little in New-York, as Cornelia Murr who I was touring with had taught me a bit. When Chris and I moved to Paris, he didn’t sing harmony. We were writing songs and I told him “we’re not doing this band if we don’t have harmonies”, that’s stupid, all my favorite music has harmony. So I sat him down, we picked some songs: I Found a Reason by The Velvet Underground, early Beatles songs like In spite of all the danger, and I coached him, again and again!

Julia Johansen: I had no idea!

Lewis Lazar: We would sing it until he got the harmony, and then he understood the principle of harmony, which is to sustain your melody while the other person sustains the harmonic melody. When we met Julia, she had it already, she could sing harmony perfectly. And so that was the click, we could do three part harmony, that is amazing! So obviously when we write songs we try to have the harmony element wherever we can. It’s a very cool tool, one of my favorite thing in music. 

La Face B: And so Julia you had learnt harmony before?

Julia Johansen: Hmmm I guess I learnt a bit when I was at the music conservatory, from 10 to 15 years old. Then I had a long break but I think when you learn at such a young age you can go back to it very easily. I didn’t grow up listening to the Beatles or harmonic bands though. 

Lewis LazarSimon and Garfunkel and The Everly Brothers are my favorite, also the Beach Boys obviously. I like the way the Stones also use harmony, almost screaming them.

La Face B: You went to Hydra to record the album, in the Old Carpet Factory. Did you go there because you were looking for a certain acoustic? I know you recorded your previous EPs at La Ferme, and it had the same raw feel. Did you work with anyone in particular for the production?

Julia Johansen: We got recommended La Ferme and Max [Kosinetz] from Armand Penicaud (Papooz), he worked on their second album.

Lewis Lazar: He’s a very good sound engineer, he did our first two EPs, and he understood us and our music well, so when it came to doing the album, it all happened quite fast. As a painter I had been teaching at an artist residency on Hydra, and stayed in a house in exchange for my paintings. Over the years I got to know a lot of people on the island, one of them was this guy Stefan who was opening a studio. At the time we had just made a deal for the second album and the world was locking down again, so we decided to go there. We brought over Max, and he had more of a production role this time. He had some arrangements ideas, we co-produced the album together. We wanted to work with people who already knew our music, we didn’t want to take a risk as it had to be put together very quickly. 

Julia Johansen: Other than that we’ve never worked with a producer. 

Lewis Lazar: It’s something we might do in the future, to try working with somebody else. We’re talking about it. 

La Face B: You’ve played at the Green Party meeting last year. That made me wonder how do you see your role as artists in this society, do you think you can defend causes through music? What’s your view on committed art?

Lewis Lazar: Julia do you want to answer?

Julia Johansen: Sorry I blanked out for a second, I was thinking about the Finnish politics, our Green Party is gone…

Lewis Lazar: We’re in such a precarious, difficult point in history, even artists I know who are vocal about political change, in their life they don’t do anything different from what people did ten years ago to help the environment. There are a couple options as far as we are concerned as musicians or individuals: a full out revolution, or trying to change your own lifestyle and habits. It won’t change everything but it can set an example. But ideologically the ecological movement is implicated on so many levels, liked spiritual, economical… As artists it’s hard to write a song about ecological change, but we all want to go in the same direction. The implications of that direction are going to change everything, the purpose of business etc. We’re still in a growth model that’s destructive, it’s at the opposite of what needs to happen. Nature is something that could be legally defined and protected. As artists the best we can do is communicate in the spirit of things. Some artists communicate despair, like everything is fucked. Our intention is ultimately optimistic.

Julia Johansen: And hopeful. 

Lewis Lazar: We made the album in a very natural place, with no cars, what a luxury. Besides some electric lights, the structure of life there is similar to how it was 500 years ago. It was a very good way of life, centered on the small, important things in life. So if our music is able to convey that spirit, that you don’t need much to be happy, then that’s something.

Julia Johansen: In terms of sustainability, we need to remember how important community is, and starting small from where you are. There are some bands who write political songs, but you can set an example by the kind of events you support, where you play, charity shows. Small things you can do. We did an opening tour last year and we only took trains with Eurorail. We don’t say much on social media though.

Lewis Lazar: But we will! Although I feel for now we don’t have much power, we’re still a small band.

Julia Johansen: I think we do! If we genuinely care about a cause, or a charity, we’re gonna say it. It’s not because we’re small that we don’t have power.

Lewis Lazar: Yeah I just don’t like when people do “virtue signaling”, I want to see the vision; if we’re going to say or do something, it should really matter. Like if we said our records are made of cardboards, while the vinyls themselves are made of oil! When I will see a vision of something that could make a change and inspire other people to do the same, then we’re going to do it. I’m looking for it. So yeah, we definitely support anything green! That’s why we got green sunglasses! (laugh).

La Face B: When I interviewed Papooz last year, it was just a few days after the start of the war in Ukraine. I asked them how they were feeling, as I was personally quite shaken. 

Julia Johansen: Yes, me too.

La Face B: Yeah and you guys seemed to be quite active about it! So I had that discussion with Papooz and they said it’s also the role of artists to just bring joy and hope, which is what people need as well in this troubled time, and we shouldn’t feel ashamed to like go to a concert.

Lewis Lazar: I agree with that, I like that idea. During World War II soldiers were listening to Edith Piaf. You need that. And I think also that’s why artists have to cyclically psychologically remove themselves from society and cultivate their own garden, because things can go really wrong and people need to see that sanity can exist outside of the system. Artists do this psychological removal either consciously or unconsciously, when they remove themselves off the system of things to create but also to show that there are other ways to do things, in the time and space where people exist. 

La Face B: So before we conclude I wanted to talk a bit about the tour that’s coming up. You’ll tour in Europe and also quite extensively in the US. You were also in Austin recently. How has the American people welcomed your music, is it a country where you’d like to record or even base yourself as a band at some point?

Julia Johansen: We were welcomed very warmly, it was astounding how open and receptive people were in New-York, but also in Austin. We sold out a room on a Monday in New-York, and people were super supportive. 

Lewis Lazar: Talking about artists removing themselves from time, I hadn’t realized it was a Monday! 

Julia Johansen: And Austin was a super positive experience for everybody, we especially loved the authentic, local bars, and just the generosity of people.

Lewis Lazar: It was very receptive, the Americans ultimately like positivity. It seems like a nice and happy country, though when you look at the news sometimes you don’t understand what’s going on… But it’s so big, things are working in some places and not others. 

Julia Johansen: We’re excited for the tour. 

Lewis Lazar: I would love for the band to be based there for a few months. Although Julia has a family of cats here so it’s difficult to leave for too long! (laugh)

Julia Johansen: And one of our bandmates has two kids!

Lewis Lazar: Oh yeah, Chris became a baby factor. But well when we go on tour they will be staying with babysitters. So there is no reason we couldn’t be away for a while. I would love to make a record over there for sure, with an interesting producer. People like expression there.

Julia Johansen: And our music is in English, so that’s always absorbed quicker.

Lewis Lazar: Mais j’ai vu une voyante à Paris qui m’a dit qu’il fallait que je fasse une chanson en français. I think it’s an interesting challenge. 

La Face B: You never tried?

Lewis Lazar: I’ve written two-three songs in French, but it always end up sounding like Brassens

La Face B: That’s the thing, any folk song always sound like that in French.

Lewis Lazar: Yeah, while I would like something that sounds more poppy, like “mousse à la moustache” (laugh). 

Julia Johansen: Or like Henri Salvador.

Lewis Lazar: I love the French songs where the chorus means absolutely nothing.

Julia Johansen: Oh no we’re not about that! (laugh)

La Face BL’Impératrice has some songs in French that sound pretty good.

Lewis Lazar: Yeah, they’re very catchy and poppy.

La Face B: And so last question to finish, what are you listening to at the moment that you would recommend to people?

Julia Johansen: I’ve been listening a lot to Men I Trust. There’s also this girl from Australia with the artist name Coda Chroma, I absolutely love her music.

Lewis LazarBob Wheels, country music. There is some beautiful stuff I discovered recently: Sally Oldfield, she’s good. I also discovered Isao Tomita through a friend. There’s a song called Dream Puppy by the Sweet Enoughs.

Julia Johansen: Their album is so beautiful, The Marshmallows

La Face B: Cool, that’s quite a lot to explore. On my side I would recommend you The Mellows. They’re from Austin, I think you will enjoy it.

Lewis Lazar: There are also bands we met in Austin from New Orleans, Mr Sam & the People People and The Lostines, which is Casey Jane’s band.

La Face B: Awesome! Thank you so much guys!