Népal, un modèle de vie et un héritage inestimable

Fêter un anniversaire est d’ordinaire un moment de joie à partager, ce n’est pourtant pas le cas aujourd’hui, cela fait un an que le rappeur Népal quittait ce monde. Un an plus tard, il est important de continuer à parler de cet homme dont le spectre dépasse largement la sphère musicale. Son art touchait ses auditeurs et son mode de vie a laissé un héritage important pour une bonne partie des fans de rap et il est primordial de ne pas l’oublier et de célébrer aussi bien la personne que sa musique.

Lucas Matichard

Originaire de Paris, Népal a grandi entouré par la nouvelle scène rap qui commence à se faire remarquer vers 2010 : 1995, L’entourage mais surtout, les membres du dojo, la 75ème session. C’est au sein de ce temple alliant passion pour la musique et amour du clan qu’il évoluera.
C’est aussi accompagné par cette équipe qu’il composera et distribuera sa musique. Une musique remplie de passion et d’amour, une musique travaillée et maitrisée, une musique de passionné en somme.
Son art dépassait le cadre de la musique, il était un miroir de la pensée et de la vision du jeune parisien. Une vision particulière et sans filtre qui aura inspiré aussi une multitude de fans qui continuent de protéger et de propager l’héritage laissé par Népal.

Etre un artiste est une tâche bien plus complexe que ce que le public peut penser.
Faire de la musique est la face immergée de l’iceberg mais sous l’eau se cache une partie trop souvent oubliée. Etre artiste demande et implique une responsabilité sociale. Chose que Népal a (volontairement ou non) toujours semblé comprendre.
Un impact, le parisien en a laissé un et cela via divers facteurs comme le fait de toujours apparaitre masqué et donc de ne pas compromettre sa vie privée et éviter ainsi un quelconque culte de la personnalité.
Il était également rarissime de voir l’artiste apparaitre dans un média. Il s’est en effet toujours débrouillé par lui même pour promouvoir son art. Un refus des normes et surtout un refus de rentrer dans l’industrie malsaine que peut être la musique. Il a toujours voulu faire parler de lui uniquement par son art.

Sa musique, aussi complète soit-elle est bourrée d’enseignements et de sagesse. Sans forcément le vouloir, il a été responsable d’une partie de l’éducation de beaucoup de ses auditeurs qui voyaient en lui et ses dires un guide dans la société complexe dans laquelle ils évoluent.
Népal était contraint d’évoluer dans un système avec lequel ses valeurs et sa vision étaient en désaccord. Une vision qui reposait essentiellement sur la paix intérieure, ce qui passe donc par s’aimer soi-même.
Ce que Népal a toujours essayé d’aller chercher mais aussi a toujours voulu transmettre à ses auditeurs.

Pour lui, la richesse ne passe pas par l’argent ou par le matériel comme le dicte le système mais plutôt par le bien-être, la découverte de soi et du monde ou encore l’apprentissage permanent. Tout ce qui attrait au capital ne rend pas heureux Népal. C’est au contraire quelque chose qui divise, là où lui se veut rassembleur.
Cette volonté de s’éloigner d’un système capitaliste toujours plus proéminent a été mise en place dès les débuts de l’artiste qui distribuait sa musique de manière gratuite.
Une volonté loin d’être évidente, surtout quand une majorité suit ce système sans jamais le remettre en question. C’est pourquoi la musique de Népal était souvent sombre et sans filtre, il se livrait à ses auditeurs comme il aurait pu le faire à ses proches. Un moyen de toucher directement dans le coeur et dans le cerveau, permettant une prise de conscience sans artifices.
Pour autant, son dernier projet Adios Bahamas est extrêmement coloré aussi bien musicalement que lyricalement, comme s’il avait enfin trouvé la sagesse et le mode de vie qu’il recherchait depuis toujours.

C’est influencé par la spiritualité des cultures et religions orientales mais aussi par son environnement que Népal a toujours eu un regard critique sur le monde qui l’entourait. Loin de lui l’envie de se projeter comme un leader d’opinion mais plutôt de livrer ce qu’il avait sur le coeur. Et c’est ce point en particulier qui a plu a ses auditeurs, une humilité reconnue et appréciée. En plus de représenter un mystère pour eux, Népal était aussi une source de positivité, il a ainsi, par sa musique et sa personne donné naissance à une des plus belles communautés du rap francophone.
Son coeur et son âme étaient purs et se sentaient à l’étroit, cloisonnés dans un système qui ne collait pas avec ses valeurs et qui aura surement eu raison de lui. L’héritage laissé par l’artiste ne se cantonne donc pas uniquement à sa musique, car elle continuera de perdurer parallèlement à ses engagements qui rayonnent et rayonneront chez une bonne partie de la sphère rap pour longtemps.

Merci pour ton travail et repose en paix Népal.