Ocie Elliott : « Notre musique est centrée autour de nos harmonies »

En plein confinement, on est tombé amoureux du duo canadien Ocie Elliott. Jon et Sierra ont littéralement bercé nos journées monotones grâce à leur folk ensoleillée et douce. Alors que les français voient leur quotidien mis sur pause depuis plusieurs semaines, le groupe est plus productif que jamais. Entre deux covers dans leur van, ils ont accepté de répondre à nos questions.

VERSION ANGLAISE PLUS BAS / ENGLISH VERSION BELOW.

LFB : Alors, comment se passe ce confinement pour vous ?

Ocie Elliott : Un peu comme des montagnes russes… On n’a jamais vécu une si folle aventure sans aller réellement quelque part (rires). Il y a eu des hauts et des bas, des aspects agréables mais aussi des moments monotones. Certains jours, la tranquillité peut être un bon cocon où se blottir pour créer, mais se réveiller dans la fraîcheur d’une journée qui est indemne de toute restriction sociale, ça nous manque. Ce qu’il y a de plus étrange pour nous, c’est de ne pas savoir quand nous pourrons à nouveau jouer devant un public.

LFB : Pour commencer, pour nos lecteurs qui ne connaîtraient pas encore votre travail, pouvez-vous nous présenter Ocie Elliott ? Comment vous êtes-vous rencontrés, comment en êtes-vous venus à travailler ensemble… ?

OE : On est un duo originaire de l’île de Vancouver au Canada. On s’est rencontré il y a maintenant 8 ans sur une plus petite île dont Sierra est originaire et qui s’appelle l’île de Salt Spring. On a plus ou moins était forcé de chanter ensemble par la sœur de Sierra, Danica, et à partir de ce moment, on a su qu’on avait besoin de chanter ensemble.

LFB : Quelle est l’histoire derrière le nom du groupe ?

OE : Le nom Ocie vient d’un générateur de noms des années 1930 et on l’a tellement aimé que c’est devenu le surnom de Jon pendant un moment. Quand il a fallu nommer le groupe, « Ocie » n’arrêtait pas de refaire surface donc on a décidé de le garder. On a ajouté « Elliott » à la fin car ça sonnait bien et parce qu’on adore tous les deux Elliott Smith.

LFB : J’ai découvert votre musique grâce à Spotify, dans une playlist folk aléatoire, pendant que je bossais. J’ai immédiatement arrêté ce que je faisais et je me suis perdue dans mes pensées. Je trouve que c’est un peu ce que représente votre musique : un voyage à travers nos souvenirs avec un sentiment d’amour et de sérénité. Comment décririez-vous votre musique ?

OE : Je pense que notre musique est centrée autour de nos harmonies. On a toujours recherché ce sentiment que l’on a lorsque l’on chante ensemble et que l’on atteint une certaine harmonie et que c’est parfait. Je pense que tu tiens quelque chose avec l’aventure dans les souvenirs, c’est difficile de décrire les sentiments que ça évoque. C’est comme se réveiller après un rêve mais tu n’arrives pas à te souvenir réellement de pourquoi ni comment tu as rêvé de ça.

LFB : Quels sont les artistes qui vous influencent le plus ?

OE : Il y en a tellement ! Mais en ce qui concerne Ocie Elliott : Gillian Welch, The Carter Family, Simon & Garfunkel et Elliott Smith sont de grandes influences.

LFB : Qu’est-ce qui vous inspire quand vous composez ?

OE : L’inspiration vient toujours de nombreuses sources différentes mais en général, ça part d’un sentiment tellement fort que tu as besoin de te précipiter sur ton instrument et de voir ce sentiment se concrétiser. Ou ça peut venir en jouant simplement d’un instrument et tu sens que les choses prennent une direction où tu te sens bien.

LFB : Vous avez sorti votre nouvel album le 20 mars dernier, In That Room, ce qui tombait justement quatre jours après le début du confinement ici en France. Le titre m’a donc paru un peu ironique… De quoi parle vraiment l’album ?

OE : On a nommé cet album en été 2019, donc c’est vraiment ironique qu’il soit sorti juste au moment où tous les pays demandaient à la population de s’isoler et de se confiner. On l’a appelé In That Room car on vit dans un petit appartement en sous-sol où l’on écrit la plupart de nos textes. On pensait également que c’était un titre intéressant puisque l’on passe tous énormément de temps dans les pièces où l’on vit et d’une certaine façon, nos personnalités sont façonnées par ces espaces.

LFB : De quelle façon travaillez-vous ?

OE : En général, l’un de nous arrive avec un riff ou même une chanson entière et si on l’aime bien tous les deux, on se lance ! Le plus important pour nous, c’est de travailler dur sur les harmonies et de s’assurer qu’elles soient stimulantes et intéressantes pour nous, qu’elles ne soient pas juste de simples harmonies.

LFB : Qu’est-ce qui a changé depuis votre premier EP ?

OE : Pas grand chose, à part que l’on a ajouté des claviers maintenant et que l’on a vraiment étoffé notre son un peu plus. Ceci étant dit, on s’apprête aussi à sortir un autre EP cet été qui ressemble beaucoup à notre premier EP.

LFB : Vous faites pas mal de reprises (géniales) ces derniers temps, est-ce que c’est un exercice que vous appréciez ?

OE : Oui, on adore vraiment apprendre les chansons des autres. C’est toujours intéressant de creuser les chansons d’autres artistes car tu te fais une meilleure idée de ce qu’est un artiste individuel musicalement. C’est aussi amusant d’apporter des harmonies puisque beaucoup des chansons que l’on reprend n’en ont pas à l’origine, ou du moins elles ne sont pas centrales.

LFB : Les chansons que vous reprenez sont toutes quasiment du même genre vos morceaux. Vous êtes prêts à reprendre des chansons complètement différentes des vôtres ?

OE : Carrément, on a d’ailleurs récemment travaillé sur une reprise de Billie Eilish, comme on aime tous les deux beaucoup sa musique.

LFB : Et alors pourquoi faire ça dans une voiture ? Quelle est l’histoire derrière ces sessions CRV ?

OE : Tout a commencé parce qu’on vivait dans ce fameux appartement en sous-sol, on avait besoin d’un endroit où répéter sans déranger les voisins. Il s’avère que la voiture était parfaite car on pouvait s’y asseoir tous les deux à l’arrière, l’acoustique y était parfaite et on pouvait se déplacer où on voulait y compris jusqu’à l’océan, qui est un lieu apaisant et inspirant pour chanter.

LFB : Quel artiste serait le meilleur pour reprendre une de vos chansons ?

OE : Hmm, on aimerait beaucoup entendre Gillian Welch et David Rawlings reprendre une de nos chansons.

 LFB : Quelle chanson choisiriez-vous pour cet exercice ?

OE : Sûrement “Down by the Water.”

LFB : A quoi ressemblaient vos carrières solos avant Ocie Elliott ?

OE : Jon avait principalement été un membre actif du groupe Jon & Roy, avec sept albums à son nom et il a longtemps été en tournée en Amérique du Nord et en Europe. Sierra travaillait en tant que chanteuse indépendante, mannequin et artiste visuel jusqu’à ce que Jon arrive avec sa guitare et qu’ils prennent leur envol ensemble.

LFB : Diriez-vous que vous êtes un meilleur artiste lorsque vous jouez solo ou en étant un groupe ?

OE : Définitivement quand on est un groupe (ou un duo dans ce cas précis). Cependant, jouer seul à ses avantages car cela te permet de tout expérimenter plus librement d’une certaine façon.

LFB : Où vous sentez-vous le plus à l’aise : en studio ou sur scène ?

OE : C’est une question difficile… Ce sont deux disciplines complètement différentes. On aime tous les deux être en studio, surtout si on a beaucoup de temps pour se plonger et s’immerger complètement dans le processus créatif. Etre sur scène, c’est une autre histoire, c’est à la fois excitant, terrifiant et intense.

LFB : Est-ce que cette situation d’isolation sociale est propice à la création pour vous ?

OE : Jusqu’à présent, en quelque sorte oui. On a écrit pas mal de petits morceaux et nous en avons assemblé quelques uns mais on dirait qu’il y aura beaucoup de musique à venir…

LFB : Avez-vous fait des découvertes musicales pendant ce confinement ?

OE : On est tombé sur Arlo Parks et on a aussi beaucoup aimé le nouvel album de Mac Miller.

LFB : L’artiste français Mounika vient de sortir Tender Love où il utilise un sample de votre morceau I Got You, Honey. Comment s’est fait cette collaboration ?

OE : En fait, il nous a contacté sur Facebook il y a environ deux ans. Il nous a dit qu’il voulait faire une version de notre chanson I Got You, Honey. Il nous a montré un mix et on a trouvé ça génial !

LFB : Allez, dernière question c’est promis, c’est quoi la suite pour Ocie Elliott ?

OE : Si seulement on savait ! (rires). Avec un peu de chance, un concert dans le courant de l’année prochaine !

LFB : So, how’s quarantine like for you guys ?

Ocie Elliott : It’s been a bit of a rollercoaster… we’ve never been on such a wild ride without actually going anywhere (laughs). It’s going up and down, some enjoyable aspects but also some monotonous ones. Some days the quiet can be a good envelope to curl up in and create, but we miss waking up to the freshness you can feel in a day that is untainted by social restrictions. The strangest part for us is not knowing when we will be able to play in front of an audience again.

LFB : First of all, for our readers who might not know your work, can you introduce us to Ocie Elliott ? How did you two meet, how did you come to work together… ?

OE : We are a duo from Vancouver Island in Canada, and we met about eight years ago now on a smaller isle that Sierra is from called Salt Spring Island. We were more or less coerced into singing together by Sierra’s sister, Danica, and from that moment we knew we needed to sing together.

LFB : What’s the story behind the name of the band ?

OE : The name Ocie came from a 1930’s name generator and we so liked the name that it became a nickname of Jon’s for a while. When it came to naming the band, “Ocie” kept on coming up and so we decided to settle on it. We tacked “Elliott” on the end because it sounded nice and because we both dig Elliott Smith.

LFB : I’ve discovered your music thanks to Spotify, on a random folk playlist while I was working. And I immediately stopped what I was doing and started to get lost in my thoughts. To me, it’s what your music feels like : a travel in our memories, with a feeling of love and peacefulness. How would you describe your music ?

OE : I think our music centres around our harmonies and we’ve always been after the feeling we get singing together when we hit a certain spot harmonically and it feels right. I think you’re onto something with the venture into memories—it’s hard to describe the feeling it evokes. It’s similar to waking up with a dream sitting in you, but you can’t quite remember why or how it got there.

LFB : Which artists influence you the most ?

OE : So many, but for this particular group: Gillian Welch, The Carter Family, Simon and Garfunkel and Elliott Smith are big influences.

LFB : What inspires you when you write ?

OE : Inspiration always comes from many different sources, but generally it starts as a feeling that comes on so strongly that you need to run to your instrument and bring that feeling into fruition. Or it can come while messing about on an instrument and you just start feeling things moving into a place that feels right.

 LFB : You just released your new album In That Room, on March 20th, which was four days after the beginning of quarantine here in France. So the title was a little ironic to me… What is the album really about ?

OE : We named that album in the summer of 2019, so it is definitely ironic that it came out right as all countries were asking people to isolate and quarantine. We named the album “In That Room” because we live in a small basement suite and we do most of our writing in it. As well, we thought it was an interesting title since all of us spend large amount of times in the different rooms we inhabit and our personalities in a way shape and are shaped by these spaces.

LFB : What is your creation process like ?

OE : Generally, one of us will come up with a riff or even a full song and if we both like it we will run with it. The most important part for us is working hard on the harmonies and making sure they are engaging and interesting for us and not just simple harmonies.

LFB : What has change for you since your first EP ?

OE : Not too much, except now we have added keyboards and have definitely fleshed out our sound a little more. That being said, we are also about to release another EP in the summer that is much more like our first EP.

LFB : You’re doing a lot of (great) covers these days, is it an exercise that you like ?

OE : Yes, we definitely enjoy learning other peoples songs. For one, it’s always interesting to delve into another artists song because you get a better sense of what an individual artist is about musically. It’s also fun to come up with harmonies since a lot of the songs we cover don’t originally have harmonies in them, or at least harmonies aren’t as central in them.

LFB : The songs you cover are quite from the same repertoire as yours. Are you up for the challenge of covering songs totally different from yours ?

OE : For sure, we actually have been working on a Billie Eilish cover recently, as we both really like a lot of her music.

LFB : Also, why are you doing it in a car ? What’s the story behind those CRV sessions ?

OE : It all began because of our small basement suite living situation — we needed somewhere to practice without disturbing neighbours. As it turned out, the CRV was perfect because we could both sit in the back of it, the acoustics were great, and we could take it wherever we wanted including down to the ocean which is a comforting and inspiring place to sing.

LFB : Which artist would be the best to cover one of your songs ?

OE : Hmm, we would love to hear Gillian Welch and David Rawlings cover one of our songs.

 LFB : What song would you choose for this ?

OE : Probably “Down by the Water.”

LFB : What were your solo careers like before Ocie Elliott ?

OE : Jon had mainly been an active member of a group called ‘Jon and Roy,’ with seven albums to the name and had been touring for a long time in North America and Europe. Sierra was working as a freelance singer, model and visual artist until Jon swooped in with his guitar and away they flew.

LFB : Would you say you’re better as an artist by being solo or by being a band ?

OE : Definitely in a band (or duo in this case). However, being solo also has its advantages as it allows you to experiment more freely in a way.

LFB : Where do you feel more comfortable : in the studio or live on stage ?

OE : That’s a tough question… they feel like two entirely different disciplines. We both enjoy being in the studio, especially if we have a good stretch of time to fully sink in and immerse ourselves into the creative process. Being on stage is a whole different beast—it’s exhilarating and terrifying and emotional all at once.

LFB : Is this all situation of social distancing a good time for creation for you ?

OE : So far, kind of. We’ve been writing lots of little pieces of things and have stitched together a few, but it feels like there will be a lot of music coming….

LFB : Have you make any musical discoveries during this quarantine ?

OE : We stumbled onto Arlo Parks, and have also been enjoying the new Mac Miller record.

LFB : The french artist Mounika just released Tender Love, where he’s using a sample of your song I Got You, Honey. How did this collaboration happen ?

OE : He actualyly reached out to us on Facebook about two years ago, and told us that he wanted to do a version of our tune I Got You, Honey. He showed us a mix and we thought it was amazing !

LFB : Okay, last one I promise, What’s next for Ocie Elliott ?

OE : If only we knew! (laughs) Hopefully a gig sometime within the next year.