Une rencontre Montréalaise avec Of Course

Cet été, on a pris l’avion direction Montréal. On y était pour les Francos, mais en réalité c’était une très bonne excuse pour aller retrouver Will et Émile, les deux têtes pensantes d’Of Course. Alors qu’ils viennent de dévoiler le jeu vidéo autour de leur Montréal Bagarre 2, l’occasion était idéale pour partager avec vous notre long entretien autour de leur dernier album.

affiche montreal bagarre : le jeu

Jouer à Montréal Bagarre par ici

FB : Salut Of Course, comment ça va ?

Will : Euh… Petite insolation… (rires). Troisième bière de la journée, il est 9h30 du matin… Bonjour la France !

Émile : Voilà. Et ça, on va encore regretter quand on va voir l’interview sortir, on va se dire « Pourquoi il a dit ça ? »

LFB : Parce que la dernière interview, c’était quand même en gueule de bois !

Will : On était en gueule de bois, et il était vraiment neuf heures du matin.

Émile : Ouais. Mais sinon, pour la réponse brève, ça va. C’est l’été à Montréal, Charles est là… Il va plus repartir… Tout va bien.

Will : En deux mots, ça va, en trois mots, ça va bien.

Émile : Ouais, je confirme, il a une insolation (rires).

LFB : La dernière fois qu’on s’était croisés, c’était en 2020 à Paris. Et juste avant qu’on se retrouve tous enfermés. Comment est-ce que vous avez vécu cette période de stop ?

Will : Ca a été…

Émile : Ca a été bénéfique.

Will : Ouais, ça a été bénéfique. En fait, au tout début, je me suis même demandé si je n’étais pas responsable de ça (rires). Parce que j’avais vraiment envie d’un stop, clairement, dans la vie. Et je voulais vraiment prendre le temps de me poser sur l’album et sur ma musique et des choses comme ça. Et je me disais, putain, ce serait incroyable que je me prenne quelques mois de vacances… mais je ne pouvais pas, parce qu’il faut vivre, dans la vie. Et en fait, le premier confinement a été vraiment bénéfique. Vraiment bénéfique. Donc le stop, au début, c’était bien. Après, c’est sûr que pour les concerts, pour tout ça, c’est pas forcément…

Émile : Ce n’est pas l’idéal, mais on en a quand même fait. On a eu le temps de se concentrer sur le groupe, de se concentrer sur la vision qu’on voulait avoir, de refonder un band… On a pris le temps de trouver des gens. On a pris le temps de roder un peu plus, donc cette pause, elle était vraiment bénéfique pour nous, autant du point de vue personnel que professionnel, pour le band, je pense.

Will : C’est ça. Le début ! Après, c’est vrai que c’était un peu long.

Émile : Ouais, mais moi j’ai joué beaucoup de musique aussi, ça ma permis d’être meilleur quand il a fallu retourner en studio aussi… Donc c’était vraiment bénéfique.

Will : C’est ça. C’est marrant, parce qu’on parle dans un téléphone alors que…

Émile  : Ca s’est bien goupillé. Mais honnêtement, même personnellement, c’était vraiment bien d’arrêter. Changer de job…

LFB : Quand on s’est croisés, vous tourniez le clip, qui était pour Paris Bastonne qui était un peu un titre qui devait ouvrir l’aventure du prochain album, mais j’ai l’impression qu’il y a eu un vrai switch de style et de profondeur qui s’est effectué entre ce titre, qui n’est pas sur l’album, et l’album qui vient de sortir en fait.

Will : Ben ouais. Et c’est pour ça qu’il est pas sur l’album aussi, mais… Ce qui s’est passé, c’est que le début de la Covid était vraiment bénéfique, et en fait c’est vrai qu’on s’est beaucoup beaucoup posé de questions, on a beaucoup composé, on est partis composer dans des chalets, des choses comme ça, à la campagne, dans la campagne du Québec.

Émile : On l’a fait plus de fois que d’habitude.

Will : C’est ça, beaucoup plus de fois que d’habitude, on a pris vraiment du temps, et… Au moment d’écrire… Les morceaux auraient pu fitter, mais c’est surtout au moment d’écrire les paroles, moi je n’allais pas forcément très très bien psychologiquement parlant, et je pense que je n’avais plus envie de ça. On me demandait souvent, on me disait, « Ouais, Of Course c’est de la musique qui danse, faut que tu fasses des trucs joyeux, faut que tu fasses des choses comme ça », et en fait je voulais pas chanter quelque chose…

Émile : Ce n’était pas naturel, quoi.

Will : Ce n’était pas naturel. Donc j’écrivais des trucs que je ne pensais pas, et je me suis dit : ben non, moi je veux pas que ça soit ça, Of Course.

C’est et ça a toujours été mon journal intime et je n’allais pas bien. Donc je ne voulais pas chante qui allaient bien alors que ce n’était pas le cas, donc… Paris Bastonne, moi je l’adore, et c’était significatif d’une époque, mais c’est vrai que quand on a fini d’écrire… On avait fait 35 chansons en tout, et quand on a fini et qu’on a fait notre sélection, on s’est rendus compte que Paris Bastonne était sur un autre beat, qui était l’avant-pandémie.

Émile : Dans une autre vie aussi.

Will : D’une autre vie, ouais. Et c’est vrai que la pandémie a assombri vraiment notre style et notre musique, mais…

Émile : Plus les textes, peut-être.

Will : Ouais, les textes. C’est ça.

LFB : Je trouve aussi que tu t’autorises beaucoup plus à chanter sur l’album que sur un titre comme Paris Bastonne, où tu étais encore sur un truc très rappé.

Will : Ouais. Ouais, c’est vrai aussi.

Émile : Est-ce que t’as voulu revenir au chant aussi ?

Will : Ouais, j’ai voulu revenir au chant. Ouais, c’est vrai.

Émile : Ouais, et puis quand tu faisais plus des chants rappés, c’est parce qu’on sortait ou qu’on était dans Suprême sans plomb  encore, où tu voulais être un rappeur, et puis…

Will : Je découvrais le rap avec Suprême sans plomb , et ça a été… En vrai, le rap ça m’a vraiment fait du bien, je végétais un peu avant ; là on parle d’avant 2016. Et… de me mettre au rap, ça a permis d’ouvrir beaucoup de choses, mais il ne faut pas oublier qu’on vient du métal et des musiques un peu plus chantées, voire gueulées

Et en fait, le chant avait quelque chose… En fait, je voyais beaucoup de rappeurs qui se mettaient à tourner un peu vers le chant, sauf qu’ils ne savent pas chanter (rires). C’est des très bons rappeurs, hein, mais ilsne savent pas chanter. Et moi, j’ai cet avantage de savoir chanter, donc du coup j’étais là, bon ben, autant utiliser aussi ça, et ça me manquait pour dire certaines choses. Je trouve que rapper, c’est bien pour passer des messages, mais chanter, c’est bien pour donner des émotions aussi. Cet album qui dit beaucoup d’émotions et qui est sur l’émotion, il fallait qu’il y ait plus de chant, ouais.

presse of course
Crédit : Emmanuel Malo

LFB : Un truc qui est intéressant c’est que lorsque l’album se lance, c’est la même note qui lance le…

Will : Tu l’as vu !

LFB : Le Montréal Bagarre 1. Et en fait, ça switche tout de suite, il y a un côté hyper dystopique et hyper flippant limite dans le premier titre, qui met une vraie cassure par rapport à ce que vous aviez fait avant en fait.

Émile : Je pense que ça reprend bien notre état d’esprit aussi. Ce qu’on a traversé pendant les deux, trois dernières années… Et je pense que tout est venu de manière très naturelle, on ne s’est pas dit qu’on allait faire quelque chose de dark volontairement, c’est juste ce qui en est sorti, puis je pense que c’est vraiment une évolution très naturelle.

Après, oui, le fait que ça suive avec la note etc., c’était quelque chose de voulu, mais… Je pense que tout ce qu’on a sorti sur Montréal Bagarre 2 n’est pas quelque chose de forcé. C’est sorti tout seul, et puis c’est… Moi, je pense que c’est très justifié comme album. Il n’y a pas de trucs forcés ou rajoutés, ou… C’est vraiment une entité à part entière.

LFB : Il n’y a pas de gras, quoi.

Will : Non, on a enlevé le gras. Ben, il y en a toujours un peu.

Émile : Il y en a toujours un peu. Maintenant, avec le recul, il y en a un peu, là, il y a peut-être une ou deux tracks qu’on aurait pu enlever, mais… Elles fonctionnent bien ensemble.

Will : Ouais, ça marche ensemble, c’est ça. Mais ouais, pour le petit accord, je suis quand même très content que tu aies vu ça. Parce que, je me suis dit, c’est marrant, personne m’en a parlé, mais c’est… En fait, tu peux écouter Montréal Bagarre 1 et 2 à la suite, et elles se suivent. En fait parce que c’est l’accord de fin de Montréal Bagarre.

LFB : Et ce qu’il y a d’intéressant finalement – et je trouve que ça va aussi avec la pochette : tu vois, la pochette, elle représente bien le mood un peu plus… Je trouve qu’il y a des côtés très oniriques aussi dans les paroles, des trucs d’élévation, et je trouve que la pochette qui a été créée, elle colle bien aussi à la musique. Comme l’autre, elle collait au côté un peu plus frontal de Montréal Bagarre 1, tu vois.

Will : C’est ça. Mais en fait, c’est marrant, parce que les gens voient une élévation, mais c’est pas ça.

LFB : C’est un mec qui chute ?

Will : C’est un mec qui se prend une droite. C’est un mec qui se fait frapper et du coup qui… Paf ! Quand on avait fait la pochette, pour qu’on voie qu’il se prenne une droite, il fallait que le manteau aille vers l’avant, et on trouvait que ce n’était pas esthétique, donc on a demandé à la graphiste de faire le manteau vers l’arrière, et on dirait qu’il s’élève. Et on s’est dit : Ben c’est un espèce de truc… Ca nous va.

Émile : Ouais. C’est à la fois, un état latent, comme ce qu’on a vécu ces deux dernières années, ou une élévation, ou quelqu’un qui prend une droite. Ca laisse libre cours à ton interprétation.

LFB : Et du coup, il y a l’album. Le premier titre est hyper énergique, et ensuite, t’as un contre-pied avec quelque chose qui repart, et j’ai l’impression que tout l’album est comme ça. Il y a beaucoup de cassures de rythmes, de trucs inattendus et je me demandais si c’était quelque chose auquel vous aviez réfléchi, justement en faisait la tracklist. Cet espèce de contre-pied permanent qui pousse à une écoute attentive, en fait.

Will : Ben pas en composant, mais ouais, en faisant la tracklist, ouais. En fait, c’est très drôle, mais il y a une… On avait fait nos études à l’UCAM avec Émile. C’est pas du tout là où on s’est rencontrés (rires). Mais on avait un cours qui s’appelle « Animation et Créativité ». Et on avait un cours de psycho, avec une prof qui était un peu psychologue. Elle nous avait dit, pour la créativité, ça passe un peu par un « U ». Et… Tu dois te perdre… il se marre, mais c’est vrai.

Emile : Mais c’est vrai, on trouvait ça très très con, mais…

Will : On trouvait ça très con, à l’époque, mais tu dois complètement te perdre et lâcher totalement prise… Comme une dépression. Ça marche comme une dépression. Pour arriver en bas et finalement remonter. Et en fait, l’album, quand moi je l’ai composé, au niveau même chronologique, dans les textes que j’ai écrit… C’était vraiment en période de « U » de ma propre vie, tu vois ? De ma propre vie. Et l’ordre après en fait… Au début, j’avais voulu mettre l’ordre chronologique dans lequel on les avait écrits. Mais en fait, ça faisait un un espèce de mega bad trip en plein milieu, et moi en écoutant ça, je me suis dit genre, il y a un truc où… même au niveau des rythmes et tout ça, ça ne marchait pas.

LFB : Ca faisait vraiment très « U » quoi.

Will : Ça faisait vraiment très « U ». Et moi, il y a un truc dans les albums et dans les concerts que je n’ai jamais aimés, c’est les ventres mous comme ça. C’est le truc où t’as des tracks fortes dès le début et en fait, on s’est dit qu’on voulait vraiment alterner pour ne pas perdre l’auditeur aussi, tu vois. On ne veut pas que deux tracks se ressemblent, et on emmène l’auditeur profond, mais on le fait respirer de temps en temps, parce que… Il y a des thèmes qui sont quand même beaucoup plus durs et conscients que tout ce qu’on n’avait jamais fait, et je pense que ceux-là avaient besoin d’être entourés des thèmes un peu plus softs, pour alléger un peu l’écoute totale de l’album aussi.

LFB : Et justement, avant de parler du… des paroles, tout ça, j’aimerais revenir sur la production de l’album. Et je me demandais, parce qu’à l’écoute, il y a des parties qui sont vraiment très amples, tout ça, si vous aviez pas eu peur à un moment de faire, justement, un album de studio, qui serait à certains moments impossible à retranscrire en live, en fait ?

Émile : C’est pas quelque chose qui nous a vraiment fait peur, parce c’est des choses qu’on sait qui sont possibles de faire.

Will : Mais c’est album de studio.

Émile : C’est clairement un album de studio. Même dans Montréal Bagarre 1, il y a aucune chanson qu’on a composée en dehors du studio.

Will : C’est ça. Ben on compose toujours en studio, donc on fait toujours des albums de studio.

Émile : Mais dans cette démarche-là, on a toujours été capables de rendre ce qu’on était capables de poser sur un CD, donc… Même à deux, on s’est toujours débrouillés pour que ça marche, et là en étant à 4, c’est encore mieux, parce qu’on arrive à rendre ça plus vivant et plus…

Will : Organique.

Émile : Plus organique, oui c’est ça. Mais je pense que ce n’est pas quelque chose qui nous a forcément inquiétés, même avec les orchestrations, des choses comme ça, c’est quelque chose qu’on est capables de faire. Même, maintenant, on chante à trois, voire à quatre. Donc voilà, on est en constante évolution, on évolue avec notre son en fait, c’est ça que je trouve intéressant.

Will : Mais c’est volontaire : on ne se pose jamais la question du live au moment où on compose, parce qu’on ne veut pas se brider. Et au début, quand on avait un batteur, avant 2018, on se bridait en fait, parce que moi, quand je composais les batteries…

Émile : C’était plus une question de créativité.

Will : Ouais, c’est ça. Je composais en sachant que c’était un vrai batteur qui jouait. Et… A partir du moment où dans ma tête, je savais que j’avais pas à composer pour quelqu’un qui allait jouer, ça a tout débloqué. Et du coup, je me suis juste… Moi, je ne me pose pas la question, en tout cas au moment où on fait les batteries… C’est sûr que Émile, pour la basse…

Émile : Moi, je ne me pose pas de questions.

C’est pas vrai, ce que j’ai dit, parce qu’il y a des moments… T’écoutes Pas le temps

LFB : C’est ce que j’allais dire.

Will : Pas le temps, ça a été une galère.

Émile : C’est la track qui me donnait le plus difficultés en studio, parce que c’est quelque chose de très… Tu as beaucoup de possibilités, mais en même temps, il ne faut pas faire n’importe quoi, pis… Tu sais, c’est quelque chose de… je n’ai pas envie de dire « grandiloquent », mais c’est quelque chose qui ouvre sur tellement plus large que ce que j’étais obligé de faire.

LFB : Oui, même le piano en plus…

Émile : Ouais. Tu sais, je me suis dit « Est-ce que je vais composer des contrepoints en réponse au piano ? », et puis en fait, non, pas du tout, ça ne marchait pas, c’était de la merde, tu sais. Mais ça m’a apporté. Ca m’a envoyé dans d’autres directions, et ça m’a apporté vachement plus de questionnements en tant que musicien, cet album.

LFB : Ce qui est vachement intéressant, c’est que contrairement à d’autres, où la basse elle est là pour le beat, là je trouve que la basse, elle revient un peu… C’est la particularité de ce que vous faites aussi, elle revient vraiment au centre.

Will : C’est un des éléments mélodiques.

Émile : Je peux me permettre des choses un peu différentes que si je jouais dans un autre groupe.

Will : Pis j’ai pas le choix de le mixer fort. (rires). De toute façon, à chaque fois que je fais valider les mixes, il me dira que la basse est pas assez forte.

Émile : Et je dis que la voix est trop forte.

Will : Et il me dit que la voix est trop forte. Si j’ai vraiment envie d’avoir ma liberté de mon bord, le deal c’est que je mets, je creuse tous les bas, et je mets les fréquences… En fait, c’est comme un couple qui a besoin chacun d’avoir sa place du lit bien déterminée.

LFB : Ouais, t’as le chant, lui, il a la basse…

Will : Exactement, en fait moi j’ai le chant, j’ai toutes les hautes fréquences et les fréquences medium, on se partage un peu les fréquences medium, de temps en temps, c’est un peu la cuisine de notre appartement, les fréquences médium, parce qu’il est dedans.

Et les fréquences basses, le deal, c’est Émile, c’est comme ça. Il y a de temps en temps où je grignote, parce que je suis là « Ah, ça mériterait un synthé pour aller… ». Il y en a quelques unes où on l’a fait, Morphée c’est doublé par un synthé, il y en a des fois, mais en fait…On compose à deux, et Émile compose les basses. En fait, la compo, ça marche souvent, comment on commence, on fait basse-batterie avec un sample ou avec une ligne juste de piano, une ligne de keys, et on fait tourner éternellement, mais la basse, c’est elle qui amène les idées mélodiques en fait. Le chant va se baser sur la basse. C’est pour ça que des fois, Émile…

Émile : Par exemple, le refrain de L’aventure, c’est basé sur la ligne de basse.

Will : C’est ça. Émile a tendance à oublier les lignes de basse qu’il fait (rires). Et des fois on est là, j’arrive, moi j’ai composé mon chant, et Émile il fait plus la même ligne, et je fais: « Mec, j’ai composé mon chant sur ta ligne de basse. Tu peux pas la changer, tu vois ? »

LFB : Tu vas respecter ta ligne de basse ! (rires).

Émile : Non mais c’est vrai, j’ai ce défaut de faire des trucs de basse, puis il me dit genre : « Ah putain, c’est trop bien, t’as fait quoi ? », et je ne m’en rappelle plus.

Will : Il s’en souvient plus.

Émile : Mais dix, vingt secondes après, hein !

Will : Ouais. Un poisson !

LFB : Je voudrais parler un peu des paroles. Moi, ce que j’ai trouvé intéressant, c’est que sur tous les titres l’album est plus grave que ce que vous aviez fait avant. Et je trouve que sur tous les titres, même sur les titres les plus uptempo et tout, il y a cette… comment dire ? La légèreté, elle est vraiment de surface, et plus tu creuses et plus tu écoutes les chansons, et plus tu vois justement cette gravité-là dans les textes. Tu vois, un titre comme Pleurer pour elle, tu l’écoutes, tu fais ah, c’est chill et tout, et puis en fait, quand tu l’écoutes, tu fais ah, putain, ça parle quand même de…

Will : Non, ça parle d’un vrai problème en fait.

LFB : Ouais, voilà.

Will : Non c’est ça. Il y a aucune chanson joyeuse en fait. Aucune.

LFB : A part T’es beau, peut-être.

Émile : Et encore !

Will : A part T’es beau, et encore ! Et encore ! T’es beau, c’est qu’en fait on voulait donner un message… En fait, c’est plutôt que de montrer le côté sombre, on s’est dit genre, on va prendre le côté sombre, et on va montrer le côté clair. Ce n’est pas parce que tu ne vas pas bien que tu ne peux pas l’être. Alors que le reste, c’est ce n’est pas parce que tu vas montrer que t’es bien que tu l’es vraiment, tu vois. T’es beau, c’est l’inverse de l’album. Elle est en contrepoint de l’album. Et c’est la dernière qui a été écrite aussi. T’es beau a été…

Émile : C’est sorti d’un placard…

Will : C’est ça. T’es beau, c’est une vieille track qu’on a décidé de remettre au goût du jour pour essayer d’avoir peut-être un son un peu plus clair dedans. Elle ne devait pas être dans l’album à la base. Mais on l’a mise, et on a essayé de faire en sorte qu’elle re-rentre dedans, tout ça. Mais c’est sûr qu’il y a un côté très très grave. Il y a un côté très très grave dans tout. Même dans les chansons plus pop, comme Sucré Salé ou des trucs comme ça, il y a toujours un fond d’un truc qui ne va pas, Je pense que vraiment, au moment où j’écrivais (Dieu merci, ça va mieux), mais au moment où j’écrivais, entre tous les confinements… C’était des problèmes de santé mentale, et je pense que le seul moyen de me sortir, c’était d’écrire des textes, et finalement, on était en pleine composition de l’album, et il y a certaines chansons qui ont vu 24 versions tellement je n’étais pas content. Et finalement, à chaque fois, des fois je revenais à une version, et j’étais là, genre : en fait, c’est bizarre, mais c’est elle que j’ai envie de chanter, parce que c’est elle qui est la plus sincère avec moi-même. Et c’est sûr que c’est pas drôle, et il y a des trucs comme ça, mais c’est comme ça.

LFB : Jai l’impression que la solitude, c’est un peu à double-tranchant, mais je trouve que ça t’a vachement aidé à aller vers la profondeur que l’album n’aurait pas forcément eu si on avait été dans une période normale. Et en plus, je trouve qu’il ya un côté onirique sur certains morceaux qu’il y n’avait pas forcément avant, tu vois. Parce qu’avant, le morceau le plus sérieux, c’était Elle ne veut pas danser , qui était très frontal, mais les autres, on était quand même là pour le coup sur quelque chose de beaucoup plus léger, et j’ai l’impression que là, la solitude t’a été bénéfique on va dire, tu vois ?

Will : La solitude a été bénéfique Mais en plus, ce n’est pas tant la solitude, parce que j’étais pas seul. Il y avait Émile, j’avais ma copine, j’avais plein de gens, je n’étais pas seul. Mais dans ma tête, j’étais très seul. Il y a eu un truc assez bizarre qui s’est passé, et que j’arrivais plus à contrôler, beaucoup de choses. Et j’en parle frontalement, tu vois, L’enfer, j’en parle frontalement, j’ai pris des pilules, je n’avais pas le choix en fait. Je n’avais juste pas le choix (rires).

LFB : On en est tous là.

Will : Ben ouais, c’est ça. On n’habite pas en France, mais je sais que la France, c’est le plus gros consommateur de pilules, tu vois, et puis… c’est en France qu’on me les a prescrites. C’est ça le plus drôle (rires). Ici, ils ne voulaient pas aller jusque là. Mais ouais, ça a aidé. En fait tu vois, mais je le dis dans L’aventure, mais c’est la phrase la plus sincère de l’album. Il y a beaucoup de sincère. Je ne suis jamais sorti avec une influenceuse, donc pleurer pour elle, c’était un truc d’idée, mais… La phrase la plus sincère, c’est « Je ne fais pas de la musique pour être connu, je la fais pour économiser le psy », et c’est vrai. C’est vrai. Bon, finalement je suis quand même allé voir un psy, parce que je n’avais pas trop le choix (rires).

LFB : C’est ça qui est intéressant, c’est que tu te soignes. Et à un moment donné, mais on va parler d’un morceau en particulier juste après, j’ai l’impression que tu peux aussi soigner les autres, avec ces morceaux-là, tu vois.

Will : C’était le but. Le but n’était pas de me plaindre.

LFB : Et comme il y a des morceaux qui sont hyper dansants, ça a un effet défouloir aussi, tu vois. Même avec le texte, tu vois.

Will : Ben je le voyais comme ça. À l’époque en plus on pouvait pas le faire, mais… Tu sais, quand tu ne vas vraiment pas bien, tu n’es même pas obligé de te saouler la gueule pour ça, moi je me serais sans doute saoulé la gueule pour ça.. et que tu vas danser en étant vraiment mal, que tu t’oublies dans la danse et dans des trucs comme ça. Et juste pour aller un petit peu mieux, mais tes idées, elles sont toujours là, le mal est là.

LFB : C’est exactement ce que dit Montréal Bagarre 2.

Will : C’est exactement ça.

LFB : Dès le premier titre, même si le rythme, il est fou, tu es face à cette confrontation là, entre le défouloir et le désespoir, quoi.

Will : C’est ça. Et ce qui est marrant, c’est que ce titre-là, on l’a écrit avant la pandémie. Il y en a deux qu’on a écrit avant la pandémie, c’est Montréal Bagarre 2 et Pas le temps. Parce qu’après, on a eu le temps ! (rires). Et on les a gardées, parce qu’elles résonnaient, en fait.

LFB : Et du coup, pour parler du fond du « U »….

Will : Le fond du « U », il y a deux fonds du « U ».

LFB : J’aimerais bien qu’on parle de N’oublie jamais, qui pour moi est un titre hyper important. Parce que déjà, parler de la grossophobie de manière frontale, et surtout parler de la grossophobie quand t’es un mec. Dans la société, on a l’impression que ça n’impacte pas les hommes de la même manière que les femmes. Et du coup, moi… le morceau m’a marqué forcément, pour des raisons assez évidentes. Et je voulais savoir si c’était fait exprès de l’avoir placé au centre de l’album.

Will : Je ne voulais pas que ça finisse là-dessus, je ne voulais pas que ça commence là-dessus, parce que sinon ça allait faire un bad trip… Donc ouais, quelque part, ça a été un peu voulu de le mettre au milieu. T’as dit une phrase très belle, dans ton article, en disant que c’était le cœur. Et c’est vrai. C’est vrai, je n’y avais pas pensé comme ça, pour être vrai en disant ça, moi c’était vraiment en termes de rythme et de sensations, parce que j’ai écouté l’album, les morceaux dans plein d’ordres, et je l’ai fait écouter dans plein d’ordres à plusieurs personnes, et je regardais un peu comment les gens réagissaient et tout ça, et N’oublie jamais, même en live on s’en est rendu compte, on l’a joué dernièrement…

Émile : Ouais, c’est quitte ou double en fait.

Will : C’est quitte ou double. C’est un bad trip, c’est… Déjà, c’est quelque chose qui touche pas tout le monde.

Émile : Qui peut les toucher, mais de l’autre côté de la barrière en fait.

Will : Ouais, ils peuvent se sentir mal parce que, voilà.

Émile : On a eu des commentaires sur cette chanson de gens qui devaient à mon avis être de l’autre côté, et ça a quand même fonctionné.

Will : Ouais, qui s<ne e rendaient pas compte. Qui ne se rendaient pas compte de ça, tu vois.

C’est, ouais, on a choisi de la mettre au milieu, parce que de toute façon, tu sais, c’est vrai ce que tu dis : quand t’es un homme, l’image… Après, c’est aussi difficile pour les femmes ! Parce que l’image d’une personne en surpoids chez un homme, c’est, tu sais j’en parle, c’est Choco dans les Goonies, quand on était petits. L’image de la personne grosse, de l’homme gros, est sympathique. Mais con, souvent. C’est Homer Simpson, c’est Peter Griffin, il n’y a jamais eu un espèce de héros gros cool, tu vois. Ou dans lequel tu peux te retrouver.

Émile : Si, il y a Jack Black.

Will : Jack Black, mais Jack Black est con, tu vois. Il est totalement con. Et il n’a pas toujours été gros, ce n’est pas son signe principal, tu vois.

LFB : Les gros, on est soit dans du cliché total, soit le sidekick un peu gentil, mais à qui il arrivera jamais rien de bien quoi.

Will : C’est ça. Ou alors le méga master méchant, genre King Pin (méchant de Daredevil ndlr)

LFB : Oui. (rires).

Émile : Ou alors complètement taré, comme John Goodman…

Will : John Goodman, ouais. Mais c’est vrai qu’il y a pas… Tu ne verrais pas le SpiderMan gros tu vois. Et c’est vrai qu’il y a un truc qui n’était pas facile, quanj’étais plus petit, j’ai vécu des trucs… Ben, comme nous trois autour de cette table, parce qu’on… Émile non plus, tu n’as pas vécu une enfance de maigre là… Mais il y a des trucs que les gens ne réalisent pas, qu’on a pu vivre dans nos vies, et en fait la pandémie a fait ressortir ça. Mais vraiment fort en fait. A y penser, tu vois, à te dire : est-ce que ça, c’était juste ou pas ? Et avec tout ce qui s’est passé, de toutes les dénonciations, de plein de choses.

Et tu te dis bon, ben, on me parle de féminisme, et je suis à 300 % là-dedans, Elle ne veut pas danser, c’était sincère, même si aujourd’hui on la joue moins parce que je pense qu’en vrai, ce n’est peut-être pas ma place de raconter ça. Je me sentirais peut-être mal que quelqu’un de super maigre raconte les problèmes d’un gros, tu vois. Et… On ne la chante plus. On ne la chante plus volontairement.

Émile : On l’a fait peut-être deux fois en live.

Will : On l’a fait deux fois en live, et les gens…

Émile : Une fois c’est passé, l’autre fois, ce n’est pas passé.

Will : C’est ça. Et de plus en plus, moi je me questionne là-dessus, et je me suis dit ben non, ce n’est pas mon rôle de chanter ça. Ce n’est pas à moi de chanter ça, je ne l’ai pas vécu, je n’ai pas à le dire.

Mais à l’inverse, du coup, je me suis dit bon ben, parlons de ce que j’ai vécu, mais N’oublie jamais, je me plains pas. N’oublie jamais, j’explique, j’essaie d’expliquer, parce que dans le fait de ne pas aller bien et dans toute cette période, je me suis quand même beaucoup posé de questions sur pourquoi j’ai certaines réactions, pourquoi je réagis comme ça à certains trucs, pourquoi mon esprit parfois est tordu, pourquoi je n’ai confiance en personne, pourquoi je suis dans la méfiance permanente… Et en fait, pourquoi il y a des parties de moi que je n’aime pas, qui ne sont pas saines et méchantes, tu vois.

Et c’est des parties qui ont été créées à cause de ça. Donc je ne veux pas me plaindre du fait d’être gros, je veux plus me dire, genre, ben en fait, quand tu vas traiter quelqu’un de gros, il ne faut pas s’étonner que la personne elle peut mal vriller, tu vois. Et que tout le monde devrait être responsable de ça, tu vois.

LFB : Mais le problème, c’est que maintenant… Parce que nous, à notre époque, quand t’avais dix-quinze ans, la grossophobie, ça n’existait pas. Si t’étais gros, c’est parce que c’était de ta faute, et que tu avais juste à fermer ta gueule, tu vois. Et ce qui est horrible, c’est que même maintenant…

Émile : Mais moi je pense que ça n’a pas changé, hein. Les gens sont toujours des gros hypocrites.

LFB : Ouais, en 2022, la dernière carte d’humour qui est encore acceptée, c’est taper sur les gros. Et ça, tu ne peux avoir des réactions indignées, mais la plupart des gens vont dire : « Ouais, mais quand même… Il pourrait faire un effort, se bouger le cul… », et en fait c’est pas aussi simple que ça, quoi.

Will : Non, ça l’est pas du tout. Ça ne l’est pas du tout, c’est ça que les gens veulent pas réaliser… Mais même des proches. Même des proches. Ils veulent pas se rendre compte que…

Émile : Ça demande des efforts incroyables.

Will : Ça demande des efforts énormes.

Émile : C’est plus dur de bouger ton mental que de bouger ton cul en fait. C’est très très particulier.

Will : C’est ça, c’est ça. J’ai eu plus de facilités à passer de 6 de moyenne en Terminale et à avoir mon Bac avec mention que de perdre 3 kilos, tu vois, c’est genre…

LFB : Non mais c’est ça. Et les gens, ils le comprennent pas, ça, parce qu’ils ne le vivent pas en fait.

Émile : Si tu n’as pas fait un poids à trois chiffres, tu ne sais pas ce que c’est.

LFB : « Mais tu pourrais faire du sport, ou tu pourrais faire un régime, tu vas voir… »

Émile : C’est même pas une question de ça, c’est que c’est bien plus profond, la raison.

LFB : C’est ce que tu dis, moi je suis pareil hein, je suis bloqué sur plein de trucs.

Will : Ben parce que tu t’es créé mentalement des barrières.

LFB : C’est ça, si je n’ai pas confiance en moi, si je n’ose pas draguer, ou si… c’est parce qu’on t’a baisé la gueule depuis ton plus jeune âge et que c’est ancré en fait, même toi. Je pense que les gens qui sont le plus violents concernant les gros, c’est les gens qui sont gros, tellement on est violents avec nous-mêmes, quoi.

Will : Ben on est hyper violents avec nous-mêmes. Mon pire ennemi, c’était moi-même, je l’ai dit aussi, et c’était comme ça. Tu t’en veux en permanence, en fait. Et tu ne devrais pas t’en vouloir pour ça. C’est ça T’es beau aussi. T’es beau, c’est l’autre message, c’est le complément. C’est pour ça qu’elle est juste avant. (rires).

LFB : J’ai encore trois questions. Justement, j’aimerais bien parler du live, et savoir ce que la formule à quatre, elle a changé pour vous, dans votre façon d’organiser la musique.

Émile : Tout.

Will : Tout, ça fait du bien ! Moi, je me souviens, le dernier live qu’on a fait à deux, c’était en pleine pandémie, donc de un, on était à deux, et deux, on était devant personne, devant des caméramans, au festival de Granby.

Émile : C’était très malaisant.

Will : C’était cool, hein. On était super bien reçus, c’était vraiment bien.

Émile : Ouais, mais le fait d’avoir un batteur derrière toi qui t’aide, qui te pousse, c’est super cool parce que tu as quelque chose sur quoi te reposer, et puis c’est des gens qu’on connaît. Théo, moi je le connais depuis des années, puis j’avais besoin de, de sang neuf là-dedans. Jeanne, je l’ai prise… Enfin, j’ai émis l’idée de recruter Jeanne…

Will : Parce que Emile est le RH de Of Course.

Émile : C’est ça, ouais. Parce que j’ai écouté son album, et que ça m’a touché, tu vois. Je trouvais que… Will, il était toujours genre « Il nous faut une fille dans le band pour apporter une nouvelle sensibilité », et puis c’est important.

Will : Moi je veux pas de boys club, fuck les boys club, quoi.

Émile : C’est important d’avoir de la diversité, non pas parce que c’est bankable d’avoir une fille dans le groupe, mais parce que je pense que ça diversifie les flows, ça apporte une autre personnalité que quand on reste entre nous. Et elle, elle a une sensibilité qui genre est surprenante, parce qu’elle arrive avec des idées auxquelles on n’aurait pas pensé, et par exemple, elle a fait une ligne de guitare pis j’étais genre : « En fait, c’est ça que je voulais ». Et elle l’a fait, genre, tellement naturellement et tellement simplement que genre…

Will : Mais tu vois, l’autre jour, on a fait un concert à Gatineau. Et elle était sur-mixée, clairement. Genre en fait, elle n’était pas sur-mixée, c’est juste que j’avais… la scène était tellement petite que j’avais sa guitare dans la face, et je découvrais des parties que je n’avais jamais entendues qu’elle jouait, et j’étais là genre : « Putain, c’est une trop bonne idée d’avoir pensé à cet accord-là et ce truc-là là-dessus », et c’est ça que je voulais. Un mec peut le faire, hein, c’est pas parce que c’est une fille ou quoi, mais la fille, c’était aussi pour le… je trouvais que ça pouvait être cool pour les backs vocaux une voix féminine dans Of Course. Oré elle a deux chansons en commun quand même avec nous, et on les adore. Donc on veut les jouer en live, parce qu’Oré, elle chante tellement bien…

Émile : Mais avoir un billet d’avion à chaque fois, c’est compliqué.

Will : Soit il y a le billet d’avion pour chanter, soit il faut que je monte d’un octave, et je n’y arrive pas. Ce qui est marrant, c’est qu’elle fait les parties d’Oré, et elle se les approprie. Au début, elle avait… elle n’osait pas trop, mais elle se les approprie vraiment en live, et ça a amené un truc vraiment cool. Donc Jeanne, c’est génial, Théo, c’est génial. Et pour moi, le live, là où je suis super content, c’est qu’Émile, ça ne change pas. Émile, il est à la basse. Moi, je me faisais en fait, je me sentais comme une sorte de Moulinex fait-tout sur scène, et en fait ça me gênait et fatiguait un peu, parce qu’il fallait que j’entertain le public en envoyant les tracks sur le truc, et il y a un côté de faire play sur ton Mac et d’envoyer de la batterie, des guitares et tout ça… Ça peut être, on va continuer à le faire parce qu’on n’a pas le choix parce qu’on ne peut pas tout le temps partir à quatre, on va continuer à le faire, mais la formule à quatre, ça donne de la vie à Of Course. Une vie en live.

Et tu vois, ce que tu disais, est-ce que vous avez peur que ça rende pas pareil ? Ça ne rend pas pareil. Mais c’est ce qu’on veut.

Émile : Oui, dans le bon sens du terme, parce que c’est super cool, tu vois. On retrouve quelque chose qu’on avait avant dans les bands qu’on avait faits, sauf que c’est dix ans plus tard, on a plus d’expérience, on a chacun eu des projets, on a…

Will: Ce n’est pas le même genre de musique, mais c’est la même approche. Tu vois, moi je me retrouve… Quand on faisait les live à deux, j’adore le studio avec Émile, mais les live à deux, tous les deux, moi j’avais une sensation de manque de rock’n’roll. Alors qu’on vient du métal, du rock, des trucs comme ça. On vient des shows, ça sent la sueur et t’es là, à jouer, machin. Ben là, y’a un côté très propre à deux, trop propre. Et ça me gênait pour le public. Moi je me disais, genre, c’est pas ça que je veux donner au public, moi. Et là, à quatre, ça amène, on revient au réel, là, et ça, ça fait trop plaisir.

LFB : Du coup, j’ai une dernière question, qui est la même question que d’habitude : est-ce que vous avez des coups de cœur récents que vous avez kiffé.

Will : J’adore Juliette Armanet ! (rires).

Émile : Moi, j’ai découvert… Je l’ai écouté tout à l’heure dans la voiture en plus. C’est Fidelity Radio Club, de S.Fidelity . Un beatmaker anglais, c’est un espèce de R ‘n’b un peu, ça groove, les basses sont vraiment nice. Un peu rétro, mais ça marche bien. Et il y avait un autre truc que j’ai écouté, qu’il m’a fait aussi lui découvrir, et c’est… alors, c’est super compliqué, c’est Zeitgeist Freedom Energy Exchange.

Will : Et moi, je vais sortir des carcans occidentaux. Moi j’ai découvert un truc génial la semaine dernière, et c’est brésilien. Ça s’appelle Accorda Pedrinho de Jovem Dioniso. Ca ressemble à Clay and Friends un peu, mais en brésilien. Et ça chante en brésilien, et ça groove sa race. Ça groove sa race. Alors là, on est dans la découverte fraîche, fraîche, récente. Et sinon, qu’est-ce que je peux conseiller aux gens en ce moment…

LFB : D’écouter Of Course. (rires).

Will: D’écouter Of Course, ça vous fera du bien.

Émile : Moi, je voulais juste dire, Ehla Luciani, je t’ai envoyé mon album pour ton anniversaire, et j’attends toujours une réponse dans mes DMs. Voilà. J’espère que tu auras aimé mon album pour ton anniversaire.

Retrouvez notre chronique de Montréal Bagarre 2 de Of Course par ici